S. f. (Littérature) apologia, mot originairement grec, , discours ou écrit pour la défense ou la justification d'un accusé : toute apologie suppose une accusation bien ou mal fondée ; et le but de l'apologie est de montrer que l'accusation est fausse ou mal-à-propos intentée.

Les persécutions que l'Eglise eut à essuyer depuis sa naissance et pendant les trois premiers siècles, obligèrent souvent les Chrétiens de présenter aux empereurs, au sénat et aux magistrats payens, des apologies pour la religion chrétienne, pour répondre aux fausses imputations par lesquelles on s'efforçait de les noircir, comme ennemis des dieux, des puissances, et perturbateurs du repos public.

Les principales de ces apologies sont celles de Quadrat et d'Aristide : les deux apologies de S. Justin martyr, celle d'Athenagore, l'apologétique de Tertullien, et le dialogue de Minutius Felix, intitulé Octavius.

Quadrat, qui était évêque d'Athènes, composa son apologie pour les Chrétiens vers l'an de Jesus-Christ 124, et la présenta dans le même temps à l'empereur Adrien, qui parcourait alors les provinces de l'Empire, et entr'autres la Grèce. Eusebe nous en a conservé quelques fragments ; mais il ne nous reste rien de celle qu'Aristide, athénien et philosophe chrétien, écrivit peu après celle de Quadrat.

Des deux apologies qu'écrivit S. Justin martyr, la première est de l'an de Jesus-Christ 150, et porte ce titre : " A l'empereur Titus-Elius-Adrien-Antonin, pieux, auguste, César ; et à son fils vérissime philosophe ; et à Lucius philosophe, fils de César, selon la nature, et de l'empereur par adoption, amateur de la science ; et au sacré sénat, et à tout le peuple romain. Pour les personnes de toutes conditions qui sont haïes et maltraitées injustement, Justin, fils de Priscus Bacchius, natif de Flavia, ou de Naples en Palestine, l'un de ces persécutés, présente cette requête ". Après un préambule convenable, ce saint docteur montre l'injustice qu'il y a de condamner les Chrétiens sur le seul nom, et détruit le reproche d'athéisme qu'on leur faisait, par l'exposition de quelques points de leur doctrine, de leur morale, et de leur culte extérieur. Il répond ensuite aux accusations contre leurs mœurs, et les retorque avec force contre celles des Payens. Enfin il la termine par la copie d'une lettre d'Adrien, où cet empereur défendait qu'on persécutât les Chrétiens.

Ce Père composa sa seconde apologie seize ans après, et elle n'a pour but que de détruire les calomnies infamantes dont on chargeait les Chrétiens. Elle est adressée au sénat de Rome, et n'eut pas plus d'effet que la première.

On croit que l'apologie d'Athenagore est aussi de l'an 166, et qu'il l'adressa aux deux empereurs Marc Aurele et Lucius Verus. Il y suit à-peu-près la même méthode que S. Justin, et repousse fortement trois accusations, l'athéisme, le repas de chair humaine, et les incestes.

Quant à l'apologie de Tertullien, nous en avons parlé au mot APOLOGETIQUE.

L'Octavius de Minutius Felix, orateur romain, qui vivait dans le troisième siècle, est un dialogue sur la vérité de la religion chrétienne, où par occasion l'auteur répond aux calomnies des Juifs et des Payens. Le caractère de tous ces ouvrages est une noble et solide simplicité jointe à beaucoup de véhémence, surtout dans Athenagore et dans Tertullien. (G)