S. f. (Art oratoire) liaison d'un sujet à un autre dans le même discours. Tous les préceptes qu'on donne pour former les transitions, pour les placer à propos, pour les varier avec gout, sont autant de préceptes frivoles. Il faut que toutes les parties d'un discours soient unies comme le sont celles d'un tout naturel ; c'est la vraie liaison, et presque la seule qui doit y être. Tout ce qui n'y tient que par insertion artificielle, y est étranger. Ce qui rend si difficîle la pratique des transitions à la plupart des auteurs, c'est qu'ils n'ont pas assez médité leurs sujets pour en connaître tout l'enchainement ; et faute d'avoir saisi une partie médiante qui servait de liaison, ils font aboutir les unes aux autres, des parties qui ne sont point taillées pour joindre. De-là les transitions artificielles et les tours gauches employés pour couvrir un vide, et tromper ceux qui jugent de la solidité de l'édifice par le plâtre dont il est revêtu.

Qu'on parcoure les ouvrages des célèbres écrivains, on n'y verra point de ces tours de souplesse, si j'ose m'exprimer ainsi ; le sujet se développe de lui-même, et s'explique franchement. Tout se suit ; et quand ils ont dit sur un chef tout ce qu'il y avait à dire, ils passent à un autre simplement, et avec un air de bonne foi, beaucoup plus agréable pour le lecteur que ces subtilités qui marquent la petitesse de l'esprit, ou au-moins un auteur trop aisif. Voilà les réflexions sensées de l'auteur des principes de Littérature sur cet article. (D.J.)

TRANSITION, (Musique) se dit de la manière d'adoucir le saut d'un intervalle disjoint, en insérant des sons diatoniques sur les degrés qui séparent ses deux termes. La transition est proprement une sorte de tirade non notée ; quelquefois elle n'est qu'un port de voix, quand il s'agit seulement de rendre plus doux le passage d'un degré diatonique à l'autre. C'est ainsi que, pour passer du si à l'ut avec plus de douceur, on commence l'ut sur le même ton du si.

Transition harmonique est une marche de basse fondamentale propre à changer de genre ou de ton ; ainsi dans le genre diatonique, quand la basse marche de manière à exiger dans les parties quelque mouvement par semi-tons mineurs, c'est une transition chromatique ; que si l'on passe d'un ton dans un autre à la faveur d'un accord de septième diminuée, c'est une transition enharmonique. Voyez ENHARMONIQUE. (S)