(ART), Littérat. c'est l'art de remonter à la source des mots, de débrouiller la dérivaison, l'altération, et le déguisement de ces mêmes mots, de les dépouiller de ce qui, pour ainsi dire, leur est étranger, de découvrir les changements qui leur sont arrivés, et par ce moyen de les ramener à la simplicité de leur origine.

Il est vrai que les changements et les altérations que les mots ont soufferts sont si souvent arrivés par caprice ou par hasard, qu'il est aisé de prendre une conjecture bizarre pour une analogie régulière. D'ailleurs il est difficîle de retourner dans les siècles passés, pour suivre les variations et les vicissitudes des langues. Avouons encore, que la plupart des savants qui s'attachent à l'étude étymologique ont le malheur de se former des systèmes, suivant lesquels ils interpretent, d'après leur dessein particulier, les mêmes mots, conformément au sens qui est le plus favorable à leurs hypothèses.

Cependant malgré ces inconvéniens, l'art étymologique ne doit point passer pour un objet frivole, ni pour une entreprise toujours vaine et infructueuse. Quelque incertain qu'on suppose cet art, il a, comme les autres, ses principes et ses règles. Il fait une partie de la littérature dont l'étude peut être quelquefois un secours, pour éclaircir l'origine des nations, leurs migrations, leur commerce, et d'autres points également obscurs par leur antiquité. De plus, on ne saurait débrouiller la formation des mots qui fait le fondement de l'art, si l'on n'en examine les relations avec le caractère de l'esprit des peuples et la disposition de leurs organes ; objet, sans-doute, digne de l'esprit philosophique.

Concluons que l'art étymologique ne peut être méprisé, ni par rapport à son objet, qui se trouve lié avec la connaissance de l'homme, ni par rapport aux conjectures qu'il partage avec tant d'autres arts nécessaires à la vie.

Enfin il n'est pas impossible, au milieu de l'incertitude et de la sécheresse de l'étude étymologique, d'y porter cet esprit philosophique qui doit dominer partout, et qui est le fil de tous les labyrinthes. Voyez l'article ETYMOLOGIE, Article de M. Chevalier DE JAUCOURT.