ou TÉNILLE, s. f. (Conchyliologie) en Normandie flion, et en latin tellina, coquille bivalve de la famille des moules ; elle en est distinguée par les caractères suivants : sa consistance est plus légère et plus mince que celle des moules ; sa forme est plus allongée sans être pointue ; l'endroit où elle se ferme qui est la charnière, n'est pas exactement dans le milieu ; de plus les ténilles ont la plupart à l'extrémité de la partie la plus courte, une espèce de bec qui s'élève tant soit peu ; enfin à la différence des moules, elles ont deux muscles qui les attachent à leurs coquilles.

Toutes les tellines peuvent se ranger commodément sous trois classes : 1°. les tellines oblongues et plates dont les côtés sont égaux ; 2°. les tellines oblongues dont les côtés sont inégaux ; 3°. les tellines aplaties et tronquées.

Dans la première classe, on compte les espèces suivantes : 1°. la telline violette ; 2°. la même telline avec quatre zones blanches ; 3°. la telline unie, bariolée de fascies blanches, et couleur de rose ; 4°. la telline chevelue de la Méditerranée ; 5°. la grande telline chevelue de l'Océan ; 6°. la telline du Canada ; 7°. celle des îles Açores ; 8°. la telline du grand banc de Terre - neuve ; 9°. la petite telline du Canada ; 10°. celle de Saint-Savinien : cette dernière se trouve souvent polie dans les cabinets des curieux, et alors elle est d'un beau couleur de rose et argent.

Dans la classe des tellines oblongues dont les côtés sont inégaux, on connait les espèces suivantes : 1°. la telline rougeâtre avec un bec ; elle est nommée volselle ou la pince des Chirurgiens ; 2°. la volselle couleur de citron ; 3°. la telline en forme de couteau ; 4°. celle qui est à long bec ; 5°. la telline rude appelée la langue de chat ; 6°. la telline fasciée et rayée de couleur de rose ; 7°. la telline bariolée de violet et de blanc ; 8°. la telline orangée avec un pli sur un des côtés, et des dents dans sa bordure ; 9°. la feuille d'arbre de Rumphius ; 10°. la telline blanche et chagrinée ; 11°. celle qui est rougeâtre avec des stries transversales.

Enfin dans la classe des tellines aplaties et tronquées on distingue la telline violette au sommet strié ; 2°. la telline citrine avec des stries semblables ; 3°. la rougeâtre qui passe pour une des belles tellines.

Il nous reste à parler du poisson logé dans la telline. Deux petits tuyaux sortent d'une de ses extrémités, et une jambe peu longue du milieu de ses deux valves ; quand il fait son chemin dans le sable, il se couche sur le plat de sa coquille ; et avec sa jambe faite en lame il suit un mouvement comme le sourdon ; quand ces animaux veulent marcher et avancer, ils tournent leur coquille sur le tranchant, afin que le sable n'en touche qu'une très-petite partie ; souvent même cette jambe ou ce pied est plat, quelquefois plus épais, recourbé ou pointu comme un arc, ce qui facilite extrêmement leur marche. Ils l'exécutent avec beaucoup de célérité, et font même quelquefois un petit saut. M. de Réaumur vous expliquera toute l'allure de ce coquillage dans les mémoires de l'acad. des Sciences, année 1710. (D.J.)