S. m. (Commerce) signifie en général toutes sortes de vaisseaux ou futailles de bois, ronds, à deux fonds, et reliés de cercles, servant à mettre diverses sortes de marchandises, comme vin, eau-de-vie, huile, miel, pruneaux, etc.

Tonneau se dit aussi d'une certaine mesure de liqueurs. A Bordeaux et à Bayonne le tonneau est composé de quatre barriques qui font trois muids de Paris. Le muid de Paris est de 36 septiers, chaque septier de 8 pintes, ce qui monte à 288 pintes ; sur ce pied le tonneau de Bordeaux doit être de 864 pintes, et celui d'Orléans de 576 pintes, parce qu'il ne contient qu'environ 2 muids de Paris. Voyez MUID.

Le tonneau d'Amsterdam contient 6 aems ou ams, l'aem 4 ankers, l'anker 2 stekans, le stekan 16 mingles, et le mingle 2 pintes de Paris ; ce qui revient pour chaque tonneau à 1600 pintes.

Le tonneau d'Angleterre est de 252 gallons, chaque gallon de 4 pintes de Paris ; ce qui fait 1008 pintes de Paris. Voyez GALLON.

Tonneau est encore une mesure ou quantité de grains qui contient ou qui pese plus ou moins, suivant les lieux où elle est en usage.

A Nantes le tonneau de grains contient 17 septiers de 16 boisseaux chacun, et pese 2200 à 2500 livres. Il faut 3 tonneaux de Nantes pour faire 28 septiers de Paris.

A Marants et à la Rochelle il contient 42 boisseaux, et son poids est de deux pour cent moins que celui de Nantes.

A Brest il contient 20 boisseaux, chaque boisseau pesant près de 112 livres ; ainsi le tonneau de Brest qui fait 10 septiers de Paris peut peser environ 2240 livres.

A Port-Louis et à Hennebon il pese 2950 livres ; à Rennes et à Saint-Malo 2400 livres ; à Saint-Brieux 2600 ; à Aire, Quimpercorentin, et Quimperlay son poids n'est que de 1200.

Il y a encore quelques villes de France et des pays étrangers qui réduisent leurs mesures pour les grains au tonneau, entre autres Beauvais et Copenhague. Le tonneau de Beauvais est presque égal au muid de Paris, qu'il n'excède que d'une mine ; mais il faut 40 tonneaux ou tonnes de Copenhague pour faire 19 septiers de Paris.

Les tonneaux de toutes ces villes réduits à la mesure d'Amsterdam contiennent, les uns 13 muddes, comme ceux de Marants, de la Rochelle, de Nantes, et de Quimpercorentin ; d'autres 13 muddes et demi, tels que ceux de Brest et de Morlaix. Les tonneaux de Rennes et de Saint-Malo contiennent 14 muddes d'Amsterdam, celui de Saint-Brieux 15 muddes et demi, celui d'Hennebon et de Port-Louis 17 muddes. Voyez MUDDE, Diction. de Commerce.

TONNEAU est aussi un terme de Commerce de mer. Le tonneau de mer est estimé peser 2000 livres ou 20 quintaux de 100 liv. chacun ; le prix du fret ou voiture des marchandises qui se chargent dans un vaisseau se règlent sur le pied du quintal ou sur le pied du tonneau de mer ; ainsi l'on dit charger au quintal ou charger au tonneau ; on donne ordinairement dans le fond-de-cale qui est le lieu de la charge d'un vaisseau, 42 pieds cubes pour chaque tonneau.

Quoique le tonneau de mer soit estimé peser 2000 livres, cependant l'évaluation ne laisse pas de s'en faire pour le prix du fret en deux manières, ou par rapport au poids des marchandises, ou par rapport à l'encombrement ou encombrance, comme on dit à Bordeaux, qu'elles peuvent causer dans le fond-de-cale, c'est-à-dire de la place qu'elles peuvent y occuper à cause de leur volume : ainsi l'on évalue ces marchandises sur un certain pied, par exemple ; quatre barriques de vin sont prises pour un tonneau ; vingt boisseaux de chataignes, de blé, de fèves, de graine de lin, de noix, etc. passent aussi pour un tonneau. Cinq balles de plume ou de pelleterie, pesant chacune un quintal, huit balles de papier, pesant chacune cent livres, ne font qu'un tonneau. Trais balles de chanvre pesant chacune deux quintaux, font le tonneau. Vingt quintaux de tabac sont estimés faire le tonneau quant au poids ; mais quant à l'encombrement, il faut cent cinquante rouleaux de tabac pour faire le tonneau. Diction. de Commerce.

TONNEAU DE PERMISSION, (Commerce) on nomme ainsi en Espagne la quantité de tonneaux de marchandises que le conseil des Indes et le consulat de Seville jugent à propos d'envoyer en Amérique par les galions et par la flotte.

Le nombre de ces tonneaux se règle ordinairement sur les avis que les ministres d'Espagne reçoivent des vice-rais du Méxique et du Pérou, de la nécessité que ces pays peuvent avoir de plus ou moins de marchandises ; en-sorte qu'il y a des flottes qui n'ont permission que pour deux mille tonneaux, et d'autres en ont jusqu'à cinq ou six mille ; on jauge même les vaisseaux marchands pour remplir la quantité de tonneaux de permission, ce qui fait qu'en certaines années il y a plus de vaisseaux marchands qu'en d'autres : le nombre des vaisseaux de guerre qui leur sert d'escorte est toujours le même. Id. ibid.

TONNEAU ; on nomme à Paris un tonneau de pierre de saint Leu ou d'autre pierre tendre, la quantité de quatorze pieds cubes : chaque tonneau se divise en deux muids de sept pieds cubes chacun. Id. ibid.

TONNEAU, se dit encore de la marchandise, soit solide soit liquide, renfermée dans un tonneau : un tonneau de vin, un tonneau d'huile, un tonneau de sardines, etc.

TONNEAU, en terme d'Argenteur, est un barril défoncé, sur lequel on pose la chaudière afin qu'elle soit plus à portée de l'ouvrier. Voyez Pl. et fig. de l'Argenteur.

TONNEAU de pierre, s. m. (Architecture) c'est la quantité de quatorze pieds cubes, qui sert de mesure pour la pierre de saint Leu, et qui peut peser environ un millier ou dix quintaux : ce qui fait la moitié d'un tonneau de la cargaison d'un vaisseau. Lorsqu'une rivière a sept ou huit pieds d'eau, la navée d'un grand bateau peut porter 400 à 450 tonneaux de pierre.

TONNEAU des Danaïdes, (Mythologie) nom consacré à ce fatal tonneau :

Des sanguinaires Euménides ;

Châtiment à jamais nouveau :

Ces sœurs envain tentent sans cesse

D'emplir la tonne vengeresse ;

Mégère rit de leurs travaux ;

Rien n'en peut combler la mesure ;

Et par l'une et l'autre ouverture,

L'onde entre et fuit à flots égaux.

Si M. de la Mothe n'eut publié que des morceaux de cette beauté, on n'aurait pu lui refuser le nom d'un de nos premiers poètes lyriques.

Ce qui a fait imaginer ce châtiment fabuleux, disent nos mythologues modernes, c'est que les Danaïdes communiquèrent aux Argiens l'invention des puits, qu'elles avaient apportée d'Egypte où les eaux étaient rares ; si on l'aime mieux, c'est l'invention des pompes ; et comme on tirait continuellement de l'eau par le moyen de ces pompes, pour les usages des cinquante filles de Danaus, ceux qui étaient employés à ce pénible travail, dirent peut-être, que ces princesses étaient condamnées à remplir un vaisseau percé, pour consommer tant d'eau. En un mot, ce châtiment fabuleux doit vraisemblablement son origine à quelque fait historique de cette nature. (D.J.)