S. f. (Belles Lettres) en Rhétorique, c'est la conclusion ou la dernière partie du discours, dans laquelle l'orateur résume en peu de mots les principaux chefs qu'il a traités avec étendue dans le corps de sa pièce, et tâche d'émouvoir les passions de ses auditeurs.

De-là il s'ensuit que la péroraison est composée de deux parties ; 1°. d'une récapitulation, qui contient l'abrégé et l'exposé succint de toutes les choses sur lesquelles a roulé le discours, et auxquelles on tâche de donner une nouvelle force, en les réunissant ainsi d'une manière précise. Voyez RECAPITULATION.

2. L'orateur doit y exciter les passions, ce qui est si essentiel à la peroraison, que les maîtres de l'art appellent cette partie du discours sedes affectuum. Voyez PASSIONS.

Les passions qu'on doit exciter dans la peroraison varient, suivant les diverses espèces de discours. Dans un panégyrique, ce sont des sentiments d'amour, d'admiration, de joie, d'émulation qu'on se propose d'imprimer dans l'âme des auditeurs. Dans une invective, c'est la haine, le mépris, l'indignation, la colere, etc. dans un discours du genre délibératif ; on s'efforce de faire naître l'espérance ou la confiance, d'inspirer la crainte ou de jeter le trouble dans les cœurs.

Les qualités requises dans une peroraison sont, qu'elle soit véhémente et pleine de passion, mais en même temps courte ; car selon la remarque de Ciceron, les larmes sechent bien vite. Il ne faut pas laisser à l'auditeur le temps de respirer pour ainsi dire, parce que le propre de la réfléxion est d'étendre ou d'amortir la passion.

La peroraison était la partie principale où Ciceron excellait. Et en effet, non-seulement il y anime et échauffe ses auditeurs, mais il y semble encore lui-même tout de feu, surtout lorsqu'il excite la commisération et la pitié pour un accusé. Il rapporte, que souvent il arrachait des larmes à son auditoire, et même aux juges, et il ajoute que lorsque plusieurs orateurs étaient chargés de parler dans une même cause, la peroraison lui était toujours réservée, et il nous donne une excellente raison de cette préférence. C'était moins, dit-il, le génie qui le rendait éloquent et pathétique dans ces occasions, que la douleur dont il était lui-même pénétré et le vif intérêt qu'il prenait à ses cliens ; c'est ce qu'il est aisé de remarquer dans ces paroles de la peroraison pour Milon : Sed finis sit, neque enim prae lacrymis jam loqui possum, et hic se lacrymis defendi vetat. Et dans celle pour Rabirius Posthumus : Sed jam quoniam, ut spero, fidem quam potui tibi praestiti, Posthume reddam etiam lacrymas quas debeo. Jam indicat tot hominum fletus quam sis carus tuis, et me dolor debilitat includit que vocem.

Quand on dit que la peroraison doit émouvoir les passions, on suppose que le sujet en est susceptible ; car rien ne serait plus ridicule que de terminer par des traits pathétiques une cause, où il ne s'agirait que d'un intérêt léger ou d'un objet fort peu important.

On peut enfin observer qu'on conçoit quelquefois la peroraison en forme de prière ; l'éloquence de la chaire est restée en possession de cette dernière méthode, très-convenable aux sujets qu'elle traite. On en trouve cependant quelques exemples dans les orateurs profanes, comme dans la harangue de Démosthènes pour Ctésiphon, et dans la seconde Philippique de Ciceron.