S. f. (Grammaire) il y a trois sortes de répétitions ; des répétitions nécessaires, des répétitions élégantes, et des répétitions vicieuses.

Il y a des répétitions si nécessaires, qu'on ne saurait les obmettre, sans faire une mauvaise construction ; exemples : le fruit qu'on tire de la retraite, est de se connaître, et de connaître tous ses défauts. Si l'on disait simplement, le fruit qu'on tire de la retraite est de se connaître et tous ses défauts, on parlerait mal, car se connaître ne serait pas bien construit avec tous ses défauts. Il n'avait point en cela d'autres vues que de lui apprendre, et d'apprendre à chacun par son exemple, à obéir avec soumission, et à mortifier son jugement propre ; apprendre est répété ici, par la même raison que connaître est répété dans le premier exemple.

Il y a d'autres répétitions nécessaires pour la régularité du style, ou pour la netteté ; exemple, d'où viennent tous vos troubles et vos peines d'esprit ? tous ne se construit pas bien avec peines, qui est féminin ; ainsi il faut dire, et toutes vos peines ; mais quand deux substantifs seraient du même genre, il ne faudrait pas laisser de répéter quelquefois tout ; comme l'ancien serpent s'armera contre vous de toute sa malice et de toute sa violence, et non pas de toute sa malice et sa violence. Voici deux exemples qui regardent la netteté : faites état d'acquérir ici une grande patience, plutôt qu'une grande paix ; vous la trouverez cette paix, non pas sur la terre, mais dans le ciel. Le mot de paix répété, rend le discours plus net ; car sans cette répétition, le pronom la pourrait se rapporter à patience aussi-bien qu'à paix. La vue de l'esprit a plus d'étendue que la vue du corps. Si l'on disait que celle du corps, celle serait équivoque avec étendue.

Les répétitions élégantes sont celles qui contribuent à la politesse et à l'ornement ; en voici des exemples ; les grands se plaisent dans les défauts, dont il n'y a que les grands qui soient capables ; j'oublie que je sois malheureux, quand je songe que vous ne m'avez pas oublié ; il s'est efforcé de connaître Dieu, qui par sa grandeur est inconnu aux hommes ; et de connaître l'homme, qui par sa vanité, est inconnu à lui-même. Tout ce qui n'a que le monde pour fondement se dissipe et s'évanouit avec le monde ; le mérite l'avait fait naître, le mérite le fit mourir.

Les maîtres de l'art ont donné quelques règles sur l'emploi des répétitions dans notre langue : 1°. on répète quelquefois agréablement le substantif tout seul ; par exemple, ces hommes qui ne savent que tuer des gens, sont d'étranges gens : 2°. l'adjectif se répète avec beaucoup de grâce ; ceux qui sont nés grands seigneurs n'ont qu'un petit avantage au-dessus des autres, s'ils ne travaillent à devenir de grands hommes : 3°. souvent l'adjectif se répète avec le substantif ; la chaleur de ses mouvements les plus passionnés n'est qu'une fausse chaleur : 4°. la répétition du verbe a de la grâce ; le Maitre a dit dans ses plaidoyers, il s'est efforcé de connaître Dieu, qui par sa grandeur est inconnu aux hommes ; et de connaître l'homme, qui par sa vanité est inconnu à lui-même : 5°. notre langue a certains mots dont la répétition est presque toujours agréable ; telle est le verbe faire, je n'ai fait aujourd'hui que ce que j'ai fait depuis vingt ans : 6°. les prépositions doivent être nécessairement répétées, quand le second substantif est réellement distingué du premier, sans qu'il faille considérer s'ils sont synonymes ou approchans, différents ou contraires ; ainsi il faut dire, les Poètes diffèrent les uns des autres par la variété des sujets qu'ils imitent, et par la manière de l'imitation, et non pas, et la manière de l'imitation.

C'en est assez sur la répétition en grammairien, il faut présentement la considérer dans l'art oratoire. Voyez donc l'article suivant. (D.J.)

REPETITION, (Art oratoire) le mot en porte la définition :

On égorge à la fois les enfants, les vieillards,

Et le frère et la sœur, et la fille et la mère.

La répétition de la conjonction et semble multiplier les meurtres, et peindre la fureur du soldat. Quelquefois le mot répété est au commencement de différentes phrases qui arrivent toutes à la fîle sous le même chef.

Ici je trouve le bonheur,

Ici je vis sans spectateur,

Dans le silence littéraire ;

Loin de tout importun jaseur,

Loin des froids discours du vulgaire,

Et des hauts tons de la grandeur.

Loin de ces troupes doucereuses,

Où d'insipides précieuses,

Et de petits fats ignorants,

Viennent conduits par la folie,

S'ennuyer en cérémonie,

Et s'endormir en compliment.

Loin de ces plates coteries,

Où l'on voit souvent réunies

L'ignorance en petit manteau,

La bigoterie en lunettes,

La minauderie en cornettes,

Et la réforme en grand chapeau.

Loin, etc.

Quelquefois c'est une exclamation répétée,

O rage, ô désespoir, ô fureur ennemie !

Quelquefois c'est la répétition des mêmes mots. J'ai tué, j'ai tué, non un Spurius Métellus, non, &c.

Me me adsum qui feci, in me convertite ferrum.

Virgile.

" C'est moi, c'est moi, vous dis-je, qui ai lancé le trait, portez sur moi vos armes vengeresses. "

La Fontaine se sert avec une grâce naïve de la répétition dans une de ses fables :

Et puis la papauté vaut-elle ce qu'on quitte ;

Le repos, le repos, trésor si précieux,

Qu'on en faisait jadis le partage des dieux !

La répétition du mot est encore dans certaines occasions plus forte et plus pressante, quand elle est séparée par d'autres mots : " Catilina vous vivez néanmoins, et vous vivez, non pour changer de conduite, mais pour devenir plus audacieux ; et ailleurs, j'ai vu, quelle indignité ! j'ai Ve de mes yeux les biens du grand Pompée, etc. "

Quintilien cite plusieurs traits de la répétition des mêmes choses en différents termes : " C'est le trouble et l'égarement qui s'est emparé de son esprit ; c'est l'usage de ses crimes qui l'a aveuglé : ce sont les furies ; oui les furies elles-mêmes qui l'ont poussé dans le précipice. "

D'autres fois la répétition d'un même nom imprime de la force au discours : " Ah, Coridon ! Coridon " ! Mais la harangue de Cicéron contre Rullus, qui voulait faire passer une loi préjudiciable à l'intérêt de la république. Ve nous donner un exemple de la répétition du nom de Rullus, également heureux et bien placé : " Quel est l'auteur de cette loi nouvelle (dit Cicéron) ? Rullus. Qui est celui qui prétend priver du droit de suffrage la plus grande partie du peuple ? Rullus. Qui est-ce qui a un secret tout prêt pour ne faire sortir de l'urne que les noms des tributs où il croit avoir le plus de crédit ? Rullus. Qui nommera les décemvirs selon ses vues et ses intérêts ? Rullus. Qui sera le premier de ces décemvirs ? faut-il le demander ? Rullus. Enfin qui sera le maître absolu des biens de l'état ? le seul Rullus. Voilà, Messieurs, comment on vous traite, vous qui êtes les maîtres et les rois des nations ! A peine une si honteuse prévarication serait-elle soufferte sous l'empire d'un tyran, et dans une société d'esclaves.

S'il y a des répétitions de mots pour donner de la force au discours, il y a des répétitions d'une même pensée sous des ornements différents, qui tendent au même but. Une pensée importante qui passe comme un éclair, n'est guère qu'aperçue ; si on la répète sans art, elle n'a plus le mérite de la nouveauté. Que faire, il faut la présenter plusieurs fais, et chaque fois avec des décorations différentes ; de manière que l'âme, occupée par cette sorte de prestige, s'arrête avec plaisir sur le même objet, et en prenne toute l'impression que l'orateur se propose de lui donner. Qu'on observe la nature quand elle parle en nous, et que la passion seule la gouverne ; la même pensée revient presque sans-cesse, souvent avec les mêmes termes ; l'art suit la même marche, mais en variant peu le dehors.

Hé quoi ! vous ne ferez nulle distinction

Entre l'hypocrisie et la dévotion ?

Vous les voulez traiter d'un semblable langage,

Et rendre même honneur au masque qu'au visage ?

Egaler l'artifice à la sincérité,

Confondre l'apparence avec la vérité,

Estimer le fantôme autant que la personne,

Et la fausse monnaie à l'égal de la bonne.

Il n'est point d'inattention qui tienne contre une pensée si obstinée à reparaitre, il faut qu'elle entre dans l'esprit et qu'elle s'y établisse, malgré toute résistance. Il y a grande apparence, dit M. le Batteux, dont j'ai emprunté tant de choses ici, il y a grande apparence, que c'est là le copia rerum et sententiarum des Latins ; cette abondance vigoureuse qui fait le discours, plein de verve, roule à grands flots, et emporte tout avec elle.

Enfin les maîtres de l'art conviennent que les répétitions faites à propos, contribuent beaucoup à l'élégance du discours, et surtout à la dignité des vers ; Malherbe en particulier en connaissait bien le mérite, et s'en est servi souvent avec succès. Il dit au roi :

Quand la rébellion, plus qu'une hydre féconde,

Aurait pour te combattre, assemblé tout le monde,

Tout le monde assemblé s'enfuirait devant toi.

Mais la répétition latine qui a servi de modèle à Malherbe est encore meilleure.

Pan etiam Arcadiâ mecum si judice certet,

Pan etiam Arcadià dicet se judice victum. (D.J.)

REPETITION, (Jurisprudence) est l'action de demander en justice quelque chose qui nous appartient, ou qui nous est dû.

Quelquefois le terme de répétition signifie la réitération d'un acte ou d'un fait.

Répétition de retrait qui a lieu dans quelques coutumes, est lorsque le lignager le plus éloigné qui a été evincé dans son acquisition par le lignager plus prochain, retire à son tour l'héritage sur l'étranger, auquel le lignager plus prochain l'a vendu.

Répétition de témoins, est une nouvelle audition de témoins qui ont déjà été entendus dans la même affaire ; ce qui arrive lorsqu'ayant déposé dans une enquête, le procès civil est converti en procès criminel ; car comme on ne convertit point les enquêtes en informations, quoique les informations puissent être converties en enquêtes, on fait entendre dans l'information les témoins qui ont été entendus dans l'enquête ; ce qui s'appelle répéter les témoins. (A)

REPETITION, terme de Musique, et de Théâtre, c'est l'essai que l'on fait en particulier d'une pièce que l'on veut exécuter en public, pour que les acteurs puissent prévoir leurs parties, pour qu'ils se concertent et s'accordent bien ensemble, et pour qu'ils puissent rendre exactement ce qu'ils ont à exprimer, soit pour le chant, soit pour la déclamation ou les gestes ; ainsi on dit répéter une comédie, un opéra, un motet, etc.

Répétition en Musique, est encore la réitération d'un même air, d'un morceau de chant, même d'une note, etc. Voyez REPRISE. (S)

REPETITION, (Horlogerie) montre ou pendule à répétition ; c'est une montre ou pendule qui ne sonne l'heure et les quarts, etc. que lorsqu'on pousse le poussoir, ou que l'on tire le cordon.

On doit cette invention aux Anglais ; ce fut en 1676, vers la fin du règne de Charles II. qu'un nommé Barlou inventa les pendules à répétition : cette nouveauté excita l'émulation de la plupart des horlogers de Londres, qui s'attachèrent à l'envi à faire des pendules de cette espèce : ce qui en produisit en peu de temps un très-grand nombre construites de toutes sortes de façons. On continuait toujours à faire de ces pendules, lorsque sur la fin du règne de Jacques II. le même Barlou ayant imaginé de faire des montres de la même espèce, et en ayant en conséquence fait faire une par M. Tompion, le bruit courut parmi les Horlogers, qu'il voulait la présenter à la cour, pour obtenir un privilège exclusif pour ces sortes de montres. Là-dessus quelques-uns d'entr'eux ayant appris que Quare, un des plus habiles horlogers que les Anglais aient jamais eu, avait inventé quelque chose de semblable, ils le sollicitèrent de s'opposer au privilège de Barlou. Ils s'adressèrent donc tous les deux à la cour, et une montre de l'une et l'autre construction ayant été présentée au roi dans son conseil ; le roi après avoir fait l'épreuve de l'une et de l'autre, donna la préférence à celle de M. Quare ; ce qui fut rendu public dans la gazette de Londres.

Voici la différence de ces deux répétitions : dans celle de Barlou on faisait répéter la montre en poussant en-dedans deux petites pièces situées l'une d'un côté de la boite, l'autre de l'autre. La première faisait sonner les heures, et l'autre les quarts : dans celle de Quare une seule cheville située près du pendant servait à ces deux effets ; car en la poussant comme cela se fait encore aujourd'hui, la montre sonnait l'heure et les quarts.

On a fait des pendules et des montres à répétition de tant de constructions différentes, que ce serait un grand travail que d'entreprendre de donner une description de chacune en particulier, nous nous contenterons de parler de celles qui sont les meilleures et le plus en usage.

Comme les pendules à répétition sont d'un plus grand volume que les montres, et que les machines en sont plus sensibles, nous commencerons par en expliquer la mécanique.

Description d'une pendule à répétition. Voyez dans nos figures, Planches de l'Horlogerie, une pendule à répétition, dont le cadran est ôté ; au moyen de quoi on voit toutes les pièces de la cadrature. La fig. 31 représente le calibre de cette répétition. A B C D E, sont les roues du mouvement, comme dans les pendules ordinaires, et F G H I, celles du rouage de la répétition, les roues G H et le volant ne servent, comme dans toutes les sonneries, qu'à ralentir la vitesse du rouage. Voyez SONNERIE.

Le cercle 79, qui représente la grande roue du rouage d'un côté, porte 12 chevilles, 1, 2, 3, etc. et de l'autre que l'on ne voit pas, trois seulement.

Ces 12 chevilles servent pour faire sonner les heures ; les trois autres pour faire sonner les quarts ; le rochet F est adapté à un arbre de barillet, dont l'extrémité formée en carré, passe au-travers la platine des piliers p p, figure 32, et porte la poulie b : il faut supposer cet arbre perpendiculaire au plan de la platine de dessus D D, et entrant dans un barillet attaché fixément à celle des piliers P P, ce barillet contient un ressort, qui, comme il a été expliqué à l'article BARILLET, est accroché à l'arbre et au barillet, de façon qu'en tournant l'arbre ou le rochet dans le sens 3, 2, 1, figure 31, on bande le ressort. Le rochet F est adapté avec la grande roue 79, comme la fusée d'une montre avec sa grande roue, et au moyen de l'encliquetage, il peut lorsque l'on bande le ressort, tourner de 3 en 2 sous la roue ; mais lorsque le ressort se débande, tournant alors en sens contraire de 2 en 3, il entraîne la roue avec lui, et par ce moyen, ses chevilles 1, 2, 3, etc. lève la bascule K, qui sert à faire frapper le marteau : K n'est que le plan de cette bascule ; on la voit mieux en B B, figure 32, où celle-là et celles des quarts sont adaptées sur leurs tiges. Venons à la cadrature.

On la voit représentée en détail dans les figures 33 et 34. T, figure 33, est la chaussée ou roue de chaussée ; cette roue, comme on l'a dit à l'article CHAUSSEE, fait un tour par heure, et porte l'aiguille des minutes. Sur cette roue T t, est placé fixément le limaçon des quarts Q et q ; sur ce limaçon est joint la surprise R et r, qui y est retenue par une virole 4, 4, figure 34. on en verra l'usage plus bas. X Xe est la roue des minutes, A est l'étoîle qui fait son tour en 11 heures ; on en voit le profil en a, figure 34, Z et z est le sautoir ou valet qui fait échapper promptement une dent de l'étoîle à chaque heure. Voyez VALET. Sur l'étoîle A, est adapté fixément le limaçon des heures B ; D est le rateau ou la crémaillere qui est mue au moyen du pignon E, fixé sur la poulie G, et dont g e i, est le profil ; M L est la main, et m l son profil.

La figure 34 représente la platine dont on a ôté toutes les pièces, et où on voit seulement leurs places, la figure 34, n °. 2. cette même platine vue de profil avec les chevilles sur lesquelles portent les pièces ; la place de chaque pièce est exprimée par une ligne ponctuée qui indique la cheville sur laquelle elle doit être posée ; 3 et 4, figure 34, sont deux ressorts. Supposant toutes ces pièces remises sur leur platine, comme dans la figure 32, nous allons expliquer leurs effets.

Avant cependant d'entrer dans aucun détail là-dessus, il est bon de se rappeler quels sont les effets que la pendule à répétition doit produire : ils sont au nombre de quatre : il faut lorsque l'on tire le cordon, 1°. que la pendule sonne ; 2°. qu'elle sonne l'heure ; 3°. qu'elle sonne aussi les quarts, si elle en doit sonner, selon l'heure marquée par les aiguilles ; enfin, il faut qu'ayant une fois répété l'heure juste, elle continue de le faire tant que la pendule ira. On Ve voir comment les pièces que nous venons de décrire, par leurs constructions et leurs dispositions respectives, exécutent tous ces effets.

En tirant le cordon V V, attaché à la poulie G, on la fait tourner de G vers D ; cette poulie entrant carrément, comme nous l'avons dit, sur l'arbre de barillet, elle ne peut tourner sans qu'il tourne aussi dans le même sens, c'est-à-dire de 3 en 2, etc. figure 31 ; mais c'est le sens dans lequel il bande le ressort, et dans lequel il peut tourner indépendamment de la roue 79, même figure : par conséquent cette roue restera fixe, et le ressort sera bandé d'une quantité proportionnelle à l'arc parcouru par la poulie ; ainsi plus cet arc sera grand, plus il sera bandé ; maintenant si on lâche le cordon, le ressort en se débandant fera tourner l'arbre de barillet en sens contraire, et conséquemment la roue en même temps qui parcourra par ce moyen un arc égal à celui que la poulie avait parcouru en sens contraire par le mouvement du cordon. Les chevilles rencontrant alors la bascule du marteau des heures, le fera frapper sur le timbre. D'où l'on voit 1°. comment en tirant le cordon on fait sonner la pendule ; pour concevoir ensuite comment elle sonne un nombre de coups déterminés, on remarquera que le rateau D engrene dans le pignon E adapté à la poulie ; qu'ainsi on ne peut la faire tourner sans faire mouvoir aussi le rateau, et que l'arc qu'il décrit est toujours proportionnel à l'espace parcouru par la poulie. Par conséquent que s'il parcourt un grand arc, la poulie parcourra un grand espace ; le ressort sera beaucoup bandé, et en se débandant, il fera parcourir à la roue 79, figure 31, un grand arc ; ce qui fera passer un plus grand nombre de chevilles devant la bascule, et la fera par conséquent frapper un nombre de coups toujours proportionnel à l'arc parcouru par le rateau. Pour faire donc que ce nombre de coups soit différent et toujours semblable à l'heure marquée ; la queue H H du rateau, lorsqu'on tire le cordon, Ve s'appuyer sur le degré B du limaçon des heures, de façon, par exemple, que lorsqu'elle porte sur le degré D D du plus grand rayon, la poulie a décrit un petit arc ; le ressort a été peu bandé, et en se débandant il fera parcourir un arc à la roue, tel qu'il ne passera qu'une cheville sur la bascule du marteau, qui en conséquence ne frappera qu'un coup. Si l'on suppose au contraire que le limaçon soit dans une autre situation, telle, par exemple, que la queue du rateau s'enfonce jusque dans le degré o o du plus petit cercle ; alors le ressort sera bandé tout ce qu'il peut l'être, et en se débandant il fera parcourir à la roue un espace tel que les 12 chevilles passeront toutes sous la levée de la bascule du marteau, et feront en conséquence sonner 12 coups : d'où il est clair, 1°. qu'en tirant le cordon, la pendule sonnera ; 2°. qu'elle sonnera un certain nombre de coups déterminé par le limaçon des heures. Pour que ce nombre de coups soit toujours égal à l'heure marquée par l'aiguille, l'étoîle saute d'une dent toutes les heures au moyen de la cheville K fixée sur la surprise. Ainsi supposant qu'il soit midi et demi à la pendule, et qu'elle aille dans une demi-heure, la surprise fera sauter l'étoîle d'une dent ou de la douzième partie de son tour, et changera le degré répondant à la queue H du rateau ; de façon que ce sera alors le degré D D, portion du plus grand cercle, pour qu'alors la pendule ne sonne qu'une heure ; ainsi le limaçon étant une fois situé de façon que la pendule répète l'heure précise marquée par les aiguilles, tant qu'elle continuera d'aller, elle répétera constamment l'heure juste.

Ainsi, lorsqu'on tire le cordon, on voit 1°. comment la pendule sonne ; 2°. comment elle sonne un nombre de coups déterminé ; et 3°. comment ce nombre s'accorde toujours avec l'heure marquée par les aiguilles ; on Ve voir maintenant comment elle sonne les quarts.

La main, ou pièce des quarts M est mobîle autour du pivot N, et au moyen du ressort 4, dès qu'elle est libre, sa queue, fig. 34. Ve s'appuyer sur le limaçon des quarts Q, fig. 30. qu'on doit supposer ici être immédiatement au-dessus de la surprise : à mesure que cette queue 4 s'approche du centre, les dents I s'éloignent du point E ; entre ces dents I s'engage une cheville qui tient à la poulie. Lors donc qu'on tire le cordon, cette poulie tournant, la cheville se dégage d'entre les dents, et la main étant alors en liberté, sa queue L vient s'appuyer sur les degrés du limaçon des quarts dans la situation P C, alors la pendule sonne comme nous l'avons expliqué ; mais lorsqu'elle a une fois sonné les heures, la cheville de la poulie rencontrant l'une des dents de la main, l'entraîne avec elle, si elle entre dans la première en d, elle la ramene, et s'appuyant sur le fonds de la fente, elle est arrêtée de façon que la poulie ne pouvant plus tourner, la pendule ne sonne point de quarts ; si au contraire la queue de la main s'appuie sur le plus petit des degrés du limaçon, les dents I étant alors fort éloignées de la cheville après que l'heure est sonnée, la poulie peut encore tourner, et par conséquent la roue aussi, ce qui fait sonner les trois quarts ; ainsi selon la dent de la main dans laquelle la cheville de la poulie entre, la pendule ne sonne point de quarts, ou en sonne un, ou deux, ou trois, et comme le limaçon des quarts fait un tour par heure, il s'ensuit que de quart-d'heure en quart-d'heure sa position changeant, la pendule sonnera dans ces différents temps les quarts marqués par les aiguilles. Tout ceci bien entendu, on a dû comprendre comment la répétition fait tous les effets réquis ; 1°. comment lorsque l'on tire le cordon, elle sonne ; 2°. comment elle sonne un nombre de coups déterminés ; 3°. comment ce nombre s'accorde toujours avec les aiguilles ; et enfin de quelle manière elle sonne les quarts.

Cette répétition telle que nous venons de la décrire, est l'ancienne répétition à la française ; elle a un grand défaut, c'est que soit qu'on tire le cordon peu ou beaucoup, elle sonne toujours, de manière que si on ne le tire pas assez pour que la queue du rateau vienne s'appuyer sur les degrés du limaçon des heures, elle ne répétera pas l'heure juste ; à la vérité la pendule sonnera toujours, mais ce sera plusieurs heures de moins que celle qui est marquée par les aiguilles. Les horlogers appellent ces sortes de pendules, pendules à répétition sans tout ou rien, et celle qui, si elles sonnent, le font toujours d'une manière juste, pendules à répétition à tout ou rien.

Description d'une pendule à répétition à tout ou rien. La fig. 52. Pl. II. de l'horlogerie, représente la cadrature d'une pendule de cette espèce ; cette répétition diffère des autres en ce que la cadrature est placée sur la platine de derrière, ce que l'on reconnait par la lentille, au lieu de l'être sur la platine du cadran comme dans celle que nous venons de décrire ; cette disposition a été imaginée par M. le Roi, horloger, en 1728 : pour que les pièces de la cadrature pussent avoir plus de grandeur et que l'on en vit mieux les effets dans cette cadrature ; la cremaillere A A représente le rateau de la répétition que nous venons de décrire, elle engraine de même dans un pignon caché par le rochet F, fixé sur l'arbre de la grande roue de sonnerie ; cette roue est ajustée avec le barillet, de la même façon que dans la répétition que nous venons de décrire, de sorte qu'en tirant la cremaillere de A en q on bande le ressort etc. Le rochet F est fixé sur le même arbre, ainsi en faisant tourner le pignon, on le fait tourner aussi, et les dents de ce rochet rencontrent la levée ou l'échappement du marteau des heures ; cette levée est disposée de façon que la pièce CGT étant dans le repos, comme dans la fig. le rochet tourne sans la rencontrer, tellement que tant que cette pièce CGT reste dans cette situation, la pendule ne sonne point ; lorsqu'on tire le cordon la queue q de la cremaillere vient s'appuyer, de même que dans la répétition précédente, sur le limaçon des heures B ; mais voici en quoi cette répétition diffère de l'autre et ce qui fait qu'elle sonne l'heure juste ou qu'elle ne sonne point du tout. L'étoîle tourne sur un pivot qui au lieu d'être fixé à la platine, comme dans la répétition précédente, est formé par la vis V après qu'elle a traversé le tout ou rien IV ; cette dernière pièce mobîle autour du point P, est poussée continuellement vers la cheville L par le ressort R, qui s'appuie contre la cheville du valet E, cependant elle peut en s'abaissant décrire un petit arc dont la grandeur est déterminée par le diamètre du trou de la cheville L qui ne lui permet pas de descendre au-delà d'un certain point. La pièce CGT, appelée la pièce des quarts mobîle autour du point W, fait la fonction de la main, elle est retenue en repos ou dans la situation où on la voit dans la fig. par deux pièces ; 1°. par le doigt d adapté à carré sur l'arbre du rochet, lequel vient s'appuyer pour cet effet sur la cheville o fixée sur cette pièce ; et 2°. par le bec M du tout ou rien qui retient la queue X de cette pièce ; lorsqu'elle est dégagée du doigt d et du bec M, elle tourne de G en T au moyen du ressort r r et vient reposer par sa partie T sur la pièce H qui est ici le limaçon des quarts, et qui fait comme lui un tour par heure.

Voici l'effet de ces pièces, lorsqu'au moyen du cordon on tire la crémaillere, on fait tourner le rochet F, et le doigt d tournant en même temps de o vers C, la pièce des quarts n'est plus retenue que par le bec M du tout ou rien, si la crémaillere ne descend pas assez pour que la queue q s'appuie sur les degrés du limaçon, l'échappement du marteau n'étant pas libre, la pièce des quarts le tenant toujours hors de prise, le rochet retourne sans le rencontrer et la pendule ne sonne pas ; si au contraire elle vient s'y appuyer, et fait baisser un peu le tout ou rien, en sorte que son bec M ne retienne plus la queue X de la pièce des quarts, cette pièce tombe alors, dégage l'échappement du marteau et vient porter sur le limaçon des quarts, l'échappement du marteau étant alors en prise, le rochet en retournant le rencontre et fait frapper le marteau des heures autant de coups qu'il y avait de dents du rochet de passées ; l'heure étant sonnée, la pièce des quarts est ramenée par le doigt d qui en tournant rencontre la cheville o de cette pièce, et ses dents rencontrant l'échappement des marteaux, font sonner les quarts ; on entend facilement qu'ici la cremaillere et la pièce des quarts sont disposées de même que dans la répétition précédente, c'est-à-dire que selon que la queue q de la cremaillere repose sur des degrés plus ou moins profonds du limaçon, la pendule sonne plus ou moins de coups, et de même que selon que la partie T de la pièce des quarts appuie sur les degrés 0, 1, 2 etc. du limaçon des quarts, la pendule sonne l'heure simplement, ou sonne un ou deux quarts etc.