S. f. pl. (Histoire ancienne et moderne) nom que les Grecs donnaient aux choses qu’on faisait connaître pour la première fois au public, composé d’α privatif avec un ν pour la douceur de la prononciation, et d’ἔκδοτος qui vient lui-même d’ἐκ et de δίδωμι. Ainsi anecdotes veut dire choses non publiées. Ce mot est en usage dans la Littérature pour signifier des histoires secrètes de faits qui se sont passés dans l’intérieur du cabinet ou des cours des Princes, et dans les mystères de leur politique.

Ciceron dans la XVIIe de ses épitres à Atticus, liv. XIV. s'est servi de ce mot anecdote. Procope a intitulé anecdotes un livre, dans lequel il peint avec des couleurs odieuses l'Empereur Justinien, et Théodore épouse de ce prince. Il parait que de tous les anciens, cet auteur est le seul qui se soit donné une pareille licence ; au moins n'a-t-on point d'autre écrit en ce genre que le sien. Varillas parmi les modernes a publié de prétendues anecdotes de la maison de Florence ou de Médicis, et a semé dans plusieurs autres de ses ouvrages différents traits d'imagination qu'il a donnés comme anecdotes, et qui n'ont pas peu contribué à décréditer ses livres.

Mais outre ces histoires secrètes prétendues vraies, la plupart du temps fausses ou du moins suspectes, les critiques donnent le nom d'anecdotes à tout écrit de quelque genre qu'il sait, qui n'a pas encore été publié. C'est dans ce sens que M. Muratori, en faisant imprimer un grand nombre d'écrits trouvés dans les bibliothèques, leur a donné le titre d'anecdotes Grecques. Dom Martenne a pareillement publié un thresor d'anecdotes en cinq vol. in-fol. (G)