adj. (Logique) quand nous avons trouvé la différence qui constitue une espèce, c'est-à-dire, son principal attribut essentiel qui la distingue de toutes les autres espèces, si considérant plus particulièrement sa nature, nous y trouvons encore quelque attribut qui soit nécessairement lié avec ce premier attribut, et qui par conséquent convienne à toute cette espèce et à cette seule espèce, omni et soli, nous l'appelons propriété ; et étant signifié par un terme adjectif, nous l'attribuons à l'espèce comme son propre ; et parce qu'il convient aussi à tous les inférieurs de l'espèce, et que la seule idée que nous en avons une fois formée peut représenter cette propriété, par-tout où elle se trouve, on en a fait le quatrième des termes communs et universaux.

Exemple. Avoir un angle droit est la différence essentielle du triangle rectangle ; et parce que c'est une dépendance nécessaire de l'angle droit, que le carré du côté qui le soutient soit égal aux carrés des deux côtés qui le comprennent, l'égalité de ces carrés est considérée comme la propriété du triangle rectangle, qui convient à tous les triangles rectangles, et qui ne convient qu'à eux seuls.

PROPRE, s. et adj. m. et f. (Langue française) lorsque propre signifie l'aptus des Latins, il se met avec à ou avec pour ; comme, un homme propre à la guerre, propre pour la guerre ; une herbe propre à guérir les plaies. Quand il suit un verbe actif qui a une signification passive, il faut toujours mettre à ; une vérité propre à prêcher ; des fruits propres à confire.

Propre, dans la signification de proprius, veut avoir de après soi. On dit en parlant des femmes, la pudeur est une vertu propre de leur sexe ; et en parlant des princes, la magnanimité est une vertu propre des héros. Bouh.

Se rendre propre, veut dire s'approprier, sibi vindicare ; le dictionnaire de Trevoux en cite l'exemple suivant : " les rais, sans avoir le détail de toutes les qualités des particuliers, se rendent propre à eux tout ce que les particuliers ont de bon ".

On se sert quelquefois de l'adverbe proprement, pour dire, avec justesse et de bonne grâce ; comme, il chante proprement, il danse proprement, etc. (D.J.)

PROPRE, voyez PROPRETE.

PROPRE, adj. (Mathématiques) une fraction propre ou proprement dite, est celle dont le numérateur est moindre que le dénominateur. Voyez IMPROPRE. Tel est 3/4 ou 5/7, qui est réellement moindre que l'unité, et qui est à proprement parler, une fraction. Voyez FRACTION. (E)

PROPRE, (Jurisprudence) on entend par ce terme un bien qui est affecté à la famille en général, ou à une ligne par préférence à l'autre.

On dit quelquefois un bien ou un héritage propre ; quelquefois on dit un propre simplement.

Dans quelques coutumes, au lieu de propre on dit héritage ou ancien, biens avitins, &c.

Les Romains n'ont pas connu les propres tels qu'ils sont en usage parmi nous, ils en ont pourtant eu quelque idée ; et il n'y a guère de nation qui n'ait établi quelques règles pour la conservation des biens de patrimoine dans les familles.

En effet quelque étendue que fût chez les Romains la liberté de disposer de ses biens, soit entre-vifs ou par testament, il y avait dans les successions ab intestat quelque préférence accordée aux parents d'un côté ou d'une ligne, sur l'autre côté ou sur une autre ligne.

Aussi plusieurs tiennent-ils que la règle paterna paternis, materna maternis, que l'on applique aux propres, tire son origine du droit.

M. Cujas, sur la novelle 84, pense qu'elle vient de la loi de emancipatis, cod. de leg. haered. qui défère aux frères du côté du père les biens qui procedent de son côté, et aux frères du côté de la mère, ceux qui procedent du côté de la mère seulement ; et telle est l'opinion la plus commune de ceux qui ont écrit sur cette règle.

M. Jacques Godefroi en tire l'origine de plus loin ; elle descend, selon lui, du code Théodosien, sous le titre de maternis bonis et materni generis, et cretione sublatâ. Par la loi 4 de ce titre, l'empereur établit (contre la disposition de l'ancien droit) que si l'enfant qui a succédé à sa mère ou à ses autres parents maternels, vient à décéder, son père, quoique cet enfant fût en sa puissance, ne lui succede pas en ce genre de biens, la loi les défère ad proximos ; ce qui marque que ce n'est pas seulement aux frères, suivant la loi de emancipatis, mais que cela comprend aussi les collatéraux plus éloignés.

Dans le cas où l'enfant aurait succédé à son père et à ses autres parents du côté paternel, la loi ordonne la même chose en faveur des plus proches du côté du père.

Ces dispositions établissent bien la distinction des lignes ; et ce qui peut encore faire adopter cette origine pour les propres, c'est qu'il est certain que le code Théodosien a été pendant plusieurs siècles le droit commun observé en France.

Pontanus, sur la coutume de Blais, ad tit. de success. croit que cette manière de partage qui defère les héritages propres aux collatéraux des enfants à l'exclusion de leurs pères, s'est introduite parmi nous à l'exemple de ce qui se pratiquait pour les fiefs. Il est constant que l'ancienne formule des investitures était qu'on donnait le fief au vassal pour lui et ses descendants, au moyen de quoi le père en était exclus, et à défaut d'enfants du vassal, le fief passait aux collatéraux ; et comme dans le pays coutumier la plupart des héritages sont possédés en fief, il ne serait pas étonnant que le même ordre de succéder qui était établi pour les fiefs eut été étendu à tous les propres en général, soit féodaux ou roturiers.

M. Charles Dumolin au contraire tient que l'usage des propres est venu des Francs et des Bourguignons, et qu'il fut établi pareillement chez les Saxons par une loi de Charlemagne.

Il est certain en effet que l'héritage appelé alode ou aleu dans la loi salique, n'était autre chose qu'un ancien bien de famille, alode signifiant en cette occasion hereditas aviatica.

Dans la loi des Frisons, l'aleu est nommé proprium, tit. VIIIe liv. II.

Les anciennes constitutions de Sicîle distinguent les propres des fiefs.

Les établissements de S. Louis en 1270, et les anciennes coutumes de Beauvaisis, rédigées en 1283, font mention des propres sous le nom d'héritages. On voit que dès-lors la disposition de ces sortes de biens était gênée. Au commencement on ne pouvait pas les vendre sans le consentement de l'héritier apparent, si ce n'était par nécessité jurée ; dans la suite, celui qui voulait les vendre, après être convenu du prix avec l'acheteur, devait les offrir à ses proches parents, lesquels pouvaient les prendre pour le prix convenu, mais le vendeur n'était pas obligé de faire ces offres aux absens.

On reconnait dans cet ancien droit le germe de nos propres, des réserves coutumières, du retrait lignager, sur lesquels la plupart des nos coutumes contiennent diverses dispositions.

La qualité de propre procede de la loi ou de la convention et disposition de l'homme ; elle peut être imprimée à toutes sortes de biens, meubles et immeubles, avec cette différence que les immeubles sont les seuls biens qui deviennent propres réels, auxquels la loi imprime cette qualité ; au lieu que les meubles ne deviennent propres que par fiction, et seulement par convention ou disposition, et cette fiction n'a pas un effet aussi étendu que la qualité de propre réel.

Ce ne sont pas seulement les maisons, terres, prés, vignes et bois qui sont susceptibles de la qualité de propres réels, mais aussi tous les immeubles incorporels, tels que les rentes foncières, les offices, les rentes constituées. Dans les coutumes où elles sont réputées immeubles, tous ces biens peuvent être réputés propres réels comme les héritages.

La qualité de propre est opposée à celle d'acquêts ou de conquêts.

Lorsque la qualité d'un bien est incertaine, dans le doute on doit le présumer acquêt, parce que la disposition de ces sortes de biens est plus libre.

Les biens sont acquêts avant de devenir propres.

Les acquêts immeubles, qu'ailleurs on appelle conquêts, deviennent propres réels en plusieurs manières ; savoir par succession directe ou collatérale, tant en ligne ascendante que descendante, par donation en ligne directe descendante, par subrogation et par accession ou consolidation.

Tout héritage qui échet par succession directe ou collatérale, ou par donation en ligne, devient propre naissant ; et lorsque de celui qui l'a ainsi recueillie elle passe par succession à un autre, c'est ce que l'on appelle faire souche ; et alors ce propre acquiert la qualité d'ancien propre.

Dans quelques coutumes on ne distingue point les propres anciens des propres naissants ; il y a même des coutumes où les biens ne deviennent propres que quand ils ont fait souche.

Il y a plusieurs cas dans lesquels des acquêts deviennent propres par subrogation, c'est-à-dire lorsqu'ils prennent la place d'un propre.

Par exemple, lorsqu'on échange un propre contre un acquêt, cet acquêt devient propre. Cout. de Paris, article 143.

De même, suivant l'article 94, les deniers provenans du remboursement d'une rente constituée qui appartenait à des mineurs, conserve la même nature qu'avait la rente, et ce jusqu'à la majorité des mineurs.

Dans les partages, un bien paternel mis dans un lot au lieu d'un bien maternel, devient propre maternel. Il en est de même lorsque l'héritier des propres a pris dans son lot un propre d'une autre ligne.

Un héritage propre échu à un cohéritier par licitation ou à la charge d'une soute et retour de partage, lui est propre pour le tout.

Quand on donne à rente un héritage propre, la rente est de même nature.

Les deniers provenans du réméré d'un propre, appartiennent à l'héritier qui avait recueilli ce propre.

Enfin, il y a subrogation quand un propre est vendu pour le remplacer par un autre bien, et qu'il en est fait mention dans le contrat de vente et dans celui de la nouvelle acquisition, que ces deux contrats se sont suivis de fort près, et qu'il est bien constant que la nouvelle acquisition a été faite des deniers provenans du prix du propre vendu.

Un acquêt est fait propre par accession et consolidation, lorsque sur un héritage propre on a construit une maison ou fait quelques augmentations, réparations, embellissements et autres impenses ; de même lorsqu'une portion d'héritage est accrue par alluvion au corps de l'héritage, elle devient de même nature.

Quand un fief servant est réuni au fief dominant suivant la condition de l'inféodation ; ou que l'héritage qui avait été donné à titre d'emphytéose revient en la main du bailleur, soit par l'expiration du bail, soit par la résolution de ce bail faute de payement, l'héritage reprend la même nature qu'il avait au temps de la concession.

Mais dans le cas de la confiscation pour cause de désaveu, ou félonie, ou pour autre crime, ou dans le cas ou de succession par deshérence ou bâtardise, l'héritage échet au seigneur comme un acquêt. Il en est de même quand le seigneur achète le fief de son vassal, ou qu'il le retire par retrait féodal.

L'héritage propre retiré par retrait lignager, est propre au retrayant ; mais dans sa succession l'héritier des propres doit dans l'an et jour du décès rendre le prix de ce propre à l'héritier des acquêts. Coutume de Paris, article 139.

Dans les successions ab intestat, les propres appartiennent à l'héritier des propres à l'exclusion de l'héritier des meubles et acquêts, quoique celui-ci fût plus proche en degré que l'héritier des propres.

En ligne directe, les propres ne remontent point, c'est-à-dire que les enfants et petits-enfants du défunt, et même les collatéraux, sont préférés à ses père et mère ; ceux-ci succedent seulement par droit de retour aux choses par eux données.

En ligne directe descendante, les enfants ou petits-enfants par représentation de leurs pères ou mères, succedent à tous les propres de quelque côté et ligne qu'ils viennent. Ainsi la règle paterna paternis, materna maternis, n'est d'aucun usage pour la ligne directe.

Il n'en est pas de même en collatérale ; pour succéder au propre, il faut être le plus proche parent du côté et ligne d'où le propre lui est advenu et échu.

Dans les coutumes souchères il faut de plus être descendu du premier acquéreur ; au lieu que dans les coutumes de simple côté, il suffit d'être le plus proche du côté paternel ou maternel, selon la qualité du propre ; mais dans les coutumes de côté et ligne, il ne suffit pas d'être le plus proche du côté paternel ou maternel en général, car chaque côté se subdivise en plusieurs lignes ; et pour succéder au propre, il faut dans ces coutumes être le plus proche parent du côté et ligne de celui qui a mis l'héritage dans la famille.

La disposition des propres est bien moins libre que celle des acquêts ; il n'y a guère de coutumes qui ne contiennent quelque limitation sur la disposition des propres.

La plupart permettent bien de disposer entre-vifs de ses propres, mais par testament elles ne permettent d'en donner que le quint ; d'autres ne permettent d'en donner que le quart, d'autres le tiers, d'autres la moitié.

Quelques-unes défendent toute disposition des propres par testament, et ne permettent d'en donner entre-vifs que le tiers.

On ne peut même dans quelques coutumes disposer de ses propres sans le consentement de son héritier apparent, ou sans une nécessité jurée.

Nous avons aussi des coutumes qui subrogent les acquêts aux propres, et les meubles aux acquêts, c'est-à-dire qu'au défaut de propres elles défendent de disposer des acquêts au-delà de ce qu'il est permis de faire pour les propres, et de même pour les meubles au défaut d'acquêts.

La portion des propres que les coutumes défendent de donner, soit entre-vifs ou par testament, est ce que l'on appelle la réserve coutumière des propres ; c'est une espèce de légitime coutumière qui a lieu non seulement en faveur des enfants, mais aussi en faveur des collatéraux.

On peut pourtant vendre ses propres au préjudice de cette légitime, à-moins que la coutume ne le défende.

Comme les propres sont les biens qui ont le plus mérité l'attention des coutumes, elles ont aussi exigé un âge plus avancé pour disposer des propres que pour disposer de ses meubles et acquêts ; car pour les biens de cette espèce, il suffit communément d'avoir 20 ans, au lieu que pour tester de ses propres, il faut avoir 25 ans.

Les dispositions des coutumes qui limitent le pouvoir de disposer les propres, sont des statuts prohibitifs, négatifs, qu'il n'est pas permis d'éluder.

La quotité des propres que les coutumes ordonnent de réserver, doit être laissée en nature, tant en propriété qu'en usufruit ; il ne suffit pas de laisser l'équivalent en autres biens.

Pour fixer la quotité des propres dont on peut disposer par testament, on considère les biens en l'état qu'ils étaient au jour du décès du testateur.

Tous héritiers peuvent demander la réduction du legs ou de la donation des propres, lorsque la disposition excède ce que la coutume permet de donner ou léguer, encore que l'héritier ne fût pas du côté ou de la ligne d'où procede le propre.

Les héritiers des propres, même ceux qui n'ont que les réserves coutumières, contribuent aux dettes comme les autres héritiers et successeurs à titre universel, à proportion de l'émolument.

Outre les propres réels et ceux qui sont réputés tels, il y a encore une autre sorte de propres qu'on appelle propres fictifs ou conventionnels ; on les appelle aussi quelquefois propres de communauté, lorsque la convention par laquelle on les stipule propres, a pour objet de les exclure de la communauté.

Ces stipulations de propre ont différents degrés, savoir propre au conjoint, propre à lui et aux siens, propre à lui et aux siens de son côté et ligne. La première clause n'a d'autre effet que d'exclure les biens de la communauté ; la seconde opère de plus que les enfants se succedent les uns aux autres à ces sortes de biens ; la troisième opère que les biens sont réputés propres jusqu'à ce qu'ils soient parvenus aux collatéraux.

Ces stipulations de propres n'empêchent pas les conjoints et autres qui recueillent ces propres fictifs, d'en disposer selon qu'il est permis par la coutume, à-moins que l'on eut stipulé que la qualité de propre aura son effet, même pour les donations et dispositions.

Toutes ces stipulations sont des fictions qu'il faut renfermer dans leurs termes ; elles ne peuvent être étendues d'une personne à une autre, ni d'un cas à un autre, ni d'une chose à une autre.

On ne peut faire de telles stipulations de propres que par contrat de mariage, par donation entre-vifs ou testamentaire, ou par quelqu'autre acte de libéralité.

Les conjoints ou leurs père et mère peuvent faire ces sortes de stipulations par contrat de mariage.

Les stipulations ordinaires sont suppléées en faveur des mineurs, lorsqu'elles ont été omises dans leur contrat de mariage, et qu'ils en souffrent un préjudice notable.

Les effets de la stipulation de propres cessent, 1°. par le payement de la somme stipulée propre, fait au conjoint, ou à ses enfants majeurs ; 2°. par la confusion qui arrive par le concours de deux hérédités dans une même personne majeure ; 3°. par la cession ou transport de la somme ou de la chose stipulée propre, faite au profit d'une tierce personne, car la fiction cesse à son égard ; enfin elle cesse par l'accomplissement de divers degrés de stipulation, lorsque la fiction a produit tout l'effet pour lequel elle avait été admise.

Les propres reçoivent encore différentes qualifications, que l'on Ve expliquer dans les subdivisions suivantes.

Sur la matière des propres en général, il faut voir l'explication de la loi des propres, et le traité des propres de Renusson ; le traité de la représentation de Guiné ; le Brun, des successions, et le traité de la communauté ; Ricard, des donations ; les commentateurs des coutumes sur la disposition des propres ; les arrêtés de M. de Lamoignon. Voyez aussi les mots ACQUETS, COTE, ESTOC, HERITIER, IMMEUBLES, LIGNE, RETRAIT LIGNAGER, SUCCESSION. (A)

PROPRE AMEUBLI, est celui que l'on répute meuble par fiction, pour le faire entrer en la communauté. Voyez AMEUBLISSEMENT et COMMUNAUTE.

PROPRE ANCIEN, est un immeuble qui nous vient de nos ancêtres, et qui a déjà fait souche dans la famille, c'est-à-dire qui avait déjà la qualité de propre avant qu'il échut à celui qui recueille en cette qualité ; le propre ancien est opposé au propre naissant. Voyez ci-après PROPRE NAISSANT.

PROPRE AVITIN, est la même chose que propre ancien.

PROPRE DE COMMUNAUTE, est tout bien mobilier ou immobilier qui appartient à l'un des conjoints, et qui n'entre pas dans la communauté de biens ; on l'appelle propre, parce que relativement à la communauté cette fiction opère le même effet que si le bien était véritablement propre ; tous les biens que l'on stipule, qui n'entrent point en communauté, ou qui sont donnés aux conjoints à cette condition, sont propres de communauté, c'est-à-dire que la communauté n'y a aucun droit, mais ils ne deviennent pas pour cela de véritables propres de succession et de disposition. Voyez PROPRES DE DISPOSITION et DE SUCCESSION.

PROPRE CONTRACTUEL, est celui qui tire cette qualité d'un contrat. Voyez ci-après PROPRE CONVENTIONNEL.

PROPRE CONVENTIONNEL, est un bien mobilier ou immobilier que les futurs conjoints stipulent propre par leur contrat de mariage, quoiqu'il ne le soit pas en effet ; les propres conventionnels ne sont donc que des propres fictifs et des propres de communauté, c'est-à-dire que relativement à la communauté.

PROPRE DE COTE ET LIGNE, est un propre réel de succession et de disposition qui est affecté à toute une famille, comme du côté et ligne maternelle, ou du côté paternel.

On stipule aussi quelquefois par contrat de mariage, qu'un bien qui n'est pas réellement propre sera et demeurera propre au conjoint, et même quelquefois à lui et aux siens de son côté et ligne. Cette stipulation de propre renferme trois degrés, le premier propre à lui n'a d'autre effet que d'exclure le bien de la communauté ; le second degré propre aux siens a deux effets, l'un d'exclure le bien de la communauté, l'autre est que le bien est tellement affecté et destiné aux enfants et autres descendants du conjoint qui a fait la stipulation de propre, qu'arrivant le décès de quelques-uns des enfants et autres descendants, ils se succedent les uns autres en ces sortes de propres, à l'exclusion de l'autre conjoint leur père, mère, ayeul ou ayeule, etc. de manière que ceux-ci n'y peuvent rien prétendre tant qu'il y reste un seul enfant ou autre descendant.

Le troisième degré de stipulation de propre qui est à lui, aux siens de son côté et ligne, outre les deux effets dont on vient de parler en produit encore un troisième, qui est qu'au défaut des enfants et autres descendants du conjoint qui a fait la stipulation, le bien est affecté aux héritiers collatéraux du même conjoint, à l'exclusion de l'autre conjoint et de ses héritiers ; mais ces propres fictifs ne deviennent pas pour cela de vrais propres de succession ni de disposition, de manière que le conjoint qui a fait la stipulation peut en disposer comme d'un acquêt, et que dans sa succession ils ne sont pas affectés aux héritiers des propres, mais au plus proche parent, comme sont les meubles et acquêts. Voyez l'Institution au Droit français ; d'Argou, liv. III. c. VIIIe et ici les mots PROPRE DE COMMUNAUTE, PROPRE FICTIF.

PROPRE DE DISPOSITION, est celui dont on ne peut disposer que suivant qu'il est permis par la coutume ; c'est une qualification que l'on donne aux propres réels pour les distinguer des propres fictifs, lesquels sont réputés propres à l'effet d'y faire succéder certaines personnes, mais ne sont pas propres de disposition.

PROPRE D'ESTOC ET LIGNE, sont ceux qui sont venus à quelqu'un de l'estoc ou souche dont il est issu ; dans les coutumes souchères on distingue les propres d'estoc des propres de ligne ; dans les autres coutumes ces termes sont synonymes. Voyez COTE et LIGNE, COUTUMES SOUCHERES et ESTOC.

PROPRE FICTIF, est un bien meuble ou immeuble qui n'est propre que par fiction et seulement pour empêcher qu'il n'entre dans la communauté de biens, et que l'un des conjoints ou ses héritiers ne puissent en profiter, soit pour moitié ni pour le tout. Voyez PROPRE DE COMMUNAUTE.

PROPRE DE LIGNE, est celui qui est affecté à une certaine ligne d'héritiers, comme à la ligne paternelle où à la ligne maternelle, ou à ceux qui sont parents du défunt du côté et ligne du premier acquéreur de ce bien devenu propre. Voyez COTE et LIGNE.

PROPRE SANS LIGNE, est un bien qui vient d'une succession collatérale, ou qui est donné par quelqu'un autre qu'un ascendant, à condition qu'il sera propre au donataire ; un tel bien ne peut devenir propre de ligne qu'après avoir fait souche en directe. Voyez le Commentaire de M. Valin, sur la coutume de la Rochelle, article 50. pag. 26.

PROPRE A LUI, cela se dit en parlant d'un bien qui est stipulé propre pour le conjoint ; on ajoute quelquefois ces mots, et aux siens de son côté et ligne, dont on a donné l'explication au mot PROPRE DE COMMUNAUTE.

PROPRE MATERNEL, est celui qui vient du côté de la mère de celui de cujus ; dans les coutumes de simple côté, on ne distingue les propres qu'en paternels et maternels ; dans les coutumes de côté et ligne il ne suffit pas d'être parent du côté d'où vient le propre, il faut aussi être parent du côté et ligne du premier acquéreur.

PROPRE NAISSANT, est celui qui est possédé pour la première fois comme propre ; le bien qui était acquêt en la personne du défunt, devient propre naissant en la personne de l'héritier. Voyez PROPRE ANCIEN.

PROPRE NATUREL, est un immeuble qui acquiert naturellement la qualité de propre, à la différence de celui qui ne l'est que par fiction et par convention.

PROPRE ORIGINAIRE, est celui qui tire cette qualité de son origine, et non de la convention des parties.

PROPRE PATERNEL, est celui qui vient du côté du père. Voyez ci-devant PROPRE MATERNEL.

PROPRE PAPOAL ou DE PAPOAGE, est la même chose que patrimoine, le bien qui vient de nos pères. Voyez Brodeau sur M. Louet, let. P. n. 47. et les coutumes d'Acqs, Saint-Sever, et Solle.

PROPRE REEL ; est un immeuble qui a acquis par succession ou par donation le caractère de propre.

PROPRE DE RETRAIT, est un immeuble qui est propre à tous égards, et même sujet au retrait lignager en cas de vente : on appelle ainsi ces sortes de propres pour les distinguer de certains immeubles qui sont susceptibles de la qualité de propres de succession et de disposition sans être propres de retrait, comme sont les offices et les rentes constituées.

PROPRE AUX SIENS, c'est un bien que l'un des conjoints exclud de la communauté de biens, et qu'il stipule propre, de manière que ses enfants et descendants doivent se succeder les uns aux autres à ce bien, à l'exclusion de l'autre conjoint. Voyez PROPRE DE L'AUTRE CONJOINT et PROPRE DE COMMUNAUTE.

PROPRE DE SUCCESSION, est celui qui dans la succession de quelqu'un, doit passer comme propre à certaines personnes ; ces sortes de propres ont trois caractères distinctifs ; le premier, d'être affectés à la ligne dont ils procedent ; le second, qu'il n'est permis d'en disposer qu'avec certaines limitations réglées par les coutumes ; le troisième, d'être sujet au retrait lignager : les propres réels ou réputés tels sont propres de succession ; les propres fictifs sont aussi en quelque manière propres de succession, en ce que la qualité de propre que l'on y a imprimée, y fait succéder certaines personnes, qui sans cette qualité, n'y auraient pas succédé ; mais ils ne sont pas vraiment propres, n'étant pas affectés aux héritiers des propres, plutôt qu'aux héritiers des acquêts.

PROPRE DE SUCCESSION ET DE DISPOSITION, est un propre réel dont on ne peut disposer que suivant qu'il est permis par la coutume, et qui dans la succession de celui auquel il appartient se règle comme propre.

PROPRE A TOUS EGARDS, est un immeuble qui a tous les caractères de propre réel, c'est-à-dire qui est considéré comme propre, tant pour le retrait qu'en fait de disposition et de succession. (A)

PROPRE, s. f. (Sucrerie) on nomme ainsi dans les sucreries des îles françaises de l'Amérique, la seconde des six chaudières dans lesquelles on cuit le suc des cannes à sucre ; on l'appelle de la sorte, parce que le vesou ou suc qu'on y met au sortir de la première chaudière est déjà purgé de ses plus grosses écumes ; outre que quand on travaille en sucre blanc, on y passe ce suc dans des blanchets, ou morceaux de draps blancs et propres. Savary. (D.J.)