s. m. bombylius, (Histoire naturelle, Insectologie) insecte du genre des abeilles. Voyez ABEILLE. Il a un aiguillon et une trompe; il tire des fleurs son miel et de la cire brute. Les bourdons que l'on voit le plus souvent sont plus gros que les abeilles ordinaires, ils font plus de bruit en volant. Ces mouches sont couvertes de poils longs et touffus, qui les font paraitre plus grosses qu'elles ne le sont réellement. Elles ont différentes couleurs: il y en a qui n'ont que les anneaux postérieurs de couleur canelle; le reste du corps est noir. Dans d'autres, le corcelet est couvert de poils blancs, et le corps est traversé par une raie jaune, qui est suivie d'une raie blanche. On en voit qui ont de plus une bande transversale de couleur de citron, vers le milieu du corps. Dans quelques-uns la partie antérieure du corcelet est bordée de poils blancs ou jaunes, qui forment une espèce de collier. Dans d'autres, le corcelet est couvert de poils blancs; il a sur le corps une large raie de poils jaunes, ensuite une bande noire, et enfin une bande blanchâtre. Il se trouve des bourdons de couleur blonde plus ou moins foncée; les poils du dessous du corps sont de couleur de citron fort pâle; ceux du dessus du corcelet sont un peu roux. Ces couleurs varient: mais celle des jambes est toujours noire.

Il y a des bourdons qui n'ont des poils longs que sur le corcelet: on en trouve de tels en Egypte, dont les poils sont d'une belle couleur d'olive, et les ailes tirent sur le violet; et d'autres qui ont le dessus du corcelet couvert de longs poils, d'une belle couleur de citron, et les anneaux du corps ras, et même lisses et luisans. Ces anneaux sont noirs avec quelques [p. 368] teintes de violet, et les ailes sont d'une couleur violette moins noire.

Dans l'espèce des bourdons qui ont des longs poils sur le corcelet et sur le corps, la même femelle produit trois sortes de bourdons de différentes grandeurs: les plus grands surpassent de beaucoup les abeilles ordinaires pour la grosseur; ce sont les femelles: les mâles ne sont pas si grands; et les plus petits de tous n'ont point de sexe. Leur grandeur est égale à celle des abeilles, quelquefois elle est moindre.

Les bourdons vivent en société comme les abeilles: mais ils ne sont pas si nombreux; on n'en trouve que cinquante ou soixante réunis ensemble. Ils font des espèces de nids pour se loger, et ils les couvrent de mousse: ces nids sont dans les prairies et dans les champs de sainfoin et de luserne; leur diamètre est de cinq ou six pouces et plus, et ils sont élevés de quatre à cinq pouces au-dessus de terre. Le meilleur moyen de trouver ces nids, est de suivre les faucheurs, parce qu'ils les découvrent et même les coupent avec la faux. L'extérieur ressemble à une motte de terre couverte de mousse, plus ou moins relevée en bosse. Il y a dans le bas un trou qui sert d'entrée, et souvent on trouve une sorte de chemin d'un pied de long, et une voute de mousse qui sert d'avenue. Dans certains nids qui ne sont pas encore finis, les bourdons entrent par le dessus. Quand on enlève le dessus du nid qui sert de toict, il en sort quelques mouches; les autres y restent, et il n'arrive pas qu'on en soit piqué, quoiqu'elles aient des aiguillons. Après avoir enlevé cette couverture, on voit une sorte de gâteau épais plus ou moins grand, mal façonné, et composé de corps oblongs ajustés les uns contre les autres: quelquefois il n'y a qu'un gâteau; d'autres fois il y en a deux ou trois; on voit marcher les bourdons par-dessus et par-dessous: dès qu'on cesse de toucher au nid, les mouches travaillent à le recouvrir; et pour cela elles emploient la mousse qu'on a enlevée et jetée à quelque distance: mais au lieu de porter les brins de mousse, elles les poussent, ou pour mieux dire, elles les font glisser peu-à-peu. Toutes travaillent ensemble, les mâles, les femelles, et celles qui ne sont ni mâles ni femelles.

Le bourdon a comme l'abeille deux dents écailleuses très-fortes, dont le bout est large et dentelé: c'est par le moyen de ces dents qu'il coupe la mousse et qu'il l'attire en-arrière sous son corps; ensuite il la fait glisser avec les pattes de devant; les pattes de la seconde paire la font passer plus loin, et les dernières la poussent aussi loin qu'elles peuvent s'étendre. En répétant cette manœuvre, ils rassemblent derrière eux un petit tas de mousse. Le même bourdon, ou un autre, reprend ce tas par brins comme le premier, et l'approche du nid; pour cet effet, ils se posent de façon que le nid est en arrière par rapport à eux: chaque fois que le tas de mousse change de place, il parcourt un espace égal à la longueur du bourdon, avec les pattes de derrière étendues. Lorsque ces mouches arrangent la mousse pour former la couverture du nid, elles se servent de leurs dents et de leurs pattes de devant. Cette sorte de toict a un pouce ou deux d'épaisseur, et met le nid à l'abri des pluies ordinaires. Les bourdons qui sont entièrement jaunâtres, et ceux sur lesquels le noir domine, et peut-être d'autres, mettent un enduit de cire brute sur toute la surface intérieure du couvert de mousse; ils y forment une sorte de platfond, qui n'a que le double de l'épaisseur d'une feuille de papier ordinaire, mais qui est impénétrable à l'eau: cet enduit lie tous les brins de mousse qui sont à l'intérieur, et rend la couverture plus solide. La matière de cet enduit a une odeur de cire: mais ce n'est qu'une cire brute et tenace; on peut la pétrir. La chaleur ne la liquéfie, ni ne la ramollit: mais elle s'enflam me. Sa couleur est d'un gris jaunâtre; elle ne s'attache pas aux doigts lorsqu'on la pétrit.

Le nombre et l'étendue des gâteaux augmentent à proportion que le nid est plus ancien. Ces gâteaux sont convexes à l'extérieur, et concaves à l'intérieur: mais leurs surfaces, surtout l'inférieure, sont fort inégales. Chaque gâteau est composé, comme il a déjà été dit, de corps oblongs, appliqués les uns contre les autres suivant leur longueur. Ils sont d'un jaune pâle ou blanchâtre. Il y en a de trois grandeurs différentes: les plus gros ont le grand diamètre de plus de sept lignes de longueur, et le petit d'environ quatre lignes et demie; dans les plus petits, le grand diamètre n'a pas trois lignes. Quelquefois ces corps sont fermés par les deux bouts; d'autres fois la plupart sont ouverts par le bout inférieur, et vides: ce sont des coques de soie qui ont été formées par des vers qui s'y sont métamorphosés. Les bourdons qui viennent de ces vers après la métamorphose, laissent les coques ouvertes en en sortant.

Il y a aussi dans les gâteaux de petites masses irrégulières assez semblables à des truffes, quoique moins dures: on trouve dans chacune un vide au centre, dans lequel il y a des œufs d'un beau blanc un peu bleuâtre, longs d'environ une ligne et demie sur un diamètre plus court des deux tiers. Le nombre des œufs n'est pas le même dans chaque masse; il y en a trois, quatre, quinze, vingt, et même trente ensemble: mais lorsqu'il y en a tant, ils sont renfermés dans différentes cavités. La matière qui environne les œufs est une pâtée dont se nourrissent les vers, après qu'ils sont éclos. Ces vers sont assez semblables à ceux des abeilles; leur couleur est blanche, et ils ont quelques taches noires sur les côtés: lorsqu'ils ont consommé une partie de leur pâtée, il arriverait quelquefois qu'ils se feraient jour au-dehors, et qu'ils s'exposeraient trop tôt à l'air, si les bourdons n'avaient soin d'appliquer de nouvelle pâtée sur les endroits trop minces. Toute cette matière est de la cire brute: on y reconnait les poussières des étamines; elles sont humectées par un miel aigrelet. Quoiqu'il se consomme beaucoup de cette pâtée dans les nids, on ne voit que très-rarement les bourdons y revenir chargés de cire; ce qui fait croire qu'ils avalent les étamines pour les digérer, et les dégorger ensuite.

Il y a dans chaque nid trois ou quatre petites cavités, remplies de miel: ce sont des sortes de vases presque cylindriques, au moins aussi grands que les plus grandes coques, faits avec la même matière qui sert de plafond au nid. On ne sait si ce miel sert à ramollir les étamines pour faire la pâtée. Les faucheurs connaissent ces petits dépôts, et les cherchent pour en boire le miel.

Après avoir enlevé les gâteaux d'un nid, on trouve au bout de huit jours, que les bourdons ont travaillé à en faire de nouveaux: ils commencent par former dans le milieu du nid une petite masse de pâtée de la grosseur d'une naisette, qui est posée sur un lit de mousse, et qui tient à un petit vase plein de miel: c'est sans doute pour recevoir les œufs de la mère que ce premier travail se fait.

Les vers s'éloignent les uns des autres à mesure qu'ils consument leur pâtée: ainsi lorsqu'ils approchent du temps où ils doivent prendre leur forme de nymphe, ils ont chacun assez d'espace pour filer leur coque. Comme ces coques se trouvent à découvert dans la suite, il est à croire que les bourdons enlèvent les restes de pâtée qui sont au-dehors. Tous les vers donnent à leur coque la même position: le grand axe est perpendiculaire à l'horizon, et chacun attache la sienne aux coques voisines en la commençant; c'est par cette union que les gâteaux sont formés.

Ces mouches au sortir de leur coque n'ont que des couleurs tendres, qui deviennent plus foncées lorsqu'elles sont exposées au grand air. En ouvrant dans des temps convenables les plus gros bourdons, qui sont les semelles, on trouve dans leur corps un ovaire de chaque côté, et on n'y voit qu'une vingtaine d'œufs au plus; cependant elles en pondent une plus grande quantité: tous ces œufs ne sont pas sensibles dans le même temps. On croit qu'un nid de bourdons est commencé par une femelle qui le peuple peu-à-peu: ce qui rend cette opinion très-probable, c'est qu'à la fin de l'hiver on ne voit voler que des bourdons femelles, sans aucuns mâles ni ouvriers. Les petits bourdons ont un aiguillon comme les femelles: les mâles n'en ont point; ils sont de grandeur moyenne. Mais il y a aussi des bourdons de cette même grandeur qui n'ont point de sexe, et que l'on doit regarder comme des ouvriers, de même que les petits: ceux-ci paraissent plus actifs, et les autres plus forts. On a observé entre un bourdon de moyenne taille, qui était mâle, et une femelle, un accouplement qui dura près d'une demi-heure. On s'est aussi assuré que les bourdons mâles n'ont point d'aiguillon, et qu'ils ont des parties analogues à celles des mâles de divers insectes.

Les bourdons ont de petits poux; on les voit quelquefois par centaines sur le corcelet, ou sur d'autres parties: ces mêmes poux se trouvent sur les gâteaux des nids. Il y a apparence qu'ils cherchent la liqueur miellée des bourdons pour s'en nourrir.

Les fourmis cherchent la pâtée des bourdons; quelquefois il entre dans leur nid une fourmilière entière; et lorsqu'il ne s'y trouve qu'un petit nombre de mouches, elles sont obligées de l'abandonner, ne pouvant pas le défendre. Il s'y forme de gros vers qui manget la pâtée, les vers et les nymphes des bourdons. Il y a aussi des espèces de chenilles: mais les animaux qui y font le plus de ravage, sont les rats, les mulots et les fouines.

Les parties intérieures des bourdons sont à-peu-près semblables à celles des abeilles; de même leurs aiguillons et leur venin.

On ne trouve aucuns bourdons dans leurs nids au commencement de Novembre; il est à croire que les mâles et les ouvriers périssent avant l'hiver, et qu'il ne reste que les femelles; celles-ci étant fécondées, suffisent pour perpétuer l'espèce. Elles se cachent dans des trous de murs, ou dans des creux en terre jusqu'au printemps. Mémoires pour servir à l'hist. des insectes, tom. VI. prem. mém. Voyez INSECTE. (I)

BOURDON, s. m. les Imprimeurs entendent par ce mot, une omission que le compositeur a faite dans son ouvrage, d'un ou de plusieurs mots de sa copie, et même quelquerais de plusieurs lignes. Le compositeur est obligé, en remaniant, de faire entrer les omissions; ce qui souvent lui donne beaucoup de peine, et nuit presque toujours à la propreté de l'ouvrage. Ce terme fait allusion au grand bâton dont les pélerins se servent pour franchir les fossés. Voyez REMANIER, REMANIEMENT.

BOURDON de 16 pieds, ou huit pieds bouché; on appelle ainsi dans les Orgues un jeu, dont le plus grand tuyau qui sonne l'ut à la double octave au-dessous de la clé de c sol ut, a huit pieds de longueur; ce qui équivaut à un tuyau de 16 pieds ouvert, qui est à l'unisson d'un de huit pieds bouché. Ce jeu a trois octaves en bois, et celle de dessus en plomb. Voyez la fig. 30, Pl. d'Orgue, qui représente un tuyau de bois des basses, et un tuyau de plomb des dessus. Les tuyaux de bois sont composés de quatre planches assemblées à rainure et languette, les unes dans les autres, et fortement collées, comme la fig. 52 le montre; b, la bouche; 3, la lévre inférieure; 4 ou 0, la lèvre supérieure; A, le pié; B, la chambre; C, le biseau; E, le tampon, que l'on retire ou que l'on enfonce dans le tuyau pour accorder. La fig. 30. n°. 2. représente un tuyau de plomb des dessus, et a le pied dans les deux figures; c, la bouche; d, les oreilles au moyen desquelles on les accorde; e, coupe du tuyau; b, le biseau, dont le talud regarde en dessus; f, plaque qui ferme le tuyau par dessus et qui y est soudée. Quant à la proportion des parties du tuyau, elle doit être telle qu'il ait de longueur, dix fois sa largeur ou environ; ainsi le tuyau de huit pieds doit avoir 9 pouces d'équarrissage intérieurement. Remarquez que la longueur du tuyau se compte depuis la face supérieure du biseau c, jusqu'à la face inférieure du tampon E, et que la haeur de la chambre B, et l'espace pour retirer le tampon E, doivent être pris en sus de cette mesure; tous les tuyaux du bourdon doivent suivre exactement entre eux la proportion du diapason. Voyez DIAPASON, et l'article ORGUE, et la table du rapport de l'étendue des jeux de l'Orgue.

BOURDON de huit pieds ou quatre pieds bouché, est un jeu d'orgue dont le plus grand tuyau, qui est de quatre pieds bouché sonne l'octave au-dessus du bourdon de 16; les basses sont en bois et les tailles en plomb et bouchées à rase, et les dessus à cheminées. Voyez la fig. 32. Pl. d'orgue; A, tuyau des basses; B, tuyau des tailles; e d, les oreilles; 3, la plaque qui bouche le tuyau par en haut; C, tuyau des dessus à oreilles et à cheminées; 4, la plaque qui le ferme, laquelle est percée d'un trou; 2 cheminée qui est soudée sur la plaque 4, comme la fig. C le représente. Voyez les articles Orgue, Diapason, dont tous les tuyaux de ce jeu doivent suivre la proportion.