Adoucir et mitiger ont encore une légère différence qui n'est pas renfermée évidemment dans la distinction qui précède. Exemple : on adoucit les peines d'un ami : on mitige le châtiment d'un coupable.

ADOUCIR, en Peinture, c'est mêler ou fondre deux ou plusieurs couleurs ensemble avec le pinceau, de façon que le passage de l'une à l'autre paraisse insensible.

On adoucit ou fond la couleur avec toutes sortes de pinceaux, mais particulièrement avec ceux qui ne se terminent pas en pointe ; ils sont de poil de putais, de bléreau, de chien, etc.

On se sert encore au même usage d'une autre espèce de pinceau qu'on nomme brosse, et qui est de poil de porc.

On adoucit aussi les desseins lavés et faits avec la plume, en affoiblissant la teinte, c'est-à-dire en rendant ses extrémités moins noires. L'on adoucit encore les traits d'un visage en les marquant moins.

ADOUCIR, dans l'Architecture, c'est l'art de laver un dessein de manière que les ombres expriment distinctement les corps sphériques d'avec les quadrangulaires, ceux qui donnent sur ces derniers ne devant jamais être adoucis, malgré l'habitude qu'ont la plupart de nos Dessinateurs de fondre indistinctement leurs ombres ; inadvertance qu'il faut éviter absolument, devant supposer que le bâtiment qu'on veut représenter, reçoit sa lumière du soleil, et non du jour : car toutes les ombres supposées du jour et non du soleil, n'étant pas décidées, paraissent faibles, incertaines, ôtent l'effet du dessein, mettent l'Artiste dans la nécessité de les adoucir et de négliger les reflets, sans lesquels un dessein géométral ne donne qu'une idée imparfaite de l'exécution. (P)

ADOUCIR, (en terme d'Epingletier-Aiguilletier) s'entend de l'action d'ôter les traits de la grosse lime avec une plus fine, pour pouvoir polir l'ouvrage plus aisément et plus exactement. Voyez POLIR. Il faut observer en adoucissant, d'aplatir tant-sait-peu la place de la chasse.

Le même terme s'emploie aussi dans le même sens parmi les Cloutiers Faiseurs d'aiguilles courbes, lorsqu'ils polissent l'aiguille avec une lime taillée en fin.

ADOUCIR, en terme d'Orphévrerie, c'est l'action de rendre l'or plus facîle à être mis en œuvre, en l'épurant des matières étrangères qui le rendaient aigre et cassant. On adoucit l'or en le fondant à diverses reprises, jusqu'à ce que l'on voie qu'il ne travaille plus, et qu'il est tranquille dans le creuset : c'est la marque à laquelle on connait qu'il est doux.

ADOUCIR, (en terme de Diamantaire) c'est ôter les traits que la poudre a faits sur le diamant en le changeant de place et de sens, sur la roue de fer.

ADOUCIR, en terme de Doreur sur bois, c'est polir le banc dont la pièce est enduite, et enlever les parties excédentes en l'humectant modérément avec une brosse, et la frottant d'abord d'une pierre-ponce avec une peau de chien fort douce, et enfin avec un bâton de soufre. Voyez Planche du Doreur, Fig. 4. qui représente un ouvrier qui adoucit.

ADOUCIR, terme d'Horlogerie ; il signifie rendre une pièce plus douce, soit en la limant avec une lime plus douce, soit en l'usant avec différents corps.

Pour adoucir le laiton, les Horlogers se servent ordinairement de ponce, de pierres douces, et de petites pierres bleues ou d'Angleterre.

Pour l'acier trempé ou non trempé, ils emploient l'émeril, et la pierre à l'huîle broyée. Voyez EMERIL, PIERRE à l'huîle broyée, &c.

La différence entre un corps poli et adouci, c'est que le premier est brillant, au lieu que le second a un air mat, quoique celui-ci ait souvent bien moins de traits que le premier. (T)

ADOUCIR, en terme de Fondeurs de plomb, c'est polir le plomb dans le moulin. Voyez ROULER.

* ADOUCIR, (Teinturier) c'est réduire des couleurs trop vives à d'autres de la même espèce qui le soient moins. Voyez l'article TEINTURE.