S. m. (Botanique exotique) on écrit aussi gens-eng, ging-seng et geng-seng ; la plus célèbre racine médicinale de toute l'Asie.

C'est-là cette racine si chère et si précieuse que l'on recueille avec tant d'appareil dans la Tartarie ; que les Asiatiques regardent comme une panacée souveraine, et sur laquelle les médecins chinois ont écrit des volumes entiers où ils lui donnent le nom de simple spiritueux, d'esprit pur de la terre, de recette d'immortalité.

Cette fameuse racine a un ou deux pouces de longueur : tantôt elle est plus grosse que le petit doigt, et tantôt moins, un peu raboteuse, brillante et comme transparente, le plus souvent partagée en deux branches, quelquefois en un plus grand nombre, garnie vers le bas de menues fibres : elle est roussâtre en-dehors, jaunâtre en-dedans, d'un goût acre, un peu amer, aromatique, et d'une odeur d'aromate qui n'est pas desagréable.

Le collet de cette racine est un tissu tortueux de nœuds, où sont imprégnées alternativement, soit d'un côté, soit de l'autre, les traces des différentes tiges qu'elle a eues et qui marquent ainsi l'âge de cette plante, attendu qu'elle ne produit qu'une tige par an, laquelle sort du collet et s'élève à la hauteur d'un pied. Cette tige est unie et d'un rouge noirâtre.

Du sommet de cette tige naissent trois ou quatre queues creusées en gouttière dans la moitié de leur longueur, qui s'étendent horizontalement, et sont disposées en rayons ou en une espèce de parasol : les queues sont chacune chargée de cinq feuilles inégales, minces, oblongues, dentelées, retrécies, allongées vers la pointe, et portées sur la queue qui leur est commune, par une autre petite queue plus ou moins grande. La côte qui partage chaque feuille jette des nervures qui font un réseau en s'entrelaçant.

Au centre du nœud où se forment les queues des feuilles, s'élève un pédicule simple, nud, d'environ cinq à six pouces, terminé par un bouquet de petites fleurs, ou par une ombelle garnie à sa naissance d'une très-petite enveloppe. Cette ombelle est composée de petits filets particuliers qui soutiennent chacun une fleur dont le calice est très-petit, à cinq dentelures, et porté sur l'embryon. Les pétales sont au nombre de cinq, ovales, terminés en pointe, rabattus en-dehors. Les étamines sont aussi au nombre de cinq, de la longueur des pétales, et portent chacune un sommet arrondi.

Le stîle est court et ordinairement partagé en deux branches, quelquefois en trois et en quatre, dont chacune est surmontée d'un stigmate : ce stîle est posé sur un embryon qui en mûrissant devient une baie arrondie, profondément cannelée, couronnée, et partagée en autant de loges qu'il y avait de branches au style. Chaque loge contient une semence plate, en forme de rein.

Lieux de sa naissance. Le gins-eng croit dans les forêts épaisses de la Tartarie, sur le penchant des montagnes, entre les 39 et 47d. de latit. septentr. et entre le 10 et le 20d. de longitude orientale, en comptant depuis le méridien de Pékin. Le meilleur vient dans les montagnes de Tsu-toang-seng ; celui qui nait dans la Corée, et qu'on nomme ninzin, est plus épais, mou, creux en-dedans, et beaucoup inférieur au vrai gins-eng.

Il n'est donc pas vrai que cette plante soit originaire de la Chine, comme le dit le P. Martini, d'après quelques livres chinois qui la font croitre dans la province de Pékin, sur les montagnes d'Yong-Pinfou : mais on a pu aisément s'y tromper, parce que c'est-là qu'elle arrive quand on l'apporte de la Tartarie à la Chine.

Appareil avec lequel on recueille, on seche, et on prépare cette racine. Les endroits où vient le gins-eng sont séparés de la province de Quantong, appelée Leaotong dans nos anciennes cartes, par une barrière de pieux de bois qui renferme toute cette province, et aux environs de laquelle des gardes rodent continuellement pour empêcher les Chinois d'aller chercher cette racine : cependant quelque vigilance qu'on emploie, l'avidité du gain inspire aux Chinois le secret de se glisser dans ces déserts au risque de perdre leur liberté et le fruit de leurs peines, s'ils sont surpris en sortant de la province ou en y rentrant.

L'empereur qui régnait en 1709, souhaitant que les Tartares profitassent de ce gain préférablement aux Chinois, avait ordonné à dix mille Tartares d'aller ramasser eux-mêmes tout ce qu'ils pourraient de gins-eng, à condition que chacun d'eux en donnerait à sa majesté deux onces du meilleur, et que le reste serait payé aux poids d'argent fin. Par ce moyen on comptait que l'empereur en aurait cette année-là environ vingt mille livres chinoises, qui ne lui couteraient guère que la quatrième partie de leur valeur. Le P. Jartoux rencontra par hasard la même année quelques-uns de ces Tartares au milieu de ces affreux déserts.

Voici l'ordre que tient cette armée d'herboristes : après s'être partagé le terrain selon leurs étendarts, chaque troupe au nombre de cent, s'étend sur une ligne jusqu'à un terme marqué, en gardant de dix en dix une certaine distance : ils cherchent ensuite avec soin la plante dont il s'agit, en avançant insensiblement sur un même rond ; et de cette manière ils parcourent pendant un certain nombre de jours l'espace qu'on leur a marqué.

Ceux qui vont à la découverte de cette plante, n'en conservent que la racine, et ils enterrent dans un même endroit tout ce qu'ils peuvent en ramasser durant dix ou quinze jours. Ils la recueillent avec beaucoup de soin et d'appareil au commencement du printemps, et sur la fin de l'automne.

Ils ont soin de la bien laver et de la nettoyer, en ôtant tout ce qu'elle a de matière étrangère, avec un couteau fait de rambou, dont ils se servent pour la ratisser légèrement ; car ils évitent religieusement de la toucher avec le fer ; ils la trempent ensuite un instant dans de l'eau presque bouillante ; et puis ils la font sécher à la fumée d'une espèce de millet jaune, qui lui communique un peu de sa couleur. Le millet renfermé dans un vase avec de l'eau, se cuit à petit feu.

Les racines couchées sur de petites traverses de bois au-dessus du vase, se sechent insensiblement sous un linge ou sous un autre vase qui les couvre. On les fait aussi sécher au soleil, ou même au feu : mais quoiqu'elles conservent leur vertu, elles n'ont pas alors cette couleur que les Chinois aiment davantage. Quand ces racines sont seches, ils les mettent dans des vaisseaux de cuivre bien lavés, et qui ferment bien ; ou ils les tiennent simplement dans quelque endroit sec. Sans cette précaution, elles seraient en danger de se pourrir promptement et d'être rongées des vers. Ils font un extrait des plus petites racines, et ils gardent les feuilles pour s'en servir comme du thé.

Relation qu'en donne Koempfer. Aux détails du P. Jartoux sur cette racine, il est bon de joindre ceux de Koempfer qui y sont assez conformes, quoiqu'il en ait donné une figure fort différente.

Cette plante, dit ce fameux voyageur, si l'on en excepte le thé, est la plus célèbre de toutes celles de l'orient, à cause de sa racine, qui y est singulièrement recherchée ; celle que l'on apporte de Corée dans le Japon, et que l'on cultive dans les jardins de la ville de Méaco, y vient mieux que dans sa propre patrie ; mais elle est presque sans vertu : celle qui nait dans les montagnes de Kataja, où l'air est plus froid, dure plus longtemps ; sa racine subsiste et ses feuilles tombent en automne : dans le Japon elle produit plusieurs tiges chargées de graine, et elle meurt le plus souvent en un an.

Lorsque le temps de ramasser cette racine approche, on met des gardes dans toutes les entrées de la province de Siamsai, pour empêcher les voleurs d'en prendre avant la recolte.

Ces racines étant nouvellement tirées de la terre, on les macère pendant trois jours dans de l'eau froide, où l'on a fait bouillir du riz ; étant ainsi macérées, on les suspend à la vapeur d'une chaudière couverte, placée sur le feu : ensuite étant sechées jusqu'à la moitié, elles acquièrent de la dureté, deviennent rousses, résineuses, et comme transparentes ; ce qui est une marque de bonté. On prépare les plus grandes fibres de la même manière.

Prix et choix de cette racine. Le prix de cette racine est si haut parmi les Chinois, qu'une livre se vend aux poids de deux et trois livres pesant d'argent ; c'est pourquoi on a coutume de l'altérer de différentes façons ; et nos épiciers lui substituent souvent d'autres racines exotiques, ou celle du behen-blanc.

Il faut choisir le gins-eng qui est récent, odorant, et non carié ni vermoulu ; ce qui est l'ordinaire : j'en ai Ve en 1734 chez Séba, la partie entière qu'avait reçu la compagnie hollandaise des Indes orientales, et qu'il venait d'acheter à la vente publique de cette compagnie : dans cette quantité, qui lui coutait d'achat quelques milliers de florins, il y en avait bien une cinquième partie de gâtée.

Le P. Lafiteau parait avoir trouvé la même plante au Canada.

On a eu beau semer la graine de gins-eng, soit à la Chine soit au Japon, elle meurt, ou la racine qu'elle pousse est sans vertu.

On ne la connaissait que dans les montagnes de la Tartarie dont nous avons parlé, quand le P. Lafiteau jésuite, missionnaire des Iroquais du Sault S. Louis, naturellement amateur des plantes, et éclairé par la lettre que le P. Jartoux avait écrite sur le gins-eng, se mit à le chercher dans les forêts du Canada, et crut enfin l'avoir trouvé.

Il a depuis soutenu sa découverte par un livre qu'il publia en 1718, et qu'il distribua à l'académie des Sciences, dont il tâcha de dissiper entièrement les doutes.

On voit dans cet ouvrage une description du gins-eng du Canada, nommé par les Iroquais garent-oguen, encore plus circonstanciée que celle du P. Jartoux : garent-oguen, veut dire, deux choses séparées comme deux cuisses. Le nom de gen-seng ou gins-eng, signifie pareillement en chinois, cuisses d'homme, ressemblance d'homme, homme-plante.

M. de Jussieu a semé au jardin royal, des graines assez fraiches et bien conditionnées du gins-eng d'Amérique, qu'il avait reçues du P. Lafiteau, mais qui n'ont pas réussi ; de sorte que le gins-eng du Canada est encore plus rare en Europe, que celui de la Chine. Je dis le gins-eng du Canada, parce que toutes les présomptions semblent réunies pour ne regarder les deux gins-eng que comme une même plante.

Le degré de latitude, le terroir, la position des montagnes, l'aspect des marais qui sont semblables, la ressemblance des feuilles, des pédicules, des fleurs, des fruits, des tiges, des racines vivaces, et des effets, donnent tout lieu de penser que la plante d'Amérique est la même que celle d'Asie. La transparence qu'a d'ordinaire le gins-eng de la Chine, et qui manque au gins-eng du Canada, n'est point une preuve que ce soient deux plantes différentes : en effet, cette transparence n'est que le produit de l'art et de la préparation qu'on donne presque toujours au gins-eng de la Chine. Mais j'en ai Ve en Hollande de naturel, très-ancien, et bien conservé, qui n'avait point acquis en vieillissant ni cette couleur ni cette transparence du gins-eng préparé. Ainsi le temps ne lui donne point cette qualité, comme il la donne quelquefois à d'autres racines pleines de suc, à des fibres très-déliées, qui étant bien seches, ont beaucoup moins de capacité, et ressemblent à-peu-près à de la corne.

Si l'on tentait cette pratique sur le gins-eng du Canada, il n'y a pas de doute qu'on ne parvint à le rendre semblable au gins-eng chinois préparé. M. Geoffroy, qui me fournit cette observation, et qui possédait dans sa collection d'histoire naturelle un morceau très-opaque de gins-eng, apporté autrefois en France par les ambassadeurs de Siam, ajoute (mém. de l'Acad. 1740, p. 97.) qu'il a fait l'essai dont je viens de parler, sur quelques racines des plantes ombelliferes, et surtout sur celle du chervi, qu'il a rendue transparente, en la faisant simplement bouillir dans de l'eau commune, et l'exposant ensuite à l'air pour la faire sécher.

Enfin, sans qu'on ait même besoin de séduire les Chinois par aucune préparation, il est certain qu'ils ne savent pas distinguer le gins-eng pur et naturel du Canada de celui de Tartarie : notre compagnie des Indes profitant de leur erreur, leur vend habilement l'un pour l'autre, et a déjà eu le secret jusqu'à ce jour (1747), de débiter à la Chine trois à quatre mille livres pesant du gins-eng de la Nouvelle-France.

Epoque de la connaissance du gins-eng en Europe. Celui de la Chine n'a commencé d'être connu en Europe qu'en 1610, par des Hollandais curieux qui en apportèrent les premiers en revenant du Japon ; il se vendait alors au-dessus du poids de l'or. Cependant notre nation en avait peu oui parler avant l'arrivée des ambassadeurs de Siam en France, qui entr'autres présents, en donnèrent à Louis XIV.

Estime singulière que les Asiatiques font du gins-eng. Les Asiatiques le regardent comme une panacée souveraine ; les gens riches et les seigneurs chinois y ont recours dans leurs maladies comme à la dernière ressource : je dis les gens riches, parce qu'il faut l'être beaucoup pour pouvoir faire, comme eux, un usage commun de cette racine, dont la livre vaut dans les Indes orientales mêmes une centaine d'écus argent de France. Mais le cas singulier que les Chinois et les Japonais font du gins-eng, est encore au-dessus de son prix.

Si nous en croyons la traduction que nous a donné le docteur Vandermonde d'un auteur chinois, sur le mérite de cette racine, " elle est utile, dit cet auteur, dans les diarrhées, les dyssenteries, le dérangement de l'estomac et des intestins, de même que dans la syncope, la paralysie, les engourdissements, et les convulsions ; elle ranime d'une manière surprenante ceux qui sont épuisés par les plaisirs de l'amour ; il n'y a aucun remède qu'on puisse lui comparer pour ceux qui sont affoiblis par des maladies aiguës ou chroniques. Lorsqu'après l'éruption, la petite vérole cesse de pousser, les forces étant déjà affoiblies, on en donne une grande dose avec un heureux succès : enfin en la prenant à plusieurs reprises, elle rétablit d'une manière surprenante les forces affoiblies ; elle augmente la transpiration ; elle répand une douce chaleur dans les corps des vieillards, et affermit tous les membres : bien plus, elle rend tellement les forces à ceux même qui sont déjà à l'agonie, qu'elle leur procure le temps de prendre d'autres remèdes, et souvent de recouvrer la santé ". Voilà des vertus admirables, si elles étaient vraies.

" Cependant, continue l'auteur chinois, le gins-eng est peu secourable à ceux qui mangent beaucoup et à ceux qui boivent du vin : il faut l'employer avec précaution, et sur le déclin de l'accès dans les fièvres malignes et épidémiques ; il faut l'éviter avec soin dans les maladies inflammatoires ; il faut en donner rarement dans les hémorrhagies, et seulement après en avoir connu la cause. On l'essayera vainement, quoique sans danger, dans les maladies écrouelleuses, scorbutiques, et vénériennes ; mais il fortifie et réveille ceux qui sont languissants ; il secourt d'une manière agréable ceux qui sont abattus par de longues tristesses et par la consomption, en l'employant prudemment depuis un scrupule jusqu'à demi-dragme en infusion en poudre, en extrait ; ou si l'on aime mieux, en le mêlant avec d'autres remèdes, depuis dix grains jusqu'à soixante, et même davantage dans certains cas, et selon que la nécessité l'exige ".

On ne peut s'empêcher, après avoir lu ce panégyrique, de le prendre plutôt pour l'ouvrage d'un missionnaire médecin traduit en chinois, que pour celui d'un médecin chinois traduit en français.

Usage du gins-eng en Europe, et son peu d'efficacité. Quoi qu'il en sait, on se contente en Europe de prescrire quelquefois le gins-eng dans la faiblesse, la cardialgie, les syncopes, les maux de nerfs, et les vertiges qui viennent d'inanition, comme aussi dans l'épuisement des esprits causé par les plaisirs de l'amour, par des remèdes ou des maladies.

On donne cette racine en poudre ou en infusion dans l'eau bouillante, depuis un scrupule jusqu'à une dragme ; ou bien on prend, par exemple, deux scrupules de gins-eng ; écorce d'orange et de citron, ana quinze grains ; de castoreum, cinq grains : le tout étant pulvérisé, on y ajoute quelque conserve, pour en former un bol.

Son odeur agréable, sa saveur douce un peu acre mêlée de quelque amertume, semble indiquer qu'elle doit posséder des vertus analogues à celles de l'angélique et du méum.

Le P. Jartoux assure avoir éprouvé sur lui, pendant qu'il était en Tartarie, les vertus salutaires du gins-eng, après un tel épuisement de travail et de fatigue, qu'il ne pouvait pas même se tenir à cheval : je sais même que d'autres personnes prétendent avoir fait dans nos climats, avec un succès surprenant, la même expérience. Mais des médecins célèbres, sur le témoignage desquels on peut certainement compter, et je dois mettre Boerhaave à la tête, m'ont dit qu'ils avaient donné, répété, prodigué en bol, en poudre, en infusion, jusqu'à deux onces entières de gins-eng du meilleur et du plus cher, dans les cas où il pouvait le mieux réussir, à des gens qui le désiraient et qui espéraient beaucoup de l'efficace de ce remède, sans néanmoins en avoir Ve presque d'autres effets marqués, que ceux d'une augmentation de force et de vivacité dans le pouls.

Si l'on a de la peine à imaginer que des peuples entiers fassent à la longue un si grand cas de cette racine, en s'abusant perpétuellement sur le succès, il faudra conclure qu'elle agit plus puissamment sur leur corps que sur les nôtres, ou qu'elle possède quand elle est fraiche, des qualités qu'elle perd par la vétusté, par le transport, et avant que de nous parvenir. D'ailleurs, un grand inconvénient de son usage en Europe, est qu'il est rare d'en avoir de bonne sans vermoulure. Je ne parle pas de son prix, parce qu'il y a bien des gens en état de le payer, si son efficace y répondait.

M. Réneaume, dans l'hist. de l'acad. des Sciences, ann. 1718, fait grand fond sur l'hépatique, pour nous consoler du gins-eng : mais cette plante vulnéraire européenne ne répond point aux propriétés attribuées à la racine d'Asie.

De son débit à la Chine et en Europe. Tout le gins-eng qu'on ramasse en Tartarie chaque année, et dont le montant nous est inconnu, doit être porté à la douanne de l'empereur de la Chine, qui en prélève deux onces pour les droits de capitation de chaque tartare employé à cette récolte ; ensuite l'empereur paye le surplus une certaine valeur, et fait revendre tout ce qu'il ne veut pas à un prix beaucoup plus haut dans son empire, où il ne se débite qu'en son nom ; et ce débit est toujours assuré.

C'est par ce moyen que les nations européennes trafiquantes à la Chine, s'en pourvoyent, et en particulier la compagnie hollandaise des Indes orientales, qui achète presque tout celui qui se consomme en Europe.

Je n'ai jamais pu savoir la quantité qu'elle en apporte chaque année pour le débit. Les courtiers d'Amsterdam auxquels je me suis adressé, et qui pouvaient en être instruits, n'ont pas voulu se donner la peine d'en faire la recherche : ce n'était-là pour moi qu'un simple objet de curiosité stérile, mais il y a telle connaissance de la consommation de certaines drogues propres à produire l'exécution de projets avantageux au bien de l'état, si ceux qui le gouvernent prenaient à cœur ces sortes d'objets de commerce.

Auteurs sur le gins-eng. Les curieux peuvent consulter la lettre du P. Jartoux, qui est insérée dans les lettres édifiant. tom. X. outre que la figure qu'il a donnée de cette plante est vraisemblablement la meilleure.

Le P. Lafiteau, mém. sur le gins-eng, Paris 1718, in-12.

Koempfer, amoenitates exot. Lemgov, 1712, in-4°.

Breynius, tract. de gins-eng radice, Lugd. Batav. 1706, in-4°.

Andr. Bleyer, ephimer. nat. curios. dec. IIe observ. 2.

Christ. Mentzelius, ibid. dec. IIe ann. 5. observat. xxxjx. avec des figures tirées des herbiers chinois, et autres auteurs.

Sébastien Vaillant, établissem. d'un genre de plante nommé arialastrum, dont le gins-eng est une espèce. Hanovre, 1718, in-4°.

Bernard Valentini, historia simplicium reformata, Francof. 1716, in-fol.

Plucknet, dans sa phytographie, Lond. 1696. in-fol. en a donné une assez bonne représentation, tab. 101. num. VIIe celle de Bontius est fausse : celle de Pison, mantiss. arom. 194. n'est pas exacte : celle de Catesby, London, 1748, in-fol. est d'une grande beauté.

Voyez aussi la thèse de Jacques-Français Vandermonde, ou l'extrait de cette thèse qui est dans le journal des savants, Octob. 1736.

Je n'ignore pas que nos voyageurs à la Chine, ou ceux qui ont écrit des descriptions de ce pays-là, ont aussi beaucoup parlé du gins-eng ; entr'autres Jean Ogilby, hist. de la Chine, Lond. 1673, in-fol. en anglais ; le P. Martini, dans son atlas ; le P. Kircker, dans sa Chine illustrée ; le P. Tachard, dans son voyage de Siam ; l'auteur de l'ambassade des Hollandais à la Chine, part. II. ch. IIIe le P. le Comte, dans ses mém. de la Chine, tome I. p. 496. et beaucoup d'autres. Mais presque tous les détails de ces divers auteurs sont fautifs, ou pour mieux dire, pleins d'erreurs. (D.J.)