S. m. (Conchyliologie) en latin pecten, en anglais scallops ; genre de coquille bivalve fermant exactement de tous côtés, et rayée en forme d'un peigne dont on se sert pour peigner des cheveux ; elle est plate, élevée, garnie de deux oreilles, quelquefois d'une seule et quelquefois aussi sans oreille. Elle n'est attachée que par un tendon. Sa valve supérieure est ordinairement un peu aplatie, quoique l'inférieure soit creuse. Il y a cependant des peignes dont les deux écailles sont élevées et convexes. Les stries ou cannelures ne servent qu'à donner à cette coquille différentes dénominations. Jonston fait une classe particulière des peignes, en les appelant conchae imbricatae, striatae, longae, coralinae, rugatae, fasciatae ; mais ils ont tout cela de commun avec d'autres coquillages qui ne sont point des peignes. Celle-ci a tiré son nom des stries longitudinales dont sa surface est couverte, qui ressemblent aux dents d'un peigne.

Conformément au caractère que nous venons de donner de ce genre de coquille, on peut distribuer ses espèces sous trois classes distinctes.

Dans la classe des peignes qui sont garnis de deux oreilles, on met les espèces suivantes : 1°. le peigne rouge, nommé le manteau ducal rouge ; 2°. le manteau ducal jaune ; 3°. le peigne couleur de corail garni de beaux boutons ; 4°. le peigne bariolé, nommé coquille de S. Jacques ; 5°. le peigne jaune, appelé coquille de S. Michel ; 6°. le peigne orangé de la mer Caspienne ; 7°. le grand peigne rougeâtre ; 8°. le peigne bariolé, bleuâtre ; 9°. le peigne rouge, profondément cannelé ; 10°. le peigne appelé l'éventail ou la sole ; il est brun sur la coquille supérieure, et blanc sur la coquille inférieure ; 11°. le peigne tacheté par-dessus, et blanc par-dessous ; 12°. le peigne à côtes et jaunâtre, avec la lèvre rebordée ; 13°. le peigne à coquille également creuse ; 14°. le peigne en forme de poire ; 15°. le beau peigne, nommé la vierge par Rumphius ; 16°. le peigne nommé par le même amusium ; il est fait en table lisse et polie ; 17°. le peigne à coquille inégale, bariolé de taches fauves.

Dans la classe des peignes qui n'ont qu'une oreille, on distingue les espèces suivantes ; 1°. le peigne noir, épineux : il est par-tout couvert de pointes aiguës ; 2°. le peigne épineux, rouge ; 3°. le peigne épineux, gris ; 4°. le peigne épineux, jaune ; 5°. le peigne épineux, bariolé ; 6°. le peigne épineux, orange ; 7°. le peigne blanc et tout uni.

Dans la classe des peignes qui n'ont point du tout d'oreilles, on compte les espèces suivantes : 1°. le peigne appelé la ratissoire ou la rape, en anglais the file-cockle ; 2°. le peigne oblong, blanc et raboteux ; 3°. le peigne à côtes jaunes, et découpé dans son contour ; 4°. le peigne bariolé, avec un pourtour déchiré ; 5°. le peigne épais, chargé de cordelettes bariolées de bleu, de jaune et de brun ; 6°. le peigne uni et bariolé ; 7°. le peigne rond et blanc, nommé sourdon, en anglais the common-cokle.

Parmi les peignes de ces trois espèces, on estime particulièrement celui qui imite par son rouge la couleur du corail : de grandes stries cannelées, sur lesquelles sont des tubercules élevés et creux, le coupent dans toute son étendue ; ses oreilles sont inégales, et ses bords sont régulièrement chantournés.

Le manteau ducal rouge est également beau dessus et dessous ; le travail grené de ses stries, les bords orangés de ses oreilles, et le chantournement de ses contours le font rechercher des curieux.

Le peigne appelé la rape ou la ratissoire, est remarquable par les éminences qui suivent ses stries, et qui le rendent fort rude au toucher ; ce peigne est tout blanc, et n'a point d'oreilles.

En un mot, la famille des peignes est une des plus agréables qu'on ait, en fait de coquilles, pour la beauté des couleurs. Parlons de l'animal.

Ce coquillage a deux grandes membranes brunes qui s'attachent chacune à une des pièces de la coquille ; de leur contour sortent dans l'eau de la mer une multitude prodigieuse de poils blancs, assez longs pour déborder les valves. L'intervalle est garni de petits points noirs, ronds et brillans. L'intérieur des deux membranes renferme quatre feuillets fort minces, chargés transversalement de stries très-fines. Il se voit, au-dessus de ces quatre feuillets, une petite masse molle et charnue qu'on peut croire être le ventre ou les entrailles. Elle cache, sous une pellicule assez mince, une espèce de pied, dont la pointe regarde le centre de l'animal. Cette partie est ordinairement de la même nuance que celle qui l'enveloppe ; mais dans le temps du frai, elle se gonfle, change de couleur, et devient d'un jaune foncé : quelque temps après elle diminue, maigrit et reprend son ancienne teinte.

Voici le mouvement progressif de ce coquillage sur terre. Lorsque le peigne est à sec, et qu'il veut regagner la mer, il s'ouvre autant que ses deux valves peuvent le lui permettre ; et étant parvenu à un pouce ou environ d'ouverture, il les referme avec tant de vitesse, qu'il communique aisément à sa valve inférieure un mouvement de contraction par lequel elle acquiert assez d'élasticité pour s'élever et perdre terre de deux à trois pouces de haut : il importe peu sur quel côté de la coquille il puisse tomber ; il suffit de savoir que c'est par cette manœuvre réitérée qu'il avance toujours vers le but qu'il s'est proposé. Cependant si le peigne était attaché à quelque corps étranger par le grand nombre de filaments ou de poils qui s'implantent sur la surface de ses deux valves, il est vrai qu'alors il n'aurait point de mouvement progressif ; mais c'est un cas assez rare, excepté dans le pétoncle.

La progression de cet animal dans l'eau est bien différente. Il commence par en gagner la surface sur laquelle il se soutient à-demi plongé : il ouvre alors tant-sait-peu ses deux coquilles, auxquelles il communique un battement si prompt et si accéléré, qu'il acquiert un second mouvement ; on le voit du moins en réunissant ce double jeu, tourner sur lui-même très-vite de droite à gauche ; par ce moyen il agite l'eau avec une si grande violence, qu'au rapport de Rondelet, elle est capable de l'emporter, et de le faire courir sur la surface des mers.

On sent bien que ceux qui sont attachés à plusieurs corps étrangers ne jouïssent d'aucun des mouvements dont nous venons de parler. Voyez sur les peignes, Lister, Dargenville, et les Mémoires de l'académie des Sciences. (D.J.)

PEIGNE, s. m. (terme de Boulang.) les Boulangers qui font le biscuit de mer, appellent quelquefois peigne, un petit instrument dont ils se servent à faire plusieurs figures sur leurs galettes ; son véritable nom est une croisoire.

PEIGNE, dans l'art de la Corderie, est un instrument composé de six ou sept rangs de dents de fer à-peu-près semblables à celles d'un rateau ; ces dents sont fortement enfoncées dans une planche de bois de chêne fort épaisse.

Il y a quatre sortes de peignes différents : ceux de la première grandeur, voyez les Pl. d'Agric. ont les dents de 12 à 13 pouces de longueur, carrées, grosses par le bas de 6 à 7 lignes, et écartées les unes des autres de 2 pouces par la pointe. Ces peignes ne sont pas destinés à affiner le chanvre, mais seulement à former les peignons. On les appelle peigne pour les peignons.

Les peignes de la seconde grandeur, appelés peignes à dégrossir, ont les dents longues de 7 à 8 pouces, grosses de 6 lignes par le bas, et écartées les unes des autres de 15 lignes par la pointe. Ces peignes servent à dégrossir le chanvre, et à en séparer la plus grosse étoupe.

Le peigne de la troisième grandeur, nommé peigne à affiner, a les dents de 4 à 5 pouces de longueur, de 5 lignes de grosseur par le bas, et éloignées les unes des autres de 10 à 12 lignes. C'est sur ces peignes qu'on affine le chanvre, et que le second brin se sépare du premier.

Enfin il y a des peignes qui ont les dents plus courtes, plus menues et plus serrées que les précédents ; on les nomme peignes fins. On se sert de ces peignes pour préparer le chanvre destiné à faire de petits ouvrages plus délicats.

Il faut remarquer 1°. que les dents des peignes doivent être rangées en échiquier ou en quinconce, et non pas sur une même ligne ; autrement plusieurs dents ne feraient que l'effet d'une seule.

2°. Qu'elles doivent être taillées en losange, et posées de manière que la ligne qui passerait par les deux angles, coupât perpendiculairement le peigne dans sa longueur : par ce moyen les dents résistent mieux aux efforts qu'elles ont à souffrir, et refendent mieux le chanvre. Voyez l'article CORDERIE.

PEIGNE, (Draperie) Voyez l'article MANUFACTURE EN LAINE ; c'est une partie du métier.

PEIGNE, (terme d'Hautelisserie) instrument dentelé dont se servent les Hautelissiers pour battre et serrer leurs ouvrages. Il est de bois dur et poli, de 8 à 9 pouces d'épaisseur du côté du dos, d'où il Ve toujours en diminuant jusqu'à l'extrémité des dents. On s'en sert à la main.

Le peigne des basselissiers est à-peu-près de même, hormis qu'il y a des dents des deux côtés. Les uns et les autres sont ordinairement de buis ou d'ivoire.

PEIGNE, (Lainage) sorte d'instrument en forme de grande carde de fer, dont les dents sont longues, droites et fort pointues par le bout. On s'en sert dans les manufactures de lainage à peigner la laine destinée pour faire la chaîne de certaines étoffes. C'est cette laine ainsi peignée que l'on appelle ordinairement estaim. On se sert aussi de peignes dans quelques autres manufactures, pour peigner diverses sortes de matières, comme bourre de soie, chanvre, etc. Ces sortes de peignes sont en quelque manière semblables à ceux qui sont d'usage pour la laine, mais ils sont plus petits. (D.J.)

PEIGNE, instrument à l'usage du marbreur. C'est une barre de bois plate dans laquelle sont enfoncés des fils de fer d'environ deux doigts de longueur. Le peigne sert à mêler les couleurs qui nagent à la superficie de l'eau gommée dans le bacquet.

Les marbreurs se servent de trois différentes sortes de peignes, savoir le peigne au commun, le peigne à l'Allemagne, et le peigne à frison. Le peigne au commun est celui dont on se sert pour le papier marbré ordinaire, c'est-à-dire, pour celui qui n'est que veiné, il a cinq à six rangs de dents.

Le peigne à l'Allemagne sert pour le papier marbré qui imite celui que l'on fabrique en Allemagne. Ce peigne n'a qu'une rangée de dents.

Le peigne à frisons est celui dont on se sert pour marbrer le papier dont les relieurs font usage pour la relieure des livres. On l'appelle peigne à frisons, parce que ses dents sont placées alternativement l'une d'un côté, l'autre de l'autre, de manière que le marbreur en tournant le poignet, arrange les couleurs en cercles ou frisons. Ce peigne n'a qu'une seule rangée de dents, qui en forme deux par leur situation oblique qui en tourne les pointes les unes d'un côté, les autres de l'autre. Voyez l'article MARBREUR et les Planches.

PEIGNES, les Maréchaux appellent ainsi des gratelles farineuses qui viennent aux paturons du cheval, et qui y font hérisser le poil sur la couronne.

Peigne de corne, instrument dont les Palefreniers se servent pour peigner les crins et la queue des chevaux.

PEIGNE, (Rubanier) à l'usage de ce métier ; il y en a de quantité de sortes : il faut, avant de les détailler, parler de la manière dont on les fabrique. Ils sont faits de canne de Provence, qui est proprement le roseau ; mais celui de ce pays est le seul propre à cet usage. La canne est d'abord coupée entre ses nœuds, et forme des longueurs, puis elle est refendue avec une serpette ; ces refentes se font à plusieurs reprises, pour parvenir à la rendre assez étroite pour l'usage auquel on la destine : ces différents éclats sont étirés sur les rasoirs des poupées : ces poupées de figure cylindrique, qui portent sur l'établi, doivent être à leur base comme à leur sommet, ce qui leur donne plus d'assiette, et les empêche de varier sur l'établi. Elles sont de bois tourné, et ont au centre de leur base une queue qui passe dans des trous percés à l'établi ; la face supérieure qui est très-unie, porte au centre une lame d'acier très-tranchante, en forme de rasoir, qui y est fichée debout : à côté de ce rasoir est aussi fichée une pièce de fer plate non tranchante, qui est aussi debout comme le rasoir, et qui l'approche de très-près en lui présentant une de ses faces plates ; cette pièce est placée de façon qu'il n'y a entr'elle et le rasoir que la place nécessaire pour passer une dent ou éclat de canne ; cette pièce de fer dirige le passage de la dent contre le rasoir, et par conséquent ne doit laisser entr'elle et lui que la distance proportionnée à l'épaisseur que l'on veut donner à la dent ; il y a donc de ces poupées dont les fers sont en plus grande, d'autres en plus petite distance, puisqu'il y a des dents plus ou moins épaisses : il y a encore de ces poupées dont il faut que les deux pièces dont on parle, soient fort écartées, puisqu'il faut que la dent passe entr'elles à plat pour en unir les bords ; la dent, par cette opération, est mise en 2 lignes de largeur environ ; cet étirage se fait en plaçant la dent (qui est encore de toute la longueur que les nœuds de la canne l'ont permis), entre les deux fers de la poupée, tenant la dent avec la main droite, pendant que la gauche posée de l'autre côté des fers, ne fait que la tenir en respect. Il faut observer que c'est le côté intérieur de la canne qui passe sur le rasoir, puisqu'on ne touche jamais à son côté extérieur et poli. Cette dent est déchargée par ce moyen de tout son bois et n'en est presque plus que l'écorce. Après ce premier passage sur le rasoir, la dent est retournée bout pour bout pour repasser encore contre le rasoir ; car le bout tenu par la main droite n'a pu y passer : ceci bien entendu, il faut parler du fil qui servira à la construction du peigne. Ce sont plusieurs brins de fil unis ensemble, en telle quantité qu'on le juge à propos, puisque c'est de cette grosseur que dépend l'éloignement plus ou moins grand des dents, suivant la nécessité ; ainsi il est de conséquence de savoir proportionner cette grosseur. Ces fils ainsi unis et tortillés ensemble sont graissés avec de la poix, et sont de très-grande longueur, l'opération que l'on verra en son lieu en employant beaucoup : ces fils sont ensuite mis en paquets pour attendre l'usage. Il en faut de bien des grosseurs différentes, ayant aussi quantité de grosseurs de peignes, ainsi qu'il en sera parlé. Il faut à-présent faire connaître les jumelles. Ce sont de petites tringles de bois d'hêtre, larges de 5 à 6 lignes sur une ligne d'épaisseur, et de 4 pieds, 4 pieds et demi de long ; on n'en fait point de plus longues, leur faiblesse ne le permettant pas. S'il s'agissait d'avoir des peignes plus longs, puisqu'on en fait qui ont 6 pieds et plus, on en joint plusieurs ensemble par le moyen de la colle forte ; ces tringles si minces ont un côté de leur épaisseur qui est plat, et c'est celui-ci qui formera le dedans ; l'autre côté est arrondi autant que cette épaisseur peut le permettre, de sorte que les extrémités en sont presqu'aiguès. Lorsqu'on veut faire un peigne d'une longueur donnée, il faut quatre de ces jumelles unies deux-à-deux, mais plus longues que la longueur déterminée ; on en verra dans peu la nécessité. Deux de ces jumelles sont unies ensemble et de leurs côtés plats, au moyen de petites échancrures aux bouts, et d'une ligature. On les place sur la pièce de fer plate fixée invariablement sur la poupée qui entre dans les trous de l'établi, l'autre bout est attaché de même et placé sur une pièce de fer reçue dans la mâchoire portée par une vis qui passe par le trou de la poupée, qui se place elle-même à volonté dans différents trous de l'établi, suivant la longueur dont on a besoin ; ces quatre jumelles sont tendues roides et égales par le moyen de la noix. On ne doit point craindre qu'elles cassent par la grande tension où elles ont besoin d'être pour acquérir plus de rectitude, pourvu que le tirage soit direct et égal. Ceci étant ainsi disposé, on mesure avec l'instrument appelé compartissoir, pour voir si la distance est la même, ce qui se fait en conduisant cet instrument dans l'espace que laissent entr'elles les jumelles ; si le peigne est d'une grande longueur, on y laisse ce compartissoir lié légèrement aux jumelles à une distance convenable, pour laisser la jouïssance à l'ouvrier : lorsqu'on en approche de trop près par le travail, on le recule, et toujours de même ; par-là on conserve l'égalité de l'ouverture que la trop grande longueur pourrait faire varier ; on voit qu'il faut avoir différents compartissoirs, suivant les différentes hauteurs des peignes, car c'est lui qui donne cette hauteur. Si l'ouvrier a plusieurs peignes à faire de petite ou de moyenne longueur, il peut les faire sur de longues jumelles, en interrompant le travail par une petite distance d'un peigne à l'autre ; il s'épargnera par là la peine et le temps de monter et démonter plusieurs fois ; les choses en cet état, l'ouvrier fait plusieurs tours avec le fil à l'entour des jumelles qu'il échancre un peu avec la serpette, pour éviter que ce fil ne glisse ; il en fait autant avec un second fil qui est de son côté, en le faisant tourner de dedans en dehors ; au lieu que le premier fil tourne de dehors en dedans ; ces tours de fil sont frappés avec une batte, qui demeure ainsi placée dans les jumelles pendant tout le travail qui Ve suivre ; après cela, l'ouvrier place une première dent, qui donnera entre les jumelles la juste ouverture pour le logement convenable de la denture. Cette première dent est un morceau de canne épais, plié en deux, les deux extérieurs du bois se touchant ; cette dent se pose à plat contre les tours de fil qui viennent d'être faits. Si on n'a pas assez d'épaisseur, on remplit l'entre-deux intérieur de cette dent avec les menues parcelles qui sont sorties de la canne par l'opération des rasoirs, et cela tant qu'il le faut ; cette dent parvenue à son point d'épaisseur, est fixée contre le fil par plusieurs tours de ce même fil recraisés plusieurs fois et frappés avec la batte ; ensuite on met une autre dent, mais bien moins épaisse ; celle-ci est posée sur son champ, et de même entourée de plusieurs tours de fil, et toujours frappés avec la batte ; toutes ces précautions servent beaucoup à la perfection du peigne : après tout ceci, on pose les dents qui composent le peigne ; l'une après l'autre, et toujours après un tour de chaque fil, dont l'un, comme il a été déjà dit, et qui est le premier, se passe du dehors en-dedans, et le second du dedans en-dehors ; c'est-à-dire, qu'il jette le paquet par-dessus les jumelles, qui retombe sur l'établi, après avoir passé par l'ouverture entre les jumelles. A l'égard du paquet qui est du côté de l'ouvrier, comme ses deux mains se trouvent voisines, il le reçoit de la main gauche ; puis roidissant avec la main gauche, et à la fois les deux bouts ainsi passés, il a la main droite libre pour frapper avec la batte contre ce tour des deux fils ; puis il place une autre dent, et fait de même jusqu'au bout. Il est bon d'observer dans cette position des dents, qu'elles se posent toutes sur le champ, et le poli du même côté. Ce poli extérieur de la canne se trouve ainsi placé du côté gauche de l'ouvrier, puisqu'après avoir passé sa dent à plat d'abord dans les jumelles, il la relève ensuite pour la placer sur son champ, ayant le poli du côté du pouce droit. On voit aussi qu'il ne frappe jamais sur la dent qu'il serait en danger de casser, mais bien contre le fil qui forme ainsi les séparations de la denture. Ce fil, au moyen de la poix dont il est enduit, et du coup de batte, se tient comme collé sur les jumelles. On concevra sans doute que les dents sont plus longues qu'il ne faut, puisqu'il faut que l'ouvrier les tienne par le bout en-dehors des jumelles de son côté, elles passent de même inégalement de l'autre côté, cela comme elles se trouvent, ou que l'ouvrier aperçoit un défaut à l'un ou à l'autre bout ; car il faut que ces dents n'en aient aucun ; il ne lui est pas possible d'en employer de trop courtes puisqu'elles ne pourraient être arrêtées par le fil ; on voit la nécessité de l'égalité de ce fil, puisque s'il devenait plus gros ou plus fin, la denture serait dérangée, dérangement qui peut avoir encore plusieurs autres causes ; d'abord par la différente grosseur des fils, par la différente épaisseur des dents, ou par la différente pression des coups de batte. L'ouvrier a plusieurs moyens pour s'apercevoir si son égalité est toujours la même : premièrement, il forme lui-même ses fils avec toute la justesse qu'il sait leur être nécessaire ; il s'apercevrait de l'inégalité de l'épaisseur des dents en en mettant une certaine quantité qu'il sait devoir être contenue dans l'espace du compartissoir. A l'égard des coups de batte, la grande habitude de l'usage réglant sa force, il parvient à les donner toujours égaux ; s'il s'aperçoit que quelque dent gauchisse, il y remedie avec un petit instrument de fer plat appelé retroussoir, qu'il introduit dans le peigne pour redresser ce défaut. Toutes les dents qui composent le peigne étant ainsi posées, il termine le tout comme quand il a commencé. Il coupe les jumelles avec une petite scie à main devant les pièces de fer, c'est-à-dire dans les dedans. Il a été dit qu'il fallait que les jumelles fussent plus longues que les peignes que l'on veut faire avec : voici pourquoi ; si on ne donnait que la longueur juste à ces jumelles, il ne se trouverait pas assez de chasse pour le jeu de la batte, ou pour l'introduction des dents, l'excédent donne cette place nécessaire. Le peigne en cet état, et débarrassé de ses liens est brut, on commence par le débrutir, par couper avec la serpette tous les bouts des dents qui sortent des jumelles, on les coupe à l'uni du fil, prenant garde de ne point couper ce fil avec ; ensuite les dents se trouvant toujours un peu raboteuses et inégales entr'elles, il faut les unir toutes, ce qui se fait avec l'instrument appelé couteau à ratir. On pose le tranchant de cet outil à plat sur la denture en l'amenant à soi jusqu'auprès du fil, puis on coupe les bavures à fleur de ce fil ; ce qui étant fait haut et bas, devant et derrière, avec un autre petit instrument tranchant appelé évidoir, qu'on introduit entre chaque dent aussi haut et bas, devant et derrière, ou ébarbe tout ce qui peut être resté aux bords de chaque dent, enfin il n'y doit rien rester de superflu ; après quoi on le polit ; puis l'on couvre le fil dont on a tant parlé, avec de petites bandes de papier blanc collées, qui s'y appliquent en tournant depuis une superficie des dents jusqu'à l'autre, et le voilà enfin fini. J'ai dit, en commençant, qu'il y avait de bien des sortes de peignes, je vais en détailler quelques-unes pour en donner une idée : premièrement pour le ruban ; ils sont petits et extrêmement fins ; d'autres plus longs et d'une denture plus grosse, sont pour le galon, la grandeur et grosseur variant suivant les différents ouvrages qui y seront posés ; il y en a de deux en deux, ce qui se fait au moyen de ce qu'après avoir placé deux dents comme à l'ordinaire, on fait plusieurs tours de fil à l'entour des jumelles avant d'y en placer deux autres, et cela se continue de même ; ceux-ci sont pour la chenille : enfin on en fait jusqu'à 6 pieds de long et davantage, et qui contiennent jusqu'à 11 ou 12 cent dents ; ceux-ci sont pour les Ferandiniers et Tisserants qui les appellent rot. Voyez les Pl. du Passementier.

PEIGNE, instrument du métier d'étoffes de soie. Le peigne est un petit cadre de deux pouces et demi de hauteur sur la longueur dont on veut la largeur de l'étoffe, il est garni de petites dents qui sont faites en acier bien poli, ou de la pellicule du roseau ; les baguettes qui forment le cadre dans la hauteur du peigne, sont liées avec un fil pour tenir les dents en raison.

Le travail des peignes pour la manufacture d'étoffes d'or, d'argent et de soie. La façon dont les peignes sont faits étant suffisamment démontrée dans l'article de Passementerie, voyez les Planches, on ne donnera l'explication que de ceux qui sont faits avec du fil de fer, lesquels sont appelés communément peignes d'acier.

Pour fabriquer les peignes de cette espèce, on choisit du fil de fer proportionné à la largeur de la dent qui convient, et à son épaisseur, le nombre des dents de peigne pour les étoffes étant depuis douze et demi jusqu'à trente de compte, ce qui signifie depuis 500 dents jusqu'à 1200 dans une même largeur de 20 pouces environ. Il est évident que plus un peigne est fourni des dents, plus elles doivent être minces et étroites, conséquemment que le fil de fer doit être proportionné. On passe ce fil de fer sous la meule, c'est-à-dire, entre deux rouleaux d'acier semblables à ceux qui servent à battre ou écacher l'or et l'argent. Quand le fil de fer est aplati jusqu'au point convenable, on le passe dans une filière de mesure pour la dent qu'on désire, qui ne lui laisse que sa largeur et son épaisseur, après quoi on coupe le fil de fer de la longueur de 9 pouces ou de trois dents ; on met ces parties dans un sac de peau avec de l'émeri et de l'huîle d'olive, ensuite on le roule sur une grande table où elles se polissent. L'opération finie, on coupe ces parties à trois pouces de longueur, et on monte le peigne de la même façon que ceux dont les dents sont de roseau. Mais comme les peignes de cette espèce seraient éternels, pour ainsi dire, s'ils ne manquaient pas par le lien, qui n'est qu'une quantité de fils paissés, plus ou moins grosse, selon la largeur ou le resserrement qu'il faut donner à la dent ; les Anglais ont trouvé le secret de les faire aussi justes sans se servir de liens ni de jumelles, qui sont deux baguettes entre lesquelles les dents sont arrêtées avec le fil. Cette façon de monter les peignes est d'autant plus singulière, qu'ils en ont encore plus d'égalité, le défaut ordinaire des peignes d'acier étant de n'avoir pas les dents rangées aussi également que l'etoffe l'exigerait, soit par le défaut de l'inégalité du fil, soit par celui qui le fait, qui ne frappe pas avec la même justesse.

Quand les Anglais veulent monter un peigne de quelque compte qu'on le désire, ils ont soin d'avoir autant de dents de refente que de dents ordinaires pour le peigne, toutes du même calibre ; on donne le nom de dents de refente à celles qui n'ont que deux pouces de longueur, et celui de dents ordinaires, à celles qui en ont trois, parce que les deux jumelles en retiennent ordinairement un demi-pouce de chaque côté. Sur une bande de fer polie de deux pouces moins deux ou trois lignes de large, et de longueur de deux pieds plus ou moins, ils commencent à poser de champ une dent ordinaire et une dent de refente, et continuent alternativement jusqu'à ce que le nombre de dents que le peigne doit avoir soit complet, ayant soin de laisser un demi-pouce de chaque côté entre les dents ordinaires pour celles de refente. Le nombre de dents complet, on le resserre avec une vis, jusqu'au point de jaune ordonné pour la largeur des étoffes, qui ordinairement est de 20 pouces pour celles qui sont des plus riches et des plus en usage.

Les dents étant bien arrêtées, ils bordent un côté avec de la terre battue, de façon qu'ils puissent jeter une composition d'étain et de cuivre à un demi-pouce d'élevation, et arrêter toutes les dents ordinaires qui se trouvent prises dans la matière. Ce côté fini, ils font la même opération de l'autre, après quoi ils lâchent la vis, qui donne la liberté aux dents de refente de tomber et de laisser un vide de la largeur de leur calibre, après quoi ils polissent et unissent ou égalisent des deux côtés la composition, qui, par la façon dont on vient d'expliquer, ne retient que les dents dont la longueur était supérieure à celles de refente. Il n'est pas possible de faire des peignes plus justes, et s'il se trouvait quelques défauts dans ceux-ci, ce ne serait que dans le cas où la dent de refente ne serait pas de calibre, ce qui ne saurait arriver. Avant cette dernière façon de faire les peignes justes, il arriverait que l'inégalité des dents causerait un défaut essentiel dans l'étoffe fabriquée, surtout dans l'unie ; en ce que l'étoffe fabriquée rayait dans sa longueur, ce qui ne se rencontrait pas dans le peigne de canne ou roseau travaillé de même, attendu que dans ce dernier la flexibilité de la dent se trouve rangée par l'extension du fil de la chaîne ; au lieu que la roideur de cette même dent dans le premier, rangeant les fils avec la même inégalité qui lui est commune, il s'ensuit un défaut irréparable ; de façon qu'il convient beaucoup mieux pour la perfection de l'étoffe, que la chaîne range la dent du peigne, que si cette même dent range la chaîne.

PEIGNE DE VENUS, scandix ; (Botanique) genre de plante à fleur en rose et en ombelle composée de plusieurs pétales disposés en rond, et soutenue par un calice qui devient dans la suite un fruit composé de deux parties qui ressemblent chacune à une aiguille, et qui renferment une semence. Tournefort, inst. rei herb. Voyez PLANTE.

PEIGNE, en terme de Cornetier, se dit d'un ustencîle de toilette dont l'usage est de faire tomber la poudre de la tête et de démêler les cheveux. Il y en a encore de buis et d'os dont personne n'ignore l'usage. Les peignes se font d'un morceau degalin taillé de la largeur, grosseur et épaisseur qu'on veut leur donner. Quand ces morceaux sont dressés, on les place sur l'âne où on fait les dents. Voyez DRESSER et ANE.

PEIGNE, parmi les ouvriers qui travaillent de la navette, est une sorte de châssis long et étroit, divisé en une grande quantité de petites ouvertures. Ces ouvertures sont formées par des menus fils d'archal, ou par des petites lames de roseau fort minces, attachées à égale distance, et fort près les unes des autres, entre deux espèces de tringles de bois, appelées les jumelles du rot.

Ces petits espaces ou ouvertures que forme la distance des fils de fer ou lames de roseau, sont appelées les dents ou broches du peigne : c'est dans ces ouvertures que les Tisserands et autres ouvriers qui se servent de ce peigne font passer les fils qui composent la chaîne des toiles, etc. et autres ouvrages de navette.

Les deux grosses dents ou morceaux de bois qui sont placés aux deux extrémités du peigne sont appelées les gardes.

Le peigne est enchâssé dans le bas de la partie mobîle du métier appelé la chasse ou le battant ; et il doit être aussi long que la toîle qu'on veut fabriquer doit avoir de largeur. Le peigne est aussi appelé un rot à cause de ces petits morceaux de roseau dont ils sont composés pour l'ordinaire. Voyez CHASSE.

PEIGNE d'une futaille ; les Tonneliers nomment ainsi l'extrémité des douves, à commencer depuis le jable. On dit, remettre un peigne à une pièce de vin, c'est-à-dire, enter une allonge à une douve qui s'est rompue à l'endroit du jable.

PEIGNE, préparer un, (Tabletier-peigner) ce terme préparer un peigne signifie amorcer les dents avec le carrelet, c'est-à-dire, faire sur le peigne, après qu'il est mis en façon, la première ouverture de chaque dent, pour ensuite les achever avec l'estadiou.

PEIGNE, est un instrument de Vergettier, dont les dents de fer sont montées à quelque distance les unes des autres sur un fût de bois. Il sert à démêler les soies, le chiendent, etc.