ou DESSINATEUR, s. m. (Rubanier) est celui qui imagine les desseins (s'il est assez heureux pour savoir dessiner, ce qui manque trop généralement à une grande quantité, qui par ce défaut sont contraints de butiner sur autrui), ou au-moins qui les range sur le papier réglé de façon à être exécutés sur le métier. Il doit connaître parfaitement toute la mécanique de ce métier pour être en état de juger par avance de l'effet que doit produire son patron ; ses méprises occasionnent toujours divers accidents, soit par l'inexécution du dessein par lui projeté, ou qui lui a été donné, soit par la perte du temps de l'ouvrier, qui après avoir employé plusieurs jours à passer son patron, ne peut venir à bout de sa perfection, par quelque faute qui s'y sera trouvée, et qui oblige de recourir à lui ; perte du temps qui retombe toujours sur le maître ; qui sans compter la dépense, manque souvent par ce rétardement de remplir ses engagements, ce qui lui est ordinairement d'un préjudice considérable. Le patronneur doit encore être fidèle, c'est-à-dire qu'il ne doit point communiquer les desseins qui lui sont confiés, en les vendant à d'autres, ou vendant à plusieurs ceux qui viendraient de son propre fonds ; de sorte qu'un maître qui se croirait l'unique possesseur de ce dessein, a quelquefois Ve paraitre l'ouvrage dans le public avant qu'il en eut été seulement fait un échantillon chez lui. Il serait à souhaiter que chaque fabriquant fût lui-même son propre dessinateur, qui parlà s'épargnerait une dépense toujours à pure perte, et l'empêcherait au-moins d'être la proie de ces âmes vénales, s'il en est encore, qui n'ont rien de sacré que leur propre intérêt.