S. f. (Charpentier) c'est la plus grosse pièce de bois qui entre dans un bâtiment, et qui soutient les travées des planchers. Il y en a de différentes longueurs et grosseurs. Celles qui sont en mur mitoyen doivent, suivant la coutume de Paris, article 208, porter plutôt dans toute l'épaisseur du mur, à deux ou trois pouces près, qu'à moitié, à-moins qu'elles ne soient directement opposées à celles du voisin. En ce cas, elles ne peuvent porter que dans la moitié du mur ; et on soulage leurs portées, de chaque côté, par des corbeaux de pierre, en mettant une table de plomb entre les deux bouts, pour empêcher qu'elles ne s'échauffent et ne se corrompent. On ne se sert guère dans les planchers de ces poutres, mais de solives passantes qui se posent sur les murs.

Voilà ce que nous ont appris sur les poutres les maîtres dans l'art de bâtir. Les autres connaissances qu'on a touchant les poutres, sont dû.s aux Physiciens. Ces connaissances concernent l'effort dont celles de différentes longueurs sont capables. Nous allons exposer ici ce que MM. Couplet, Bernoulli et Parent, ont découvert.

1°. La résistance totale de chaque poutre est le produit de sa base par sa hauteur. 2°. Si les bases de deux poutres sont égales en longueur, quoique les longueurs et largeurs en soient inégales, leur résistance sera comme leur hauteur. D'où il suit qu'une poutre posée de champ, ou sur le plus petit côté de sa base, résistera plus que posée sur le plat, et cela en raison de l'excès de hauteur que cette première situation lui donnera sur la seconde. On sera sans doute surpris, après cela, qu'on pose les poutres sur le plat dans les bâtiments : mais comme il est important qu'elles aient une certaine assiette, on préfère cette situation parce qu'elle est plus convenable que l'autre. 3°. Si la somme des côtés des bases de deux poutres est égale, que ces côtés aient, par exemple, 12 et 12, ou 11 et 13, ou 10 et 14, ou 9 et 15, etc. de sorte que la somme soit toujours de 24 pouces, et que les poutres soient toujours posées de champ, on trouve, en suivant cette espèce de suite, que dans la première poutre qui aurait 12 et 12, la résistance est 1728, et la solidité 144 : ce qui donne le rapport de la résistance à la solidité ou pesanteur comme 12 à 1. Ainsi en se servant de la dernière poutre qui aurait 1 et 23, la résistance serait 529 et la solidité 23. Par conséquent la première poutre qui serait carrée, aurait, par rapport à sa pesanteur, près de deux fois moins de force, c'est-à-dire, de résistance que la dernière. Et dans les poutres moyennes cette résistance comparée à sa pesanteur, irait toujours en augmentant depuis la première jusqu'à la dernière : c'est ce qu'on Ve voir dans la table suivante. On peut consulter aussi à ce sujet les mémoires de l'académie royale des Sciences de 1707 et de 1708, et le traité de la Charpenterie et des bois de toute espèce, par M. Matthias Mésange.

Table du rapport de la force des poutres à leur solidité.

Poutre armée. C'est une poutre sur laquelle sont assemblées deux décharges en à-bouts, avec une clé, retenues par des liens de fer. Cela se pratique quand on veut faire porter à faux un mur de refend, ou lorsque le plancher est d'une si grande étendue, qu'on est obligé de se servir de cet expédient, pour soulager la portée de la poutre en faisant un faux plancher par-dessus l'armature.

Poutre feuillée. Poutre qui a des feuillures ou des entailles, pour porter par cet encastrement le bout des solives.

Poutre quarderonnée. Poutre sur les arêtes de laquelle on a poussé un quart de rond, une doucine, ou quelque autre moulure entre deux filets ; ce qui se fait plutôt pour ôter la flache, que pour ornement. (D.J.)