verbe act. (Musique) terme d'opera ; rendre avec vivacité, nuances et précision un rôle de déclamation.

Le débit est le contraire de la lenteur ; ainsi débiter est chanter un rôle avec rapidité, en observant les temps, en répandant sur le chant l'expression, les nuances nécessaires, en faisant sentir les choses de sentiment, de force, de tendresse, de vivacité, de noblesse, et tout cela sans manquer à la justesse et à l'articulation, et en donnant les plus beaux sons possibles de sa voix. Voyez DEBIT, TEMS, DECLAMATION.

La scène d'opera languit, si elle n'est pas débitée ; l'acteur qui ne sait point débiter, quelque bien qu'il chante, en affoiblit l'intérêt et y répand l'ennui.

Il faut bien cependant se garder de croire que rendre un rôle avec rapidité, sans le nuancer, sans y mettre des temps, etc. soit la même chose que le débiter. Une actrice qui n'est plus, et dont on peut maintenant parler sans scrupule, parce que la vérité, qui ne saurait plus nuire à personne, peut servir au progrès de l'art, chantait très-rapidement ses rôles, faisait faire à ses bras de très-grands mouvements, et malgré tout cela ne débitait point, parce qu'elle ne nuançait point son chant, et qu'elle manquait de justesse.

Elle a fait pendant longtemps sur ce point illusion au gros du public ; on la louait sur cette partie qu'elle n'avait point, parce qu'elle chantait avec beaucoup de rapidité, mais sans aucun agrément et sans nulle sorte de variété. Si Thevenard débitait, comme on ne saurait le disputer ; que ceux qui ont Ve l'acteur et l'actrice, et qui doivent être maintenant de sang-froid sur ces points, jugent s'il est possible qu'elle débitât.

Mais comme l'actrice dont on parle était supposée débiter, en conséquence de cette prévention on la donnait pour modèle. Tel est le pouvoir de l'habitude, que sa figure mal dessinée, colossale et sans grâces, passait pour théâtrale : on prenait pour de la noblesse, une morgue insupportable ; pour gestes d'expression, des mouvements convulsifs qui n'étaient jamais d'accord avec les choses qu'elle devait exprimer ; et pour une voix propre à la déclamation, des sons durs, presque toujours forcés, et souvent faux. De toutes ces erreurs, que d'inconvénients n'ont pas dû naître !

On s'accoutume par degrés aux disgraces des acteurs que l'on voit tous les jours ; on les juge souvent corrigés des mêmes défauts qui avaient d'abord choqué, qu'ils ont encore, et dont ils ne se déferont jamais, parce que les spectateurs ont eu la bonté de s'y faire. Les étrangers cependant arrivent de sang-froid, nous leur parlons de notre opera, et ils y courent ; mais ils ouvrent en vain les yeux et les oreilles, ils n'y voient et n'y entendent rien de ce que nous croyons y voir et y entendre : ils se parlent, nous examinent, nous jugent, et prennent pour défaut d'esprit et pour prévention, quelquefois même pour orgueil, ce qui n'est réellement l'effet que de l'habitude, de l'indifférence pour le progrès de l'art, ou peut-être d'un fond de bonté naturelle pour les personnes qui se dévouent à nos plaisirs.

Débiter est donc à l'opera une partie essentielle à l'acteur ; et débiter est rendre un rôle de chant avec rapidité, justesse, expression, grâce et variété. Prodiguons des éloges et des applaudissements aux acteurs qui, par leur travail, auront acquis cette partie très-rare. Par cette conduite nous verrons infailliblement l'art s'accroitre, et nos plaisirs devenir plus piquans. Voyez CHANTEUR, DEBIT, DECLAMATION, RECITATIF. (B)

DEBITER, terme d'Architecture, c'est scier de la pierre pour faire des dalles ou du carreau. (P)

DEBITER LE CABLE, (Marine) c'est détacher un tour que le câble fait sur la bitte. (Z)

DEBITER une partie, un article, sur un livre, dans un compte, (Commerce) c'est la porter à la page à main gauche du livre, qu'on appelle le côté du débit. Voyez DEBIT. (G)

DEBITER, se dit aussi des marchandises que l'on vend facilement et avec promptitude. C'est un grand talent dans un marchand, que de savoir bien débiter sa marchandise. Dictionnaire de Comm. et Trév. (G)

DEBITER, (Economie rustique) se dit dans une forêt de l'exploitation des bois en planches, en cerceaux, en échalas, en merrein, lattes, chevrons, poteaux, solives, poutres, gouttières, et autres. (K)

DEBITER du bois, (Menuiserie) c'est, après qu'il est tracé, le couper à la scie suivant les longueurs et largeurs convenables aux ouvrages qu'on en veut faire.

DEBITER, (Monnaie) c'est l'action de couper les flancs de lames de métal avec l'instrument appelé coupoir ; les monnoyeurs au lieu de dire couper une lame en flancs, se servent du terme débiter. Voyez l'article COUPOIR.