delphinus, s. m. (Histoire naturelle, Ichtyologie) poisson cétacée ; on l'a aussi appelé bec d'oie, parce qu'il a les mâchoires allongées et ressemblantes en quelque façon à celles de l'oie. On donne à ce poisson différents noms, dont la plupart signifient en diverses langues ou jargons, porc de mer ou poisson-porc, parce que le dauphin a de la graisse et du lard comme le cochon, et qu'il ressemble, dit-on, à cet animal par la conformation des parties intérieures, c'est-à-dire qu'il ressemble à cet égard, comme les autres cétacées, aux quadrupedes en général.

La peau de ce poisson est dure et lisse, le corps allongé, le dos vouté, le museau long, la bouche grande, les dents petites et pointues, la langue charnue, mobile, et découpée par les bords ; les yeux grands et recouverts par la peau, de façon qu'on n'en voit que la prunelle ; ils sont placés près de la commissure des lèvres : l'ouverture de l'oreille est derrière l'oeil, mais si petite qu'on la voit à peine : il y a au-dessus du museau un orifice fait en forme de croissant, qui communique à un double conduit par lequel le dauphin respire l'air et rejette l'eau. Ce poisson a deux fortes nageoires qui tiennent à la poitrine, et en a une autre posée verticalement, en partie osseuse et en partie cartilagineuse, sans arêtes ni aiguillons. La queue est composée de deux nageoires qui sortent des côtés, et qui forment un demi-cercle. On voit sous le bas-ventre l'ombilic, les parties de la génération, et l'anus. Le dos est noir et le ventre blanc, la peau épaisse et ferme ; cependant elle cede sous la main, parce qu'il y a de la graisse dessous, comme dans les cochons. La chair du dauphin est noirâtre, et ne diffère pas beaucoup de celle du cochon et du bœuf : en Languedoc on n'en mange que par nécessité, car elle a une mauvaise odeur. Ce poisson a des os, comme les quadrupedes, et leur ressemble par les parties intérieures du corps, comme les autres poissons cétacées : il n'a point de vesicule du fiel. Le mâle et la femelle ont les parties de la génération semblables à celles des animaux quadrupedes ; ils s'accouplent en s'approchant l'un de l'autre par le ventre, et en s'embrassant avec leurs nageoires. La femelle n'a ordinairement qu'un foetus à la fais, ou deux au plus ; son terme est à six mois : elle alaite ses petits, et les porte lorsqu'ils ne peuvent pas nager, et les accompagne pendant longtemps. Ces animaux prennent tout leur accroissement en dix années : on croit qu'ils vivent vingt-cinq ou trente ans. On dit qu'ils dorment en tenant le museau au-dessus de l'eau pour respirer, et en remuant doucement les nageoires pour se soutenir : on prétend aussi qu'ils ronflent. Ils peuvent vivre plus longtemps hors de l'eau que dedans ; ils y meurent suffoqués, si on les y retient : Gesner en a Ve un qui a vécu trois jours hors de l'eau. Lorsqu'ils sont pris, ils se plaignent et ils répandent des larmes ; ces animaux rendent quelques sons, et ont une sorte de voix. Belon dit qu'ils vont dans la mer aussi vite qu'un oiseau dans l'air ; cependant leurs nageoires sont petites, et il y a lieu de croire que la rapidité et la continuité du mouvement de ces animaux, vient de l'agilité et de la force de leur corps. Lorsqu'on les voit s'agiter à la surface de l'eau, et pour ainsi dire se jouer sur la mer, on en tire l'augure d'une tempête. Ils vont par troupes ou seulement deux à deux, le mâle avec la femelle ; mais jamais seuls, au rapport de Belon. Cet auteur a appris des Grecs de la Propontide, que les dauphins font des migrations ; ils vont de la mer Méditerranée vers le septentrion, dans les mers de l'Hellespont et de la Propontide ; ils restent quelque temps au Pont-Euxin, et ensuite ils reviennent d'où ils sont partis : ils se battent par troupe contre les bonitons. Le dauphin diffère du marsouin par la bouche, voyez MARSOUIN. On sait assez que la vraie figure du dauphin a peu de rapport à celles qui entrent dans le Blason, et à celles que font les sculpteurs et les peintres sous le nom de cet animal. Il ne sera pas question de l'amour qu'il a, dit-on, pour les enfants, et de son goût prétendu pour la musique, ni de l'attention qu'on a cru remarquer en ce poisson, lorsqu'on l'appelle du nom de Simon ; ce qui a été rapporté à ce sujet par différents auteurs, tant anciens que modernes, parait si fabuleux, qu'un Naturaliste ne pourrait guère être tenté d'en faire l'objet de ses observations. Rond. de pisc. Willughby, hist. pisc. Voyez POISSON. (I)

DAUPHIN, (Astronomie) est le nom que les Astronomes ont donné à une constellation de l'hémisphère boréal. Les étoiles de cette constellation sont au nombre de dix, selon Ptolomée et selon Tycho, et au nombre de dix-huit selon Flamsteed. Voyez CONSTELLATION. (O)

DAUPHIN, s. m. (Histoire ancienne) arme offensive ou machine de guerre chez les anciens ; ils s'en servaient pour percer et couler à fond les galeres. C'était une masse de plomb ou de fer qui produisait cet effet par l'impétuosité avec laquelle elle était lancée. Peut-être était-ce la même chose que ce qu'on nomma depuis corbeau. Voyez CORBEAU. Il est fait mention de ces dauphins dans la bataille navale que les Athéniens commandés par Nicias perdirent contre les Syracusains. (G)

* DAUPHIN, (Histoire ancienne) ornement des cirques anciens. On les y voyait sur de petites colonnes à l'endroit appelé la spina circi. Voyez CIRQUE. On prétend qu'on élevait un dauphin à chaque course, et qu'on pouvait compter le nombre des courses par celui des dauphins. D'autres ajoutent qu'ils étaient placés sur des globes, comme on voit quelquefois les coqs au haut des clochers.

DAUPHIN ou DAUFIN ; (Histoire moderne) est le nom que l'on a donné depuis le milieu du douzième siècle au prince qui possédait la province viennaise. L'origine de ce nom est assez incertaine : les uns le font venir d'un dauphin que Boson fit peindre dans son écu, pour marquer la douceur de son règne ; mais cette étymologie est fausse, puisque Boson vivait au milieu du neuvième siècle, et que les dauphins ne prirent ce titre que plus de trois cent ans après, c'est-à-dire au milieu du douzième siècle : d'autres du château Dauphin, bourg dans le Briançonnais, que ces princes avaient fait bâtir. Mais son origine la plus vraisemblable est que Guy V. dit le vieux prit le titre de dauphin pour faire honneur à Albon comte de Vienne surnommé dauphin, dont il avait épousé la fille ainée. D'abord les seigneurs de cette province portèrent le titre de comtes d'Albon et de Grenoble, ou de Gresivaudan. Quatre princes du nom de Guy ou de Guignes eurent le même titre. Mais Bertholde IV. duc de Zeringhen céda le comté de Vienne à Guigne V. et ce fut lui qui le premier fut surnommé dauphin au milieu du douzième siècle. Il fut le dernier mâle de sa maison, et Béatrix sa fille et son héritière porta le Dauphiné dans la maison des anciens ducs de Bourgogne. Elle mourut en 1228, et son fils Guigne VI. ou André fut le chef de la seconde race des dauphins. Cette seconde race ne subsista pas longtemps, et finit par la mort de Jean I. l'an 1282. Sa sœur Anne porta cette principauté dans la maison de la Tour-Dupin, en épousant Humbert I. Trais autres dauphins lui succédèrent, dont le dernier fut Humbert II. qui donna sa principauté en 1349 à Charles de France petit-fils de Philippe de Valais, et l'en revêtit la même année en lui remettant l'ancienne épée du Dauphiné, la bannière de S. George, avec le sceptre et un anneau. L'amour qu'il avait pour ses sujets continuellement tourmentés par les comtes de Savoie, l'engagea à les donner à un prince puissant, capable de les protéger et les défendre contre une puissance étrangère. Depuis cet heureux moment il y a eu vingt-trois dauphins du sang des rois de France, et ce titre ne s'accorde qu'au fils ainé du Roi, et ne passe à un cadet qu'en cas de mort de l'ainé. (a)

DAUPHIN. On dit, dans le Blason, dauphins vifs et dauphins pâmés : le dauphin vif a la gueule close, et un oeil, des dents, et les barbes, crêtes et oreilles, d'émail différent. Le dauphin pâmé a la gueule béante, comme évanoui ou expirant, et il est d'un seul émail. On dit que les dauphins sont couchés, lorsqu'ils ont la queue et la tête tournées vers la pointe de l'écu. Trév. et le P. Ménetr. (V)

DAUPHIN, (Artificier) On appelle ainsi vulgairement cet artifice d'eau que les gens de l'art appellent genouillere, parce qu'on le voit entrer et sortir de l'eau à-peu-près comme les dauphins. Dictionnaire de Trév.