(Botanique exotique) arbrisseau des Indes orientales peu connu, et qui n'est pas sans vertus utiles en Médecine : deux raisons suffisantes pour en faire mention.

Voici les noms qu'il a dans nos ouvrages de Botanique.

Codaga-pala, H. Mal. part. I. p. 85. tab. 47.

Nerium Indicum, siliquis angustis, erectis, longis, geminis, Burm. Thes. Zeyl. 167. tab. 77.

Apocynum erectum Malabaricum, frutescens, jasmini flore candido, Par. Bat. 44.

Arbor Malabarica lactescens, jasmini flore odorato, siliquis oblongis, Syen. in not. ad. H. M.

Conessi, act. Edimb. tome III. p. 32.

Cet arbrisseau vient fréquemment dans le Malabar et dans l'île de Ceylan. Sa racine est peu profonde ; elle répand beaucoup de fibres. Son écorce est d'un rouge brun et de lait. Son goût est amer et peu piquant. Les tiges en sont fermes, ligneuses, rondes ; elles produisent différents rameaux revêtus d'une écorce noirâtre qui couvre un bois blanchâtre, portant des feuilles de différente grandeur, placées deux à deux, opposées, portées sur une petite queue ; oblongues en forme de lance, pointues, unies, ayant des nervures, d'un beau verd des deux côtés, répandant un suc laiteux.

Il sort du sommet des tiges, des fleurs monopétales en tuyaux, partagées en cinq quartiers, avec cinq étamines ramassées en un cone pointu, très-blanches, d'une odeur agréable, et fort belles. Le calice qui soutient les fleurs est étoilé, partagé en cinq quartiers, appuyé sur un pédicule assez long, mince, différemment multiplié, et qui subsiste toujours ; car lorsque les fleurs sont seches, il s'élève d'un de ces calices deux petites gousses droites, très-longues, unies d'une manière surprenante à leur sommet par la pointe, qui est très-aiguè et roulée : ces gousses sont remplies d'un duvet très-blanc, qui couronne plusieurs graines longues, étroites, cannelées, de couleur de cendre, et attachées à un duvet comme le cordon ombilical l'est au placenta.

On recommande l'écorce de codaga-pâle pilée et prise dans une décoction stomachique, pour le flux de ventre. On loue aussi l'écorce de sa racine prise de la même manière, pour toute sorte de flux de ventre, soit dyssentérique, soit lientérique : elle sert encore en qualité de desobstruant, prise en infusion ou en décoction.

La racine pilée et bouillie dans de l'eau dans laquelle on a cuit de l'orge ou du ris, est utîle pour l'angine aqueuse ou pituiteuse ; on en fait une lotion : elle sert encore pour dissiper les tumeurs, étant employée de la même manière : elle apaise quelquefois la douleur des dents ; on en retient la décoction dans la bouche. Les graines bouillies sont utiles contre les vers.

Mais de toutes les vertus attribuées au codaga-pâle, celle de son efficace contre la diarrhée nous est présentée avec trop d'éloges dans les mémoires d'Edimbourg, tome III. p. 32. pour en passer l'article sous silence.

L'auteur recommande l'écorce des petites et jeunes branches d'un codaga-pâle, qui ne soit point couvert de mousse, ni d'une écorce extérieure seche et insipide, qu'il faut ôter entièrement lorsqu'elle s'y trouve.

L'écorce ainsi mondée doit être réduite en poudre fine, dont on fait un électuaire avec une quantité suffisante de syrop d'orange. On donne un demi-gros ou davantage de cet électuaire quatre fois dans la journée, de quatre heures en quatre heures : le premier jour les déjections deviennent plus fréquentes et plus abondantes ; le lendemain la couleur des excréments devient meilleure ; le troisième et quatrième jour il leur donne une consistance approchante de l'état naturel, et il opère alors la guérison.

Il est rare, dit-on encore, que ce remède manque dans les diarrhées qui sont récentes, qui viennent d'un dérèglement dans le boire et le manger, pourvu qu'il n'y ait pas de fièvre, et qu'on ait fait prendre auparavant au malade une dose d'ipécacuanha. On prescrit avec le même succès et de la même manière cet électuaire à ceux qui étant d'une constitution relâchée, ont aisément des diarrhées lorsque le temps est pluvieux ou humide ; et même il faut en continuer l'usage pendant quelques jours soir et matin, après que la diarrhée est guérie, prenant de l'eau de ris pour boisson ordinaire, ou des émulsions avec les semences froides et le sel de prunelle, s'il est nécessaire.

Si la fièvre accompagne la diarrhée, on sent bien qu'il faut attaquer la fièvre par la saignée, les émulsions rafraichissantes, ou la décoction blanche avec le sel de prunelle, avant que d'employer l'écorce du codaga-pâle.

N'oublions pas d'observer que cette écorce doit être nouvellement mise en poudre, et qu'il faut faire l'électuaire tous les jours, ou de deux jours l'un ; parce qu'autrement cette drogue perd son goût astringent, qui est mêlé d'une amertume agréable au palais, et par cette perte son action sur les intestins diminue. M. Monro, célèbre par son savoir et ses talents, témoigne qu'il a guéri une dyssenterie très-invétérée, et qui avait résisté à un grand nombre de remèdes, par le moyen de l'écorce du codaga-pâle donnée suivant la méthode dont on vient de parler.

Quoiqu'il en sait, cette écorce parait avoir toutes les qualités requises pour être très-utîle dans la diarrhée, en fortifiant l'estomac par son amertume, qui d'ailleurs n'est pas rebutante, en stimulant les intestins, et en apaisant les tranchées par des parties balsamiques et onctueuses. Il parait donc qu'elle mérite qu'on réitère dans d'autres pays les expériences avantageuses qu'on a faites en Ecosse de ses vertus. Art. de M(D.J.)