S. f. (Histoire ancienne) femme courageuse et hardie, capable de grands exploits. Voyez VIRAGO, HEROÏNE, etc.

Amazone, dans un sens plus particulier, est le nom d'une nation ancienne de femmes guerrières, qui, dit-on, fondèrent un empire dans l'Asie mineure, près du Thermodon, le long des côtes de la mer Noire.

Il n'y avait point d'hommes parmi elles ; pour la propagation de leur espèce, elles allaient chercher des étrangers ; elles tuaient tous les enfants mâles qui leur naissaient, et retranchaient aux filles la mammelle droite pour les rendre plus propres à tirer de l'arc. C'est de cette circonstance qu'elles furent appelées Amazones ; mot composé d' privatif, et de , mammelle, comme qui dirait sans mammelle, ou privées d'une mammelle.

Les auteurs ne sont pas tous d'accord qu'il y ait eu réellement une nation d'Amazones. Strabon, Paléphate, et plusieurs autres, le nient formellement : mais Hérodote, Pausanias, Diodore de Sicile, Trogue Pompée, Justin, Pline, Pomponius Mela, Plutarque, et plusieurs autres, l'assurent positivement. Hippocrate dit qu'il y avait une loi chez elles, qui condamnait les filles à demeurer vierges, jusqu'à ce qu'elles eussent tué trois des ennemis de l'état. Il ajoute que la raison pour laquelle elles amputaient la mammelle droite à leurs filles, c'était afin que le bras de ce côté-là profitât davantage, et devint plus fort.

Quelques auteurs disent qu'elles ne tuaient pas leurs enfants mâles ; qu'elles ne faisaient que leur tordre les jambes, pour empêcher qu'ils ne prétendissent un jour se rendre les maîtres.

M. Petit, médecin de Paris, a publié en 1681 une dissertation latine, pour prouver qu'il y a eu réellement une nation d'Amazones ; cette dissertation contient quantité de remarques curieuses et intéressantes sur leur manière de s'habiller, leurs armes, et les villes qu'elles ont fondées. Dans les médailles, le buste des Amazones est ordinairement armé d'une petite hache d'armes appelée bipennis, ou securis, qu'elles portaient sur l'épaule, avec un petit bouclier en croissant que les Latins appelaient pelta, à leur bras gauche : c'est ce qui a fait dire à Ovide : de Ponto.

Non tibi amazonia est pro me sumenda securis,

Aut excisa levi pelta gerenda manu.

Des géographes et voyageurs modernes prétendent qu'il y a encore dans quelques endroits, des Amazones. Le P. Jean de Los Sanctos, capucin portugais, dans sa description de l'Ethiopie, dit qu'il y a en Afrique une république d'Amazones ; et Aenéas Sylvius rapporte qu'on a Ve subsister en Bohème pendant neuf ans, une république d'Amazones fondée par le courage d'une fille nommée Valasca. (G)

AMAZONES, rivière des Amazones ; elle traverse toute l'Amérique méridionale d'occident en orient, et passe pour le plus grand fleuve du monde. On croit communément que le premier européen qui l'a reconnu, fut François d'Orellana, espagnol ; ce qui a fait nommer cette rivière par quelques-uns Orellana : mais avant lui, elle était connue sous le nom de Maranon (qu'on prononce Maragnon), nom qu'elle avait reçu, à ce qu'on croit, d'un autre capitaine espagnol ainsi appelé. Orellana, dans sa relation, dit avoir Ve en descendant cette rivière, quelques femmes armées dont un cacique indien lui avait dit de se défier : c'est ce qui l'a fait appeler rivière des Amazones.

On prétend que ce fleuve prend sa source au Pérou ; après avoir traversé 1000 à 1200 lieues de pays, il se jette dans la mer du Nord sous la ligne. Son embouchure, dit-on, est de 80 lieues.

La carte très-défectueuse du cours de la rivière des Amazones, dressée par Sanson sur la relation purement historique d'un voyage de cette rivière que fit Texeira, accompagné du P. d'Acunha jésuite, a été copiée par un grand nombre de géographes ; et on n'en a pas eu de meilleure jusqu'en 1717, qu'on en publia une du P. Fritz jésuite, dans les Lettres édifiantes et curieuses.

Enfin M. de la Condamine, de l'académie royale des Sciences, a parcouru toute cette rivière en 1743 ; et ce voyage long, pénible, et dangereux, nous a valu une nouvelle carte de cette rivière plus exacte que toutes celles qui avaient précédé. Le célèbre académicien que nous venons de nommer, a publié une relation de ce voyage très-curieuse et très-bien écrite, qui a été aussi insérée dans le volume de l'académie royale des Sciences pour 1745. Nous y renvoyons nos lecteurs, que nous exhortons fort à la lire. M. de la Condamine dit qu'il n'a point Ve dans tout ce voyage d'Amazones, ni rien qui leur ressemble ; il parait même porté à croire qu'elles ne subsistent plus aujourd'hui ; mais en rassemblant les témoignages, il croit assez probable qu'il y a eu en Amérique des Amazones, c'est-à-dire une société de femmes qui vivaient sans avoir de commerce habituel avec les hommes.

M. de la Condamine nous apprend dans sa relation, que l'Orenoque communique avec ce fleuve par la rivière Noire ; ce qui jusqu'à présent était resté douteux. (O)