S. f. (Droit naturel et Politique) Dans tout état bien constitué, l'obéissance à un pouvoir légitime est le devoir le plus indispensable des sujets. Refuser de se soumettre aux souverains, c'est renoncer aux avantages de la société, c'est renverser l'ordre, c'est chercher à introduire l'anarchie. Les peuples, en obéissant à leurs princes, n'obéissent qu'à la raison et aux lais, et ne travaillent qu'au bien de la société. Il n'y a que des tyrants qui commanderaient des choses contraires ; ils passeraient les bornes du pouvoir légitime, et les peuples seraient toujours en droit de reclamer contre la violence qui leur serait faite. Il n'y a qu'une honteuse flatterie et un avilissement odieux, qui ait pu faire dire à Tibere par un sénateur romain : Tibi summum rerum judicium dii dedere, nobis obsequii gloria relicta est. Ainsi l'obéissance ne doit point être aveugle. Elle ne peut porter les sujets à violer les lois de la nature. Charles IX. dont la politique inhumaine le détermina à immoler à sa religion ceux de ses sujets qui avaient embrassé les opinions de la réforme, non content de l'affreux massacre qu'il en fit sous ses yeux et dans sa capitale, envoya des ordres aux gouverneurs des autres villes du royaume, pour qu'on exerçât les mêmes cruautés sur ces sectaires infortunés. Le brave d'Orte, commandant à Bayonne, ne crut point que son devoir put l'engager à obéir à ces ordres sanguinaires. " J'ai communiqué, dit-il au Roi, le commandement de V. M. à ses fidèles habitants et gens de guerre de la garnison, je n'y ai trouvé que bons citoyens et braves soldats, mais pas un bourreau : c'est pourquoi eux et moi supplions très-humblement V. M. de vouloir employer nos bras et nos vies en choses possibles ; quelque hasardeuses qu'elles soient, nous y mettrons jusqu'à la dernière goutte de notre sang ". Le comte de Tende et Charny répondirent à ceux qui leur apportaient les mêmes ordres, qu'ils respectaient trop le roi pour croire que ces ordres inhumains pussent venir de lui. Quel est l'homme vertueux, quel est le chrétien qui puisse blâmer ces sujets généreux d'avoir desobéi ?