S. f. (Lutherie) instrument de musique, qui est de même figure que le violon, à la réserve qu'elle est beaucoup plus grande : elle se touche de même avec un archet ; mais elle a six cordes et huit touches divisées par demi-tons ; elle rend un son plus grave qui est fort doux et fort agréable. Un jeu de violes est composé de quatre violes qui font les quatre parties. La tablature de la viole se met sur les six lignes ou règlets.

Il y a des violes de bien des sortes. 1°. La viole d'amour ; c'est une espèce de dessus de viole qui a six cordes d'acier ou de laiton, comme celles du clavessin, et que l'on fait sonner avec un archet à l'ordinaire. Cela produit un son argentin qui a quelque chose de fort agréable. 2°. Une grande viole, qui a 44 cordes, et que les Italiens appellent viola de bardone, mais qui est peu connue en France. 3°. La basse de viole, que les Italiens appellent aussi viola di gamba, c'est-à-dire viole de jambe, parce qu'on la tient entre les jambes. Brossard dit qu'on la nomme aussi viole de jambe ; ce que les Italiens appellent alto viola, en est la haute-contre ; et leur tenore viola en est la taille, etc. Le sieur Rousseau a fait un traité exprès sur cet instrument ; on peut le consulter. 4°. Les Italiens ont encore une viole qu'ils appellent viole bâtarde. Brossard croit que c'est une basse de violon montée de six ou sept cordes, et accordée comme la basse de viole. 5°. Ce que les Italiens appellent viole de bras, viola di bracio, ou simplement brazzo, bras, est un instrument à archet, qui répond à notre haute-contre, taille et quinte de violon. 6°. Leur première viole est à-peu-près notre haute-contre de violon ; du moins on se sert communément de la clé de c sol ut, sur la première ligne, pour noter ce qui est destiné pour cet instrument. 7°. Leur seconde viole est à-peu-près notre taille de violon, de la clé de c sol ut, sur la seconde ligne. 8°. Leur troisième viole est à-peu-près notre quinte de violon, la clé de c sol ut, sur la troisième ligne. 9°. Leur quatrième viole n'est point en usage en France ; mais on la trouve souvent dans les ouvrages étrangers, la clé de c sol ut, est comme la taille des voix, sur la quatrième ligne d'en-haut. 10°. Enfin, leur petite viole est, à le bien prendre, notre dessus de viole. Cependant souvent les étrangers confondent ce mot avec ce que nous venons de dire de viola prima, seconda, etc. surtout lorsque ces adjectifs numéraux prima, seconda, terza, etc. y sont joints. (D.J.)

VIOLE, basse de, (Instrument de Musique) de la classe des violons, représenté Pl. II. fig. 1. de Lutherie, est composé, de même que les instruments, de deux tables, collées sur des éclisses, qui sont les côtés ou le tour de l'instrument D D D, et d'un manche A F G, dont la partie supérieure A est traversée par les chevilles E, par le moyen desquelles on tend des cordes a Q sur l'instrument ; la partie FG du manche s'appelle le talon, lequel est collé sur le tasseau. Au reste, la facture de cet instrument est la même que celle du violon, voyez VIOLON, dont il ne diffère que parce qu'il a un plus grand nombre de cordes, que les éclisses sont plus larges, et que la pièce Q R, à laquelle les cordes sont attachées, est elle-même accrochée à un morceau de bois Q, qu'on peut appeler contre-tasseau ; au-lieu qu'aux basses de violon cette pièce Q R, appelée le tirant, est liée à un bouton, qui est à la place du contre-tasseau. Le manche A F est couvert d'une pièce de bois dur noirci, ou d'ébene, notée a B, qu'on appelle la touche, parce qu'on touche cette pièce avec les doigts aux endroits où il faut la toucher ; il y a des ligatures de cordes de boyau, marquées a b c d, etc. que l'on appelle singulièrement touches, et sur lesquelles on applique les cordes a C, pour déterminer la longueur de leur partie vibrante, laquelle se prend depuis le chevalet C jusqu'à la touche, sur laquelle la corde est appliquée ; ce qui détermine le degré de leur son. Les touches sont éloignées les unes des autres, comme les divisions du monocorde, voyez MONOCORDE, qui sont tous compris dans l'étendue de l'octave, laquelle, pour les instruments, est divisée en douze demi-tons égaux. Voyez DIAPASON. Quoique cependant on puisse y appliquer d'autres tempéraments, l'intervalle d'une touche à l'autre est un semi-ton ; ainsi l'intervalle a b, compris depuis le sillet a qui est la pièce d'ivoire, sur laquelle passent les cordes jusqu'à la première touche b, il n'y a qu'un semi-ton : ainsi pour former un ton, il faut toujours passer par-dessus une touche. La viole a sept cordes de boyau, dont les plus grosses sont filées d'argent ou de cuivre, comme à la basse de violon. Ces cordes sont accordées, en sorte que de chacune a sa voisine, il y a l'intervalle d'une quarte, excepté de la quatrième à la troisième, où l'intervalle doit être seulement d'une tierce, et forment à vide les tons la, ré, sol, ut, mi, la, ré, 7 6 5 4 3 2 1 voyez la table du rapport de l'étendue des instruments, et la figure suivante, et la tablature marquée par les lettres a b c d e f g h i k l m n, qui sont les seules dont on fasse usage ; on écrit ces lettres sur six lignes parallèles, comme celles sur lesquelles on écrit ordinairement la musique. La ligne supérieure réprésente la chanterelle, ou la plus aiguë ; la seconde, la seconde corde ; la troisième, la troisième, etc. selon l'ordre des nombres 1 2 3 4 5 6 7 ; la septième est représentée par l'espace, qui est au-dessous de six lignes où on écrit les lettres ; on remarquera que les lettres doivent être écrites sur les lignes mêmes, et non au-dessus ou dans leur intervalle.

Figure du manche de la viole, avec les noms des tons que font les cordes étant touchées aux endroits où ces noms sont écrits. Les lignes verticales représentent les cordes, et les horizontales les touches.

Cette tablature est si intelligible, qu'elle n'a pas besoin d'explication ; on conçoit de reste que les touches b c d e f g h, lesquelles répondent à toutes les sept cordes, étant touchées sur quelle corde on voudra, rendront le ton qui est écrit à l'intersection de la corde et de la touche. Ainsi si le c de la chanterelle étant touchée, rend le son mi, la seconde corde étant touchée sur la même touche c, rendra le son si. Cette même corde étant touchée sur la touche d, rendra le son ut, qui fait l'unisson avec l'ut de la clé de c sol ut des clavecins ; ainsi des autres. Les lignes ponctuées i k l m n représentent les autres endroits de la touche où on peut poser les doigts, et qui ne sont point garnis de cordes de boyau. Ces intervalles qui ont servi à trouver les lieux des autres touches b c d e f g h, contiennent, comme eux, un demi ton. La longueur a n, comprise entre le sillet et la ligne ponctuée n, doit être égale à la moitié de la longueur des cordes prises depuis le sillet a, jusqu'au chevalet C. Voyez la figure. Les cordes fixées au point n et touchées dans leurs parties n C avec l'archet, sonnent l'octave au-dessus du son qu'elles rendent à vide, c'est-à-dire lorsqu'elles ne sont point touchées avec les doigts, et qu'elles peuvent vibrer dans toute leur longueur a C.

La tablature de la viole qui suit par notes de musique et lettres de l'alphabet fera voir son accord, son étendue, et le rapport du doigté expliqué ci-devant par la figure du manche, les a placés au-dessous des notes, marqueront quels sons la corde rend à vide, et les autres lettres quels sons rendent les cordes étant touchées sur les touches auxquelles ces lettres se rapportent. Toutes les lettres de différentes cordes placées au-dessous les unes des autres vis-à-vis d'une même note, sonnent toutes l'unisson de cette note, et par conséquent l'unisson entr'elles ; les six lignes de la tablature par lettres, avec l'espace au-dessous, représentent les sept cordes de la viole, comme si le manche de cet instrument était couché sur le coté. Les lettres mises sur chaque corde marquent à quel endroit ou quelle touche de cette corde il faut toucher.

Tablature de la basse de viole.