S. m. (Belles Lettres) combat des grenouilles et des rats ; titre d'un poème burlesque attribué communément à Homère.

Ce mot est formé de trois autres mots grecs, , grenouille, , souris ou rat, et , combat.

Le sujet de la guerre entre ces animaux est la mort de Psicarpax, jeune rat, fils de Toxaster, qui étant monté sur le dos de Physignate, grenouille, pour aller visiter son palais où elle l'avait invité de venir, fut saisi de frayeur au milieu de l'étang, chancela, lâcha sa conductrice et périt. Les rats soupçonnant Physignate de perfidie, en demandent satisfaction, déclarent la guerre, et livrent bataille aux grenouilles, qu'ils auraient exterminées, si Jupiter et les autres dieux, en présence desquels se donnait le combat, n'eussent envoyé au secours des grenouilles des cancres qui arrêtèrent la fureur des rats.

Suidas fait honneur de ce poème à Pigrez ou Tigrés d'Halicarnasse, frère de l'illustre Artémise, et le nom de ce Carien se lit à la tête d'un ancien manuscrit de la bibliothèque du Roi. Etienne Nunnésius et d'autres savants modernes pensent aussi qu'Homère n'en est point l'auteur. Cependant l'antiquité dépose en faveur de ce poète ; Martial le dit expressément dans cette épigramme.

Perlege Meonio cantatas carmine ranas,

Et frontem nugis solvère disce meis.

Stace est du même sentiment ; et ce qui semble confirmer l'opinion des anciens à cet égard, c'est que dans le siècle dernier on déterra près de Rome, dans des anciens jardins de l'empereur Claude, un bas-relief d'Archelaus, sculpteur de Pryene, représentant un Homère avec deux rats, pour signifier qu'il était auteur du combat des rats.

Quoi qu'il en sait, feu M. Boivin, de l'Académie Française et de celle des Belles-Lettres, a traduit ce petit poème en vers François ; et sa traduction est aussi exacte qu'élégante : à cela près que pour la commodité de la rime, il a quelquefois donné aux rats et aux grenouilles, des noms différents de ceux qu'ils ont dans le texte Grec.