ou CEINTRE, s. m. (Architecture et Coupe des pierres). On a donné dans le tome précédent de cet ouvrage, la définition et distinction du cintre en fait de charpenterie et coupe des pierres. Voyez CEINTRE.

Les curieux qui voudront approfondir cette matière, et savoir comment on peut connaître et calculer la force des cintres, et même de tout ouvrage de charpente, recourront au mémoire géométrique de M. Pitot, qui est dans les mém. de l'acad. des Sciences, année 1726, page 216. dont voici l'extrait par M. de Fontenelle.

Le cintre que les Italiens nomment armatura, est un assemblage de charpente propre à soutenir tout le poids de la maçonnerie d'une voute, avant que la clé soit posée.

On sent par-là que rien n'est plus important en fait de construction de grandes voutes, dômes, ponts de pierre, que de faire des cintres assez forts pour porter tout le fardeau de la maçonnerie ; et qu'on doit admirer dans ces grands ouvrages hardis, les cintres dont on s'est servi pour les construire : car si malheureusement ils se trouvent trop faibles, on voit dans un moment périr tout l'ouvrage, et quelquefois plusieurs malheureux ouvriers.

Nous n'entreprendrons pas la description des cintres, et d'autant moins qu'on les construit de mille façons différentes, selon le génie ou les habitudes des artistes. Mathurin Jousse en donne trois desseins : la plupart des architectes en ont voulu inventer de particuliers, mais quelques-uns sont tombés dans des défauts très-dangereux. Il parait que M. Blondel n'a rien voulu proposer du sien sur cette matière ; il s'est contenté de donner dans son cours d'Architecture les desseins d'Antonio Sangallo, dont Michel-Ange s'est servi pour construire la voute de S. Pierre de Rome.

Mais sans entrer dans l'examen de la forme la plus parfaite qu'on puisse donner aux cintres, ni dans le détail de l'assemblage des charpentes qui les composent, nous nous contenterons de dire en général que ce sont des pièces de bois qui ayant à soutenir le poids de la voute dont elles sont pressées et poussées en em-bas, doivent être disposées entr'elles de façon qu'elles s'appuient les unes les autres, se contrebutent et ne puissent céder : cela dépend de la force absolue des bois et de la position des pièces.

Une pièce de bois étant posée verticalement, si on attache à son bout inférieur un poids dont l'effet sera de tirer ses fibres en em-bas, et de tendre à les séparer les unes des autres, de façon que la pièce rompe, elle soutiendra un très-grand poids avant que cet effet arrive. La longueur de la pièce n'y fait rien, il n'y a que sa grosseur ou base. M. Pitot a éprouvé que le bois de chêne soutient environ soixante livres par ligne carrée de la base ; et c'est le bois de chêne dont on se sert le plus souvent dans la charpente. M. de Buffon a poussé ces expériences beaucoup plus loin. Les pièces dont un cintre est composé, n'ont pas à soutenir un effort qui les tire de haut em-bas ; mais au contraire un effort qui les pousse de haut em-bas, et tend à les écraser ou à les faire plier. M. Pitot a trouvé qu'elles font encore une résistance un peu plus grande à ce second effort, et ne prend les deux résistances que pour égales ; car il vaut toujours mieux se tromper en supposant trop peu de force au cintre.

Quant à la position des pièces, dont la plupart sont nécessairement inclinées, ce qui modifie et affoiblit leur résistance absolue, selon que les angles d'inclinaison sont différents ; M. Pitot en fait le calcul par la théorie des mouvements composés, ou, ce qui est la même chose, par les diagonales de M. Varignon. Ces diagonales sont en nombre d'autant plus grand, et se compliquent d'autant plus les unes avec les autres, qu'il y a plus de pièces dans le cintre. Au moyen de cette théorie, la pesanteur de la voute étant toujours connue ; si de plus les grosseurs et les positions des pièces du cintre, c'est-à-dire si la construction du cintre, ou plutôt le cintre même est donné, on trouvera le rapport de sa force à celle de la voute ; et cela tant pour la voute demi-circulaire que pour la surbaissée. Voyez SURBAISSE.

Le lecteur verra par le mémoire même et l'extrait entier de M. de Fontenelle, combien la certitude et la précision que M. Pitot a mises dans cette matière, l'emportent sur de simples usages toujours incertains et souvent faux, que suivent les ouvriers et même les maîtres. Article de M. le Chev(D.J.)

CINTRE, (Décorat. théâtr.) On donne ce nom à la partie du plancher de la salle de l'opéra qui est sur l'orchestre. La partie du cintre qui est la plus près du théâtre, n'est composée que de pièces qui tiennent l'une à l'autre par des charnières ; on la lève pour aider le passage des vols qui se font du milieu du théâtre ou de sa partie la plus éloignée, et qui vont se perdre dans le cintre. Une balustrade de bois amovible sépare cette partie de l'autre ; on y place de gros lampions pour éclairer le premier plafond. C'est sur le cintre que sont les grands treuils avec lesquels on fait les vols, la descente des chars. Voyez ces mots.

On y a pratiqué quatre petites loges, deux de chaque côté, qui se louent à l'année ; elles n'ont vue que sur le théâtre en plongeant, et n'ont aucune communication avec la salle.

La toîle qui ferme le théâtre se perd dans le cintre lorsqu'on la leve. Voyez TOILE. (B)