S. f. (Architecture et Histoire) c'est en Architecture un lieu beaucoup plus long que large, vouté ou plafonné, et fermé de croisées. Ducange dérive ce mot de galeria, qui signifie un appartement propre et bien orné. Du-moins, c'est de nos jours l'endroit d'un palais, que l'on s'attache le plus à rendre magnifique, et que l'on embellit davantage, surtout des richesses des beaux Arts ; comme de tableaux, de statues, de figures de bronze, de marbre, d'antiques, etc.

Il y a dans l'Europe des galeries fameuses par les seules peintures qui y sont adhérentes, et alors on désigne ces ouvrages pittoresques, par la galerie même qui en est décorée. Ainsi l'on dit, la galerie du palais Farnèse, la galerie du Luxembourg, la galerie de Versailles, la galerie de Saint-Cloud. Tout le monde les connait, nous n'en parlerons donc pas ici ; mais avec le secours de M. l'abbé Fraguier, (mém. de l'acad. des inscript. tome IX.) nous pouvons entretenir le lecteur de la galerie de Verrès, qui valait bien celles dont on réimprime si souvent les descriptions. Le rival d'Hortensius signala sa jeunesse à en tracer le tableau, lorsqu'il accusa et convainquit le possesseur de cette galerie, de n'être qu'un voleur public. Le goût curieux de ce voleur public embrassait les plus rares productions de l'art et de la nature ; il n'y avait rien de trop beau pour lui ; sa maison était superbe, ses cours et ses jardins n'offraient que marbre et statues : mais ce qu'il avait rassemblé de plus précieux par ses rapines, remplissait sa galerie. Jouissons du spectacle qu'en donne Ciceron ; il entre dans un des objets les plus importants et les plus curieux de ce Dictionnaire, la connaissance des ouvrages de l'antiquité.

La statue de Jupiter était une des plus apparentes qu'on vit dans la galerie de Verrès ; elle représentait Jupiter surnommé , le dispensateur des vents favorables. On ne connaissait dans tout le monde que trois statues de Jupiter avec ce titre ; l'une était au Capitole, où Quintus Flaminius l'avait consacrée des dépouilles de la Macédoine ; l'autre dans un ancien temple bâti à l'endroit le plus étroit du Bosphore de Thrace ; la troisième avait été apportée de Syracuse dans la galerie de Verrès.

La Diane de Ségeste n'était pas moins remarquable ; c'était une grande et belle statue de bronze. La déesse était voilée à la manière des divinités du premier ordre, pedes vestis defluxit ad imos ; mais dans cette grande taille, et avec une draperie si majestueuse, on retrouvait l'air et la legereté de la jeunesse. Elle portait le carquois attaché sur l'épaule ; de la main droite elle tenait son arc, et de la main gauche elle avait un flambeau allumé. L'antiquité chargeait de symboles les figures de ses dieux, pour en exprimer tous les différents attributs ; en quoi elle n'a peut-être pas eu toujours assez d'égard au tout-ensemble. Cette statue de toute antiquité, avait appartenu à Ségeste, ville de Sicîle fondée par Enée ; elle en était en même temps un des plus beaux ornements, et la plus célèbre dévotion ; les Carthaginois l'avaient enlevée. Quelques siècles s'étant écoulés, le jeune Scipion vainqueur de Carthage la rendit aux Ségestains : on la remit sur sa base avec une inscription en grands caractères, qui marquait et le bienfait et la piété de Scipion ; Verrès peu scrupuleux se l'appropria.

Deux statues de Cerès qu'on voyait ensuite, étaient en ce genre l'élite de celles de tous les temples de la Sicile, où Verrès avait commandé pendant trois ans ; l'une venait de Catane, l'autre d'Enna, deux villes qui gravaient sur leurs monnaies la tête de Cerès. Celle de Catane avait de tous temps été révérée dans l'obscurité d'un lieu saint, où les hommes n'entraient point ; les femmes et les filles étaient chargées d'y célebrer les mystères de la déesse : la Cerès d'Enna était encore plus remarquable.

Mercure chez Verrès n'était que trop à sa place ; c'était celui-là même à qui les Tyndaritains offraient tous les ans des sacrifices réglés : la statue était d'un très-grand prix ; Scipion vainqueur de l'Afrique l'avait rendue au culte de ses peuples ; Verrès sans victoires, la leur enleva.

L'Apollon était revenu de même à ceux d'Agrigente ; il était dans leur temple d'Esculape. Myron, ce fameux statuaire si connu, y avait épuisé tout son art ; et pour rendre son nom éternel, il l'avait écrit sur l'une des cuisses en petits caractères d'argent. On sent combien le nom de Myron, mis contre la défense dans quelque pli de cette statue, en rehaussait le prix dans la fantaisie des curieux.

L'Hercule de Verrès était de la main du même artiste ; son Cupidon était de la main de Praxitele ; et Pline le met au rang des chefs-d'œuvre de ce grand maître.

Auprès de ces divinités, on voyait les Canéphores, qui avaient tant de part dans la pompe des fêtes athéniennes. On appelait Canéphores à Athènes, comme on l'a dit sous ce mot, de jeunes filles, qui parées superbement, marchaient dans les processions solennelles, portant sur leurs têtes et soutenant avec leurs mains des corbeilles remplies de choses destinées au culte des dieux ; telles on voyait celles-ci : c'étaient des figures de bronze, dont la beauté répondait à l'habileté et à la réputation de Polyclete.

Je glisse sur l'Aristée, le Péon, et le Ténès, autres statues très-précieuses qui se trouvaient dans cette riche galerie ; parce qu'au milieu des dieux de toute espèce qui la décoraient, on admirait encore davantage la Sapho de bronze de Silanion : rien de plus fini que cette statue ; c'était non un poète, mais la Poésie ; non une femme passionnée, mais la passion en personne : Verrès l'avait tirée du prytanée de Syracuse.

Quantité d'autres statues que l'orateur de Rome n'a pas décrites, ornaient la galerie de Verrès ; Scio, Samos, Perge, la Sicile, le monde entier, pour ainsi dire, avaient servi tous ses gouts. Cicéron prétend que la curiosité de Verrès avait plus couté de dieux à Syracuse, que la victoire de Marcellus n'y avait couté d'hommes.

Un morceau unique que j'oubliais de citer, et que Verrès ne montrait qu'à ses amis, c'était la statue du joueur de lyre d'Aspende, dont la manière de toucher cet instrument avait fondé un proverbe parmi les Grecs.

Entre les raretés de goût d'un autre genre, que Verrès avait en grand nombre dans sa galerie, on pourrait mettre plusieurs petites victoires, telles que nous les voyons dans les médailles sur la main des divinités : il y en avait de toutes sortes d'endroits ; celles-ci avaient été tirées des statues de Cérès ; celles-là d'un ancien temple de Junon bâti sur le promontoire de Malte.

Un grand vase d'argent en forme de cruche, hydria, ornait une magnifique table de bois de citre : ce grand vase était de la façon de Boèthus, carthaginois, dont Pline nous a transmis la gloire, avec la liste de ses principaux ouvrages. A côté de ce vase, on en voyait un autre encore plus admirable ; c'était une seule pierre précieuse creusée avec une adresse et un travail prodigieux : cette pièce venait d'Orient ; elle était tombée entre les mains de Verrès, avec le riche candélabre dont nous parlerons dans la suite.

Il n'y avait point alors en Sicile, disent les historiens, de maison un peu accommodée des biens de la fortune, qui n'eut son argenterie pour servir au culte des dieux domestiques ; elle consistait en patenes de toutes grandeurs, soit pour les offrandes soit pour les libations, et en cassolettes à faire fumer l'encens. Tout cela prouvait que les Arts dans la Sicîle avaient été portés à un haut degré de perfection. Verrès aidé de deux grecs qui s'étaient donnés à lui, l'un peintre, l'autre statuaire, avait choisi parmi tant de richesses, ce qui convenait le mieux pour l'ornement de sa galerie. Ici c'était des coupes de formes ovales, scaphia, chargées de figures en relief, et de pièces de rapport ; là c'était des vases de Corinthe posés sur des tables de marbre, soutenues sur trois pieds, à la manière du sacré trépié de Delphes, et qu'on appelait pour cela mensae delphicae.

Nous ne parlerons pas de plusieurs autres raretés de cette galerie, qui ne laissaient pas que de l'embellir ; comme de cuirasses, de casques, de grandes urnes d'airain de Corinthe ciselé ; des dents d'éléphans d'une grandeur incroyable, sur lesquelles on lisait en caractères puniques, que le roi Massinissa les avait renvoyées à Malte au temple de Junon, d'où le général de la flotte les avait enlevées : on y trouvait jusqu'à l'équipage du cheval qui avait appartenu au roi Hiéron. A côté de cet équipage, deux petits chevaux d'argent placés sur deux pié-d'estaux ; offraient un nouveau spectacle aux yeux des connaisseurs.

Quoique les vases d'or que Verrès avait semés dans sa galerie en très-grand nombre, fussent modernes, il avait su les rendre et plus beaux et aussi respectables que l'antique ; il avait établi à Syracuse, dans l'ancien palais des rais, un grand atelier d'orfevrerie, où pendant huit mois, tous les ouvriers qui ont rapport à cet art, soit pour dessiner les vases, soit pour y ajouter des ornements, travaillaient continuellement pour Verrès, et ne travaillaient qu'en or.

Toutes les tapisseries de cette galerie étaient rehaussées de ce métal dont la mode venait d'Attalus, roi de Pergame ; le reste des meubles y répondait : la pourpre de Tyr y éclatait de tous côtés. Verrès pendant le temps de son gouvernement, avait établi dans les meilleures villes de Sicile, et à Malte, des manufactures où l'on ne travaillait qu'à ses meubles : toutes les laines étaient teintes en pourpre. Il fournissait la matière, dit Cicéron ; la façon ne lui coutait rien.

Outre quantité de tableaux très-précieux qu'il avait tirés du temple de Minerve à Syracuse, pour sa galerie, il y avait placé vingt-sept portraits des anciens rois de Sicile, rangés par ordre, et qu'il avait aussi tirés du même temple.

La porte de la galerie était richement historiée ; Verrès dépouilla pour son usage celle du temple de Minerve à Syracuse, la plus belle porte qui fût à aucun temple : plusieurs auteurs grecs en ont parlé dans leurs écrits ; et tous conviennent que c'était une merveille de l'art. Elle était décorée d'une manière également convenable et au temple de la déesse des Beaux-Arts, et à une galerie qui renfermait ce que les Beaux-Arts avaient produit. Verrès avait enlevé des portes du même temple, de gros clous dont les têtes étaient d'or, bullas aureas, et en avait orné la porte de sa galerie.

A côté de la porte, on trouvait deux très-grandes statues, que Verrès avait enlevées du temple de Junon à Samos ; elles pouvaient être d'un Théodore de Samos, habîle peintre et statuaire, dont parle Pline, et dont Platon fait mention en quelque endroit.

Enfin la galerie était éclairée par plusieurs lustres de bronze, mais surtout par un candélabre merveilleux, que deux princes d'Orient avaient destiné au temple de Jupiter Capitolin. Comme ce temple avait été brulé par le feu du ciel, et que Q. Catullus le faisait réédifier plus superbe qu'auparavant, les deux princes voulurent attendre qu'il fût achevé de bâtir, pour y consacrer leur offrande ; un des deux, qui était chargé du candélabre, passa par la Sicîle pour regagner la Comagène. Verrès commandait en Sicîle : il vit le candélabre ; il l'admira, il l'emprunta, il le garda : c'était un présent digne et des princes qui le voulaient offrir au temple de Jupiter, et de ce temple même, le lieu de toute la terre le plus auguste, si l'on en excepte le temple du vrai Dieu.

Telles étaient les richesses de la galerie de Verrès. Cependant quelque curieuse, quelque magnifique qu'elle fût, ce n'était ni la seule, ni vraisemblablement la plus belle qu'il y eut à Rome. Personne n'ignore que dès que les conquêtes des Romains eurent exposé à leurs yeux ce que l'Asie, la Macédoine, l'Achaïe, la Béotie, la Sicile, et Corinthe, avaient de beaux ouvrages de l'art ; ce spectacle leur inspira l'amour passionné de ce genre de magnificence : ce fut à qui en ornerait le plus ses maisons à la ville et à la campagne. Le moyen le moins criminel qu'ils mirent en œuvre, fut d'acheter à vil prix des choses qui n'avaient point de prix : le gouvernement des pays conquis leur en offrait l'occasion ; l'avidité des uns enlevait tout, sans qu'il fût question de payement ; les autres plus mesurés dans leurs démarches, sous des prétextes plausibles, empruntaient des villes ou des particuliers ce que ces particuliers et ces villes possédaient de plus exquis ; et si quelqu'un avait le soin de le leur restituer, la plupart se l'appropriaient.

Mais enfin quoique les Romains aient orné leurs palais de tous les précieux ouvrages de la Grèce, ils n'eurent en partage ni le goût ni la noble émulation qui avait animé les Grecs ; ils ne s'appliquèrent point comme eux à l'étude des mêmes Arts dont ils admiraient les productions ; et nous le prouverons invinciblement quand il s'agira de parler des Grecs, de leurs talents, et de leur génie. Voyez ci-après l'article GRECS. (D.J.)

GALERIE, s. f. en terme de Fortification, est une petite allée de charpente qu'on fait pour passer un fossé, qui est couvert de grosses planches de bois, chargées de terre et de gason.

Les côtés de la galerie doivent être à l'épreuve du mousquet ; ils sont composés d'un double rang de planches, comme de plaques de fer pour résister aux pierres et aux artifices dont l'ennemi se sert. Chamb.

On se servait autrefois de ces galeries pour faciliter l'approche du mineur à la face du bastion ; elles portaient sur le fossé qu'on avait soin de combler auparavant de barriques, de sacs à terre, et de fascines, lorsqu'il était plein d'eau. Pendant ce comblement, on démontait l'artillerie des flancs opposés : cette galerie s'appelait aussi traverse. Voyez TRAVERSE : elle n'est plus d'usage à présent. Le mineur parvient au corps de l'ouvrage attaqué, ou par une galerie souterraine qu'il pratique sous le fossé lorsque la nature du terrain le permet, ou à la faveur de l'épaulement qui couvre le passage du fossé. Voyez PASSAGE DU FOSSE.

On appelle encore galerie le conduit d'une mine, c'est-à-dire le chemin qu'on pratique sous terre pour aller jusque sous le terrain des ouvrages qu'on a dessein de faire sauter. Voyez MINE, RAMEAU, ARAIGNEE, etc.

Les assiégeants et les assiégés poussent aussi des galeries sous terre pour éventer réciproquement leurs mines, et les détruire après qu'ils les ont trouvées.

GALERIES D'ECOUTE. On appelle ainsi de petites galeries construites le long des deux côtés des galeries ordinaires : on y pratique de distance en distance de petits espaces pour contenir un homme. L'emploi de cet homme est d'écouter avec attention ce qui se fait dans les environs du lieu où il est placé, afin de donner avis du travail de l'ennemi. (Q)

GALERIE, (Histoire naturelle, Minéralogie) on nomme ainsi dans les mines métalliques les chemins que les mineurs font sous terre, pour percer le sein des montagnes et en détacher les filons. Voyez l'art. MINES.

GALERIE, (Marine) Les galeries dans les vaisseaux sont des balcons couverts ou découverts avec appui, qui font saillie vers l'arrière du vaisseau : ces balcons ne se font pas seulement pour l'ornement, mais encore pour la commodité de la chambre du capitaine. En 1673, le roi de France ordonna que les vaisseaux de cinquante canons et au-dessous n'auraient plus de galeries ni de balcons.

Les navires anglais ont de grandes et superbes galeries ; les hollandais n'en ont que de très-petites. Voyez Pl. I. de Marine, la galerie cotée E ; voyez la Pl. III. fig. 1. représentant la poupe d'un vaisseau, où la galerie est cotée G. Voyez aussi la Planche IV. fig. 1. la galerie cotée 139.

GALERIE DU FOND DE CALE ; c'est un passage large de trois pieds pratiqué le long du serrage de l'avant à l'arrière des vaisseaux qui sont au-dessous de 50 pièces de canon : cette galerie donne moyen aux charpentiers de remédier aux voies d'eau que causent les coups de canon donnés à l'eau. Ceux qui sans ordre vont aux galeries qui joignent les fontes, doivent être condamnés aux galeres, suivant l'ordonnance de 1689. (Z)

GALERIE, terme de Rivière, espace de trois pieds de largeur, faite en avant de la travure d'un bateau foncet.

GALERIE, (Peinture) terme d'Architecture, que la Peinture a emprunté pour exprimer une suite de compositions dont les galeries sont quelquefois ornées : c'est dans ce sens que l'on appelle les tableaux dans lesquels Rubens a représenté l'histoire de Marie de Médicis, la galerie de Rubens ou la galerie du Luxembourg.

Si quelque chose peut rendre sensible les ressemblances si bien établies entre la Poésie et la Peinture, c'est sans-doute les rapports qu'ont entr'eux les différents genres de productions de ces deux Arts. Je dirai au mot GENRE, les ressemblances principales qu'on peut admettre dans les ouvrages de Peinture et dans ceux de Poésie ; je vais en emprunter un seul trait, qui me parait convenir particulièrement à l'article GALERIE.

Les compositions dont la Poésie se fait plus d'honneur, sont les poèmes composés de plusieurs parties, qui susceptibles d'une beauté particulière, exigent que cette beauté ait une juste convenance avec l'ouvrage entier, et une liaison combinée avec les parties qui précèdent ou qui suivent. Dans la Peinture, un seul tableau, quelque grand qu'en soit le sujet, ne semble pas répondre parfaitement à cette idée : mais un assemblage de tableaux qui indépendamment des convenances particulières auxquelles ils sont astreints, auraient entr'eux des rapports d'action et d'intérêt qui les lieraient les uns aux autres, serait une image sensible des poèmes dont je viens de parler. Une galerie décorée par un célèbre artiste, dans laquelle les moments différents d'une histoire sont partagés avec l'intelligence nécessaire pour les rendre dépendants les uns des autres, est à la Peinture ce qu'est à la Poésie un poème excellent, où tout marche et se suit. Despréaux, ce législateur des Poètes, ajoute qu'une composition de cette espece

N'est pas de ces travaux qu'un caprice produit ;

Il veut du temps, des soins....

Il veut plus que tout cela, un véritable génie.

Quelle machine, en effet, à concevoir, à disposer, à créer, à animer enfin ! c'est à des ouvrages de cette espèce qu'on reconnait le caractère de divinité par lequel ce qu'on appelle génie a mérité dans tous les âges et méritera toujours l'hommage des hommes. Il est un point de perfection où les Arts sont tellement au-dessus du mécanisme qui leur est propre, que leurs productions ne paraissent plus être que du ressort de l'âme. Mais pour revenir à l'art de la Peinture, je crois que les ouvrages de l'espèce de ceux qu'on nomme galerie, ainsi que le plafond, sont les moyens les plus propres à entretenir et à étendre ses progrès. A la vérité, les occasions d'entreprendre ces poèmes pittoresques sont encore rares ; mais il ne faut, pour les rendre plus communs, qu'un simple désir du souverain, et quelques exemples. Les arts plus goutés et plus connus, ont déjà fait naître une espèce de luxe qui est prêt à l'emporter sur l'étalage de ces superfluités qui n'ont d'autre merite que de venir de fort loin. Il arrivera peut-être que non-seulement des princes, mais des particuliers, pour satisfaire leurs penchants tolérés pour la somptuosité, donneront à des artistes distingués l'occasion d'entreprendre des poèmes pittoresques de différents genres, dans lesquels le génie de la Peinture prenant un libre essor, étendra les limites de l'art, et les portera aussi loin qu'il pourra lui-même s'élever. Eh, pourquoi dirigeant à un but honnête et même utile, ces effets de la prodigalité, ne consacrerait-on pas ces compositions à la louange et à l'encouragement des vertus ? Si les descendants de ces maisons illustres auxquelles leurs chefs ont transmis une juste gloire, peuvent faire représenter dans les galeries de leurs palais les actions de ceux de leurs ayeux dont ils tiennent une distinction plus flatteuse que celle qui ne provient que d'une date éloignée, les particuliers moins illustres, en faisant retracer dans leurs maisons des actions moins éclatantes, pourraient rappeler les traits non moins honorables de la vie de leurs pères, de leurs amis, ou de leurs bienfaiteurs. Serions-nous moins sensibles à voir en action la générosité, la justice, l'attendrissement vertueux, que la majesté, la gloire, la vengeance, et ces inscriptions simples qu'on lirait au bas d'un tableau ? le ressentiment étouffé ou l'amitié éprouvée, ne parleraient-elles pas autant au cœur et à l'esprit dans leur genre, que celles dans lesquelles on annonce des ennemis vaincus et des places assiégées ?

Il serait donc très-possible de lier ensemble les compositions des tableaux qui orneraient un simple cabinet, comme on voit unis et dépendants les uns des autres, ceux qui décorent les galeries des rois ; et des événements particuliers intéressants ou agréables, produiraient un plaisir vif à ceux qui connaitraient particulièrement ceux qui en seraient les acteurs, et un intérêt assez grand aux personnes indifférentes, à l'aide d'une courte inscription.

Il serait aisé d'appuyer cette idée de raisonnements et de preuves ; mais les raisonnements et les preuves influent peu sur des usages que souvent le simple hasard introduit dans un temps ; tandis que dans un autre, des volumes de dissertations ne pourraient les faire adopter.

L'usage des galeries est encore d'y rassembler des tableaux de différents artistes anciens et modernes. Ces collections, louables en elles-mêmes parce qu'elles contribuent à la conservation des chefs-d'œuvre des Arts, demanderaient sans-doute une intelligence quelquefois rare dans ceux qui les forment, pour que chaque composition fût dans la place la plus favorable aux beautés qui font son mérite. Il en est des tableaux comme des hommes ; ils se font valoir ou se détruisent par les diverses oppositions de leurs caractères. Un coloriste rigoureux est un voisin redoutable pour un dessinateur fin et correct, qui n'a pas assez entendu la magie de la couleur. Un homme dont l'esprit est plein d'images et la conversation brillante, n'obscurcit-il pas celui dont la raison moins colorée, pour ainsi dire, se montre sous des formes justes, mais avec moins d'éclat ? Article de M. WATELET.

* GALERIES, terme de Fonderie, sont des espaces séparés par des murs de grès maçonnés d'argille, élevés de deux assises de seize pouces d'épaisseur chacune, et d'un pied de hauteur : on les pose au fond de la fosse sur un massif de deux rangs de brique l'un sur l'autre : sur ces murs de galerie on applique des plates-bandes de fer de quatre pouces de large sur huit lignes d'épaisseur, entaillées aux endroits où elles se croisent : elles servent de base à l'armature. Voyez les Planches de la Fonderie des figures équestres.

GALERIE, (Jardinage) il y en a de verdure ; elles sont formées par des arcades des deux côtés ; ce qui les distingue des berceaux.

GALERIES D'EAU ; ce sont deux rangs de jets perpendiculaires qui tombent dans des rigoles ou goulettes de pierre ou de plomb, séparées ou contiguès sur deux lignes parallèles : on en voit une à Sceaux, ornée de bustes de marbre et de niches de treillages du dessein du fameux Lebrun. Voyez JET D'EAU. (K)

GALERIE, terme de jeu de Paume ; c'est un passage qui borde celui des côtés d'un jeu de paume, qui est tout ouvert depuis la hauteur de trois pieds jusqu'au tait : ce côté ouvert est séparé par des poteaux qui le divisent en six parties à-peu-près égales, dont il y en a trois de chaque côté de la longueur du jeu. La première division, qui règne depuis la corde jusque et compris la porte ou passage par lequel on entre dans le jeu, se nomme le premier ; l'espace compris depuis la porte jusqu'au poteau suivant, est appelé le second ; et le reste de l'ouverture est appelé le dernier.