S. m. (Histoire moderne) les jasides sont des voleurs de nuit du Curdistan, bien montés, qui tiennent la campagne autour d'Erzeron, jusqu'à ce que les grandes neiges les obligent de se retirer ; et en attendant ils sont à l'affut, pour piller les faibles caravanes qui se rendent à Téflis, Tauris, Trébizonde, Alep et Tocat. On les nomme jasides parce que par tradition, ils disent qu'ils croient en Jaside, ou Jesus ; mais ils craignent et respectent encore plus le diable.

Ces sortes de voleurs errants s'étendent depuis Monsul ou la nouvelle Ninive, jusqu'aux sources de l'Euphrate. Ils ne reconnaissent aucun maître, et les Turcs ne les punissent que de la bourse lorsqu'ils les arrêtent ; ils se contentent de leur faire racheter la vie pour de l'argent, et tout s'accommode au dépens de ceux qui ont été volés.

Il arrive d'ordinaire que les caravanes traitent de même avec eux, lorsqu'ils sont les plus forts ; on en est quitte alors pour une somme d'argent, et c'est le meilleur parti qu'on puisse prendre ; il n'en coute quelquefois que deux ou trois écus par tête.

Quand ils ont consumé les pâturages d'un quartier, ils vont camper dans un autre, suivant toujours les caravanes à la piste : pendant que leurs femmes s'occupent à faire du beurre, du fromage, à élever leurs enfants, et à avoir soin de leurs troupeaux.

On dit qu'ils descendent des anciens Chaldéens ; mais en tout cas, ils ne cultivent pas la science des astres ; ils s'attachent à celle des contributions des voyageurs, et à l'art de détourner les mulets chargés de marchandises, qu'ils dépaysent adroitement à la faveur des ténèbres. (D.J.)