adj. (Grammaire et Morale) qui est défendu par la loi. Une chose illicite n'est pas toujours mauvaise en soi ; le défaut de presque toutes les législations, c'est d'avoir multiplié le nombre des actions illicites par la bizarrerie des défenses. On rend les hommes méchants en les exposant à devenir infracteurs ; et comment ne deviendront-ils pas infracteurs, quand la loi leur défendra une chose vers laquelle l'impulsion constante et invincible de la nature les emporte sans-cesse ? Mais quand ils auront foulé aux pieds les lois de la société, comment respecteront-ils celles de la nature ; surtout s'il arrive que l'ordre des devoirs moraux soit renversé, et que le préjugé leur fasse regarder comme des crimes atroces, des actions presqu'indifférentes ? Par quel motif celui qui se regardera comme un sacrilege, balancera-t-il à se rendre menteur, voleur, calomniateur ? Le concubinage est illicite chez les chrétiens ; le trafic des armes est illicite en pays étrangers ; il ne faut pas se défendre par des voies illicites. Heureux celui qui sortirait de ce monde sans avoir rien fait d'illicite ! plus heureux encore celui qui en sort sans avoir rien fait de mal ! Est-il, ou n'est-il pas illicite de parler contre une superstition consacrée par les lois ? Lorsque Ciceron écrivit ses livres sur la divination, fit-il une action illicite ? Hobbes ne sera pas embarrassé de ma question ; mais osera-t-on avouer les principes d'Hobbes, surtout dans les contrées où la puissance temporelle est distinguée de la puissance spirituelle ?