(CANAL ou DETROIT DES), Géographie moderne fameux canal qui sépare les deux plus belles parties de la terre, l'Europe et l'Asie. On l'appelle autrement l'Hellespont, le détroit de Gallipoli, le bras de S. Georges, les bouches de Constantinople. Les Turcs le connaissent sous le nom de Boghas ou détroit de la mer Blanche. Il y a beaucoup d'apparence que le nom de Dardanelles vient de Dardane, ancienne ville qui n'en était pas éloignée, et dont le nom même serait peut-être aujourd'hui dans l'oubli, sans la paix qui y fut conclue entre Mithridate et Sylla. Ce canal, qui joint l'Archipel à la Propontide ou mer de Marmara, est bordé à droite et à gauche par de belles collines assez bien cultivées. L'embouchure du canal a près de quatre milles et demi de large, et est défendue par des châteaux dont nous parlerons dans l'article suivant. Les eaux de la Propontide qui passent par ce canal y deviennent plus rapides ; lorsque le vent du nord souffle, il n'est point de vaisseaux qui se puissent présenter pour y entrer, mais on ne s'aperçoit plus du courant avec un vent du sud. Tournefort, voyage du Levant, lettre XIe Article de M(D.J.)

DARDANELLES (châteaux des), Géographie Il y a deux anciens et forts châteaux de la Turquie nommés châteaux des Dardanelles, l'un dans la Romanie, et l'autre dans la Natolie. Ils sont situés aux deux côtés du canal dont nous avons parlé dans l'article précédent. Ce fut Mahomet II. qui les fit bâtir, et on peut les appeler les clés de Constantinople, dont ils sont éloignés d'environ 65 lieues. Il y a deux autres nouveaux châteaux des Dardanelles à l'embouchure du détroit, bâtis par Mahomet IV. en 1659, pour s'opposer aux insultes des Vénitiens. Ils défendent le passage du canal ; cependant une armée qui voudrait forcer le passage, ne risquerait pas beaucoup, ces châteaux étant éloignés l'un de l'autre de plus de quatre milles ; l'artillerie turque, quelque monstrueuse qu'elle paraisse, n'incommoderait pas trop les vaisseaux qui défileraient avec un bon vent ; les embrasures des canons de ces châteaux sont comme des portes cochères : mais les canons qui sont d'une grosseur demesurée n'ayant ni affût ni reculée, ne sauraient tirer plus d'un coup chacun. Qui serait l'homme assez hardi pour oser les charger en présence des vaisseaux de guerre, dont les bordées renverseraient en un instant les murailles des châteaux qui ne sont pas terrassées, et qui enseveliraient les canons et les canoniers sous leurs ruines ? Quelques bombes seraient capables de démolir ces forteresses. Ce sont des réflexions de M. de Tournefort, et les gens de l'art les trouvent très-justes. Art. de M(D.J.)