S. f. (Politique et Grammaire) Le mot faction venant du latin facère, on l'emploie pour signifier l'état d'un soldat à son poste en faction, les quadrilles ou les troupes des combattants dans le cirque, les factions vertes, bleues, rouges et blanches. Voyez FACTION, (Histoire ancienne) La principale acception de ce terme signifie un parti séditieux dans un état. Le terme de parti par lui-même n'a rien d'odieux, celui de faction l'est toujours. Un grand homme et un médiocre peuvent avoir aisément un parti à la cour, dans l'armée, à la ville, dans la Littérature. On peut avoir un parti par son mérite, par la chaleur et le nombre de ses amis, sans être chef de parti. Le maréchal de Catinat, peu considéré à la cour, s'était fait un grand parti dans l'armée, sans y prétendre. Un chef de parti est toujours un chef de faction : tels ont été le cardinal de Retz, Henri duc de Guise, et tant d'autres.

Un parti séditieux, quand il est encore faible, quand il ne partage pas tout l'état, n'est qu'une faction. La faction de César devint bientôt un parti dominant qui engloutit la république. Quand l'empereur Charles VI. disputait l'Espagne à Philippe V, il avait un parti dans ce royaume, et enfin il n'y eut plus qu'une faction ; cependant on peut dire toujours le parti de Charles VI. Il n'en est pas ainsi des hommes privés. Descartes eut longtemps un parti en France, on ne peut dire qu'il eut une faction. C'est ainsi qu'il y a des mots synonymes en plusieurs cas, qui cessent de l'être dans d'autres. Article de M. DE VOLTAIRE.

* FACTIONS, (Histoire ancienne) c'est le nom que les Romains donnaient aux différentes troupes ou quadrilles de combattants qui couraient sur des chars dans les jeux du cirque. Voyez CIRQUE. Il y en avait quatre principales, distinguées par autant de couleurs, le verd, le bleu, le rouge, et le blanc ; d'où on les appelait la faction bleue, la faction rouge, etc. L'empereur Domitien y en ajouta deux autres, la pourpre et la dorée ; dénomination prise de l'étoffe ou de l'ornement des casaques qu'elles portaient : mais elles ne subsistèrent pas plus d'un siècle. Le nombre des factions fut réduit aux quatre anciennes dans les spectacles. La faveur des empereurs et celle du peuple se partageaient entre les factions, chacune avait ses partisans. Caligula fut pour la faction verte, et Vitellius pour la bleue. Il résulta quelquefois de grands désordres de l'intérêt trop vif que les spectateurs prirent à leurs factions. Sous Justinien, une guerre sanglante n'eut pas plus fait de ravage ; il y eut quarante mille hommes de tués pour les factions vertes et bleues. Ce terrible événement fit supprimer le nom de faction dans les jeux du cirque.

FACTION, dans l'Art militaire ; c'est le temps qu'un soldat demeure en sentinelle : ainsi être en faction, signifie être en sentinelle. Voyez SENTINELLE.

Un soldat en sentinelle est aussi appelé factionnaire. Il y a des factionnaires pour la garde des drapeaux, des faisceaux d'armes, des prisonniers, etc. (P)