v. act. neut. (Grammaire) il y a peu de verbes qui aient un aussi grand nombre d'acceptions : il signifie posséder ; tenir une lettre, un livre, un pistolet, un glaive, l'encensoir, le sceptre, une place, la campagne, la vie d'un autre ; à la gorge, aux cheveux, en prison, par la main, à un mur, à un clou, à un filet, à un grand, à quelqu'un, par des liaisons, par intérêt, par amitié, par gout, par son poste ; à son roi, à sa maîtresse, à ses enfants, à sa femme, à son culte, à son gouvernement, à son pays, à ses maîtres ; contre la raison, la violence, la persécution, le mauvais temps, l'orage, le froid, la pluie, la chaleur ; de son père, de sa mère ; du bleu, du jaune, du violet, de l'or, de l'argent, du cuivre, ou tel autre alliage ; chapitre, assemblée, conseil, concert ; la main à l'exécution, l'oeil à la chose, sa parole, son serment, à l'humeur, à la vertu, à la haine ; la plume, la caisse, la bourse, boutique, magasin, salle d'arme, auberge, académie, manège, table, son coin, son quant-à-moi, son sérieux ; un muid, une pinte, un grand nombre d'objets, beaucoup de monde, à ses frais et dépens, à gage, à titre d'écuyer, de femme de compagnie ; en alarme, en joie, en suspens, la mer, un mauvais propos, un discours ingénieux et poli ; le dez, la conversation, la balle, la queue de la poêle, etc. d'où l'on voit que de quelque manière que ce verbe s'emploie, il marque toujours une sorte de jouissance ou de possession.

TENIR, dans le Commerce, a un très-grand nombre d'acceptions dont voici les principales.

Tenir port ; c'est rester un certain temps fixé par les règlements de police dans les ports où les voituriers par eau arrivent pour y vendre les grains, bois, vins, charbons, etc. et autres denrées dont ils sont chargés. A Paris les voituriers par eau doivent tenir port quinze jours pour toutes sortes de marchandises, à l'exception des vins pour lesquels ils les doivent tenir pendant un mois.

Tenir magasin, se dit des marchands en gros qui n'étalent pas leurs marchandises dans des boutiques sur la rue, mais qui les tiennent renfermées dans des magasins où ils les vendent en pièces ou balles. Voyez MAGASIN.

Tenir boutique ; c'est occuper une boutique, et y faire commerce de quelque marchandise. Voyez BOUTIQUE.

Tenir la caisse ; c'est chez les marchands, négociants et banquiers être préposé pour recevoir ou payer les sommes qui entrent dans la caisse ou qui en sortent, et d'en tenir registre. Voyez CAISSE.

Tenir la banque ; faire le négoce d'argent qu'exercent les marchands banquiers. Voyez BANQUE.

Tenir les livres ; terme de négoce et de banque ; c'est avoir soin de porter et d'écrire sur des registres qui ont différents noms, suivant les usages auxquels ils sont destinés, les marchandises qui sont achetées ou vendues par un négociant, l'argent qui entre dans une caisse ou qui en sort, les dettes actives ou passives, et autres choses semblables, que nous avons amplement expliquées, aussi-bien que les différentes manières de tenir les livres, tant en France que dans les pays étrangers sous le mot LIVRES. Voyez aussi TENUE DE LIVRES.

Tenir compte ; c'est faire entrer quelque marchandise ou quelque somme qu'on a reçue d'un autre dans le chapitre de la recette de son compte. Voyez COMPTE. Diction. de commerce.

TENIR, (Marine) ce terme pris dans le sens général, est synonyme à prendre et à amarrer : mais il a différentes significations, suivant qu'il est joint avec un autre, comme on Ve le voir dans les articles suivants.

TENIR AU VENT, (Marine) c'est naviguer avec le vent contraire.

TENIR EN GARANT, (Marine) Voyez GARANT.

TENIR EN RALINGUE, (Marine) V. RALINGUE.

TENIR LA MER, (Marine) c'est être et demeurer à la mer.

TENIR LE BALANT D'UNE MANOEUVRE, (Marine) c'est amarrer le balant d'une manœuvre, afin qu'elle ne balance pas.

TENIR LE LARGE, (Marine) c'est se servir de tous les vents qui sont depuis le vent de côté, jusqu'au vent d'arrière inclusivement. Voyez LARGUE.

TENIR LE LIT DU VENT, (Marine) c'est se servir d'un vent qui semble contraire à la route. Voyez ALLER A LA BOULINE.

TENIR LE LOF, (Marine) Voyez LOF.

TENIR LE VENT, (Marine) c'est être au plus près du vent.

TENIR SOUS VOILES, (Marine) c'est avoir toutes les voiles appareillées, et être prêt à faire route.

TENIR UN BRAS, (Marine) c'est haler un bras et l'amarrer.

TENIR UNE MANOEUVRE, (Marine) c'est attacher une manœuvre ou l'amarrer.

TENIR A L'ARBRE, (Jardinage) on se sert de ce terme pour les fruits qui ne tombent pas aisément de l'arbre, tels que les poires de Martin-sec, de franc-réal.

TENIR DE CHAIR, terme de Chamoiseur ; c'est donner aux peaux de mouton, de chèvre, et autres peaux de cette sorte qu'on passe en huîle ou en chamois, une façon sur le chevalet ; après qu'elles ont été effleurées, et avant que de les mettre à la rivière pour les faire boire. Cette façon se donne avec le couteau qu'on passe le plus ferme qu'il est possible sur les peaux du côté de la chair, afin d'en enlever tout ce qui pourrait être resté des premières préparations, et par-là les rendre plus unies, plus douces et plus maniables. Quelques ouvriers appellent cette façon écharner. Savary. (D.J.)

TENIR A MONT, terme de Fauconnerie, c'est lorsque l'oiseau se soutient en l'air pour découvrir quelque chose, on dit l'oiseau tient à mont.

Tenir la voie, c'est la suivre.

TENIR, Ve n. (Trictrac) c'est continuer de jouer après qu'on a gagné un ou plusieurs trous de son propre dé ; alors on a la liberté de rompre son jeu, de s'en aller, de recommencer tout de nouveau, ou bien de tenir, c'est-à-dire, de continuer le jeu dans l'état où chacun se trouve. Il est quelquefois bien dangereux de tenir, parce qu'on s'expose à une enfilade, et c'est une des choses des plus délicates dans ce jeu, que de savoir tenir, ou s'en aller à-propos. Acad. des jeux. (D.J.)