EUSE, s. (Musicien) acteur de l'opéra, qui récite, exécute, joue les rôles, ou qui chante dans les chœurs des tragédies et des ballets mis en musique.

Les chanteurs de l'opéra sont donc divisés en récitants et en choristes, et les uns et les autres sont distingués par la partie qu'ils exécutent ; il y a des chanteurs hautes-contre, tailles, basses-tailles ; des chanteuses premiers et seconds-dessus. Voyez tous ces différents mots, et l'article PARTIES.

Parmi ceux qui exécutent les rôles, il y a encore une très-grande différence entre les premiers chanteurs, et ceux qui en leur absence (par maladie ou défaut de zèle) les remplacent, et qu'on nomme doubles.

Les chanteurs qui jouent les premiers rôles sont pour l'ordinaire les favoris du public ; les doubles en sont les objets de déplaisance. On dit communément : cet opéra n'ira pas loin, il est en double.

L'opéra de Paris est composé actuellement de dix-sept chanteurs ou chanteuses récitants, et de plus de cinquante chanteurs et chanteuses pour les chœurs. Voyez CHOEURS. On leur donne communément leur nom d'acteurs et d'actrices de l'opéra ; et ils prennent la qualité d'ordinaires de l'académie royale de Musique. Les exécutants dans l'orchestre et dans les chœurs prennent aussi la même qualité. Voyez OPERA et ORCHESTRE.

Nous jouissons de nos jours d'un chanteur et d'une chanteuse qui ont porté le gout, la précision, l'expression et la légèreté du chant, à un point de perfection qu'avant eux on n'avait prévu ni cru possible. L'art leur est redevable de ses plus grands progrès ; car c'est sans-doute aux possibilités que M. Rameaux a pressenties dans leurs voix flexibles et brillantes, que l'opéra doit ces morceaux saillans, dont cet illustre compositeur a enrichi le chant français. Les petits musiciens se sont d'abord élevés contre ; plusieurs admirateurs du chant ancien, parce qu'ils n'en connaissaient point d'autre, ont été révoltés, en voyant adapter une partie des traits difficiles et brillans des Italiens, à une langue qu'on n'en croyait pas susceptible : des gens d'un esprit étroit, que toutes les nouveautés alarment, et qui pensent orgueilleusement que l'étendue très-bornée de leurs connaissances est le nec plus ultrà des efforts de l'art, ont tremblé pour le goût de la nation. Elle a ri de leurs craintes, et dédaigné leurs faibles cris : entrainée par le plaisir, elle a écouté avec transport, et son enthousiasme a partagé ses applaudissements entre le compositeur et les exécutants. Les talents des Rameau, des Jeliote, et des Fel, sont bien dignes en effet d'être unis ensemble. Il y a apparence que la postérité ne s'entretiendra guère du premier, sans parler des deux autres. Voyez EXECUTION.

En conformité des lettres-patentes du 28 Juin 1669, par lesquelles l'académie royale de Musique a été créée, et des nouvelles lettres données le mois de Mars 1671, les chanteurs et chanteuses de l'opéra ne dérogent point : lorsqu'ils sont d'extraction noble, ils continuent à jouir des privilèges et de tous les droits de la noblesse. Voyez DANSER.

Les chanteurs et les chanteuses qui exécutent les concerts chez le Roi et chez la Reine, sont appelés ordinaires de la Musique de la chambre du Roi. Lorsque Louis XIV. donnait des fêtes sur l'eau, il disait, avant qu'on commençât le concert : je permets à mes musiciens de se couvrir, mais seulement à ceux qui chantent.

Il y a à la chapelle du Roi plusieurs castrati qu'on tire de bonne heure des écoles d'Italie, et qui chantent dans les motets les parties de dessus. Louis XIV. avait des bontés particulières pour eux ; il leur permettait la chasse dans ses capitaineries, et leur parlait quelquefois avec humanité. Ce grand roi prenait plaisir à consoler ces malheureux de la barbarie de leurs pères. Voyez CASTRATI, CHANT, CHANTRE, EXECUTION, OPERA. (B)

CHANTEUR, (Oiseau) voyez ROITELET.