S. f. terme de Grammaire ; c'est un terme abstrait pour marquer la descendance, &, pour ainsi dire, la généalogie des mots. On se trompe souvent sur la dérivation des mots.

Dérivé, ée, part. pass. de dériver, terme de Grammaire : ce mot se prend substantivement, comme quand on dit le dérivé suppose un autre mot dont il dérive. On appelle dérivé, un mot qui vient d'un autre qu'on appelle primitif. Par exemple, mortalité est dérivé de mort, légiste de lex. Ce mot dérivé vient lui-même de rivus, ruisseau, source, fontaine où l'on puise. Notre poésie ne souffre pas la rime du dérivé avec le primitif, comme d'ennemi avec ami. (F)

DERIVATION, terme de Médecine, par lequel on exprime le cours des humeurs qui sont détournées d'une partie vers une autre, où elles se portent en plus grande abondance, respectivement à l'état naturel ; en sorte que celle-ci en soit plus chargée, à proportion de ce que celle-là n'en reçoit point : ainsi la dérivation est opposée à la révulsion. Voyez REVULSION.

L'un et l'autre terme sont employés particulièrement pour donner l'idée des effets de la saignée, au moyen de laquelle le sang se portant par les lois d'Hydraulique observées dans la machine humaine, vers l'endroit où il y a moins de résistance, est dérivé des autres parties voisines, et des rameaux mêmes, vers le tronc du vaisseau ouvert. Il s'est fait une grande révolution dans la doctrine de la dérivation et de la révulsion, à l'égard des saignées, surtout depuis qu'a paru le célèbre traité du cœur de M. Senac. Voyez SAIGNEE.

On appelle aussi dérivation, le mouvement des humeurs qui se portent vers une partie relâchée par le bain, les fomentations, dans celles qui sont moins pressées que les voisines ; par l'effet des ventouses, par la suction, qui diminuent le poids de l'atmosphère, etc.

On emploie encore ce terme de dérivation, pour désigner l'effet de certaines évacuations, comme celles qui se font par la voie des selles, des sueurs, des urines, qui, à proportion qu'elles sont plus augmentées, diminuent davantage toutes les autres, parce que la matière de celles-ci se porte vers les couloirs de celles-là ; ainsi les purgatifs servent souvent à détourner l'humeur qui se porte trop abondamment vers les reins, comme dans l'inflammation de ce viscère, dans le diabetes. Les humeurs étant attirées vers les intestins, y sont dérivées des voies des urines, etc.

Les cautères, les sétons, servent aussi à faciliter la dérivation des humeurs vers une partie moins essentielle, en les attirant par la résistance diminuée, et en détournant ainsi les fluxions de certaines parties qu'il est plus important de conserver saines. Voyez CAUTERE, DIABETES, FLUXION, etc. (d)