* On en distingue trois espèces, la blanche, la rouge, et la puante. La blanche et la rouge ne diffèrent que par la couleur : on les cultive dans les potagers, elles sont annuelles ; mais quand une fois on les a semées, elles se renouvellent d'elles-mêmes par la chute de leurs graines. On les fait cuire, et on les mange comme les autres herbes potageres ; mais elles sont plus d'usage dans la Médecine que dans les cuisines : on en emploie les feuilles et les graines. La blanche donne dans l'analyse une liqueur d'abord limpide, puis trouble, enfin jaunâtre, d'une odeur et d'une saveur un peu salée, lixivieuse, qui indique un sel salé et alkali ; une liqueur jaunâtre, soit salée, soit alkaline urineuse ; une liqueur brune imprégnée de sel volatil urineux, et de l'huile. La masse noire restée dans la cornue, calcinée au feu de reverbere, a laisse des cendres dont la lessive a donné du sel fixe purement alkali. Ainsi l'arroche blanche contient un sel essentiel, salé, ammoniacal et nitreux, tel que celui qui résulterait du mélange de l'esprit-de-nitre et du sel volatil urineux, mêlés avec une grande portion d'huile, et délayés dans un peu de terre et dans beaucoup de flegme.

L'arroche, soit blanche, soit rouge, nourrit peu, nuit à l'estomac, à moins qu'on ne la corrige par des aromates, du sel et du vinaigre ; elles sont utiles dans les bouillons par lesquels on se propose de lâcher le ventre ; elles sont rafraichissantes et humectantes : on les met au nombre des émollientes. Elles conviennent fort aux hypocondriaques ; elles tempèrent les humeurs acres et bilieuses qui bouillonnent dans les premières voies : on les fait entrer dans les lavements émolliens et anodyns, et dans les cataplasmes, pour arrêter les inflammations, apaiser les douleurs, amollir les tumeurs, relâcher les parties tendues, etc.

Les graines fraiches d'arroche blanche lâchent doucement le ventre et font vomir. Serapion raconte que Rhasès avait Ve un homme qui ayant pris de la graine d'arroche, fut violemment tourmenté de diarrhée et de vomissement. Quelques-uns les recommandent dans la jaunisse et le rachitis.

L'arroche puante analysée donne une liqueur limpide d'abord, puis jaunâtre, d'une odeur et d'une saveur salée lixivieuse, et qui marque la présence d'un sel alkali urineux ; une liqueur d'abord jaunâtre, ensuite roussâtre, salée, soit alkaline urineuse, soit un peu acide ; une liqueur brune empyreumatique, imprégnée de sel volatil urineux ; du sel volatil urineux concret, et de l'huîle en consistance de graisse. La masse restée dans la cornue, calcinée au feu de reverbere, a laissé des cendres dont on a tiré par lixiviation du sel fixe purement alkali. Toute la plante a une odeur puante, ammoniacale et urineuse ; elle est composée d'un sel essentiel ammoniacal, presque développé, et mêlé de beaucoup d'huîle grossière. Elle passe pour anti-hystérique : elle chasse les accès hystériques par son odeur ; c'est-là surtout la propriété de l'infusion chaude de ses feuilles. On peut recommander ses feuilles fraiches, pilées et mises en confiture avec le sucre, aux femmes tourmentées de ces affections. On peut, selon M. Tournefort, employer au même usage la teinture des feuilles dans de l'esprit-de-vin, et les lavements de leur décoction.