S. m. (Histoire naturelle, Ornithologie) partie de la tête des oiseaux, qui leur tient lieu de dents. Il y a des oiseaux dont le bec est dentelé à peu près comme une scie : mais ces sortes de dents sont bien différentes de celles des quadrupedes, qui sont logées dans des alvéoles. Non-seulement le bec sert aux oiseaux pour prendre leur nourriture ; mais c'est aussi pour eux une arme offensive, de plus ils arrangent leurs plumes avec leur bec, il y en a quelques-uns qui s'en aident comme d'un crochet pour élever leur corps et qui se laissent tomber sur cette partie dure lorsqu'ils veulent descendre à une petite distance ; tels sont les perroquets.

Les becs des oiseaux sont fort différents les uns des autres par la grandeur, la figure, etc. et ces différences sont si sensibles, qu'on en a fait des caractères distinctifs dans les divisions méthodiques des oiseaux. Voyez OISEAU, et la Plan. VIII. où les principales figures des becs des oiseaux sont exposées, selon la méthode de M. Barrere, dans son Ornithologie. (I)

* BEC, s. m. ce terme transporté par métaphore de la partie de la tête des oiseaux, qui porte ce nom, à une infinité d'autres productions naturelles et artificielles, se dit ordinairement de parties solides, antérieures et pointues.

BEC A CISEAUX, oiseau, Voyez BEC CROISE.

BEC COURBE, oiseau mieux connu sous le nom d'avoceta. Voyez AVOCETA.

BEC CROISE, s. m. loxia, (Histoire naturelle, Ornithologie) oiseau qui ne diffère guère du verdier ; il pese une once et demie : il a environ six pouces de longueur depuis la pointe du bec jusqu'à l'extrémité de la queue. Le bec est noir, dur, épais, et fort ; il est crochu en-dessus et en-dessous ; cette figure est particulière à cet oiseau à l'exclusion de tout autre. Voyez la Planche VIII. fig. 10. les deux pièces du bec sont courbées à leur extrémité en sens contraire l'une de l'autre ; de sorte que l'extrémité de la pièce inférieure est recourbée en-haut, et celle de la pièce supérieure l'est en-bas. La situation de ces pièces n'est pas toujours la même dans tous les oiseaux de cette espèce : il y en a dont la pièce supérieure passe à droite en se croisant avec la pièce inférieure, et dans d'autres elle se trouve à gauche ; c'est à cause de cette conformation qu'on a donné à ces oiseaux les noms de bec croisé et de bec à ciseaux. La mâchoire inférieure et la langue sont semblables à la mâchoire et à la langue du pinson ; les ouvertures des narines sont rondes, les trous des oreilles sont grands, l'iris des yeux est de couleur de naisette, les pattes sont brunes, les ongles noirs ; le doigt extérieur tient au doigt du milieu à sa naissance. Le milieu des plumes de la tête et du dos est noir, et les bords sont verts ; il y a aussi sur la tête une légère teinte de couleur cendrée ; le croupion est verd, le menton cendré, la poitrine verte, et le ventre blanc ; mais les plumes qui se trouvent sous la queue, sont en partie noires ou brunes. Il y a dix-huit grandes plumes dans chaque aîle ; elles sont noirâtres à l'exception des bords extérieurs des premières plumes qui sont verdâtres ; la queue a environ deux pouces de longueur ; elle est composée de douze plumes noires, dont les bords sont verdâtres.

On dit que cet oiseau change trois fois de couleur par an ; qu'il est verd en autonne, jaune en hiver, et rouge au printemps. Gesner rapporte que les plumes de la poitrine, du cou, et du ventre, prennent d'abord une couleur rouge, qui devient ensuite jaune, et que leur couleur varie principalement en hiver. D'autres assurent que ces oiseaux changent tous les ans de couleur ; qu'ils sont tantôt jaunes, tantôt verts, tantôt rouges ou cendrés. Ce qu'il y a de plus vraisemblable, c'est que ce changement de couleur dépend de l'âge de l'oiseau, ou des saisons de l'année. Au rapport d'Aldrovande, le bec-craisé est fort vorace ; il aime beaucoup le chénevi ; il mange aussi des semences de sapin, il niche sur cet arbre aux mois de Janvier et de Février ; il ne chante que quand il gèleou qu'il fait très-froid, tandis que les autres oiseaux gardent le silence ; au lieu qu'il se tait en été, tandis que tous les autres chantent, etc. Ces derniers faits mériteraient d'être observés avec attention. On dit que d'un ou de deux coups de bec, ces oiseaux fendent par le milieu les pommes de sapin, et qu'ensuite ils en mangent les semences, ce qui cause un grand dommage dans les jardins. Le chant du bec-craisé est assez agréable : on trouve ces oiseaux en grande quantité et pendant toute l'année, en Allemagne, en Bavière, en Suède, en Norvège, et il en vient quelquefois beaucoup sur la côte occidentale de l'Angleterre, où ils font un grand dégât dans les vergers. Willughby, Ornit. Voyez OISEAU. (I)

GROS-BEC, subst. m. coccothrostes, (Histoire naturelle, Ornithologie) oiseau ainsi nommé pour la grosseur de son bec relativement à celle du corps. Il est d'un tiers plus grand que le pinson ; son corps est court ; il pese environ une once trois quarts : il a sept pouces de longueur depuis la pointe du bec jusqu'au bout des ongles, et un pied d'envergeure : la tête est grosse en comparaison du corps ; le bec est gros, dur, large à la base, et très-pointu à l'extrémité ; sa longueur est d'environ trois quarts de pouces ; il est de couleur de chair, ou de couleur blanchâtre ; la pointe est noirâtre, l'iris des yeux est de couleur cendrée ; la langue semble avoir été coupée à l'extrémité comme celle du pinson : les pattes sont d'une couleur rouge-pâle ; les ongles sont longs, surtout celui du doigt du milieu, le doigt extérieur tient à sa naissance au doigt du milieu : les plumes qui se trouvent auprès de la base du bec, sont de couleur orangée ; celles qui occupent l'espace qui est entre le bec et les yeux sont noires ; la même couleur est dans les mâles sur les plumes qui sont autour de la mâchoire inférieure ; la tête est d'une couleur jaune roussâtre ; le cou de couleur cendrée ; le dos roux, à l'exception du milieu de chaque plume qui est blanchâtre : le croupion est de couleur jaune cendrée ; la poitrine, et principalement les côtés, sont d'une couleur cendrée, légèrement teinte de rouge ; les plumes sont blanchâtres sous la queue et sous le milieu du ventre. Il y a dix-huit grandes plumes dans les ailes, dont les neuf ou dix premières sont blanches dans le milieu seulement sur les barbes intérieures : dans les suivantes la couleur blanche de ces barbes ne s'étend pas jusqu'au tuyau ; les trois dernières plumes sont rousses ; la pointe des plumes depuis la seconde jusqu'à la dixième, est de couleur de gorge de pigeon ; les six ou sept plumes qui suivent, ont le bord extérieur de couleur cendrée. Tout le reste de ces dix-huit grandes plumes est de couleur brune ; la queue est courte ; elle n'a qu'environ deux pouces de longueur ; elle est composée de douze plumes ; les barbes intérieures de la partie supérieure de chaque plume sont blanches ; les barbes extérieures sont noires dans les premières plumes de chaque côté de la queue, et roussâtres dans celles du milieu.

Ces oiseaux sont fort communs en Italie, en France, en Allemagne ; ils restent en été dans les bois et sur les montagnes ; en hiver ils descendent dans les plaines ; ils cassent avec beaucoup de facilité les noyaux de cerises et d'olives ; ils vivent pour l'ordinaire de semence de chénevi, de panis, etc. ils mangent aussi les boutons des arbres. On dit que c'est sur leur sommet que ces oiseaux font leurs nids, et que les femelles y déposent cinq ou six œufs.

Il y a une espèce de gros-bec dans les Indes, surtout en Virginie, il est à-peu-près de la grosseur du merle ; son bec est un peu plus court que celui du nôtre, il a une belle crête sur la tête. Cet oiseau est d'une belle couleur écarlate, qui est moins foncée sur la tête et sur la queue que sur le reste du corps ; son chant est fort agréable. Willughby, Ornit. Voyez OISEAU. (I)

BEC DE GRUE, geranium, (Histoire naturelle, Botanique) genre de plante à fleur en rose, composée de plusieurs pétales disposés en rond ; il s'élève du calice un pistil qui devient dans la suite un fruit en forme d'aiguille, dont le noyau a cinq rainures sur sa longueur ; dans chacune de ces rainures est attachée une capsule terminée par une longue queue. Ces capsules se détachent ordinairement de la base du fruit vers la pointe, et se recoquillent en-dehors : chacune renferme une semence ordinairement oblongue. Tournefort, Inst. rei herb. Voyez PLANTE. (I)

BEC D'OIE, nom que l'on a donné au dauphin, à cause de la ressemblance de son bec, ou plutôt de ses mâchoires avec le bec d'une oie. Voyez DAUPHIN. (I)

BEC ou TUYAU de l'entonnoir, en Anatomie, c'est une production très-mince de la substance des parois de la cavité que l'on appelle entonnoir, qui s'épanouit autour de la glande pituitaire où elle se termine. Voyez PITUITAIRE. (L)

BEC, (Blason) on appelle becs en termes de Blason, les pendants du lambel. Voyez LAMBEL. Ils étaient autrefois faits en pointes ou en rateaux, et ils ont aujourd'hui la figure des goutes qui sont au-dessous des triglyphes dans l'ordre dorique. Voyez ORDRE DORIQUE. (V)

BEC ; s. m. (Géographie) nom que nous donnons à plusieurs pointes de terre, où deux rivières se joignent, ainsi nous disons le bec d'ambes, de l'endroit où la Garonne et la Dordogne se rencontrent.

BEC, (en terme de Bijoutier, et autres artistes) c'est une petite avance, telle qu'on la voit aux tabatières, ou de même matière que la tabatière, et soudée sur le devant du dessus, par laquelle on ouvre la boite en y appuyant le doigt ; ou de matière différente et attachée au même endroit. On donne le nom de bec à un grand nombres d'autres parties accessoires dans les ouvrages des artistes.

DOUBLE BEC, sorte de cuillière à l'usage des Ciriers. Voyez Pl. du Cirier, fig. 13.

BEC, (en Ecriture) se dit de la partie fendue de la plume, qui sert à tracer des caractères sur le papier. Il y a quatre sortes de bec : la première, où les deux parties du bec sont coupées d'égale longueur, et parallèlement ; la seconde, où elles sont coupées en angle ; la troisième, où l'angle est plus considérable ; la quatrième, ou le bec est très-menu et coupé inégalement. La première est pour l'expédition ; la seconde pour le style aisé ; la troisième pour le style régulier, et la dernière pour les traits d'ornement.

BEC, (en terme d'Epinglier fabriquant d'aiguilles pour les Bonnetiers) se dit de l'extrémité pliée et recourbée, qui entre dans la châsse de l'aiguille ; c'est proprement la pointe ou le crochet de l'aiguille. Voyez BAS AU METIER.

Faire le bec, (en terme d'Epinglier-Aiguilletier) c'est avec une tenaille arcuer le bec d'une aiguille en forme de demi-cercle, dont la concavité est en-dehors, et la convexité en-dedans, ou regarde le corps de l'aiguille et la châsse.

BEC D'ANE, (chez les Serruriers) c'est une espèce de burin à deux biseaux, qui forme le coin, mais dont les côtes supérieures vont en s'arrondissant et en s'évasant. Sa largeur est ordinairement de trois à quatre lignes au plus. Son usage est pour commencer à ébaucher les cannelures et mortaises qu'on pratique aux grosses barres ; le bec d'âne résistant mieux en pareil cas que les autres burins. Il sert aussi à refendre les clés : mais alors il est très-petit et très-menu.

BEC D'ANE (chez les Arquebusiers) c'est un petit outil d'acier dont la figure n'est guère différente du bec d'âne des Menuisiers : ils s'en servent pour former des mortaises dans le bois ; et ils en ont de toutes grosseurs, depuis celle du bec d'âne des Menuisiers, jusqu'à la moindre grosseur.

BEC D'ANE, (chez les Menuisiers et les Charpentiers) est un outil d'acier, de la même forme que les précédents, et qu'ils emploient au même usage. Voyez MENUISIER. Planc. 1. fig. 7.

Ce sont les Taillandiers qui font les becs d'âne. Voyez Pl. II. du Taillandier, fig. prem. un bec d'âne. K K est sa queue, I sa tige.

Les Tonneliers ont aussi des becs d'âne, et cet outil est commun à presque tous les ouvriers en bois.

Les Tourneurs en ont de deux sortes, de droits et de ronds, terminés l'un et l'autre par une espèce particulière de biseau, qui ne diffère que par l'arrête du tranchant, qui est perpendiculaire à la longueur de l'outil dans le droit, et qui est arrondie en demi-cercle dans le rond. Voyez BISEAU, et les fig. Pl. I. du tour.

BEC DE CANNE, (terme de Cloutier) c'est une espèce de clou à crochet qu'on nomme aussi clou à pigeon. Le crochet en est plat et ressemble à un bec de canne. Ces clous servent à attacher les paniers à pigeons dans les volets. Voyez Pl. du Cloutier, fig. 17.

BEC DE CANNE, outil qui sert aux Menuisiers à dégager le derrière des moulures ; il ne diffère du bec d'âne qu'en ce qu'il est plus faible de tige, et plus étroit et plus allongé par le bec. Voyez Pl. I. Menuis. figure 8.

BEC DE CORBIN, ou les Gentilshommes au bec de corbin (Histoire moderne) officiers de la maison du roi, institués pour la garde de la personne de sa Majesté, qui étaient aussi appelés les cent gentilshommes. Ils marchaient deux à deux devant le roi aux jours de cérémonie, portant le bec de corbin ou le faucon à la main ; et dans un jour de bataille, ils devaient se tenir auprès du roi. Ces officiers ne subsistent plus. (G)

BEC DE CORBIN : on donne en général, ce nom dans les Arts, à tout ce qui est recourbé et terminé en pointe. Cette expression est tirée du bec du corbeau ; ainsi quand on dit, cela est fait en bec de corbin, c'est comme si l'on disait, cela imite la forme du bec du corbeau.

BEC DE CORBIN, (Marine) c'est un instrument de fer, fait en crochet, avec lequel un calfat tire la vieille étoupe d'une couture, ou d'entre les joints de deux bordages. (Z)

BEC DE CORBIN, BEC DE CANNE, BEC DE LESARD, sont des instruments de Chirurgie en forme de pincette, qui ne diffèrent pas essentiellement du bec de grue, dont on donnera plus bas la description. Leur usage est le même, et on ne leur a donné tous ces différents noms qu'à raison de la différente longueur ou largeur des branches antérieures. On ne trouve plus ces instruments que dans les anciens arsenaux de Chirurgie. Les bornes qui sont prescrites pour chaque matière, ne permettent pas de donner des descriptions de ces instruments ; on peut les voir dans le traité d'opérations de M. Dionis, à l'article de l'extraction des corps étrangers. Voyez Pl. XXX. de Chirurgie, fig. 2. 3. et 4. la construction de quelques-unes de ces pincettes. Voyez TIRE-BALLE. (Y)

BEC DE CORBIN, (Jardinage) figure faite en crochet ou en bec d'oiseau, qui entre dans la composition des parterres de broderie. Voyez PARTERRE. (K)

BEC DE CORBIN, (Arquebusier) c'est un ciseau emmanché, comme le bec d'âne, etc. dont le fer est recourbé par en-bas, comme un bec de corbeau. Le bout du bec est plat et très-tranchant. Les Arquebusiers s'en servent pour nettoyer une mortaise, et sculpter des ornements sur un bois de fusil.

BEC DE CORBIN, (terme de Chapelier) c'est une espèce de crochet de bois, qui fait partie de l'arçon des Chapeliers : le bec de corbin soutient par un bout la corde de l'arçon, et sert à arçonner ou faire voler l'étoffe sur la claie. Voyez la fig. 16. Pl. du Chap.

BEC DE CORBIN, (Manège) est un petit morceau de fer de la largeur d'un pouce, et qui en a 3 ou 4 de long, que l'on soude à un des fers de derrière, pour empêcher un cheval boiteux de marcher sur l'autre fer de derrière. (Z)

BEC DB GRUE MUSQUE. Voyez HERBE A ROBERT.

BEC DE GRUE, c'est un instrument dont se servent les Chirurgiens dans leurs opérations, particulièrement pour tirer des balles de plomb et autres corps étrangers hors des plaies. Voyez TIRE-BALLE. Le bec de grue est une pincette composée de deux branches unies ensemble par jonction passée. Voyez Pl. III. fig. 3. La branche qui reçoit se nomme branche femelle, et on appelle branche mâle celle qui est reçue. La jonction de ces deux pièces forme le corps de l'instrument, qui parait au-dehors d'une figure carrée ; les surfaces supérieure et inférieure de ce carré ont environ cinq lignes de longueur : et les latérales excédent cette mesure d'une ligne, le corps de l'instrument se divise en parties antérieures et parties postérieures.

Les parties postérieures sont regardées comme le manche de l'instrument, elles sont différemment contournées ; la branche mâle est toute droite, et la femelle est doucement courbée dans toute sa longueur ; ce qui l'éloigne de deux pouces ou environ de la branche mâle, lorsque la pincette est fermée, et augmente considérablement la force de l'instrument. Ces branches sont plates, pour présenter plus de surface à la main et aux doigts qui doivent les empoigner. Leurs faces intérieures sont planes : mais l'extérieure est légèrement arrondie pour s'accommoder à la figure creuse de la main. La longueur de ces branches est de cinq à six pouces ; leur épaisseur près du corps est de trois lignes, et leur largeur est de cinq : mais en s'approchant de l'extrémité, elles diminuent d'épaisseur et augmentent de quelques lignes en largeur.

Ces pincettes sont naturellement écartées par un simple ressort très-élastique ; c'est une languette d'acier battue à froid ; afin d'en resserrer les pores et lui donner par-là beaucoup d'élasticité. Ce ressort est percé d'un trou à son talon, pour y passer un clou qui traverse aussi la branche mâle de la pincette, et qui est si exactement rivé et limé sur la surface supérieure qu'il n'y parait point.

Il nous reste à examiner la partie antérieure ou le bec de l'instrument. Il commence à la partie antérieure du corps au-delà de la jonction, par une tête arrondie sur ses faces supérieure et inférieure, mais aplatie sur les côtés. Cette tête est formée par deux demi-cercles, dont le plus grand se trouve à la partie supérieure ou branche femelle, et l'autre à l'inférieure ; ces deux cercles mis ensemble, font un trou horizontal qu'on appelle l'oeil de la pincette : mais lorsque l'instrument est ouvert, ils ressemblent avec le bec à une gueule béante.

Le reste du bec est deux branches pyramidales, dont le commencement a environ deux lignes et demie d'épaisseur et cinq lignes de large ; elles sont exactement planes en-dedans, arrondies en-dehors, et vont un peu en diminuant dans l'espace de trois pouces pour se terminer par une pointe mousse et très-arrondie. Ces deux lames qui forment le bec sont légèrement courbées en-dedans ; ce qui fait que l'instrument étant fermé, on voit un espace entre ces deux lames ou branches, qui devient moins considérable à mesure qu'il approche de l'extrémité du bec ; ce qui fait que ces branches se touchant par leur extrémité, pincent avec plus d'exactitude. Cette description est extraite du traité d'Instruments de M. de Garengeot, Chirurgien de Paris. (Y)

BEC-DE-LIEVRE, (terme de Chirurgie) est une difformité dans laquelle la lèvre supérieure est fendue comme celle des lièvres. Cette division qui arrive aussi quelquefois à la lèvre inférieure, vient d'un vice de conformation avant la naissance, ou par accident, comme chute, coup, incision, etc. Le bec-de-lièvre accidentel est ancien ou récent : l'ancien est celui dans lequel les bords de la plaie n'ayant point été réunis, se sont cicatrisés à part sans se joindre : le récent est celui dont les bords sont encore sanglans. Celui-ci se guérit par le bandage unissant, si la plaie est en long, ou par la suture entre-coupée, si elle a une autre direction. Ces deux moyens de réunion n'ont lieu que lorsqu'il n'y a point de déperdition de substance ; et dans ces cas le traitement du bec-de-lièvre accidentel et récent ne diffère point de celui qui convient à une plaie simple. Voyez PLAIE.

Le bec-de-lièvre de naissance, celui qui est accidentel et ancien, et celui qui est accidentel récent, et dans lequel il se trouve perte de substance, exigent la suture entortillée, parce que dans les deux premiers cas il faut rafraichir les bords de la division, avant de procéder à la réunion ; et que la suture entre-coupée n'est point capable d'assujettir les deux lèvres de la plaie, lorsqu'il y a déperdition de substance.

Pour rafraichir les lèvres de la division d'un bec-de-lièvre de naissance ou accidentel ancien, on se sert des ciseaux ou du bistouri : on approche ensuite les deux plaies récentes, ayant soin de les mettre bien au niveau l'une de l'autre : un aide les soutient dans cette situation, en avançant avec ses mains les deux joues vers la division. La peau prête assez pour cette approximation, quelque déperdition de substance qu'il y ait. Les lèvres de la plaie étant bien rapprochées, le chirurgien pose l'extrémité du pouce et du doigt indicateur de la main gauche, au côté droit de la division : il prend avec le pouce et le doigt indicateur de la main droite, une aiguille convenable (Voyez AIGUILLE), qu'il fait entrer dans le côté gauche, à quelques lignes de la division, pour traverser la plaie, en approchant le plus qu'on peut de la membrane interne de la lèvre, afin de procurer également la réunion de toute l'épaisseur de cette partie. La pointe de l'aiguille doit sortir entre les deux doigts de la main gauche, qui appuient légèrement sur la peau, et qui la tendent au côté droit de la division : la sortie de l'aiguille doit être à la même distance du bord droit de la plaie, que son entrée l'est du bord gauche. Pour réunir un bec-de-lièvre, il suffit ordinairement de mettre deux aiguilles : la première doit se passer un peu au-dessus du bord rouge de la lèvre, et l'autre près de l'angle supérieur de la plaie. Lorsque les aiguilles sont placées, on prend un fil ciré, qu'on fait tourner simplement deux ou trois fois autour de la première aiguille qu'on a mise, en le faisant passer alternativement sous sa tête et sous sa pointe. Le même fil sert à faire pareillement deux ou trois tours sous les extrémités de l'aiguille supérieure ; on arrête les deux bouts du fil par une rosette à côté de l'angle supérieur de la plaie : on met une petite compresse ou une petite boule de cire, sous la pointe de chaque aiguille, pour empêcher qu'elle ne blesse ; et on en met autant sous les têtes pour leur servir d'appui.

On couvre la division avec un petit lambeau de toile, imbibé de baume vulnéraire, et on maintient le tout avec une petite bandelette à quatre chefs, dont le plein pose sur l'appareil, et dont les extrémités s'appliquent au bonnet, en se croisant de chaque côté, de façon que le chef supérieur croise l'inférieur, et aille s'attacher latéralement au bonnet, au-dessous de celui-ci. On appelle ce bandage une fronde, il est simplement contentif. Quelques praticiens le préfèrent à l'unissant, parce qu'il est moins sujet à se déranger. Je crois cependant qu'il faudrait préférer un bandage, qui, en tendant à rapprocher les joues vers les lèvres, soulagerait beaucoup les points de suture. Voyez FRONDE.

Pendant l'opération qui vient d'être décrite, le malade doit être assis sur une chaise, et avoir la tête appuyée sur la poitrine de l'aide chirurgien, dont les mains rapprochent les joues, et les poussent l'une contre l'autre vers la division.

Quelques heures après l'opération et l'application de l'appareil, on fait saigner le malade pour prévenir l'inflammation. On lui défend exactement de parler ; on tâche d'éloigner de sa vue tout ce qui pourrait le déterminer à cette action ou à rire ; on ne lui donne du bouillon que rarement, et dans un biberon ou cuillière couverte, parce que l'action des lèvres nuirait beaucoup à la réunion. L'éternuement peut occasionner beaucoup de désordre après l'opération du bec-de-lièvre. Si un enfant se trouve dans le cas de cette opération, on conseille de l'empêcher de dormir une nuit, et on opère le lendemain au matin. Par ce moyen il pourra rester tranquille après l'opération ; ce stratagème parait pouvoir assurer la réunion : elle est ordinairement faite au bout de 24 ou 36 heures ; on ôte alors les aiguilles, et on continue le bandage unissant ; on pourrait même contenir les lèvres de la plaie avec des languettes de toîle couvertes d'emplâtre agglutinatif. On peut lire dans le premier volume des Mémoires de l'Académie royale de Chirurgie, des observations singulières de M. de la Faye, et de plusieurs autres académiciens, sur les becs-de-lièvre venus de naissance, et sur différentes méthodes de corriger ces difformités : on y trouvera des moyens de remédier au déchirement qui survient lorsque les points d'aiguille manquent, et qu'il n'est plus possible de pratiquer la suture entortillée par le défaut de solidité des parties qui devaient la soutenir. (Y)