Acéphale se dit plus ordinairement dans un sens figuré d'un corps sans chef. Ainsi l'on appelle acéphales des prêtres qui se soustraient à la discipline et à la juridiction de leur évêque, et des évêques qui refusent de se soumettre à celle de leur patriarche. Voyez EXEMPTION et PRIVILEGE.

On a encore donné ce nom aux monastères ou chapitres indépendants de la juridiction des évêques ; sur quoi Geoffroi, abbé de Vendôme, fit cette réponse au commencement du XII siècle : " Nous ne sommes point acéphales, puisque nous avons Jesus-Christ pour chef, et après lui le pape ". Raison illusoire, puisque non-seulement tout le clergé, mais encore les lacs auraient pu la prétexter pour se soustraire à la juridiction des ordinaires. Aussi les conciles et les capitulaires de nos rois prononcent-ils des peines très-grieves contre les clercs acéphales.

L'histoire ecclésiastique fait mention de plusieurs sectes désignées par le nom d'acéphales. De ce nombre sont, 1°. ceux qui ne voulurent adhérer ni à Jean, patriarche d'Antioche, ni à S. Cyrille d'Alexandrie, dans la dispute qu'ils eurent après l'assemblée du concîle d'Ephese : 2°. certains hérétiques du cinquième siècle, qui suivirent d'abord les erreurs de Pierre Mongus, évêque d'Alexandrie, puis l'abandonnèrent, parce qu'il avait feint de souscrire aux décisions du concîle de Chalcedoine ; ils soutenaient les erreurs d'Eutychés (Voyez EUTYCHIEN) : 3°. les sectateurs de Sevère, évêque d'Antioche, et généralement tous ceux qui refusaient d'admettre le concîle de Chalcedoine. Voyez SEVERIENS.

Quelques jurisconsultes appellent aussi acéphales les pauvres gens qui n'ont aucun seigneur propre, parce qu'ils ne possèdent aucun héritage, à raison duquel ils puissent relever du roi, d'un baron, d'un évêque, ou autre seigneur féodal. Ainsi dans les lois d'Henri I. roi d'Angleterre, on entend par acéphales, les citoyens qui, ne possédant aucun domaine, ne relèvent d'aucun seigneur en qualité de vassaux. Du Cange, Glossar. latinit. (G)