S. f. (Grammaire) signe naturel ou artificiel auquel on distingue une chose d'une autre. Voyez aux articles suivants différentes acceptions de ce mot.

MARQUE, (Histoire moderne) lettres de marque, ou lettres de représailles, ce sont des lettres accordées par un souverain, en vertu desquelles il est permis aux sujets d'un pays de faire des représailles sur ceux d'un autre, après qu'il a été porté par trois fais, mais inutilement, des plaintes contre l'aggresseur à la cour dont il dépend. Voyez LOIS et LETTRES.

Elles se nomment ainsi du mot allemand marcke, limite, frontière, comme étant jus concessum in alterius principis marchas seu limites transeundi sibique jus faciendi, un droit de passer les limites ou frontières d'un autre prince, et de se faire justice à soi-même. Voyez REPRESAILLES.

MARQUES, (Marine) ce sont des indices qui sont à terre, comme des montagnes, clochers, moulins à vent, arbres, etc. et qui servent aux pilotes à reconnaître les passes, les entrées de ports ou de rivières, les dangers, etc. On appelle aussi marques les tonnes et les balises qu'on met en mer pour ce même usage.

MARQUE, (Commerce) dans le commerce et dans les manufactures, c'est un certain caractère qu'on frappe ou qu'on imprime sur différentes sortes de marchandise, soit pour montrer le lieu où elles ont été fabriquées, et pour désigner les fabriquans qui les ont faites, soit pour témoigner qu'elles ont été vues par les officiers ou magistrats chargés de l'inspection de la manufacture, soit enfin pour faire voir que les droits auxquels elles sont sujettes ont été acquittés, conformément à l'ordonnance.

Tels sont les draps et les toiles, les cuirs, les ouvrages de coutellerie, le papier, la vaisselle, les poids, les mesures, qui doivent être marqués.

Marque est aussi un signe ou un caractère particulier dont se servent les commerçans, qui n'est connu que d'eux, et par lesquels ils se rappellent le prix que leur a couté la marchandise à laquelle il se trouve.

Ces marques, qu'on appelle aussi numeros, se prennent arbitrairement ; mais ordinairement on le choisit dans les lettres de l'alphabet, chacune se rapportant à un certain chiffre qu'il signifie constamment. Elles sont d'un si grand usage dans le commerce, que le lecteur ne désapprouvera pas sans doute que nous insérions ici une petite table qui pourra servir de modèle pour leur construction.

Un exemple suffira pour comprendre l'usage de cette table : supposons, par exemple, que je voulusse écrire sur une pièce d'étoffe qu'elle a couté 37 s. 6 d. par aune, je mettrais une M pour 20 s. une L pour 10 s. une H pour 7 s. et un G pour 6 d. de façon que les différentes lettres écrites à la suite l'une de l'autre, en observant de séparer toujours les deniers et les sols des livres, formeraient cette marque, M. L H. G. qui signifieraient 37 s. 6 d. ou 1 l. 17 s. 6 d.

Remarquez que les marques peuvent varier à l'infini, en faisant correspondre une autre suite de caractères numériques à la même suite des lettres, ou réciproquement.

MARQUE, en terme de Boutonnier, est un instrument de fer carré, terminé d'un bout par cinq pointes, quatre aux angles, et une au milieu beaucoup plus longue que les autres. Chacune des angulaires marque l'endroit où l'on doit faire le trou pour passer la corde à boyau, et la grande entre dans celui du milieu qui est déjà fait.

MARQUE ; en terme de Cirier, c'est un instrument de cuivre ou autre matière, gravé d'une fleur-de-lis, ou de quelqu'autre ornement dont on veut décorer les cierges. Voyez CACHET.

MARQUES, en terme d'Epinglier, ne sont autres que des signes imprimés en rouge sur le papier qui enveloppe les épingles à demi-milliers, à l'aide desquels il est aisé de reconnaître l'ouvrier, ou qui a fait les épingles, ou plutôt le marchand qui les fait faire, et les débite en gros, chacun ayant ses marques particulières, et mettant son nom.

MARQUES, (Maréchalerie) signes naturels qui donnent à connaître l'âge ou la bonté des chevaux. C'est une bonne marque lorsqu'un cheval trépigne, qu'il bat du pied, et mange avidement son avoine. Les balzanes sont de bonnes marques dans un cheval. Il se dit plus particulièrement de la marque noire appelée germe de feve, qui lui vient à l'âge d'environ cinq ans, dans les creux des coins, et qui s'efface vers les huit ans, et alors on dit qu'ils ne marquent plus et qu'ils rasent.

Marque est aussi un instrument de haras qu'on applique tout rouge sur la cuisse d'un cheval, pour qu'il s'y imprime mieux.

MARQUE, (Imprimerie) les compagnons imprimeurs nomment marque, un pli qu'ils font à une feuille de papier, de dix mains en dix mains. Cette marque leur sert à compter le papier qu'on leur donne à tremper, et leur fait connaître ce qu'ils peuvent avoir imprimé et ce qui leur reste à imprimer du nombre désiré.

MARQUE, (Rubanier) est un fil de chaîne, de couleur apparente, et différente de la soie de chaîne, et qui doit continuer tout le long de l'ouvrage sur une des lisières, pour faire voir qu'il est tramé de fil, quoique travaillé sur soie, ou tramé de soie, quoique sur chaîne de fil. L'ouvrage dépourvu de cette marque est dans le cas de la prohibition, et conséquemment saisissable, et l'ouvrier puni.

MARQUE, (Coutelier) se dit aussi par quelques ouvriers en fer, d'un morceau d'acier trempé, à l'extrémité duquel on a gravé un objet quelconque en relief, que l'ouvrier imprime en quelqu'endroit de la pièce, à froid ou à chaud, et qui y reste après qu'elle est achevée. Chaque particulier a sa marque. Il est défendu de travailler à la marque d'un autre. Cette marque désigne l'ouvrier. Si son ouvrage est bon, il achalande sa boutique et sa marque ; et lorsqu'il vient à mourir, sa marque se vend quelquefois une somme assez considérable. On dit que les ouvriers couteliers de Paris s'acharnent à décrier la coutellerie des provinces qu'on apporte ici, et que pour cet effet ils ruinent et gâtent l'ouvrage au raccommodage. Les provinciaux n'ont qu'une ressource contre cette méchanceté, c'est de prendre la marque des ouvriers de Paris, afin de confondre la marchandise qu'ils vendent dans leur boutique, avec celle qu'ils envaient ici.