sub. fém. (Grammaire) ce mot designe l'aversion, quand elle est extrême : les hypocrites s'empressent plus à témoigner l'horreur qu'ils n'ont pas pour le vice, que les gens de bien à témoigner celle qu'ils en ont. L'épouvante portée à son dernier degré, il faut avoir l'âme bien ferme, et la pensée de la mort bien familière, pour en voir l'image sous ses yeux et la soutenir sans horreur. Nous appliquons encore la même expression à une sorte de sensation particulière, mêlée de frémissement, de respect, et de joie, que nous éprouvons à la présence de certains objets, ou dans certains lieux ; et nous disons alors le sombre d'une forêt épaisse, le silence et l'obscurité qui y règnent, nous inspirent une horreur douce et secrète. Nous transportons cette horreur aux choses mêmes, dans l'horreur de la nuit ; la sainte horreur des temples. L'horreur prise en ce sens, vient moins des objets sensibles, que des idées accessoires qui sont réveillées sourdement en nous. Entre ces idées, sont l'éloignement des hommes, la présence de quelques puissances célestes, etc.

HORREUR DU VUIDE, (Physique) mot vide de sens, principe imaginaire dont on se servait dans l'ancienne philosophie ; pour expliquer l'ascension de l'eau dans les pompes, et d'autres phénomènes semblables. On disait : l'eau monte dans les pompes, parce que la nature a horreur du vide. Lorsqu'on se fut aperçu que l'eau ne montait dans les pompes qu'à la hauteur de 32 pieds on en vint jusqu'à ce point d'absurdité, de dire que la nature n'avait horreur du vide, que jusqu'à la hauteur de 32 pieds. Mais on ne fut pas longtemps sans découvrir que le mercure ne s'élevait dans les tuyaux qu'à la hauteur de 27 à 28 pouces ; et comme il eut été trop ridicule de dire que la nature avait horreur du vide pour l'eau jusqu'à 32 pieds, et pour le mercure jusqu'à 28 pouces seulement, on fut obligé d'abandonner cette étrange explication ; et bien-tôt après, M. Pascal démontra dans son traité de l'équilibre des liqueurs, que tous ces effets étaient produits par la pesanteur de l'air. Cette vérité étant unanimement reconnue aujourd'hui, n'a pas besoin ici d'un plus long article. Voyez AIR, TUBE DE TORRICELLI, et le traité cité de M. Pascal. (O)

HORREUR, horror, (Médecine) se dit d'une sorte d'affection de l'âme, qui consiste dans une forte aversion que l'on conçoit pour quelque sorte d'aliment, de médicament ; à l'égard desquels on se sent un dégout, une répugnance insurmontable, qui portent non-seulement à ne pas en user, mais à les éloigner de soi le plus que l'on peut ; tant on est affecté desagréablement par la sensation qu'ils excitent.

C'est ainsi que dans l'hydrophobie, l'aversion pour la boisson de l'eau, et souvent de toute sorte de liquide, est poussée jusqu'à l'horreur.

Il est un symptôme de fièvre qu'on appelle horreur. Voyez FIEVRE HORRIFIQUE.