S. m. pl. (Histoire ancienne) magistrats, préteurs ou gouverneurs de l'ancienne Athènes. Ce nom vient du grec , au plurier , commandants ou princes. Ils étaient au nombre de neuf, dont le premier était l'archonte, qui donnait son nom à l'année de son administration ; le second se nommait le roi ; le troisième, le pôlemarque ou généralissime, avec six thesmothetes. Ces magistrats élus par le scrutin des feves, étaient obligés de faire preuve devant leur tribu, comme ils étaient issus du côté paternel et maternel de trois ascendants citoyens d'Athènes. Ils devaient prouver de même leur attachement au culte d'Apollon protecteur de la patrie, et qu'ils avaient dans leur maison un autel consacré à Jupiter ; et par leur respect pour leurs parents, faire espérer qu'ils en auraient pour leur patrie. Il fallait aussi qu'ils eussent rempli le temps du service que chaque citoyen devait à la république ; ce qui donnait des officiers bien préparés, puisqu'on n'était licentié qu'à 40 ans : leur fortune même, dont ils devaient instruire ceux qui étaient préposés à cette enquête, servait de garant de leur fidélité. Après que les commissaires nommés pour cet examen, en avaient fait leur rapport, les archontes prêtaient serment de maintenir les lais, et s'engageaient, en cas de contravention de leur part, à envoyer à Delphes une statue du poids de leur corps. Suivant une loi de Solon, si l'archonte se trouvait pris de vin, il était condamné à une forte amende, et même puni de mort. De tels officiers méritaient d'être respectés : aussi était-ce un crime d'état que de les insulter. L'information pour le second officier de ce tribunal, qui était nommé le roi, devait porter qu'il avait épousé une vierge, et fille d'un citoyen, parce que, dit Démosthènes, ces deux qualités étaient nécessaires pour rendre agréables aux dieux les sacrifices que ce magistrat et son épouse étaient obligés d'offrir au nom de toute la république. L'examen de la vie privée des archontes était très-sévère, et d'autant plus nécessaire qu'au sortir de leur exercice, et après avoir rendu compte de leur administration, ils entraient de droit dans l'Aréopage.

Ceci regarde principalement les archontes décennaux, car cette sorte de magistrature eut ses révolutions. D'abord dans Athènes les archontes succédèrent aux rais, et furent perpétuels. Medon fut le premier, l'an du monde 2936, et eut douze successeurs de sa race, auxquels on substitua les archontes décennaux, qui ne durèrent que 70 ans, et qui furent remplacés par des archontes annuels. Le premier de ces magistrats se nommait proprement archonte ; on y ajoutait l'épithète d'éponyme, parce que dans l'année de son administration toutes les affaires importantes se passaient en son nom. Il avait soin des choses sacrées, présidait à une espèce de chambre ecclésiastique où l'on décidait de tous les démêlés des époux, des pères et des enfants, et les contestations formées sur les testaments, les legs, les dots, les successions. Il était charge particulièrement des mineurs, tuteurs, curateurs ; en général, toutes les affaires civiles étaient portées en première instance à son tribunal. Le deuxième archonte avait le surnom de roi ; le reste du culte public et des cérémonies, lui était confié. Sa fonction principale était de présider à la célébration des fêtes, de terminer les querelles des prêtres et des familles sacrées, de punir les impiétés et les profanations des mystères. On instruisait encore devant lui quelques affaires criminelles et civiles, qu'il décidait ou renvoyait à d'autres cours. Le pôlemarque veillait aussi à quelques pratiques de religion ; mais son vrai département était le militaire, comme le porte son nom, dérivé de , guerre, et d', commander. Il était tout-puissant en temps de guerre, et jouissait pendant la paix de la même juridiction sur l'étranger, que le premier archonte sur le citoyen d'Athènes. Les six autres qui portaient le nom commun de thesmothetes, qui vient de , loi, et de , établir, formaient un tribunal qui jugeait des séductions, des calomnies, de toute fausse accusation ; les différends entre l'étranger et le citoyen, les faits de marchandises et de commerce, étaient encore de son ressort. Les thesmothetes avaient surtout l'oeil à l'observation des lais, et le pouvoir de s'opposer à tout établissement qui leur paraissait contraire aux intérêts de la société, en faisant une barrière élevée entre les autres magistrats et le peuple. Tel était le district de chaque archonte en particulier. Le corps seul avait droit de vie et de mort. En récompense de leurs services ces juges étaient exempts des impôts qu'on levait pour l'entretien des armées, et cette immunité leur était particulière. La succession des archontes fut régulière ; et quelles que furent les révolutions que l'état souffrit par les factions ou par les usurpateurs, on en revint toujours à cette forme de gouvernement, qui dura dans Athènes tant qu'il y eut un reste de liberté et de vie.

Sous les empereurs romains plusieurs autres villes grecques eurent pour premiers magistrats deux archontes, qui avaient les mêmes fonctions que les duumvirs dans les colonies et les villes municipales. Quelques auteurs du bas empire donnent le nom d'archontes à divers officiers, soit laïques, soit ecclésiastiques ; quelquefois aux évêques, et plus souvent aux seigneurs de la cour des empereurs de Constantinople. Ainsi archonte des archontes ou grand archonte, signifie la première personne de l'état après l'empereur ; archonte des églises, archonte de l'évangile, un archevêque, un évêque ; archonte das murailles, le surintendant des fortifications, et ainsi des autres. Voyez AREOPAGE.