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Catégorie : Antiquité & Médailles
(Histoire romaine, Médailles et Littérature) temple que Janus avait à Rome, et qui avait été bâti par Romulus ; Numa son successeur lui donna des portes, que l'on n'ouvrait qu'en temps de guerre, et que l'on tenait fermées pendant la paix. De là cette inscription que l'on voit au revers de plusieurs médailles de Néron, avec le temple de Janus ; pace terrâ marique partâ, Janum clausit ; et cette inscription trouvée à Mérida en Espagne : Imp. Caesar. Divi F. Augustus, Pont. Max. Cos XI. Tribunic. Pot. X. Imp. VIII. Orbe, mari et terra pacato, templo Jani clauso, etc. De-là les surnoms de Patuleius, et de Clusius, comme qui dirait l'ouvert et le fermé.

Il parait par le plus grand nombre des inscriptions, que ce temple se nommait tout court Janus ; Janum clausit. Horace l'appelle Janum Quirini, c'est-à-dire Janum Romuli, ce qui ne pouvait pas s'appliquer aux autres temples que Janus avait à Rome, et dont nous parlerons tout à l'heure.

On remarque que ce temple ne fut fermé que deux fois depuis la fondation de Rome, jusqu'au règne d'Auguste, et huit fois pendant tout le cours de la royauté, de la république et de l'empire. La première fois qu'on le ferma fut sous le règne de Numa, l'instituteur de cette cérémonie ; la seconde fais, à la fin de la première guerre punique, l'an 519 de Rome ; la troisième fais, après la bataille d'Actium, qui rendit Auguste le maître du monde, l'an 725 de Rome ; la quatrième fais, cinq ans après, au retour de la guerre des Cantabres en Espagne, l'an 730 ; la cinquième fais, sous le règne du même empereur, l'an 744 de Rome, environ cinq ans avant la naissance de Jesus-Christ ; et la paix générale qui régnait alors dans l'empire romain, dura douze ans ; la sixième fais, sous Néron, l'an 811 ; la septième fais, sous Vespasien, l'an 824 ; la huitième fois enfin, sous Gordien le jeune, à peu-près vers l'an 994 de Rome.

Il n'est pas bien sur que les premiers empereurs chrétiens aient observé cette cérémonie. Il est vrai qu'Ammian Marcellin dans son hist. liv. XVI. ch. Xe semble dire positivement, que Constance II. après ses victoires, vint à Rome l'an 1105 de sa fondation, et ferma le temple de Janus, concluso Jani templo, stratisque hostibus cunctis ; mais comme on assure que ce passage se lit différemment dans les manuscrits, et assez obscurément, il faudrait encore quelque autre autorité pour rendre le fait plus certain.

Je ne trouve que de mauvaises raisons sur l'institution de l'ouverture du temple de Janus en temps de guerre, et de sa clôture en temps de paix. Les uns nous disent que dans un combat de Romulus avec les Sabins, la victoire penchant du côté de ces derniers, un prodige parut sur le champ de bataille, qui les mit en fuite, et Romulus bâtit un temple dans le même lieu, que l'on ouvrait en temps de guerre, afin de tirer toujours du secours de ce temple. D'autres prétendent que Tatius et Romulus bâtirent un temple à frais communs, en mémoire de leur alliance, et que l'usage de l'ouvrir en temps de guerre marquait l'union des deux rais. J'aime tout autant la pensée d'Ovide : pourquoi, demande le poète à Janus, ferme-t-on votre temple en temps de paix, et l'ouvre-t-on en temps de guerre ? J'ouvre les portes de mon temple, répond le dieu, pour le retour des soldats romains quand ils sont une fois partis pour l'armée ; et je le ferme en temps de paix, afin que la paix y étant rentrée, elle n'en sorte plus.

Il y avait à Rome plusieurs autres temples de Janus, outre celui dont nous venons de parler ; les uns portaient le nom de Janus bifrons, ou à deux faces ; les autres de Janus quadrifrons, ou quatre faces : ces derniers étaient à quatre faces égales, avec une porte et trois fenêtres à chaque face. Les quatre côtés et les quatre portes marquaient, dit-on, les quatre saisons de l'année, et les trois fenêtres de chaque côté désignaient les trois mois de chaque saison, ce qui faisait les douze mois de l'an. Varron nous assure que par rapport à ces douze mois, on avait érigé douze autels à Janus ; ces autels étaient hors de Rome au-delà de la porte du janicule.

La Fable et les historiens ne connaissent point de plus ancien roi, ni de plus ancien dieu d'Italie que Janus. On le suppose communément originaire de Grèce, équipant une flotte, abordant en Italie, où il bâtit une ville qu'il appela de son nom Janicule. Il régna 1330 ans avant l'ère chrétienne, et eut Saturne pour successeur, après un règne de trente-trois ans. Ovide au premier livre de ses Fastes, lui fait raconter ingénieusement les merveilles de son histoire, de son culte, et de sa souveraine puissance. Ce sont du moins des fictions plus amusantes que celles de nos chrétiens modernes, qui retrouvent Noé dans Janus, et qui forment son nom de l'hébreu jaïn, du vin.

Macrobe croit avoir découvert la raison historique, pourquoi les Romains invoquaient Janus, le premier des dieux, dans leurs sacrifices et leurs prières ; c'est, dit-il, parce qu'il fut le premier qui bâtit des temples, et qui institua des rites sacrés. " Le seul nom de Janus, suivant le récit de ce mythologue, indique qu'il préside sur toutes les portes qui s'appellent januae. On le peint tenant d'une main une clé, et de l'autre une baguette, pour marquer qu'il est le gardien des portes, et qu'il préside aux chemins ; quelques-uns prétendent que Janus est le soleil maître des portes du ciel, qu'il ouvre le jour en se levant, et qu'il le ferme en se couchant. Ses statues le représentent offrant de la main droite le nombre de CCC, et de la main gauche celui de LXV, parce qu'il est le dieu de l'année. Dans le culte que nous lui rendons, continue Macrobe, nous invoquons Janus geminus, Janus pater, Janus junonius, Janus consivius, Janus Quirinus, Janus Patuleius, et Janus Clusivius ". Tous ces noms s'entendent d'eux-mêmes.

Comme Janus passa pour un roi sage, prudent et éclairé, on supposa qu'il savait le passé, et qu'il prévoyait l'avenir, et en conséquence de cette idée, on le peignit avec une tête à deux visages, l'une devant, l'autre derrière.

Plutarque dans ses questions romaines, rapporte deux opinions différentes sur les deux têtes adossées de Janus ; c'est, dit-il, ou parce que ce prince étant grec et natif de Perrhebe, il vint en Italie, s'établit parmi des Barbares, et changea de langue et de genre de vie ; ou parce qu'il persuada au peuple grossier du Latium, de s'appliquer à l'Agriculture, et de se policer. Quoi qu'il en sait, on représentait presque toujours Janus avec deux visages ; d'où vient qu'Ovide le félicite fort plaisamment d'avoir seul le privilège de se voir par-devant et par-derrière, solus de superis qui tua terga vides.

Sa monnaie était de l'espèce que l'on appelait ratita, parce qu'elle portait d'un côté sa tête, et au revers un navire, ou la proue d'un vaisseau. Cette monnaie désignait apparemment l'arrivée de Saturne en Italie, quand il se réfugia dans les états de Janus, après avoir été détrôné par son fils Jupiter. On trouve encore aujourd'hui de cette ancienne monnaie dans les cabinets des curieux. (D.J.)

JANUS, (Littérature romaine) les Latins ont donné quelquefois le nom de janus à de grandes arcades fort exhaussées, qui traversent une rue d'un côté à l'autre, comme des arcs de triomphe, et sous lesquelles on passe. Ces janus étaient pour la plupart incrustés et ornés de statues ; Suetone et Publius Victor le disent expressément. Il y avait plusieurs de ces sortes d'arcades dites janus, dans différentes rues de Rome. La seule place romaine, cette place qui formait le quartier des banquiers, des marchands et des usuriers, avait trois janus ou arcades, au rapport de Tite-Live, liv. XLI. savoir une à chaque bout et une troisième au milieu : forum porticibus, tabernisque claudendum, et Janos tres faciendos locavère ; ce sont les paroles de cet historien, qui signifient que Flavius Flaccus enferma la place romaine de portiques et de boutiques, et y fit faire trois janus. Le troisième de ces janus nommé janus medius, était célèbre ; Horace en parle dans une de ses satyres, et Cicéron en plusieurs endroits de ses offices. Le janus medius, dit ce dernier dans sa VI. Philippique, est sous la protection d'Antoine, Antonius jani medii patronus est. On peut voir si l'on juge à propos, l'ancienne Rome du Nardini. (D.J.)




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