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Catégorie parente: Logique
Catégorie : Appréhension
(Ordre encyclopédique, Entendement, Raison, Philosophie ou Science, Science de l'homme, Art de penser, Appréhension) est une opération de l'esprit qui lui fait apercevoir une chose ; elle est la même chose que la perception. L'ame, selon le P. Malebranche, peut apercevoir les choses en trois manières ; par l'entendement pur, par l'imagination, par les sens. Elle aperçoit par l'entendement pur, les choses spirituelles, les universelles, les notions communes, l'idée de la perfection, et généralement toutes ses pensées, lorsqu'elle les connait par la réflexion qu'elle fait sur elle-même. Elle aperçoit même par l'entendement pur, les choses matérielles, l'étendue avec ses propriétés ; car il n'y a que l'entendement pur qui puisse apercevoir un cercle et un carré parfait, une figure de mille côtés et choses semblables ; ces sortes de perceptions s'appellent pures intellections ou pures perceptions, parce qu'il n'est point nécessaire que l'esprit forme des images corporelles dans le cerveau, pour se représenter toutes ces choses. Par l'imagination l'âme n'aperçoit que les êtres matériels, lorsqu'étant absens elle se les rend présents en s'en formant, pour ainsi dire, des images dans le cerveau : c'est de cette manière qu'on imagine toutes sortes de figures. Ces sortes de perceptions se peuvent appeler imaginations, parce que l'âme se représente ces objets en s'en formant des images dans le cerveau ; et parce qu'on ne peut pas se former des images des choses spirituelles, il s'ensuit que l'âme ne peut pas les imaginer. Enfin l'âme n'aperçoit par les sens que les objets sensibles et grossiers, lorsqu'étant présents ils font impression sur les organes extérieurs de son corps, et que cette impression se communique au cerveau : ces sortes de perceptions s'appellent sentiments ou sensations.

Quand le P. Malebranche prononce que les choses corporelles nous sont représentées par notre imagination, et les spirituelles par notre pure intelligence, s'entend-il bien lui-même ? De côté et d'autre n'est-ce pas également une pensée de notre esprit, et agit-il moins en pensant à une montagne, qui est corporelle, qu'en pensant à une intelligence, qui est spirituelle ? L'opération de l'esprit, dira-t-on, qui agit en vertu des traces de notre cerveau par les objets corporels, est l'imagination ; et l'opération de l'esprit indépendante de ces traces, est la pure intelligence. Quand les Cartésiens nous parlent de ces traces du cerveau, disent-ils une chose sérieuse ? Avec quelle espèce de microscope ont-ils aperçu ces traces qui forment l'imagination ? et quand ils les auraient aperçues, peuvent-ils jamais savoir que l'esprit n'en a pas besoin pour toutes ses opérations, même les plus spirituelles ?

Pour parler plus juste, disons que la faculté de penser est toujours la même, toujours également spirituelle, sur quelqu'objet qu'elle s'occupe. On ne prouve nullement sa spiritualité, plutôt par un objet que par un autre ; ni plutôt par ce qu'on appelle pure intellection, que par ce qui s'appelle imagination. Les anges ne pensent-ils pas à des objets corporels et à des objets spirituels ? nous avisons-nous pour cela de distinguer en eux l'imagination d'avec la pure intelligence ? ont-ils besoin des traces du cerveau d'un côté plutôt que de l'autre ? Il en est ainsi de nous ; dès que notre esprit pense, il pense absolument par une spiritualité aussi véritable que les purs esprits, soit qu'il s'appelle imagination ou pure intelligence.

Mais quand un corps se présente à notre esprit, ne dit-on pas qu'il s'y forme un fantôme ? Le mot fantôme, admis par d'anciens philosophes, ne signifie rien dans le sujet présent, ou signifie seulement l'objet intérieur de notre esprit, en tant qu'il pense à un corps. Or cet objet intérieur est également spirituel, soit en pensant aux corps, soit en pensant aux esprits ; bien que dans l'un et l'autre cas il ait besoin du secours des sens. Je conclus que la différence essentielle qu'ont voulu établir quelques-uns entre l'imagination et la pure intelligence, n'est qu'une pure imagination. (X)

APPREHENSION, s. f. en terme de Droit, signifie la prise de corps d'un criminel ou d'un débiteur. (H)




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