(Géographie) petite ville de la Suisse, sur la route d'Avenche à Berne, capitale du bailliage du même nom, appartenant aux cantons de Berne et de Fribourg.

Morat est illustré par trois sieges mémorables, qu'il a soutenus glorieusement ; le premier en 1032, contre l'empereur Conrard le Salique ; le second en 1292, contre l'empereur Rodolphe de Habsbourg ; et le troisième en 1476, contre Charles le Hardi dernier duc de Bourgogne. Ce dernier siege fut suivi de cette fameuse bataille, où les Suisses triomphèrent, et mirent l'armée du duc dans la déroute la plus complete . Les habitants de Morat célebrent encore de temps à autre ce grand événement par des fêtes et des réjouissances publiques. Ce fut-là l'aurore de leur liberté, que M. de Voltaire a peinte d'un si beau coloris dans les vers suivants :

Je vois la liberté répandant tous les biens,

Descendre de Morat en habit de guerrière,

Les mains teintes du sang des fiers Autrichiens,

Et de Charles le téméraire.

Devant elle on portait ces piques et ces dards,

On trainait ces canons, ces échelles fatales

Qu'elle même brisa quand ses mains triomphales

De Morat en danger, défendait les remparts ;

Tout un peuple la suit, sa naïve allégresse

Fit à tout l'Appennin répéter ses clameurs ;

Leurs fronts sont couronnés de ces fleurs que la Grèce

Aux champs de Marathon, prodiguait aux vainqueurs.

A un quart de lieue de Morat, on voit sur le grand chemin d'Avenche, une chapelle autrefois remplie d'ossements de Bourguignons qui perirent au siege et à la bataille de 1476. Au dessous de la porte de la chapelle dont je parle, on lit cette inscription singulière, que les Suisses y ont fait graver : Deo. Opt. Max. Caroli inclyti, et fortissimi Burgundiae ducis, exercitus Muratum obsidents, ab Helvetiis caesus, hoc sui monumentum reliquit, anno 1476.

Le territoire de Morat est un pays de vignes, de champs, de prés, de bois et de marais. Son lac joint à un canal qui se rend au lac d'Yverdun et de Neuchâtel, y répand du commerce. Le lac de Morat peut avoir 25 brasses de profondeur, et nourrit du poisson délicat.

Le bailliage de Morat appartient en commun aux cantons de Berne et de Fribourg, et l'on y parle, comme dans la ville, les deux langues, l'allemand et le français, ou romand ; mais tout le bailliage est de la religion protestante. Elle fut établie dans Morat en 1530, à la pluralité des voix, en présence des députés de Berne et de Fribourg. Le reste du bailliage imita bien-tôt l'exemple des habitants de la ville.

Elle est en partie située sur une hauteur qui a une belle esplanade, en partie au bord du lac de son nom, à 4 lieues O. de Berne, et pareille distance N. E. de Fribourg. Long. 24. 56. lat. 47. (D.J.)