Français

se SOULEVER, (Langue française) ce verbe se dit rarement au propre, excepté des sujets vis-à-vis de leur prince ; le peuple se souleva ; toutes les provinces se sont soulevées, en parlant d'une émotion populaire générale. Les Guises firent soulever plusieurs villes contre Henri III. mais on ne dirait pas que la grande-Bretagne s'est soulevée contre la France en lui déclarant la guerre.

Ce passage, consurget gens in gentem, regnum in regnum, est donc mal traduit, par " on verra se soulever peuple contre peuple, royaume contre royaume ".

(Langue française) Malherbe, Gombaut, Sarrasin, Despréaux et autres poètes, ont employé ce mot dans une signification active, pour signifier produire au dehors.

Tantôt vous soupiriez mes peines,

Tantôt vous chantiez mes plaisirs.

Malh.

Mille esprits abusés en leur sujétion

Vont soupirer leur flâme éloquente et muette.

Gomb.

Tout dort dans la nature, et Daphnis seulement,

Privé de ce repos, soupire son tourment.

Sarrasin.

Ce n'était pas jadis sur ce ton ridicule

adj. SUAVITé, s. f. (Langue française) ces deux mots ne se disent plus qu'en matière de dévotion, d'odeurs et de peinture. Moliere a dit ingénieusement :

J'aurai toujours pour nous, ô suave merveille,

Une dévotion à nulle autre pareille. Tartuffe.

Ces mots dans tous mes sens, font couler à longs traits

Une suavité qu'on ne gouta jamais.

Le même.

Mais ce mot est surtout d'usage dans les écrits de spiritualité. " Cet encens, dit M. Fléchier, que vous avez Ve fumer sur vos autels, et monter vers le ciel en odeur de suavité, est le symbole de vos prières ". Cette expression est prise de l'Ecriture, comme il parait par la Genèse, VIIIe 21. Exode xxix. 41. Lévit. IIe vers. 9. 12. etc. où l'on lit odeur de suavité pour odeur suave, parce que les Hébreux mettent souvent les abstraits pour les concrets. Nous disons la suavité des parfums ; et en fait de peinture, un tableau plein de suavité ; tels sont les tableaux de l'Albane et du Correge. (D.J.)

SUFFISANCE, (Langue française) lorsque suffisant est participe, il signifie seulement qui suffit, comme un ordinaire suffisant, des provisions suffisantes ; mais lorsqu'il est adjectif, il désigne un présomptueux, " rien de plus insupportable dans la vie que ces hommes suffisans, ces femmes suffisantes, qui décident de tout sans rien savoir ". Ce mot ne se prend en bonne part que quand il est joint à un autre qui en détermine la signification. Il ne faudrait donner les premières places de l'état qu'à des gens suffisans, et capables de remplir les grandes charges de la couronne.