S. m. (Littérature et Librairie) est une énumération ou liste de noms d'hommes, de livres, et d'autres choses disposées suivant un certain ordre. Ce mot, selon Ducange, était employé dans la basse latinité, pour signifier collection, du grec , de , recenseo.

Nous n'entrerons point dans le détail des différentes collections auxquelles on a coutume de donner ce nom. Voyez CABINET, ETOILE. Nous nous contenterons de parler des catalogues de livres, parce que de toutes les collections c'est en effet la plus intéressante.

Ce qui existe, ce qui arrive, ce qu'on peut dire, faire, ou imaginer, tout enfin étant matière de livres, la vie la plus longue et l'étude la plus assidue ne mettent que difficilement en état d'en acquérir la connaissance. Un homme de lettres doit cependant s'en faire un plan méthodique, afin de savoir caractériser et réduire à des classes convenables ce nombre prodigieux d'écrits qu'on a donnés et qu'on donne tous les jours au public : autrement il est exposé à errer perpétuellement dans l'immensité de la Littérature, comme dans un labyrinthe plein de routes confuses.

Ce système ou plan méthodique consiste à diviser et sous-diviser en diverses classes tout ce qui fait l'objet de nos connaissances ; chacune des classes primitives pouvant être considérée comme un tronc qui porte des branches, des rameaux, et des feuilles. La difficulté à surmonter pour établir entre toutes ces parties l'ordre qui leur convient est, 1°. de fixer le rang que les classes primitives doivent tenir entr'elles ; 2°. de rapporter à chacune d'elles la quantité immense de branches, de rameaux, et de feuilles qui lui appartiennent.

Ces divisions et sous-divisions une fois établies, forment ce qu'on nomme système bibliographique, et s'appliquent à l'arrangement des livres, soit dans une bibliothèque, soit dans un catalogue. Un des avantages que l'on tire de ces divisions et sous-divisions bien établies, est de trouver avec facilité les livres que l'on cherche dans une bibliothèque et dans un catalogue ; elles procurent aussi à l'homme de lettres le moyen de connaître assez promptement ce qu'on a écrit de meilleur sur les matières qu'il étudie, ou qu'il se propose d'étudier.

De savants bibliographes et des libraires habiles ont donné différents systèmes de catalogues : mais il serait inutîle et trop long de les rapporter ici ; nous nous contenterons d'indiquer les principaux que l'on pourra consulter. On a obligation à Lambecius du catalogue des manuscrits de la bibliothèque de l'empereur ; Mettaire a fait celui de la bibliothèque Harleienne ; Prosper Marchand a suivi des routes qui lui étaient particulières, et en a donné les raisons dans la préface de son catalogue de Faultrier. Celui de tous qui s'est fait jusqu'à-présent le plus de réputation dans ce genre de littérature, et qui en effet a mis le plus d'ordre, d'intelligence, et de raisonnement dans les divisions, et le plus d'instructions sur les livres rares dans ses notes, est M. Martin libraire à Paris ; aussi son système est-il le plus généralement adopté. Quoiqu'on le trouve dans tous les catalogues qu'il a donnés au public, nous croyons devoir le rapporter ici en faveur de ceux qui ne sont point à portée de se les procurer.

Si le catalogue de la bibliothèque du Roi était achevé, nous croirions n'avoir rien de plus agréable et de plus instructif à donner au public sur cette matière, que le système que l'on y a adopté. Les divisions générales sont les mêmes que celles de M. Martin : mais on y a porté les divisions à un degré de détails qui ne se trouve dans aucun autre ouvrage de cette nature. On est redevable de ce travail immense, et qui se continue, à M. l'abbé Sallier et à M. Melot. Il ne fallait pas moins que le savoir profond et le zèle infatigable de ces deux illustres académiciens, pour commencer et conduire à sa fin, à la satisfaction des connaisseurs, une entreprise aussi difficîle et aussi pénible.

M. Martin divise toute la Littérature en cinq classes primitives, et chacune de ces classes comme il suit.

La THEOLOGIE, la JURISPRUDENCE, les SCIENCES et ARTS, les BELLES-LETTRES, et l'HISTOIRE.

LA THÉOLOGIE en ECRITURE SAINTE, CONCILES, PERES DE L'EGLISE GRECS et LATINS, et THEOLOGIENS.

L'ÉCRITURE SAINTE comprend les textes et versions de l'écriture-sainte ; leurs commentaires, explications, paraphrases, etc. les histoires de la bible, vies de J. C. et harmonies évangéliques extraites de l'écriture-sainte ; les critiques sacrées, et les liturgies.

Les CONCILES sont ou généraux ou particuliers.

Les SAINTS PERES se distinguent par l'ordre des siècles dans lesquels ils ont vécu.

Les THEOLOGIENS se divisent en scolastiques, moraux, catéchétiques ou instructifs ; parénétiques ou prédicateurs ; mystiques, polémiques, ou qui ont écrit pour la défense de la religion chrétienne et catholique, hétérodoxes.

LA JURISPRUDENCE en DROIT CANONIQUE et DROIT CIVIL.

Le DROIT CANONIQUE renferme les canonistes anciens et modernes, le Droit ecclésiastique français, le Droit ecclésiastique étranger, le Droit ecclésiastique des moines et des réguliers.

Le DROIT CIVIL renferme le Droit naturel, public, et des gens ; le Droit romain, le Droit français, le Droit étranger.

LES SCIENCES et ARTS en PHILOSOPHIE, MEDECINE, MATHEMATIQUES, et ARTS tant LIBERAUX que MECHANIQUES.

La PHILOSOPHIE comprend les philosophes anciens et modernes avec leurs interpretes et sectateurs, les traités de la Philosophie universelle, Logique et Dialectique, Morale, Oeconomie, Politique, Métaphysique, Physique, Histoire naturelle.

La MEDECINE comprend les Médecins anciens et modernes, les traités particuliers de Médecine, l'Anatomie, la Chirurgie, la Pharmacie, et la Chimie, la Philosophie ou Médecine hermétique, paracelsique, ou Alchimie.

Les MATHEMATIQUES se divisent en traités généraux de Mathématiques, Arithmétique et Algèbre, Géométrie, Astronomie, Gnomonique ou science des cadrants solaires, Hydrographie ou science de la Navigation, Optique, Musique, Mécanique, Astrologie, etc.

Les ARTS se divisent en art de la Mémoire ; art de l'Ecriture ; l'art de l'Imprimerie, l'art du Dessein, de la Peinture, de la Gravure, et de la Sculpture ; l'Architecture ; l'art militaire ; la Pyrotechnie ou l'art du Feu, de la fusion des métaux, des Feux d'artifice, de la Verrerie ; les divers Arts mécaniques ; la Gymnastique qui comprend l'art de manier et de traiter les chevaux ; l'Escrime, la Danse, les exercices du corps.

LES BELLES-LETTRES en GRAMMAIRE, RHETORIQUE, POETIQUE, PHILOLOGIE, POLYGRAPHES.

La GRAMMAIRE comprend les traités généraux de la Grammaire, Institutions, Grammaires, et Dictionnaires de diverses langues.

La RHETORIQUE renferme les traités de l'art oratoire, et les Orateurs anciens et modernes.

La POETIQUE comprend les traités de l'art de versifier, les poésies prosaïques ou facéties, plaisanteries, contes, nouvelles, romans, etc.

La PHILOLOGIE renferme la Critique, qui consiste en critiques anciens et modernes, satyres, apologies, et dissertations critiques, allégoriques, enjouées, etc. les gnomiques ou sentences, apophtegmes, adages, proverbes, etc. et les hieroglyphiques, ou emblèmes, et devises.

Les POLYGRAPHES se divisent en auteurs anciens et modernes, qui ont écrit divers traités sur différents sujets, dialogues, et entretiens sur différents sujets, épistolaires ou lettres écrites sur différents sujets.

L'étude de l'Histoire demandant la connaissance de la Géographie et de la Chronologie ; les livres qui traitent de ces deux sciences sont à la tête de cette classe, et se divisent, savoir :

La Géographie en Cosmographie ou description de l'Univers, géographes anciens et modernes, ou description du globe terrestre, descriptions et cartes particulières, voyages et navigations.

La Chronologie en Chronologie technique, Chronologie historique ou l'Histoire réduite et divisée par tables et divisions chronologiques, histoires universelles, etc.

L'HISTOIRE en HISTOIRE ECCLESIASTIQUE, HISTOIRE PROFANE.

L'HISTOIRE ECCLESIASTIQUE se divise en Histoire ecclésiastique proprement dite, ou Histoire ecclésiastique ancienne et nouvelle, Judaïque et Chrétienne. Il y a des histoires ecclésiastiques universelles, et des histoires ecclésiastiques particulières ; on les divise en histoire catholique, pontificale, histoire monastique, histoire sainte, histoire ecclésiastique des hérésies et des hérétiques.

L'Histoire catholique et pontificale renferme l'histoire des conciles, générale et particulière, l'histoire et les vies des papes et des cardinaux.

L'Histoire monastique comprend l'histoire des ordres monastiques et religieux, avec les vies des instituteurs, fondateurs, saints et personnages illustres de chaque ordre, et de plus l'histoire des monastères ; elle renferme aussi l'histoire des ordres militaires et de chevalerie.

L'Histoire sainte comprend les martyrologes et vies des saints et des personnes illustres en piété, l'histoire des lieux saints des églises, cimetières, etc. des reliques des saints, des saintes images, des miracles, etc.

L'Histoire ecclésiastique des hérésies et des hérétiques se divise en histoire ancienne des hérésies jusqu'au XIIe siècle, histoire des nouvelles hérésies depuis le XIIIe siècle jusqu'à présent, histoires des inquisitions contre les hérétiques et contre d'autres.

L'HISTOIRE PROFANE se divise en histoire ancienne, histoire moderne, histoire généalogique et héraldique, antiquités, histoire des solennités et des pompes ; histoire littéraire, académique, et bibliographique ; vies des personnages illustres, et traits historiques.

L'Histoire ancienne ou des anciennes monarchies, comprend les histoires des Juifs, des Chaldéens, des Babyloniens, des Assyriens, etc. histoire de la monarchie des Perses ; histoire Grecque, Romaine ; Byzantine ou de l'empire de Constantinople.

L'Histoire moderne ou des monarchies qui subsistent aujourd'hui, se divise en deux parties. La première renferme les monarchies de l'Europe : la seconde les monarchies hors de l'Europe.

Dans la première partie sont comprises les histoires d'Italie, de France, d'Allemagne, des Pays-Bas, de Lorraine, des Suisses et des peuples leurs conféderés, d'Espagne, de la Grande-Bretagne, des pays septentrionaux.

Dans la seconde partie sont comprises l'histoire Orientale générale, celle des Arabes, des Sarrasins et des Turcs ; l'histoire Asiatique, l'histoire d'Afrique, l'histoire de l'Amérique ou des Indes occidentales.

L'Histoire généalogique et héraldique, comprend les traités généraux et particuliers de la science héroïque de la noblesse, des nobles ; de leurs titres, prérogatives, etc. et des choses qui leur sont propres ; les traités héraldiques ou qui appartiennent à la science du Blason ; les histoires généalogiques des familles illustres.

Les antiquités renferment les rits, usages et coutumes des anciens, histoire métallique ou médailles, monnaies, etc. divers monuments de l'antiquité ; descriptions et traités singuliers des édifices publics, des amphithéâtres, obélisques, pyramides, etc. diverses antiquités, pierres gravées, cachets, lampes, et autres choses qui nous restent des anciens ; mélanges d'antiquités contenant des collections mêlées, des dissertations, des descriptions de cabinet d'antiquaires, etc.

L'Histoire des Solennités et des Pompes comprend les réjouissances publiques, entrées, mariages, etc. histoire des Pompes funèbres.

L'Histoire littéraire, académique et bibliographique, comprend l'histoire des lettres et des langues, des sciences et des arts ; où il est traité de leur origine et de leur progrès ; histoire des académies, écoles, universités, colléges et sociétés de gens de lettres ; bibliographie ou histoire et description des livres.

Vies des personnages illustres divisées en vies des illustres personnages anciens, Grecs et Romains, en général et en particulier ; vies des hommes illustres et modernes ensemble, ou des derniers temps seulement ; vies des hommes illustres dans les sciences et dans les arts anciens et modernes.

Extraits historiques, sont les diverses collections tirées et extraites des historiens anciens et modernes ; les monuments, actes et écrits historiques, pièces du temps, etc. traités de paix, de confédération, d'alliance, de treve, etc. entre les princes ; ensemble les pièces, recueils, dissertations, et autres choses concernant les négociations de ces traités ; les dictionnaires historiques, etc.

Ceux qui voudront mettre en pratique le présent système, pourront consulter pour les détails de chaque partie quelques-uns des catalogues de M. Martin, comme ceux de MM. Bulteau, Dufay, comte Hoym, de Rothelin, et Bellanger.

Il a été trouvé dans les manuscrits de feu M. l'Abbé Girard, de l'Académie Française, un système de Bibliographie, où il règne un ordre fort différent de ceux que l'on a connus jusqu'à présent. Comme on ne se propose pas de le publier en particulier, nous avons cru devoir le placer ici, pour ne pas priver le public de ces nouvelles lumières sur une matière vraiment intéressante. M. l'Abbé Girard y rend compte en Philosophe des raisons qui l'ont déterminé dans le choix et le rang de ses divisions.

D'abord il considère l'homme dans la naissance du monde, faible et inquiet sur sa destinée, agité par la crainte et par d'autres sentiments qui lui inspirent la défiance de lui même, et le portent à chercher un protecteur puissant. Conduit par degrés à la connaissance d'un Dieu, il met tous ses soins à se le rendre propice par le culte qu'il croit lui être le plus agréable ; c'est ce qu'on nomme religion chez tous les peuples. Ce qui la concerne soit dans le général, soit dans le particulier, soit pour la maintenir, soit pour la combattre, fait le premier chef de ce plan sous le titre de THEOLOGIE.

L'homme isolé sentit de nouveaux besoins, et chercha dans la protection de ses égaux et de ses voisins, un appui à sa portée ; cela forma la société dont les commencements n'eurent d'autres motifs que les secours mutuels et les services réciproques ; mais dont les progrès formèrent des parties, des états, et des empires ; produisirent des lois et des coutumes, etc. Tout ce qui regarde la société, ses formes, ses intérêts, ses lois et ses usages, fait le second chef de ce système sous le titre de NOMOLOGIE.

Quoique le culte et la police remédient aux horreurs de la solitude par les liaisons qu'ils établissent entre les hommes, peu satisfaits du petit volume de leur personne, et de la courte durée de leur existence, ils travaillent à vivre dans l'idée d'autrui, et forment sur le plan de cette image une manière d'être, à laquelle ils donnent le nom de gloire et de renommée. Ce goût rend les hommes jaloux de leur honneur, sensibles à l'estime des autres, et curieux de ce qui les regarde ; de façon qu'ils s'occupent des actions et des événements ; qu'ils travaillent à s'en instruire et à les publier. De-là l'origine d'un troisième objet d'érudition sous le titre d'HISTORIOGRAPHIE.

Le spectacle pompeux de l'univers, et les merveilles de la nature, frappent assez pour attirer des regards curieux. L'esprit humain avide de connaissances, animé par ses premières découvertes, aidé de l'expérience, de l'analyse, et du raisonnement, se livre à ces recherches profondes qui font ce qu'on nomme proprement Sciences, objet distingué formant dans ce système le quatrième chef sous le nom de PHILOSOPHIE.

C'est sans-doute par l'acquisition des connaissances et par l'amas des vérités, que l'esprit s'enrichit : mais ici comme ailleurs, il faut faire usage de ce que l'on possède pour en tirer satisfaction. Cet usage ne se trouve que dans la communication avec les autres êtres de notre espèce ; et cette communication ne pouvant se faire par une voie plus naturelle ni plus commode que par le moyen de la parole, il en résulte dans les hommes un penchant vif à vouloir briller, flatter, et amuser par le discours. L'on ne doit donc pas être surpris s'ils se sont appliqués à cultiver le langage, et si quelques-uns préférant les amusements du bel esprit au travail pénible des recherches savantes, se sont attachés à l'éloquence, à la poésie, à la critique, à la pureté des expressions ; enfin à tout ce qui dépend du feu de l'imagination, et à ce qui concerne les règles et les grâces de la parole, compris sous le titre de PHILOLOGIE.

Le bonheur étant le but que tout être sensible et intelligent envisage, il est naturel que l'homme ne néglige rien de tout ce qu'il croit être propre à le rendre heureux. C'est par ce désir du bien être, et par la nécessité de pourvoir à ses besoins réels ou imaginaires, que son industrie a été excitée ; qu'en étudiant ce qui plait aux sens comme ce qui orne l'esprit, il a donné naissance aux Arts. Ce qui les regarde fait le sixième et dernier chef de ce système sous le titre de TECHNOLOGIE.

M. l'abbé Girard divise donc toute la Littérature en six genres qui sont :

THEOLOGIE, NOMOLOGIE, HISTORIOGRAPHIE, PHILOSOPHIE, PHILOLOGIE, TECHNOLOGIE.

Cette première division, toute simple qu'elle est, répond à toute l'étendue de la Littérature, n'y ayant aucun ouvrage que l'on ne puisse rapporter à ces six chefs : mais quoique juste, elle est encore trop générale pour démêler les différences de tout ce qui est écrit, et y établir un ordre parfait. M. l'abbé Girard entre donc dans un plus grand détail, et divise chacun de ces six genres en six classes, et chaque classe en deux ordres.

THÉOLOGIE.

TEXTES, COMMENTATEURS, DOGMATIQUES, PREDICATEURS, MYSTIQUES, LITURGIQUES.

Ce premier genre de Littérature ne se borne pas dans le système de l'érudition générale, comme dans celui de l'érudition scolastique, à ce qui regarde seulement la religion Chrétienne. D'une bien plus vaste étendue, il embrasse toutes les religions de l'univers présentes et passées, qui se rapportent toutes à six espèces générales : savoir, Christianisme, Judaïsme, Mahométisme, Paganisme, Déisme, et Athéisme.

La religion Chrétienne se divise en trois communions principales ; Romaine, Grecque, et Protestante.

La Théologie Juive a produit différents partis : le premier de tous les schismes y fut une suite des factions de l'état ; la desunion des tribus forma de l'ancien Israèlite le Juif et le Samaritain. Ensuite parurent dans le sein du Judaïsme les Esséniens, Pharisiens, et Saducéens, dont les Caraïtes ont pris la place. Ces derniers sont parmi les Juifs ce que les Réformés sont parmi les Chrétiens.

Dans le Mahométisme il y a deux sectes ; celle d'Omar, et celle d'Haly.

Le caractère du Paganisme est la pluralité des dieux : tous les livres écrits sur ces six différentes espèces de religions font, comme nous l'avons dit, l'objet de la Théologie considérée comme portion d'un système bibliographique. Nous allons présentement rendre compte des sous-divisions en deux ordres de chacune des six classes.

Les TEXTES, ce sont les écrits qu'on regarde dans chaque religion comme dépositaires authentiques de la croyance et du culte qu'on y professe ; ils sont ou sacrés ou ecclésiastiques.

Les Textes sacrés partent des Législateurs, et sont respectés comme divins : tels sont chez les Chrétiens les livres de l'ancien et du nouveau Testament ; chez les Juifs, la Bible ; chez les Mahométans, l'Alcoran ; chez les Chinois, les ouvrages de Confucius ; et dans l'ancien paganisme, les oracles des Sibylles, etc. Les Textes sacrés, en langues qui ont été ou qui sont d'usage dans les églises, se nomment versions : ceux qui sont en langues vulgaires, et qu'on lit simplement dans le particulier, sont nommés traductions.

Les Textes ecclésiastiques sont les décisions ou constitutions faites par le concours des principaux chefs d'une religion, reçues et acceptées comme lois émanées d'une autorité sainte, et comme règles indispensables de foi et de conduite. Tel est parmi les Juifs le Thalmud, et tels sont parmi nous les conciles divisés en généraux, nationaux et provinciaux.

Les COMMENTATEURS sont ou des interprétations ou des dissertations sur les Textes.

Les DOGMATIQUES se divisent en Docteurs et en Casuistes.

Les Docteurs sont ceux qui enseignent méthodiquement la doctrine divine. Ceux dont les opinions ont acquis de l'authenticité, sont appelés Peres de l'Eglise, Grecs et Latins, et sont regardés comme dépositaires de la doctrine divine à laquelle on donne le nom de tradition. Les Docteurs modernes sont appelés scolastiques.

Les Casuistes s'attachent à marquer la distinction précise de ce qui est permis ou défendu par la loi et la morale du système reçu dans la société.

Les PREDICATEURS se divisent en orthodoxes et en sectaires.

Les MYSTIQUES sont ou contemplatifs ou ascétiques.

Les contemplatifs ne présentent dans leurs écrits que des réflexions spéculatives ou épanchements de cœur pour nourrir la dévotion, faire aimer et estimer les choses divines préférablement aux temporelles.

Les ascétiques, persuadés que la seule contemplation ne suffit pas pour attacher l'homme à Dieu, s'occupent à écrire des maximes et des règles de conduite ; à proposer certaines pratiques de prières et de mortification, etc.

Les LITURGIQUES traitent de ce qui concerne le service divin, et la pratique du culte extérieur, d'où se forment les rituels et les eucologies.

Les rituels règlent l'ordre et le cérémonial de l'office et des fonctions ecclésiastiques, conformément aux usages de chaque église.

Les eucologies n'ont pour objet que la prière, soit publique, soit particulière.

NOMOLOGIE,

DISCIPLINE, DROIT CIVIL, CORPOROLOGIE, ETHICOLOGIE, THESMOLOGIE, PRAXEONOMIE.

Ce genre embrasse tout ce qui traite de l'avantage que les hommes trouvent à être réunis en corps de société, dont la conservation est indispensablement attachée à l'observation des lais. Ces six classes sont distinguées par la diversité des liens qui attachent ou associent les hommes les uns aux autres. Ces liens sont ou église, ou patrie, ou congrégation, ou mœurs, ou usages, ou actions communes.

La DISCIPLINE dans ce système général de Littérature, ne se borne pas comme dans nos écoles, au seul gouvernement de l'église catholique, elle embrasse toutes les lois et tous les règlements faits pour gouverner les sociétés fondées sur les liens de culte et de religion, et peut se diviser en discipline chrétienne, et en discipline hétéronome.

La discipline chrétienne varie selon les différentes communions qui partagent l'Eglise universelle : mais toutes ces diversités peuvent être réduites sous les communions romaine, grecque, et protestante.

La discipline hétéronome renferme tout ce qui concerne le gouvernement des églises non-chrétiennes, telles que celles des Juifs, des Musulmants, et des Gentils idolâtres.

Le DROIT CIVIL : de tout temps les hommes se sont réunis pour se fortifier contre leurs ennemis, et veiller avec plus de sûreté à leur mutuelle conservation, ce qui a formé des patries ; d'où le Droit civil a pris naissance. Il se partage assez naturellement en deux espèces, Politique et Jurisprudence.

La Politique a pour objet le Droit public ; c'est-à-dire qu'elle regarde les intérêts, la gloire, la puissance, la forme, et l'administration des états ; d'où les actes conventionnels, les manifestes, les mémoires de négociations, etc.

La Jurisprudence veille aux intérêts des particuliers, décide leurs différends, etc. d'où les lais, les jugements rendus, les Jurisconsultes, les Praticiens, etc.

CORPOROLOGIE : au milieu des sociétés générales que forme l'église ou la patrie, il s'en élève de particulières qui peuvent se diviser en cénobitiques et associations.

La cénobitique comprend les règles claustrales et les autres écrits qui concernent le gouvernement des communautés religieuses.

Les associations renferment toutes les sociétés auxquelles la conformité de profession, d'emploi, ou d'occupations, donne naissance dans le corps civil de l'état : telles sont les académies, les ordres de chevalerie, les compagnies, les corps et métiers, etc. leurs statuts, leurs règlements, et leurs usages particuliers.

L'ÉTHICOLOGIE : outre les sociétés fondées sur des lois authentiques, il en est une libre et naturelle que l'humanité inspire, et que la raison approuve ; c'est ce qu'on nomme commerce ordinaire de la vie. Les mœurs en sont le lien, et font l'objet de l'éthicologie. Les livres qui appartiennent à cette classe sont distingués par la forme que les auteurs ont donnée à leurs ouvrages ; ce sont ou des traités ou des caractères.

Les Traités de morale sont des discours suivis ou méthodiques ; adressés au public ou à quelques personnes particulières, par forme de leçons.

Les Caractères ne font précisément que mettre les mœurs en tableau par descriptions, qui sans attaquer les personnes, tracent néanmoins tous les traits personnels.

La THESMOLOGIE comprend les livres qui traitent des usages reçus dans les sociétés ; ces usages se distinguent par le cérémonial et les modes.

La PRAXEONOMIE traite des sociétés particulières et momentanées, de leurs règles, de leurs formes, etc. et se divise en aétiologie et ludicrologie.

L'aétiologie embrasse les pratiques familières et domestiques.

Le ludicrologie comprend les jeux de hazard, d'adresse, ou de conduite.

HISTORIOGRAPHIE,

NOTICES, HISTOIRES, PERSONOLOGIES, LITTEROLOGIE, FICTIONS, COLLECTIONS.

Les NOTICES sont des ouvrages purement énumératifs, ou des listes méthodiques ; tantôt municipales, tantôt nominales.

Les notices municipales ont pour objet les offices, charges, emplois, sièges et tribunaux ; elles servent à faire connaître la puissance, ainsi que la forme des états et des corps civils.

Les notices nominales exposent les noms des personnes, soit des membres qui composent les différentes sociétés : soit des têtes qui étendent et soutiennent les familles, soit de ceux qui forment l'ordre et la durée des successions sur les trônes et dans les places distinguées.

Les HISTOIRES narrent les événements qui touchent le corps général de quelque société, soit que cette société forme une patrie, ou une simple congrégation ; ce qui divise cette classe en histoires nationales et congrégationales.

Les histoires nationales ont pour objet toutes les sociétés politiques d'état et de nation.

Les congrégationales ont les autres sociétés particulières, telles que celles de religion.

Les PERSONOLOGIES, sont, ainsi que l'étymologie de la dénomination le fait entendre, une sorte d'historiographie qui a pour objet les personnes en particulier. Cette forme, comme les autres, a deux ordres sous les noms de vies et de voyages. Sous le nom de vies est compris tout ce qui porte le titre de mémoires.

La LITTEROLOGIE a pour objet les faits et les événements littéraires, et se divise en doctrinologie, bibliographie.

La doctrinologie fait l'histoire des Sciences et des Arts, c'est-à-dire qu'on y prend soin de faire connaître le temps et les circonstances de leur origine, ainsi que le cours de leurs progrès.

La bibliographie instruit des écrits, que la plume, conduite par le talent de l'esprit, a donnés au public ; ce qui se fait ou par des extraits et des analyses, ou par des catalogues.

Les FICTIONS, enfants de la seule imagination, et faites pour amuser, se masquent d'un faux ait d'histoire par une narration suivie, et se divisent en romans et en contes.

Les COLLECTIONS comprennent tous les ouvrages historiographiques, faits de diverses pièces d'assemblage sans aucun enchainement d'évenements et de circonstances : elles peuvent se réduire à deux objets différents, les antiquités et les compilations.

Les antiquités rassemblent ce qui regarde les monuments que la main des hommes a fabriqués, et que les temps n'ont pas détruits ; tels que les bâtiments, les inscriptions, les médailles, les chartres, et autres choses pareilles.

Les compilations ramassent les différents faits indépendants les uns des autres ; tels que les mémoriaux et les dictionnaires historiques.

PHILOSOPHIE, Mathématiques, Cosmographie, Physiographie, Physique, Médecine, Spiritologie.

La nature présente une multitude d'êtres contenus dans un espace, d'où nait l'envie de calculer les uns, et de mesurer l'autre ; de façon que le nombre et la grandeur deviennent une occupation d'esprit, et sont véritablement des connaissances préliminaires et nécessaires à l'étude de la nature.

Un regard ensuite plus attentif fait qu'on regarde le monde comme un vaste pays où l'on voudrait voyager, et dont la totalité se distribue en deux parties, le ciel et la terre. Ce sont deux objets nouveaux à traiter.

A l'idée générale des régions doit naturellement succéder celle d'habitation ; on y rencontre une multitude d'êtres successivement produits et renouvellés, ou par voie de génération, ou par voie de végétation. Leur description fait le travail des Naturalistes.

Le travail constant et infatigable de la nature la fait envisager dans un état d'action, dont la connaissance devient intéressante par le désir de dévoiler ses mystères, de-là l'étude de la Physique.

L'étude de la nature en action conduit nécessairement à celle de l'état de vie. Une curiosité bien placée par l'intérêt qu'on prend et qu'on doit prendre à sa conservation, détermine l'homme studieux à approfondir la machine animale, pour savoir en quoi consiste la vie, quels en sont les ressorts, ce qui en fait la bonne économie et la santé, et pour découvrir aussi les causes et les règles de sa destruction ou de sa langueur ; d'où la Médecine.

Après avoir considéré la nature sous ses différentes faces, il n'était pas naturel d'oublier le plus admirable de ses aspects ; celui où s'appliquant et cherchant à connaître, elle parait toute spirituelle. L'esprit humain se repliant souvent sur lui-même et sur ses opérations, s'étudie et travaille sur son propre fonds, non-seulement pour se comprendre ainsi que tout ce qu'il imagine être comme lui au-dessus de la sphère corporelle, mais encore pour se faire une méthode de penser et de raisonner, qui serve à le conduire au vrai et au bon. Voilà les raisons sur lesquelles sont fondées les divisions de la Philosophie, dont nous allons rendre compte en particulier.

Les MATHEMATIQUES ayant pour objet le nombre et la grandeur, se divisent en Arithmétique et Géométrie ; sous le nom d'Arithmétique est compris l'Algèbre.

La COSMOGRAPHIE se divise en Astronomie et Géographie.

La PHYSIOGRAPHIE s'attache à faire connaître les productions de la nature, et se divise en Psycologie et Végétologie.

La Psycologie considére les êtres produits par voie de génération, et doués de vie ; c'est-à-dire des animaux de toute espèce.

La Végétologie comprend tout ce qui est produit par l'action continuelle de la nature ; tels que sont les plantes, les fruits, les métaux, les minéraux, les coquillages, etc.

La PHYSIQUE est ou spéculative ou pratique.

La spéculative renferme les systèmes, et la pratique les expériences.

La MEDECINE a pour but ce qui concerne la vie et la santé de l'animal : ses deux branches sont la Physiologie et Pathologie.

La Physiologie considère la constitution, les fonctions, et toute l'économie des parties qui composent le corps animé.

La Pathologie étudie les altérations qui peuvent troubler cette machine vivante ; comment on peut prévenir ces accidents, et y remédier ; ce qu'on nomme diete et thérapeutique, qui, ainsi que la Chirurgie et la Pharmacopée, appartiennent à ce dernier ordre.

La SPIRITOLOGIE se divise en Métaphysique et Logique.

La Métaphysique cherche à connaître ce que c'est que l'esprit et la pensée, les propriétés et les opérations de l'âme raisonnable ; elle pousse même ses recherches jusqu'à la divinité.

La Logique s'applique à conduire l'esprit humain dans les routes de la vérité, par des règles sures et lumineuses. C'est à elle qu'appartient tout ce qui regarde la direction du raisonnement, soit dans la position des principes, soit dans la déduction des conséquences.

PHILOLOGIE.

LEXICOLOGIE, ELOQUENCE, POEMES, THEATRES, LETTRES, CRITIQUE.

Les avantages que procurent les grâces du discours, à ceux qui les possèdent, font que les hommes se portent avec ardeur à ce qui peut perfectionner leur langage, et leur valoir la réputation de bel esprit. De-là une foule d'ouvrages caractérisés par un goût particulier pour l'art de la parole, et par les tournures et les idées singulières d'une imagination ingénieuse. Le mot de Philologie caractérise parfaitement ce genre de Littérature, qui se divise comme les autres en six classes.

La LEXICOLOGIE embrasse tout ce qui concerne les langues, soit pour en donner l'intelligence, en conserver la pureté, en faire connaître le génie. Les auteurs de cette classe sont ou grammairiens ou vocabulistes.

Les grammairiens établissent des règles et des principes, discutent la nature des mots pour en connaître les divers accidents, etc. ils traitent aussi de l'orthographe et de la ponctuation.

Les vocabulistes font des observations sur la pureté du langage, en distinguent le bon usage du mauvais. Ils travaillent enfin à bien représenter la valeur ou la signification des mots, et font ce qu'on nomme dictionnaire.

L'ELOQUENCE a pour objet les embellissements du discours : tantôt elle enseigne les règles de son art, tantôt elle les met en œuvre ; ce qui distingue ses écrivains en rhéteurs et en orateurs.

Les rhéteurs donnent des préceptes sur les figures du langage, la construction des périodes, etc.

Les orateurs sont uniquement appliqués à l'exécution. Les oraisons funèbres, les discours académiques, les éloges des hommes illustres, etc. composent cet ordre.

Les POEMES par leur grande diversité ne sont pas d'une division aussi facîle dans l'arrangement d'une bibliothèque, que dans un traité de Poésie. Il faut donc chercher dans le génie même de la Poésie quelque différence assez grande pour que les Poètes qui se sont attachés à une espèce se soient rarement attachés à l'autre, et que par conséquent on puisse fonder là-dessus un partage convenable au systéme bibliographique. M. l'abbé Girard trouve dans la verve poétique deux âmes qui vont peu ensemble : l'une élevée et sérieuse, qui frappe vivement l'imagination par la force des images ; l'autre voluptueuse, qui flatte ou amuse par l'agrément ou la douceur de la mélodie : de façon qu'il distingue les poèmes en épimétriques et lyriques.

Les épimétriques s'adressent à l'esprit ; ils narrent, peignent, raisonnent ou font parler ; tels sont les poèmes épiques ou héroïques, les odes, les élegies, les satyres, les éclogues, les idylles, les madrigaux, les épigrammes, etc.

Les lyriques sont faits pour les organes de la voix et des oreilles ; ce sont les chansons.

Le THEATRE. M. l'abbé Girard en fait une classe à part et distinguée des poèmes, parce qu'il n'y regarde la versification que comme un accessoire qui ne sert point à caractériser cette sorte d'ouvrages, étant manifestement marqué à un coin très-différent de celui de la cadence et de la mesure des expressions. Ceux qui ont consacré leurs talents aux pièces de théâtre se distinguent en tragiques et en comiques.

Les LETTRES. Il n'est ici question que des lettres amusantes : celles qui traitent de dévotion ou de politique appartiennent à d'autres classes. Dans celle-ci on les divise en ingénieuses et galantes, selon que l'esprit et le cœur y ont part.

La CRITIQUE examine, juge, et met au creuset tous les ouvrages. Elle se divise en polygraphique et monographique.

La polygraphique s'attache indifféremment dans un même ouvrage à plusieurs objets et de toutes sortes d'espèces.

La monographique n'attaque qu'un ouvrage ou qu'un auteur en particulier, par un écrit destiné à ce seul sujet et fait exprès pour l'examiner d'un bout à l'autre.

TECHNOLOGIE,

CIVIQUES, ACADEMIQUES, GYMNASTIQUES, PLASTIQUES, NUTRITIFS, MYSTERIQUES.

Il est si naturel à l'homme de penser à ses besoins, qu'il n'est pas douteux que les arts n'aient été d'abord l'unique objet de son travail. Mais quoiqu'il les ait mis au premier rang de ses occupations, il ne leur a pas consacré les prémices de ses écrits, laissant à la pratique le soin de les conserver. Quoique l'on ait écrit un peu tard sur cette matière, elle a produit un fort grand nombre d'ouvrages, qui peuvent aussi se partager en six classes.

Les ARTS CIVIQUES sont ceux que la politique adopte par préférence dans la constitution du gouvernement. Ils sont souvent cultivés par les citoyens du premier rang. Les uns ont pour but la force et la gloire de l'état ; les autres la richesse, et se divisent en célèbres et pécuniaires.

Les Arts célèbres méritent ce nom, parce qu'ils offrent de la réputation à ceux qui en font profession, et rendent célèbres ceux qui s'y distinguent : tels sont l'Art militaire, la Navigation.

Les Arts pécuniaires sont moins nobles, mais ils sont utiles, tels que le Commerce et la Finance.

Les ARTS ACADEMIQUES sont caractérisés par le génie, dont l'étude a deux principaux objets, le dessein, et les forces mouvantes. L'un renferme les arts iconographiques ; les autres sont le fondement de ce qu'on nomme mécanique.

Les Arts iconographiques représentent, peignent et construisent : ainsi l'écriture, l'Imprimerie, la Peinture, la Gravure, l'Architecture, etc. composent cet ordre.

La Mécanique enseigne à distribuer sagement, et appliquer à propos les forces mouvantes, d'où naissent la pyretique, l'hydraulique, la pulsative, la statique et l'élatérique.

Les ARTS GYMNASTIQUES ont pour objet ce que l'homme est capable d'exécuter par les mouvements réglés et compassés de ses organes et de ses membres. Ils sont symphoniques ou dextériques.

Les symphoniques embrassent le Plain-Chant, la Musique, et la Déclamation.

Les dextériques sont enfants de l'action et de l'exercice. La Danse, la Lutte, l'art de monter à cheval, de faire des armes, et tout ce qui dépend de l'adresse et de l'agilité sont de cet ordre.

Les ARTS PLASTIQUES travaillent la matière pour en faire des ouvrages de consistance. La différente façon de la manier fait ou des manufacturiers ou des manœuvriers.

Les manufacturiers forment, c'est-à-dire qu'ils donnent à ce qu'ils emploient un nouvel être, par la fusion, la composition ou le tissu.

Les manœuvriers adaptent simplement, c'est-à-dire qu'ils font leurs ouvrages en coupant, taillant, joignant, etc. les matériaux dont ils se servent.

Les ARTS NUTRITIFS se partagent en ruraux et condimentaires.

Les Arts ruraux embrassent le labourage, la culture des jardins, des vignes, des prairies ; la pêche, la chasse et les autres occupations de la campagne.

Les Arts condimentaires assaisonnent les aliments pour les rendre agréables et en varier le gout. La Boulangerie, la Cuisine, l'Office, etc. sont de ce nombre.

Les ARTS MYSTERIQUES marchent sous le voîle du symbole, et dans l'obscurité de la divination, ce qui les distingue en symboliques et judiciaires.

Les symboliques comprennent tout ce que les hommes ont imaginé pour produire leurs idées par des figures et des allusions : tels sont le blason, les emblèmes, les devises, les hiéroglyphes, les énigmes, les logogryphes, la stéganographie, etc.

Les Arts judiciaires, qu'on pourrait à juste titre nommer illusoires, sont tous les Arts magiques, enfants de l'oisiveté, de la malice ou du dérangement de l'imagination.

Ceux qui seraient curieux de connaître un plus grand nombre de systèmes bibliographiques, pourraient encore consulter GARNERII systema bibliothecæ collegii parisiensis societatsis Jesu, et les autres dont nous avons parlé au commencement de cet article. La diversité des opinions sur l'ordre et les divisions d'un système bibliographique, semble prouver que c'est une chose assez arbitraire : cependant il doit y en avoir un vraiment conforme à la raison, et je pense que c'est celui où les matières sont rangées dans le même ordre que l'esprit humain en a acquis la connaissance ; il est vrai qu'il faut beaucoup de philosophie pour saisir cet ordre et le suivre. Mais je ne craindrai point de dire que le système figuré des connaissances humaines que l'on trouve au commencement du premier volume de cet Ouvrage, peut servir d'introduction et de modèle à ce travail. Quiconque voudra prendre la peine de l'étudier et de le comparer aux autres système, après les avoir comparés entr'eux et en avoir bien observé les différences, pourra pousser les divisions plus loin, et dresser un plan méthodique ou système, qui ne laissera plus rien d'indéterminé, et qui sauvera l'inconvénient de trouver quelquefois le même livre dans plusieurs classes différentes.

Qu'on me permette, à l'occasion du mot catalogue, d'annoncer ici un ouvrage imprimé depuis peu en Allemagne, sous le titre de bibliothèque curieuse, historique et critique, ou catalogue raisonné des livres difficiles à trouver, par David Clément. Cet ouvrage, dont il n'y a encore que deux volumes in -4°. et qui doit en avoir un plus grand nombre, est rempli de recherches fort savantes et fort curieuses. Les matières y sont rangées selon l'ordre alphabetique des noms des auteurs, et m'ont paru bien propres à satisfaire la curiosité des amateurs de livres.

Cet article a été fait par M. David l'ainé, un des Libraires associés pour l'Encyclopédie, sur un des manuscrits légués par feu M. l'abbé Girard à M. le Breton, son imprimeur et son ami. Ce manuscrit est intitulé Bibliothèque générale ou essai de Littérature universelle. On voit par cet ouvrage que M. l'abbé Girard, si connu par ses préceptes de la Langue Française, et surtout par ses Synonymes, joignait à la connaissance des signes, une connaissance très-étendue des choses.