S. m. (Menuiserie) espèce de menuiserie qui consiste à plaquer des morceaux de bois sur les membrures ou panneaux, pour y pousser des moulures, et y tailler des ornements qui n'ont pas pu être élégis dans la même pièce, parce qu'ils ont été faits après coup : c'est aussi le recouvrement de la menuiserie d'assemblage avec des bois durs et précieux collés par feuilles.

PLACAGE PAR COMPARTIMENT, (Ebénisterie) ce mot se dit des ouvrages faits de diverses feuilles ou bandes de différents bois précieux, très-minces, appliquées et collées sur des fonds bâtis d'autres bois communs et ordinaires.

Tous les maîtres menuisiers ont droit de travailler en placage. Il y en a néanmoins qui, parce qu'ils ne font que de ces sortes d'ouvrages à compartiment, sont appelés menuisiers de placage, pour les distinguer des autres que l'on nomme menuisiers d'assemblage.

Outre les bois de diverse nature que l'on emploie au placage, on se sert aussi de l'écaille de tortue, de l'ivoire, de l'étain et du cuivre ; de ces deux derniers battus et réduits en tables très-plates, et des autres débités en feuilles très-minces.

L'on peut, pour ainsi dire, distinguer comme deux sortes de placage ; l'un qui est le plus commun, ne consiste qu'en quelques compartiments de différents bois, l'autre où il y a beaucoup plus d'art, représentent au naturel des fleurs, des oiseaux et d'autres choses semblables : celui-ci s'appelle proprement marqueterie. On ne Ve parler dans cet article que du placage par compartiment.

Le bois destiné au placage se débite avec la scie à refendre, en feuilles environ d'une ligne d'épaisseur. Pour le débiter, les buches et les planches, suivant le bois qu'on emploie, se mettent dans ce qu'on appelle la presse à scier debout, dont on peut voir la description à l'article des presses. Les feuilles se coupent en bandes, et se contournent en différentes figures conformes au dessein qu'on s'est proposé ; et après que les joints en ont été régulièrement faits, qu'elles ont été mises d'épaisseur et de largeur avec différents rabots propres à cet usage, on les colle sur un fond de bois bien sec avec de forte colle d'Angleterre.

Quand toutes les feuilles sont plaquées, jointes et collées, on les met dans une presse, si ce sont de petits ouvrages ; ou s'ils sont grands, on les laisse sur l'établi, et les ayant couverts par-dessus de quelque ais, ou morceau de planche proportionné à l'ouvrage, on les serre avec des goberges, c'est-à-dire avec des perches capables de faire un peu de ressort, dont un bout touche au plancher de la boutique, et l'autre porte sur l'ais qui couvre l'ouvrage. Afin d'affermir davantage les goberges et qu'elles serrent plus fortement le placage, on les calle avec un morceau de bois taillé en coin.

Après que la colle est parfaitement seche, et qu'on a levé les goberges, on acheve l'ouvrage, d'abord avec de petits rabots dont le dessous du fust est garni d'une plaque de fer, et ensuite avec les outils qu'ils nomment racloirs.

Comme quelques-uns de ces rabots ont des dents à-peu-près semblables à celles des limes ou des truelles brettées, on les emploie plutôt pour limer le placage que pour le raboter.

Les racloirs qui sont des morceaux d'acier ou de fer bien acerés, bien tranchants et affutés sur une pierre à huile, servent à emporter les raies ou bretures que les rabots ont laissées.

L'ouvrage raclé se polit avec la peau de chien marin, la cire, la brosse et le polissoir de presse, qui est la dernière façon qu'on lui donne. Diction. du Com. (D.J.)