Jurisprudence canonique

S. f. terme de Jurisprudence canonique, synonyme à obtention ; c'est en ce sens qu'on dit qu'un premier bénéfice vaque par l'assécution du second. Voyez INCOMPATIBILITE. (H)
S. m. (Jurisprudence canonique) on appelle ainsi plusieurs compilations d'anciens canons ; tels sont le decret de Bouchard de Wormes, ceux d'Yves de Chartres ; et de Gratien : nous allons donner une idée de chacune de ces collections.

Bouchard évêque de Wormes, s'est rendu célèbre, non-seulement par le zèle avec lequel il remplissait tous les devoirs de l'épiscopat, mais encore par le recueil de canons qu'il composa vers l'an 1008, et qu'il nous a laissé. Plusieurs savants avec lesquels il était lié, l'aidèrent dans ce travail. Les anciens exemplaires de cet ouvrage ne portent aucun titre ; néanmoins divers passages de Sigebert, chronicon. circa annum 1008, et de scriptor. eccles. donnent lieu de croire qu'il eut celui de magnum decretorum volumen, comme faisant un volume plus considérable que la collection de Réginon et autres précédentes. Mais par la suite on se contenta de l'appeler decret, et c'est ce qui est pareillement arrivé aux compilations d'Yves de Chartres et de Gratien, quoique dans l'origine ces auteurs leur eussent donné d'autres titres.

S. f. pl. (Jurisprudence canonique) Les décrétales sont des lettres des souverains pontifes, qui répondant aux consultations des évêques, ou même de simples particuliers, décident des points de discipline. On les appelle decrétales, parce qu'elles sont des résolutions qui ont force de loi dans l'Eglise. Elles étaient fort rares au commencement, et on s'en tenait à l'autorité des canons des premiers conciles : aussi voyons nous que les anciens recueils de canons ne renferment aucune de ces decrétales. Denis le Petit est le premier qui en ait inséré quelques-unes dans sa collection ; savoir, celles depuis le pape Sirice jusqu'à Anastase II. qui mourut en 498 : la première decrétale que nous ayons du pape Sirice est datée du 11 Février de l'an 385, et est adressée à Hymerius évêque de Tarragone. Les compilateurs qui ont succédé à Denis le Petit jusqu'à Gratien inclusivement, ont eu pareillement l'attention de joindre aux canons des conciles les décisions des papes : mais ces derniers étaient en petit nombre. Dans la suite des temps, diverses circonstances empêchèrent les évêques de s'assembler, et les métropolitains d'exercer leur autorité : telles furent les guerres qui s'élevèrent entre les successeurs de l'empire de Charlemagne, et les invasions fréquentes qu'elles occasionnèrent. On s'accoutuma donc insensiblement à consulter le pape de toutes parts, même sur les affaires temporelles ; on appela très-souvent à Rome, et on y jugea les contestations qui naissaient non-seulement entre les évêques et les abbés, mais encore entre les princes souverains. Peu jaloux alors de maintenir la dignité de leur couronne, et uniquement occupés du soin de faire valoir par toute sorte de voies les prétentions qu'ils avaient les uns contre les autres, ils s'empressèrent de recourir au souverain pontife, et eurent la faiblesse de se soumettre à ce qu'il ordonnait en pareil cas, comme si la décision d'un pape donnait en effet un plus grand poids à ces mêmes prétentions. Enfin l'établissement de la plupart des ordres religieux et des universités qui se mirent sous la protection immédiate du saint-siège, contribua beaucoup à étendre les bornes de sa juridiction ; on ne reconnut plus pour loi générale dans l'Eglise, que ce qui était émané du pape, ou présidant à un concile, ou assisté de son clergé, c'est-à-dire du consistoire des cardinaux. Les decrétales des souverains pontifes étant ainsi devenues fort fréquentes, elles donnèrent lieu à diverses collections, dont nous allons rendre compte.

S. f. terme de Jurisprudence canonique, se dit des revenus d'un bénéfice ecclésiastique qui sont entre les mains d'un laïque.

v. act. (Jurisprudence canonique) c'est donner une nouvelle bénédiction, soit à une église qui a été polluée, ce qu'on appelle aussi réconciliation ; soit à quelque vase sacré qui est devenu profane à cause que l'ouvrier y a mis le marteau. Voyez BENEDICTION, EGLISE, POLLUTION, RECONCILIATION, VASES-SACRES. (A)