lupus, s. m. (Histoire naturelle, Zoologie) animal quadrupede qui a beaucoup de rapport avec les grands chiens mâtins, pour la taille, les proportions du corps, et la conformation intérieure. Le principal trait qui distingue la face du loup de celle du mâtin, est dans la direction de l'ouverture des paupières qui est fort inclinée, au lieu d'être horizontale, comme dans les chiens. Les oreilles sont droites. Le loup a le corps plus gros que le mâtin, les jambes plus courtes, la tête plus large, le front moins élevé, le museau un peu plus court et plus gros, les yeux plus petits et plus éloignés l'un de l'autre. Il parait plus robuste, plus fort et plus gros ; mais la longueur du poil contribue beaucoup à cette apparence, principalement le poil de la tête qui est au-devant de l'ouverture des oreilles, celui du cou, du dos, des fesses, et de la queue qui est fort grosse. Les couleurs du poil sont le noir, le fauve, le gris, et le blanc mêlé différemment sur différentes parties. Le loup est très-carnassier, naturellement grossier et poltron, mais ingénieux par le besoin et hardi par nécessité. Il attaque en plein jour les animaux qu'il peut emporter, tels que les agneaux, les chevreaux, les petits chiens, quoiqu'ils soient sous la garde de l'homme. Mais lorsqu'il a été maltraité par les hommes ou par les chiens, il ne sort que la nuit ; il rôde autour des habitations ; il attaque les bergeries ; il creuse la terre pour passer sous les portes ; et lorsqu'il est entré, il met tout à mort avant de choisir et d'emporter sa proie. Lorsqu'il n'a pu rien trouver dans les lieux habités, il se met en quête au fond des bois ; il poursuit les animaux sauvages ; enfin, dans l'extrême besoin, il se jette sur les femmes et les enfants, et même sur les hommes. Les loups qui se sont accoutumés à manger de la chair humaine en suivant les armées, attaquent les hommes par préférence : on les appelle loups-garoux, c'est-à-dire loup dont il faut se garer. Quoique le loup ressemble beaucoup au chien par la conformation du corps, cependant ils sont antipathiques par nature, et ennemis par instinct. Les jeunes chiens fuient les loups ; les chiens qui ont assez de force, les combattent à toute outrance. Si le loup est plus fort, il dévore sa proie : au contraire le chien abandonne le loup qu'il a tué ; il sert de pâture à d'autres loups, car ces animaux s'entre-dévorent : s'il s'en trouve un qui soit griévement blessé, les autres s'attroupent pour l'achever. On apprivoise de jeunes loups ; mais avec l'âge ils reprennent leur caractère féroce, et retournent, s'ils le peuvent, à leur état sauvage. Les louves deviennent en chaleur dans l'hiver ; les vieilles à la fin de Décembre, et les jeunes au mois de Février ou au commencement de Mars. Leur chaleur ne dure que douze ou quinze jours. Elles portent pendant environ trois mois et demi ; elles font ordinairement cinq ou six petits, quelquefois sept, huit, et même neuf, et jamais moins de trois. Elles mettent bas au fond d'un bois, dans un fort, sur une grande quantité de mousse qu'elles y apportent pour servir de lit à leurs petits. Ils naissent les yeux fermés comme les chiens ; la mère les alaite pendant quelques semaines, et leur donne ensuite de la chair qu'elle a mâchée. Au bout de six semaines ou deux mois, ils sortent avec la mère qui les mène boire ; ils la suivent ainsi pendant plusieurs mois ; elle les ramène au gîte ; les cache, lorsqu'elle craint quelque danger ; et si on les attaque, elle les défend avec fureur. Les mâles et les femelles sont en état d'engendrer à l'âge d'environ deux ans ; ils vivent quinze ou vingt ans. La couleur et le poil de ces animaux changent suivant les différents climats, et varient quelquefois dans le même pays. Il y a des loups dans toutes les parties du monde. Histoire natur. géner. et part. tom. VII.

LOUP, le, (Chasse) est le plus robuste des animaux carnassiers, dans les climats doux de l'Europe : il a surtout beaucoup de force dans les parties antérieures du corps : il est pourvu d'haleine, de vitesse, et d'un fonds de vigueur qui le rend presqu'infatigable. Avec ces avantages, la nature lui a encore donné des sens très-déliés. Il voit, il entend finement ; mais son nez principalement est l'organe d'un sentiment exquis. C'est le nez qui apprend à cet animal, à de très-grandes distances, où il doit chercher sa proie, et qui l'instruit des dangers qu'il peut rencontrer sur sa route. Ces dons de la nature joints au besoin de se nourrir de chair, paraissent destiner le loup singulièrement à la rapine : en effet, c'est le seul moyen qu'il ait de se nourrir. Nous l'appelons cruel, parce que ses besoins sont souvent en concurrence avec les nôtres. Il attaque les troupeaux que l'homme réserve pour sa nourriture, et les bêtes fauves qu'il destine à ses plaisirs. Aussi lui faisons-nous une guerre déclarée ; mais cette guerre même qui fait périr un grand nombre d'individus de cette espèce vorace, sert à étendre l'instinct de ceux qui restent : elle multiplie leurs moyens, met en exercice la défiance qui leur est naturelle, et fait germer en eux des précautions et des ruses qui sans cela leur seraient inconnues.

Avec une grande vigueur jointe à une grande sagacité, le loup fournirait facilement à ses besoins, si l'homme n'y mettait pas mille obstacles ; mais il est contraint de passer tout le jour retiré dans les bois pour se dérober à la vue de son ennemi : il y dort d'un sommeil inquiet et leger, et il ne commence à vivre qu'au moment où l'homme revenu de ses travaux, laisse régner le silence dans les campagnes. Alors il se met en quête ; et marchant toujours le nez au vent, il est averti de fort loin du lieu où il doit trouver sa proie : dans les pays où les bois sont peuplés de bêtes fauves, la chasse lui procure aisément de quoi vivre. Un loup seul abat les plus gros cerfs. Lorsqu'il est rassasié, il enterre ce qui lui reste, pour le retrouver au besoin ; mais il ne revient jamais à ces restes que quand la chasse a été malheureuse. Lorsque les bêtes fauves manquent, le loup attaque les troupeaux, cherche dans les campagnes quelque cheval ou quelque âne égaré : il est très-friand surtout de la chair de l'ânon.

Si les précautions des bergers et la vigilance des chiens mettent les troupeaux hors d'insulte ; devenu hardi par nécessité, il s'approche des habitants, cherche à pénétrer dans les basse-cours, enlève les volailles, et dévore les chiens qui n'ont pas la force ou l'habitude de se défendre contre lui. Lorsque la disette rend sa faim plus pressante, il attaque les enfants, les femmes ; et même après s'y être accoutumé par degré, il se rend redoutable aux hommes faits. Malgré ces excés, cet animal vorace est souvent exposé à mourir de faim. Lorsqu'il est trahi par ses talents pour la rapine, il est contraint d'avaler de la glaise, de la terre, afin, comme l'a remarqué M. de Buffon, de lester son estomac et de donner à cette membrane importante l'étendue et la contension nécessaires, pour que le ressort ne manque pas à toute la machine.

Il doit à ce secours l'avantage d'exister peut-être quelques jours encore ; et il lui doit la vie, lorsque pendant ce temps le hazard lui offre une meilleure nourriture qui le répare.

Les loups restent en famille tant qu'ils sont jeunes, parce qu'ils ont besoin d'être ensemble pour s'aider réciproquement à vivre. Lorsque vers l'âge de dix huit mois ils ont acquis de la force et qu'ils la sentent, ils se séparent jusqu'à ce que l'amour mette en société un mâle et une femelle : parmi celles-ci, les vieilles entrent en chaleur les premières. Elles sont d'abord suivies par plusieurs mâles, que la jalousie fait combattre entr'eux cruellement : quelques-uns y périssent ; mais bien-tôt le plus vigoureux écarte les rivaux ; et l'union étant une fois décidée, elle subsiste. Les deux loups que l'amour a joints, chassent ensemble, ne se quittent point, ou ne se séparent que de convention, et pour se rendre mutuellement la chasse plus facile. Voyez INSTINCT. Le temps de la chaleur n'est pas long ; mais la société n'en subsiste pas moins pendant les trois mois et demi que dure la gestation de la femelle, et même beaucoup au-delà. On prétend que la louve se dérobe au mâle pour mettre bas ses petits. Mais il est certain que très-souvent le père chasse encore avec elle après ce temps, et qu'il apporte avec elle à manger aux louvetaux.

La vigueur et la finesse de sens dont les loups sont doués, leur donnant beaucoup de facilité pour attaquer à force ouverte ou surprendre leur proie, ils ne sont pas communément forcés à beaucoup d'industrie : il n'est pas nécessaire que leur mémoire, quant à cet objet, soit chargée d'un grand nombre de faits, ni qu'ils en tirent des inductions bien compliquées. Mais si le pays, quoiqu'abondant en gibier, est assiégé de pieges ; le vieux loup instruit par l'expérience, est forcé à des craintes qui balancent son appétit : il marche toujours entre le double écueil ou de donner dans l'embuche ou de mourir de faim. Son instinct acquiert alors de l'étendue ; sa marche est précautionnée ; tous ses sens excités par un intérêt aussi vif veillent à sa garde, et il est très-difficîle de surprendre sa défiance.

On a pour chasser le loup des équipages de chiens courants, composés comme ceux avec lesquels on chasse les bêtes fauves. Voyez VENERIE. Mais il est nécessaire que les chiens d'un équipage du loup soient plus vites ; c'est pourquoi on les tire ordinairement d'Angleterre. Il faut aussi que les chevaux aient plus de vigueur et de fonds d'haleine ; parce qu'il est impossible de placer surement les relais pour la chasse du loup. Quoique ces animaux aient comme les autres, des refuites qui leur sont familières, leur défiance naturelle et la finesse de leur odorat y mettent beaucoup plus d'incertitude : ils en changent, dès qu'il se présente quelqu'obstacle sur leur route. D'ailleurs le loup Ve toujours en avant, et il ne fait gueres de retours à moins que quelque blessure ne l'ait affoibli.

La raison des retours qui sont familiers à la plupart des bêtes fauves qu'on chasse, est pour les uns la faiblesse, et pour d'autres la crainte de s'égarer dans des lieux inconnus. Les cerfs nés dans un pays, ne s'écartent guère quand ils sont chassés de l'enceinte des trois ou quatre lieues qu'ils connaissent. Mais lorsque dans le temps du rut, l'effervescence amoureuse et la disette de femelles les a forcés de quitter le lieu de leur naissance, pour chercher au loin la jouissance et le plaisir ; s'ils sont attaqués, on les voit aussi-tôt prendre leur parti et refuir sans retour dans les bois d'ou ils étaient venus. Or, le loup connait toujours une grande étendue de pays ; souvent il parcourt vingt lieues dans une seule nuit. Né vagabond et inquiet, il n'est retenu que par l'abondance de gibier ; et cet attrait est aisément détruit par le bruit des chiens et la nécessité de se dérober à leur poursuite.

On Ve en quête avec le limier pour détourner le loup aussi bien que pour le cerf, mais il faut beaucoup plus de précautions pour s'assurer du premier. On peut approcher assez près du cerf sans le faire lever de la reposée, mais le moindre bruit fait partir le loup du liteau. Ainsi quand on l'a rembuché, il faut prendre les devants de très loin pour s'assurer s'il n'est pas passé plus avant. On est forcé souvent de faire ainsi plusieurs lieues à la suite d'un loup. Souvent encore, d'enceinte en enceinte, on arrive au bord d'une plaine où l'on trouve qu'il s'est déchaussé, c'est-à-dire qu'il a pissé et gratté comme fait le chien : alors il est sur qu'il a pris son parti de percer en avant, et il est inutîle de le suivre.

Il serait très-rare de forcer les loups avec des chiens courants, parce qu'il est peu de chiens qui puissent jouter de vigueur contre ces animaux. Ainsi quand on chasse, des gens à cheval cherchent à gagner les devants pour tuer, ou du moins blesser le loup à coups de fusils. On l'attend aussi dans les plaines qu'on suppose qu'il doit traverser, et on l'y fait attaquer par des levriers et des mâtins qu'on tient en laisse pour cet usage. Les levriers atteignent assez promptement le loup : pendant qu'ils l'amusent, les mâtins plus lourds ont le temps d'arriver. Alors le combat devient inégal et sanglant ; et pendant que le loup est occupé à se défendre, on le tue assez facilement à coups d'épées.

La chasse du loup est en général vive et piquante, par le désir que les chasseurs ont de tuer l'animal, par la rapidité du train et la singularité des refuites. Mais elle a cet inconvénient, qu'on n'est jamais sur de trouver l'occasion de chasser. Le moindre bruit fait vider l'enceinte aux loups les mieux détournés : et les buissons creux sont très-ordinaires à cette chasse. Dans les provinces où les seigneurs n'ont pas d'équipages, on s'assemble pour tuer les loups en battue. Les paysans rangés et serrés passent dans les bois en faisant beaucoup de bruit, et les chasseurs se postent pour attendre et tuer les bêtes effrayées : mais ordinairement il en échappe beaucoup ; outre que souvent les battues sont mal faites, et les postes mal gardés, ces animaux défiants éventent de loin les embuscades, et retournent sur les batteurs malgré le bruit.

Toutes ces chasses d'appareil n'ont pas un grand succès pour la destruction des loups. Le plus sur moyen d'y parvenir, c'est d'être assidu à leur tendre des piéges, à multiplier les dangers sous leurs pas, et à les attirer par des apâts convenables. Le meilleur piège, lorsqu'on sait en faire usage, est celui qui est connu dans beaucoup d'endroits sous le nom de traquenard. Avant de le tendre, on commence par trainer un cheval ou quelqu'autre animal mort dans une plaine que les loups ont coutume de traverser ; on le laisse dans un gueret ; on passe le rateau sur la terre des environs pour juger mieux les pas de l'animal, et d'ailleurs le familiariser avec la terre égalée qui doit couvrir le piège. Pendant quelques nuits le loup rode autour de cet appât, sans oser en approcher. Il s'enhardit enfin : il faut le laisser s'y assurer plusieurs fais. Alors on tend plusieurs piéges autour, et on les couvre de trois pouces de terre pour en dérober la connaissance au défiant animal. Le remuement de la terre que cela occasionne, ou peut-être des particules odorantes de l'homme qui y restent, réveillent toute l'inquiétude du loup, et il ne faut pas esperer de le prendre les premières nuits. Mais enfin l'habitude lui fait perdre la défiance, et lui donne une sécurité qui le trahit. Il est un appât d'un autre genre, qui attire bien plus puissamment les loups, et dont les gens du métier font communément un mystère. Il faut tâcher de se procurer la matrice d'une louve en pleine chaleur. On la fait sécher dans le four, et on la garde dans un lieu sec. On place ensuite à plusieurs endroits, soit dans le bois, soit dans la plaine une pierre, autour de laquelle on répand du sable. On frotte la semelle de ses souliers avec cette matrice, et on en frotte bien surtout les différentes pierres qu'on a placées. L'odeur s'y conserve pendant plusieurs jours, et les loups mâles et femelles l'éventent de très-loin : elle les attire et les occupe fortement. Lorsqu'ils se sont accoutumés à venir gratter à quelqu'une des pierres, on y tend le piège, et rarement sans succès lorsqu'il est bien tendu et bien couvert.

Quelque défiant que soit le loup, on le prend avec assez de facilité par-tout où les piéges ne lui sont pas connus. Mais lorsqu'il est instruit par l'expérience, il met en défaut tout l'art des louvetiers. Cet animal naturellement grossier, parce qu'il est fort, acquiert alors un degré supérieur d'intelligence, et il apprend à se servir de tous les avantages que lui donne la finesse de ses sens : il devient nécessaire de connaître toutes les ruses de l'animal, et de varier à l'infini celles qu'on leur oppose. Cet assemblage d'observations et de connaissances forme une science dont la perfection, comme celle de toutes les autres, passe les bornes de l'esprit humain. Voyez PIEGE. Il est certain que sans tous ces moyens de destruction, la multiplication des loups deviendrait funeste à l'espèce humaine. Les louves sont ordinairement en état de porter à dix-huit mois : elles font quelquefois jusqu'à huit ou neuf petits, et jamais moins de trois. Elles les défendent avec fureur lorsqu'ils sont attaqués, et s'exposent aux plus grands périls pour les nourrir.

LOUP, (Matière médicale) Les parties médicamenteuses du loup sont, selon l'énumération de Schroeder, les dents, le cœur, le foie, les boyaux, les os, la graisse, la fiente, et la peau : et encore Schroeder a-t-il oublié la chair.

On prétend que les hochets faits avec une dent de loup sont très-utiles pour rendre la dentition plus aisée aux enfants ; et que si on leur fait porter des dents de loup en amulete, ils ne sont point sujets à la peur.

Parmi les vertus attribuées aux autres parties dont nous avons fait mention, les plus célébrées sont du même ordre que cette dernière : il s'agit d'une ceinture de peau ou de boyau de loup contre la colique ; de sa fiente appliquée aux bras ou aux jambes, au moyen d'une bandelette faite avec la laine d'une brebis qui ait été égorgée par un loup, etc. Il est inutîle d'ajouter que le peuple même croit à présent à peine à ces contes.

La graisse de loup n'a absolument que les qualités très-génériques, très-communes des graisses (Voyez GRAISSE), et c'est encore là un remède très-peu employé.

La seule partie encore mise en usage, c'est le foie. Les paysans et les chasseurs qui prennent des loups, ne manquent point d'en conserver le foie qu'ils font sécher au four, ou de le vendre à quelqu'apoticaire. C'est une drogue qui se trouve assez communément dans les boutiques : elle est vantée contre tous les vices du foie, et principalement contre les hydropisies qui dépendent d'un vice de ce viscère. On le donne en poudre, à la dose d'un gros : c'est un remède peu éprouvé. (b)

On prétend que le loup fournit lui-même un remède très efficace contre sa voracité ; et l'on assure que si on frotte les brebis avec sa fiente, il ne leur fait plus aucun mal. Pour cet effet, on dit qu'il n'y a qu'à détremper de la fiente de loup dans de l'eau ; on en frotte ensuite la gorge, le dos, et les côtés des brebis : cette fiente s'attache si fortement à leur laine, qu'elle y reste pendant très-long temps. On prétend que les loups ont de l'antipathie pour l'odeur qui en part, et qu'ils ne touchent point aux animaux qui ont été ainsi frottés. C'est à l'expérience à constater un fait qui, s'il se trouvait véritable, serait d'un grand avantage dans l'économie rustique. Voyez les Mémoires de l'académie de Suède, année 1753.

LOUP, (Pelletterie) la peau du loup, garnie de son poil, après avoir été préparée par le pelletier ou le mégissier, sert à faire des manchons et des housses de chevaux.

LOUP MARIN, lupus, (Histoire naturelle) poisson de mer ainsi nommé à cause de sa voracité ; on lui donne aussi le nom de lubin ou lupin qui vient de lupus : les petits sont appelés lupassons en Languedoc. Ce poisson est grand, épais, couvert d'écailles ; il a la tête longue, la bouche et les yeux grands, deux nageoires près des ouies, deux au-dessous, des aiguillons pointus et inégaux sur le dos ; ces aiguillons sont soutenus par une membrane mince : la nageoire de la queue n'a qu'un aiguillon, mais il y en a trois dans la nageoire qui est au-delà de l'anus. Lorsque ce poisson reste dans la mer, il a le dos mêlé de blanc et de bleu ; celui qui est à l'embouchure des rivières est presque tout blanc, il vit de poissons et d'algue. Rond. hist. des poissons, liv. IX.

LOUP, (Astronomie) constellation méridionale qui comprend dix-neuf étoiles. Voyez ETOILE et CONSTELLATION.

LOUP, (Chimie) c'est un des noms que les Chimistes ont donné à l'antimoine, parce qu'il dévore dans la fonte tous les métaux, excepté l'or et l'argent ; qu'il divise ou qu'il dissout non seulement ces substances, mais même tout limon, sable ou pierre avec lesquels on le fait fondre. (b)

LOUP, en Chirurgie, ulcère virulent et chancreux qui vient aux jambes ; ainsi appelé, de ce qu'il ronge et consume les chairs voisines comme un loup affamé. Voyez ULCERE.

LOUP-GAROU, (Histoire des superstitions) c'est dans l'opinion du menu peuple et des laboureurs un esprit malin, très-dangereux, travesti en loup, qui court les champs et les rues pendant la nuit.

L'idée superstitieuse que les hommes pouvaient être changés en loups, et reprendre ensuite leur forme, est des plus anciennes : hominem in lupos verti, rursùmque restitui sibi, falsum existimare debemus, dit Pline, lib. VIII. Cependant cette idée extravagante a subsisté longtemps ; la Religion et la Philosophie ne l'avaient point encore détruite en France sur la fin du seizième siècle. La Rocheflavin, liv. II. tit. XIIe art. 9. rapporte un arrêt du parlement de Dôle, du 18 Janvier 1574, qui condamne au feu Gilles Garnier, lequel ayant renoncé à Dieu, et s'étant obligé par serment de ne plus servir que le diable, avait été changé en loup-garou. Bodin et Daniel Auge, Augentius, ont cité l'arrêt entier.

Il faut quelquefois rappeler ces sortes de traits aux hommes pour leur faire sentir les avantages des siècles éclairés. Nous devrions à jamais les bénir ces siècles éclairés, quand ils ne nous procureraient d'autres biens que de nous guérir de l'existence des loups-garou, des esprits, des lamies, des larves, des liliths, des lémures, des spectres, des génies, des démons, des fées, des revenans, des lutins, et autres fantômes nocturnes si propres à troubler notre âme, à l'inquiéter, à l'accabler de craintes et de frayeurs. Voyez LUTIN. (D.J.)

LOUP, le, (Art militaire) machine de guerre des anciens. Voyez CORTEAU.

LOUP, terme de Pêche, sorte de filet que l'on peut rapporter à l'espèce des ravoirs simples. Elle est en usage sur la côte de l'amirauté de Nantes. Cette pêche se fait à demi-lieue ou environ de terre. Pour cet effet, il faut trois grandes perches dont voici la destination. Celle de terre, qu'ils nomment perche amortie ou sédentaire, a environ vingt-deux pieds de long ; elle reste toujours, et on ne la relève point comme les deux autres. La deuxième se nomme la perche de rade qu'on plante, et qu'on relève tous les jussants. La forme du sac du ret ou filet est en losange à bout coupé ; il n'a aux deux bouts que trois brasses de haut, dans le milieu ou le fond, huit brasses, et sa longueur d'un bout à l'autre est de douze à treize brasses. La troisième perche est celle du milieu.

Ce filet, dans son opération, est ajusté de manière que ce tiers environ relève ou est retroussé comme aux filets que l'on nomme ravoirs.

Il ne faut qu'un bateau pour faire la pêche du loup, et souvent il n'y a qu'un homme et des femmes ou filles, trois à quatre personnes au plus.

Quand les pêcheurs veulent tendre leur loup, ils amarrent à la perche de terre ou amortie une haussière de trente à quarante brasses de long ; on fîle le lin ; et à treize à quatorze brasses de la perche amortie, on jette le grapin frappé sur un petit cablot dont on fîle environ dix brasses : on fixe ensuite la perche de rade, en la faisant couler à pic sur un fond de vase où elle enfonce aisément par son propre poids, et on y amarre le cablot du grapin qui de cette manière lui sert d'étai, et la rend plus ferme et plus stable sur le fond.

Avant de piquer la perche de rade, on passe le bas et le haut des haussières, bras ou halles du filet qui ont huit brasses de long ; celle du bas reste frappée à cinq pieds au-dessus du fond, et celle du haut à cinq à six pieds au-dessous du bout de la perche : on amarre ensuite le haut et le bas des bras de la perche de terre qui est la perche amortie.

L'ouverture du ret est établie de manière que la marée s'y entonne. Lorsque le filet est tendu, on met au milieu la troisième perche qui peut avoir environ douze à treize pieds de haut ; le bas passe environ un pied la partie du ret du loup qui est sur le fond, et cette perche se pique d'elle-même sur les vases durant que la pêche se fait. Les pêcheurs, dans leur bateau, se tiennent sur leur filet au-dessus de la perche du milieu.

Le ret de cette manière est un filet non flotté, n'ayant ni plomb par bas, ni flottes par la tête ou le haut, de même que les ravoirs auxquels on le pourrait plutôt comparer qu'à toute autre espèce de ret ; il se tend à une heure de jussant ou de reflux, c'est-à-dire une heure environ après que la marée a commencé de perdre.

L'ouverture, comme nous avons dit, est de bout à la marée, et il est établi de manière qu'aux deux tiers du jussant il en parait alors trois pieds de hors l'eau. On le relève une heure avant la basse eau.

Pour prendre le poisson du filet, on démonte la perche de rade, on dépique celle du milieu, et on dégage les deux bras de celle de terre ou sédentaire.

Cette pêche se fait avec succès depuis la saint Michel jusqu'à Noë ; il faut un temps calme et le gros de l'eau ; elle se fait également de jour et de nuit. On y prend de toutes sortes d'espèces de poissons plats et des ronds, suivant les saisons et les marées.

Les mailles des rets des loups de Bourg-neuf, où nous n'avons trouvé que deux de ces filets, sont du grand échantillon, ayant seize à dix-sept lignes en carré ; ces filets sont au surplus mal lacés et mal travaillés.

Cette pêche, comme on le peut remarquer par sa manœuvre, ne peut être que très-utile, sans pouvoir apporter aucun dommage sur les fonds où l'on la peut pratiquer, ne trainant point et ne pouvant jamais arrêter de frai ni de poisson du premier âge, parce que les mailles qui en sont larges, restent aussi toujours ouvertes et étendues de toute leur grandeur. Voyez nos Pl. de Pêche.

Il y a aussi une autre sorte de filets qu'on appelle loup, et dont on se sert dans la rivière de Loire ; ce sont les mêmes que l'on appelle verveux dans le canal de la Manche, avec cette différence qu'ils sont bien moins proprement faits et beaucoup plus petits. Ils sont composés d'un demi-cercle à l'entrée, et le sac du ret est soutenu de trois autres espèces de cercles composés de petits bâtons emboités dans des morceaux de bois de sureau.

Le goulet du sac de ces loups Ve jusqu'au fond, et les mailles du sac qui en font le tour, sont de cinq à six espèces différentes d'échantillons ; celles de l'entrée sont de trois sortes, les plus larges ont 37 lignes en carré, les suivantes 29 lignes, et les plus serrés 27 lignes ; celles du fond du loup sont d'un assez bon calibre, et fort larges par rapport aux rets qu'elles forment ; les plus larges sont de 15 lignes, les autres ont 14 et 13 lignes, en sorte qu'on peut juger que le petit poisson ni le frai ne sauraient y être arrêtés, parce que le ret étant tendu, les mailles sont ouvertes, et qu'il a autant de liberté d'en sortir que d'y entrer. Les Pêcheurs tendent les loups dans les repos de la rivière.