ou FRUTEX TERRIBILIS, (Histoire naturelle) arbuste qui s'élève à environ une coudée ; sa racine est couverte d'une écorce noirâtre, sa longueur est de quatre à cinq pouces, et sa grosseur de près d'un pouce de diamètre en son collet ; elle est garnie, ou plutôt partagée en trois ou quatre grosses fibres ; ses branches sont couvertes d'une petite pellicule d'une couleur de rouge brun, déliées et cassantes ; ses feuilles placées sans ordre, tantôt par bouquets, tantôt isolées, quelquefois accompagnées à leurs aisselles d'autres petites feuilles, sont de différentes figures : les unes ressemblent aux feuilles du myrte ; les autres s'élargissent vers le bout, ou sont en trident, ou n'ont qu'une pointe. Les plus grandes ont environ un pouce de longueur, sur trois ou quatre lignes de largeur, et sont épaisses et d'un verd éclatant. Chaque branche porte une seule fleur, quelquefois deux, mais rarement : ces fleurs sont d'un beau violet, et ont environ un pouce de diamètre ; elles sont composées de demi-fleurons, et de leur milieu s'élèvent quelques étamines blanches, avec un petit sommet noirâtre. Ces fleurons finissent en trois pointes, et n'ont qu'environ trois lignes de long, sur une ligne de large : chaque demi-fleuron porte son embryon, qui, quand la fleur est passée, devient une semence garnie d'une espèce d'aigrette. Toute la fleur est soutenue par un calice composé de feuilles disposées en écailles, chacune desquelles n'a que deux ou trois lignes de long sur une ligne de large.

On lit dans Clusius, que les charlatants de l'Andalousie donnaient la décoction de cette plante pour les maladies vénériennes ; d'autres gens de même caractère la substituent au sené : mais la violente action de ce remède, qui n'a pas été nommé pour rien frutex terribilis, fait souvent repentir de son usage et ceux qui l'ordonnent, et ceux à qui il est ordonné. Mémoires de l'Académie des Sciences, 1712.

Cette plante a beaucoup d'amertume, son goût est aussi desagréable que celui du lauréole, et son amertume augmente beaucoup pendant six ans ; on la trouve en plusieurs endroits du Languedoc : mais elle croit principalement en abondance sur le mont de Cette, dans cette province, auprès de Frontignan ; c'est pour cette raison que les Botanistes lui ont donné le nom d'alypon montis Ceti. On trouve aussi l'alypum dans plusieurs endroits de Provence, surtout dans ceux qui sont voisins de la mer et situés au midi.

Elle est un violent cathartique, et ne purge pas avec moins de force la bile, le phlegme, et les humeurs aqueuses, que le tithymale. Mais nous ne saurions trop répeter qu'on ne doit se servir d'un remède si violent qu'avec beaucoup de précaution. (N)