S. f. (Peinture). Quelques-uns font dériver ce mot de minium, vermillon, parce que, disent-ils, on se sert beaucoup de cette couleur en miniature, ce qui souffre quelques difficultés ; car les plus habiles peintres s'en servent le moins qu'ils peuvent, parce qu'elle noircit : d'ailleurs on peut peindre en miniature des camaïeux (voyez CAMAÏEU) ou tout autre tableau, sans le secours du vermillon. Quoiqu'il en sait, l'usage français semble tirer miniature du vieux mot mignard, délicat, flatté, etc. En effet, la miniature, par la petitesse des objets qu'elle représente et leur grand fini, parait flatter ou embellir la nature en l'imitant ; effet commun à tout ce qui est réduit du grand au petit. Miniature peut bien encore venir de , petit.

Le mot miniature est souvent pris pour les tableaux même peints en ce genre ; on dit une miniature pour dire un tableau peint en miniature ; mais c'est improprement que l'on nomme miniature un tableau peint à l'huile, en émail, à gouache ou en détrempe, seulement parce qu'il est peint en petit.

La miniature est l'art de peindre en petit sur une matière quelconque, qui soit blanche naturellement et non blanchie ; en sorte que toute partie qui a besoin de blanc ou tout au-moins de grand clair, le tire du blanc même de la matière sur laquelle elle est peinte ; et que toutes les autres couleurs qui doivent être très-legeres en tirent tout leur éclat. C'est ainsi que la miniature a été pratiquée dans son commencement : on peignait sur des os blanchis au soleil et préparés, sur le marbre, l'albâtre, sur la plupart des pierres blanches et polies, enfin sur l'ivoire, car l'usage du vélin n'était point encore trouvé. Les couleurs dont on se servait étaient en petit nombre, presque toutes ayant trop de corps, et ne pouvant produire cette riche variété de teintes si essentielle à la vigueur du coloris, ainsi qu'à l'harmonie. Voyez MELANGES, TEINTES, TON. Mais à mesure que la Peinture a étendu ses découvertes, on a senti la nécessité d'admettre le mélange du blanc dans les couleurs, pour avoir des teintes de dégradation, comme dans les autres peintures. Des artistes intelligens ont travaillé à augmenter le nombre des couleurs simples, et à les rendre plus légères : enfin les plus habiles se sont permis l'usage du blanc indifféremment dans toutes les couleurs de fond, de draperies, etc. qui en demandent, en exceptant cependant les chairs et semblables parties délicates dans lesquelles, pour mieux conserver la touche caractéristique de l'objet, l'art défend d'employer le blanc dans des mélanges. Cette seconde manière de peindre associe naturellement la miniature aux autres genres de peinture, pat la liberté et la facilité qu'elle a de multiplier ses tons, si ce n'est, comme on l'a dit, dans certaines parties que l'habîle peintre doit sentir, et dans lesquelles il ne faut pas moins qu'une extrême pratique de l'art pour réussir, et que l'on ne s'aperçoive pas de la grande disette où nous sommes de couleurs légères. On a presqu'entièrement abandonné la première manière, du-moins peu de peintres s'en servent aujourd'hui, et il ne lui est resté que le nom de peinture à l'épargne, voyez PEINTURE à L'EPARGNE ; parce qu'en effet elle épargne le blanc de la matière sur laquelle on peint, pour en former des blancs ou des grands clairs assoupis à la vérité par les couleurs locales.

Van Dondre en Hollande, Torrentius et Hufnagel en Flandre, Volfak en Allemagne, ont été les premiers à quitter cette manière seche et peinée, pour ne plus peindre que de pleine couleur, comme à l'huile, excepté le nud.

La peinture en miniature florissait depuis longtemps en Hollande, en Flandres, en Allemagne, qu'elle n'était encore en France qu'une sorte d'enluminure : on ne faisait guère que des portraits entièrement à l'épargne ou à gouache, et que l'on pointillait avec beaucoup de patience. Une fois enrichis de la nouvelle découverte, les Carriera, les Harlo, les Macé, firent bientôt sentir dans leurs ouvrages, que la miniature peut avoir ses Rigauld ou ses Latour ; mais il lui manquait encore la plus belle partie, c'est-à-dire des maîtres qui peignissent l'Histoire. L'académie royale de peinture, toujours attentive à tout ce qui peut contribuer à la gloire de la Peinture, attendait avec empressement ce second succès pour se l'associer. On lui doit cette même justice, qu'ébranlée sans doute par l'effort d'émulation de quelques artistes de ce genre, elle a de nos jours encouragé la miniature, en l'admettant au nombre de ses chef-d'œuvres. C'est reconnaître qu'elle est susceptible de rendre en petit les plus grandes choses. Elle peut donc briller par la belle composition (ce qui ferait son principal mérite), par un coloris frais et vigoureux, et par un bon goût de dessein ? Il n'est point d'amateur qui n'en accepte l'augure ; et il y a lieu d'espérer que la miniature aura ses Rubens ou ses Vanloo.

Quant à ce qui concerne la pratique de cet art, Voyez Peinture en miniature, Palette, Pinceaux, Pointillé, Touche, Vélin, à la fin de cet article.

De la Palette. La palette qui sert à la miniature est un morceau d'ivoire d'environ six pouces de long, plus ou moins, et de trois ou quatre pouces de large ; l'épaisseur n'y fait rien, non plus que la forme, qui est arbitraire : on en fait communément de carrées ou d'ovales. D'autres ont jusqu'à quatre lignes d'épaisseur, et portent sur leur superficie, tout autour du bord, des petites fossettes creusées en forme sphérique, du diamètre d'environ demi pouce, et espacées également. On met une couleur dans chaque fossette ; mais cette palette est moins propre que la première. On applique les couleurs autour de celle-ci et sur le bord, assez près les unes des autres ; et pour cela, si les couleurs qui sont dans les coquilles sont seches, on y met un peu d'eau nette, et on les détrempe avec le bout du doigt, ensuite on porte ce doigt plein de couleur sur le bord de la palette, appuyant un peu et retirant à soi : on fait de même de chaque couleur. Ceux qui aiment l'ordre dans leur palette, la chargent suivant la gradation naturelle ; c'est-à-dire, commençant par le noir, les rouges foncés jusqu'aux plus clairs, de même des jaunes ; ensuite les verts, les bleus, les violets et les laques, ces quatre dernières commencent par leurs plus claires. Le milieu de la palette reste pour faire les mélanges et les teintes dont on a besoin, soit avec le blanc que l'on met à portée, ou sans blanc ; par ce moyen on a toutes ses couleurs sous sa main. On se sert encore de palettes de nacre ou d'un morceau de glace, sous laquelle on colle un papier blanc. Toutes les matières poreuses en général ne valent rien à cet usage ; les palettes de marbre blanc ou d'albâtre sont très-bonnes.

De la peinture en miniature. Quoique la miniature n'embrasse pas généralement tous les détails qui se rencontrent dans les objets qu'elle imite, elle a néanmoins des difficultés qui s'opposent à ses succès : telles sont la petitesse des objets, la précision et la liberté dans leurs contours, le grand fini sans perdre du côté de la vigueur. En outre, le choix des matières sur lesquelles on a dessein de peindre, et qui ont quelquefois leurs inconvéniens, l'apprêt et le choix des couleurs, et la touche, sans compter qu'il est toujours très-difficîle d'annoncer la grande manière, dans un tableau qui perd déjà de son effet à deux ou trois pas de distance.

On peint en miniature sur le vélin, l'ivoire, l'albâtre, le marbre blanc, les coques d'œufs ; enfin sur toutes les matières blanches naturellement, et solides, ou du-moins qui ne se laissent point pénétrer par les couleurs, et de plus qui n'ont aucun grain : ces qualités ne se trouvent pas toutes dans chacune des matières ci-dessus, quelques-unes d'entr'elles demandent des préparations pour recevoir mieux les couleurs.

On emploie plus ordinairement le vélin et l'ivoire, à raison de leur peu d'épaisseur qui trouve place dans les plus petits cadres, et de la grande douceur de leur surface.

Le vélin pour être bon, exige plusieurs conditions, voyez VELIN. L'ivoire doit être choisi très-blanc, sans veines apparentes, fort uni, sans être poli, et en tablette très-mince, parce que plus il est épais, plus son opacité le fait paraitre roux. Avant que de peindre dessus, il est nécessaire d'y passer légèrement un linge blanc, ou un peu de cotton imbibé de vinaigre blanc, ou d'eau d'alun de roche, et de l'essuyer aussi-tôt : cette préparation dégraisse l'ivoire, lui ôte son grand poli, s'il en a, et la légère impression de sel qui reste encore dessus, fait que les couleurs s'y attachent mieux, de l'eau salée pourrait suffire. On colle ensuite derrière l'ivoire un papier blanc de la même grandeur seulement aux quatre coins, ou tout autour, avec de la gomme : la même préparation sert aussi pour le marbre blanc, l'albâtre et les coques d'œufs qu'il faut amollir auparavant pour les redresser.

Les couleurs. Les couleurs propres à la miniature ne sont pas toutes les mêmes que celles dont on se sert dans les autres genres : la peinture à huile, la détrempe, la gouache, voyez à ces mots, ont à-peu-près les mêmes ; la fresque en adopte une partie, voyez FRESQUE. L'émail en a de particulières ; il importe beaucoup en miniature de n'employer que des couleurs légères, mais qui aient cependant un certain corps, sans être pâteuses : il en est surtout dont il faut éviter de se servir, telles sont celles qui tiennent entièrement des métaux, des minéraux, ou de certains végétaux. On doit plutôt préférer les couleurs extraites des terres, des gommes ou du règne animal.

Outre les cabinets des curieux ou des connaisseurs, que la miniature peut enrichir de ses chefs d'œuvres, elle orne encore souvent des boites, des brasselets, des bagues et autres bijoux ; mais dans ces trois dernières places, elle est plus exposée à différents degrés de chaleur, aussi en reçoit-elle de plus grands dommages : car les couleurs tirées des végétaux en jaunissent, rougissent ou se dissipent. Celles des métaux ou des minéraux noircissent ou pâlissent infailliblement à la chaleur, ainsi qu'à l'air, selon que leur partie métallique, qui est toujours la plus considérable, se dépouille de cette chaux vitriolique ou sulphureuse qui formait tout leur éclat ; c'est alors qu'elles tourmentent les autres couleurs qui leur ont été alliées. Il semble qu'il serait à désirer, que ceux qui s'appliquent avec amour à cet art, examinassent toujours en bons naturalistes, la nature, la force, ou l'antipathie de leurs couleurs ; ils éviteraient, sans doute, ce changement subit, qu'éprouvent leurs tableaux, et conserveraient par-là cette fraicheur de couleur, mérite si justement vanté dans les écoles Lombarde et Vénitienne ; mais on croit pouvoir le dire, souvent pour s'épargner la multiplicité des teintes, on préfère de charger la palette d'un grand nombre de couleurs simples, qui, les unes métalliques, les autres végétales, s'entre-détruisent en très-peu de temps, et ne laissent à celui qui les a placées avec beaucoup d'art, que l'inutîle regret d'avoir ménagé ses soins, et perdu son temps. Cette réflexion arrachée par l'amour pour les Arts, semble pouvoir s'étendre sur presque tous les genres de peinture.

Il résulte de toutes ces observations, qu'on ne doit employer à la miniature, que les couleurs sur lesquelles la chaleur ou le grand air agissent le moins. Les terres semblent remplir le mieux cet objet, quoique bien des peintres les rejettent, comme trop pâteuses et peu colorantes ; à cela l'expérience répond qu'il n'est point de substance, si dure sait-elle, qu'on ne vienne à bout de rendre impalpable, avec du soin et de la patience, lorsqu'il y Ve d'un succès glorieux dans ce que l'on entreprend. Il ne s'agit donc que de les broyer suffisamment, (voyez BROYER, BISTRE) sur l'écaille de mer, ou plutôt sur une glace brutte. Les peintres, jaloux de la pureté de leurs couleurs, ne doivent confier ce soin à personne.

En rejetant ainsi toutes les couleurs, qui tiennent des métaux ou de certains végétaux, excepté quelques-unes que l'on n'a encore pu remplacer par d'autres, il n'en resterait qu'un petit nombre. On Ve donner les noms des unes et des autres ; celles que l'on croit devoir préférer seront marquées d'un astérique.

On peut voir ces couleurs chacune à son article.

On croit devoir proposer, en place du noir d'ivoire qui a trop de corps, un noir semblable au noir de charbon, voyez à ce mot ; mais aussi léger que l'encre de la Chine.

Ce noir se fait avec l'amande qui se trouve dans la noix d'Acajou, voyez ACAJOU ; il faut ôter la pellicule qui est dessus. On calcine ensuite l'amande au feu, et on l'éteint aussi-tôt dans un linge mouillé d'eau-de-vie, ou de vinaigre. Du reste, elle se prépare comme le bistre et les autres couleurs, observant de la broyer à plusieurs reprises, et de la laisser sécher quelquefois.

Toutes les couleurs ci-dessus se conservent, non dans des godets d'yvoire ou de bois, qui les desséchent, les ruinent ; mais dans des coquilles bien lavées auparavant : on en met environ deux bonnes pincées dans chaque coquille, et on les détrempe avec un peu d'eau de gomme arabique, à consistance de crème un peu épaisse. Il importe beaucoup de savoir gommer les couleurs à-propos, c'est-à-dire que l'eau ne soit ni trop faible, ni trop forte de gomme ; car de-là s'ensuit la sécheresse ou la dureté des couleurs au bout du pinceau, et la touche en souffre beaucoup. Pour connaître si elles sont assez gommées, il faut, après les avoir délayées dans leurs coquilles, en prendre un peu au bout du doigt, et en toucher le creux de la main, on les laisse un instant sécher. Si en remuant ou agitant les doigts de cette main, la couleur se fend et s'écaille, elle est trop gommée ; il faut alors la détremper avec un peu d'eau sans gomme. Si au contraire, en passant le doigt dessus elle s'efface, elle n'est pas assez gommée : le medium est aisé à trouver ; on la re-délaie avec un peu d'eau de gomme, ce qu'on doit observer pour les couleurs qui veulent un peu plus de gomme que les autres : on a eu soin de les marquer d'une .

Eau de gomme. L'eau de gomme se fait en mettant gros comme une noix de gomme arabique, la moins jaune et la plus transparente, dans la quantité d'un verre d'eau bien claire ; on laisse fondre, ensuite on passe le tout dans un linge blanc trempé auparavant dans de l'eau nette, et pressé. Cette eau de gomme se conserve dans une bouteille bien bouchée, pour la préserver de la poussière.

Bien des peintres ajoutent quelques gouttes d'eau-de-vie dans leurs couleurs, ou du sucre candi, pour les rendre plus coulantes et leur donner plus d'éclat. Les unes en acquièrent en effet davantage ; mais d'autres en souffrent beaucoup. En général la gomme ne nuit à aucune, et remplit tous les objets. On doit surtout avoir grand soin de garantir tout ce qui a rapport à la miniature contre la poussière, qui en est le poison.

Quoiqu'il n'y ait point de règle certaine qui limite la mesure des tableaux en miniature, on croit pouvoir dire au moins, que les figures qui excédent quatre pouces et demi ou cinq pouces de hauteur, ne doivent plus être réputées peintes en miniature ; parce qu'alors pour que le faire ne devienne pas sec, on est obligé de grossir la touche ; l'oeil du connaisseur la découvre, et le tableau perd tout le mérite du fini.

De même les plus petites figures au-dessous de deux pouces et demi de haut ne peuvent plus être aperçues distinctement qu'à la loupe, avec le secours de laquelle elles ont été peintes ; mais aussi l'illusion du grand fini cesse, et l'on ne découvre aucun détail, si ce n'est des couleurs dures, égratignées ; presque toujours un mauvais ensemble, et une touche, quelque légère qu'elle sait, frappée au hasard, et toujours disproportionnée à l'objet.

Les miniatures se couvrent ordinairement d'une glace ; on colle un papier fin sur le bord et tout autour de la glace et du tableau, et empêche la poussière de s'introduire entre deux, ce qui nuirait beaucoup.

Peinture à l'épargne. C'était anciennement ce que l'on nommait miniature. Cette peinture se pratiquait sur plusieurs sortes de matières blanches, comme les os, l'ivoire, etc. mais le grand art consistait à ne point se servir de blanc pour faire les teintes et les mélanges. On employait toutes couleurs simples, que l'on dégradait en en mettant moins. Le fond, ou plutôt le blanc de la matière paraissait partout entre les coups de pinceau, parce que la touche n'était qu'un pointillé général. Voyez POINTILLE miniature. On peint encore aujourd'hui le nud et quelques parties, de cette manière dans la miniature, ainsi que dans des petits tableaux peints sur le vélin ou l'ivoire, seulement à l'encre de la Chine. Cette manière imite l'estampe, mais d'une façon beaucoup plus douce et plus agréable : c'est une sorte de grisaille en petit. On touche de quelques couleurs légères les principales parties pour les mieux différencier du reste du tableau, et le rendre en tout plus piquant.

Des pinceaux pour la miniature. Il est assez difficîle de décider sur la vraie qualité que doivent avoir les pinceaux de la peinture en miniature. Chaque peintre s'étant fait une manière de peindre qui lui est propre, choisit ses pinceaux en conséquence. Les uns les veulent avec beaucoup de pointe et très-longs, quoiqu'assez garnis. D'autres les choisissent fort petits et peu garnis. Il semble cependant qu'on doit donner la préférence à un pinceau bien nourri de poils, point trop long, et qui n'a pas trop de pointe ; il contient plus de couleur, elle s'y seche moins vite, et la touche en doit être plus large et plus moèlleuse ; autrement l'ouvrage doit prendre un air sec et peiné. En général la pointe d'un pinceau doit être ferme, et faire ressort sur elle-même. Les pinceaux s'emmanchent avec des antes (Voyez ANTES.) soit d'yvoire, d'ébeine, ou d'autres bois, que l'on entoure à l'endroit le plus large de la plume, avec un peu de cire d'Espagne, pour que l'eau dans laquelle on est obligé de les laver sans cesse n'entre pas dedans, ce qui les ruine plutôt. Il faut surtout avoir soin, quand on ne s'en sert pas, de les enfermer dans une boite où il y ait un peu de poivre fin ; autrement il se fourre entre les poils une espèce de mites qui les ronge en peu de temps.

Du pointillé. Le pointillé était anciennement la seule touche de la miniature. Voyez MINIATURE. Il consiste à placer les couleurs, non en touchant le vélin ou l'ivoire, d'un des côtés de l'extrémité du pinceau ; mais en piquant seulement de la pointe, ce qui forme des petits points à-peu-près ronds et égaux entr'eux. Ils doivent tous se toucher, en sorte que les triangles qui restent entre ces points sont ou blancs, s'il n'y a point encore eu de couleurs sur le velin, ou bien ils montrent la couleur qu'ils ont reçue avant que les points y fussent placés ; c'est cette variété de points et de triangles coloriés qui forme l'union des différentes teintes. Voyez Peinture en miniature, touche.

De la touche. C'est la manière dont on fait agir le pinceau sur le vélin ou l'ivoire en peignant en miniature. Le pointillé a longtemps prévalu, et quelques peintres s'en servent encore aujourd'hui, surtout en Allemagne et en Angleterre, où l'extrême fini passe pour le mérite le plus réel de la miniature. Voyez POINTILLE. Cette manière de faire uniforme ne demande aucun soin, mais beaucoup de patience. Il est vrai que les objets paraissent tous de la même nature, étant tous pointillés. Les chairs, les cheveux, les étoffes de soie, comme de laine, les corps polis, les nuages, tout enfin ne parait plus qu'une même matière, dès que tout est assujetti à la même touche. De bons peintres ont cependant senti l'inconvénient de cette touche. Les uns ont formé la leur de coups de pinceaux croisés, et même recraisés. D'autres l'ont marquée par des coups de pointe du pinceau donnés tous du même sens, soit de gauche à droite, ou de droite à gauche, ou perpendiculairement. Enfin on a imaginé une troisième touche, qui n'est déterminée que par la nature et la forme des objets. Elle est composée de plusieurs sortes de coups de pinceaux, tantôt de la pointe, tantôt en appuyant davantage ; les uns sont de petites courbes, d'autres ressemblent à une virgule droite, d'autres ne sont que des petites lignes courtes et trainées, quelquefois de simples points ; enfin suivant la forme et la nature de l'objet que l'on veut caractériser : car il parait vraisemblable, par exemple, qu'une armure polie semble demander une touche particulière, qui la caractérise et la différencie d'avec une étoffe de laine, ou un morceau de bois qui serait de la même couleur. En général cette dernière touche observe de ne jamais donner de coups de pinceaux perpendiculairement, à-moins qu'il ne soit directement question de lignes réelles.

Du vélin. Le vélin sur lequel on peint en miniature est le veau mort-né ; il y en a d'Angleterre et de Picardie ; les vélins de Flandres et de Normandie sont moins propres à la miniature. Le vélin d'Angleterre est très-doux et assez blanc, celui de Picardie l'est davantage. Il faut pour qu'un vélin soit parfait, qu'il soit très-blanc, et non pas frotté de chaux ; qu'il n'ait point de petites taches, ni de veines claires, comme il s'en trouve. Pour éprouver le vélin, il ne faut qu'appliquer le bout de la langue sur un des coins ; si l'endroit mouillé est un peu de temps à sécher, le vélin est bon ; s'il seche aussi-tôt, le vélin bait, et ne vaut rien.

Il est essentiel que le vélin soit bien tendu pour pouvoir peindre aisément dessus : pour cet effet, lorsque le tableau que l'on veut faire n'a guère plus de deux ou trois pouces, il suffit de coller le vélin sur un carton bien blanc et très-lissé, observant cependant de mettre encore un papier blanc et lissé entre le vélin et le carton. On cole les bords du carton avec de la gomme arabique fondue dans de l'eau, et on applique le vélin dessus, après avoir passé légèrement sur son envers un linge mouillé d'eau nette : cette opération fait que le vélin se détend d'abord, ensuite venant à sécher, il ne se tend que mieux de lui-même et également : lorsque les tableaux doivent être plus grands, le carton serait sujet à se courber ; ainsi il vaut mieux coller le vélin sur une glace, ou un verre, sur lesquels on colle auparavant et entièrement le papier blanc lissé.

On dessine sur ce vélin avec une éguille d'or ou d'argent, ou de cuivre, et jamais avec des crayons. Il est même à-propos de faire son dessein d'abord sur du papier, et le calquer ensuite sur le vélin (Voyez CALQUER), en frottant le derrière du papier de sanguine légèrement. Le vélin craint la grande chaleur, qui le fait jaunir. L'ivoire en souffre davantage, parce qu'il est plus huileux.

Comme on n'avait point encore écrit sur la miniature, du moins utilement, on s'est permis d'autant plus volontiers les longs détails sur ce genre de peindre, que beaucoup de personnes de distinction et de goût s'occupant d'un art aussi noble et aussi commode à exercer, trouvent difficilement des lumières pour les seconder ; on croit les pouvoir obliger en levant du moins les premières difficultés.