Cimon embellit l'Académie et la décora de fontaines, d'arbres, et de promenades, en faveur des Philosophes et des Gens de Lettres qui s'y rassemblaient pour conférer ensemble et pour y disputer sur différentes matières, etc. C'était aussi l'endroit où l'on enterrait les Hommes illustres qui avaient rendu de grands services à la République. Mais dans le siège d'Athènes, Sylla ne respecta point cet asîle des beaux arts ; et des arbres qui formaient les promenades, il fit faire des machines de guerre pour battre la place.

Cicéron eut aussi une maison de campagne ou un lieu de retraite près de Pouzzole, auquel il donna le nom d'Académie, où il avait coutume de converser avec ses amis qui avaient du goût pour les entretiens philosophiques. Ce fut-là qu'il composa ses Questions académiques, et ses Livres sur la nature des Dieux.

Le mot Académie signifie aussi une secte de Philosophes qui soutenaient que la vérité est inaccessible à notre intelligence, que toutes les connaissances sont incertaines, et que le sage doit toujours douter et suspendre son jugement, sans jamais rien affirmer ou nier positivement. En ce sens l'Académie est la même chose que la secte des Académiciens. Voyez ACADEMICIEN.

On compte ordinairement trois Académies ou trois sortes d'Académiciens, quoiqu'il y en ait cinq suivant quelques-uns. L'ancienne Académie est celle dont Platon était le chef. Voyez PLATONISME.

Arcésilas, un de ses successeurs, en introduisant quelques changements ou quelques altérations dans la Philosophie de cette secte, fonda ce que l'on appelle la seconde Académie. C'est cet Arcésilas principalement qui introduisit dans l'Académie le doute effectif et universel.

On attribue à Lacyde, ou plutôt à Carnéade, l'établissement de la troisième, appelée aussi la nouvelle Académie, qui reconnaissant que non-seulement il y avait beaucoup de choses probables, mais aussi qu'il y en avait de vraies et d'autres fausses, avouait néanmoins que l'esprit humain ne pouvait pas bien les discerner.

Quelques-autres en ajoutent une quatrième fondée par Philon, et une cinquième par Antiochus, appelée l'Antiochéene, qui tempéra l'ancienne Academie avec les opinions du Stoïcisme. Voyez STOÏCISME.

L'ancienne Académie doutait de tout ; elle porta même si loin ce principe, qu'elle douta si elle devait douter. Ceux qui la composaient eurent toujours pour maxime de n'être jamais certains, ou de n'avoir jamais l'esprit satisfait sur la vérité des choses, de ne jamais rien affirmer, ou de ne jamais rien nier, soit que les choses leur parussent vraies, soit qu'elles leur parussent fausses. En effet, ils soutenaient une acatalepsie absolue, c'est-à-dire, que quant à la nature ou à l'essence des choses, l'on devait se retrancher sur un doute absolu. Voyez ACATALEPSIE.

Les sectateurs de la nouvelle Académie étaient un peu plus traitables : ils reconnaissaient plusieurs choses comme vraies, mais sans y adhérer avec une entière assurance. Ils avaient éprouvé que le commerce de la vie et de la société était incompatible avec le doute universel et absolu qu'affectait l'ancienne Academie. Cependant il est visible que ces choses mêmes dont ils convenaient, ils les regardaient plutôt comme probables que comme certaines et déterminément vraies : par ces correctifs, ils comptaient du moins éviter les reproches d'absurdité faits à l'ancienne Académie. Voyez DOUTE. Voyez aussi les Questions Académiques de Cicéron, où cet auteur réfute avec autant de force que de netteté les sentiments des Philosophes de son temps, qui prenaient le titre de sectateurs de l'ancienne et de la nouvelle Académie. Voyez aussi l'article ACADEMICIENS, où les sentiments des différentes Académies sont exposés et comparés. (G)

ACADEMIE, (Histoire Litt.) parmi les Modernes, se prend ordinairement pour une Société ou Compagnie de Gens de Lettres, établie pour la culture et l'avancement des Arts ou des Sciences.

Quelques Auteurs confondent Académie avec Université : mais quoique ce soit la même chose en Latin, c'en sont deux bien différentes en Français. Une Université est proprement un Corps composé de Gens Gradués en plusieurs Facultés ; de Professeurs qui enseignent dans les écoles publiques, de Précepteurs ou Maitres particuliers, et d'Etudiants qui prennent leurs leçons et aspirent à parvenir aux mêmes degrés. Au lieu qu'une Académie n'est point destinée à enseigner ou professer aucun Art, quel qu'il sait, mais à en procurer la perfection. Elle n'est point composée d'Ecoliers que de plus habiles qu'eux instruisent, mais de personnes d'une capacité distinguée, qui se communiquent leurs lumières et se font part de leurs découvertes pour leur avantage mutuel. Voyez UNIVERSITE.

La première Académie dont nous lisions l'institution, est celle que Charlemagne établit par le conseil d'Alcuin : elle était composée des plus beaux génies de la Cour, et l'Empereur lui-même en était un des membres. Dans les conférences académiques chacun devait rendre compte des anciens Auteurs qu'il avait lus ; et même chaque Académicien prenait le nom de celui de ces anciens Auteurs pour lequel il avait le plus de gout, ou de quelque personnage célèbre de l'Antiquité. Alcuin entre autres, des Lettres duquel nous avons appris ces particularités, prit celui de Flaccus qui était le surnom d'Horace ; un jeune Seigneur, qui se nommait Angilbert, prit celui d'Homère ; Adelard, Evêque de Corbie, se nomma Augustin ; Riculphe, Archevêque de Mayence, Dametas, et le Roi lui-même, David.

Ce fait peut servir à relever la méprise de quelques Ecrivains modernes, qui rapportent que ce fut pour se conformer au goût général des Savants de son siècle, qui étaient grands admirateurs des noms Romains, qu'Alcuin prit celui de Flaccus Albinus.

La plupart des Nations ont à présent des Académies, sans en excepter la Russie : mais l'Italie l'emporte sur toutes les autres au moins par le nombre des siennes. Il y en a peu en Angleterre ; la principale, et celle qui mérite le plus d'attention, est celle que nous connaissons sous le nom de Société Royale. Voyez ce qui la concerne à l'article SOCIETE ROYALE. Voyez aussi SOCIETE D'EDIMBOURG.

Il y a cependant encore une Académie Royale de Musique et une de Peinture, établies par Lettres Patentes, et gouvernées chacune par des Directeurs particuliers.

En France nous avons des Académies florissantes en tout genre, plusieurs à Paris, et quelques-unes dans des villes de Province ; en voici les principales.

ACADEMIE FRANÇOISECette Académie a été instituée en 1635 par le Cardinal de Richelieu pour perfectionner la Langue ; et en général elle a pour objet toutes les matières de Grammaire, de Poésie et d'éloquence. La forme en est fort simple, et n'a jamais reçu de changement : les membres sont au nombre de quarante, tous égaux ; les grands Seigneurs et les gens titrés n'y sont admis qu'à titre d'Hommes de Lettres ; et le Cardinal de Richelieu qui connaissait le prix des talents, a voulu que l'esprit y marchât sur la même ligne à côté du rang et de la noblesse. Cette Académie a un Directeur et un Chancelier, qui se tirent au sort tous les trois mois, et un Secrétaire qui est perpétuel. Elle a compté et compte encore aujourd'hui parmi ses membres plusieurs personnes illustres par leur esprit et par leurs ouvrages. Elle s'assemble trois fois la semaine au vieux Louvre pendant toute l'année, le Lundi, le Jeudi et le Samedi. Il n'y a point d'autres assemblées publiques que celles où l'on reçoit quelqu'Académicien nouveau, et une assemblée qui se fait tous les ans le jour de la S. Louis, et où l'Académie distribue les prix d'éloquence et de Poésie, qui consistent chacun en une médaille d'or. Elle a publié un Dictionnaire de la Langue française qui a déjà eu trois éditions, et qu'elle travaille sans cesse à perfectionner. La devise de cette Académie est à l'immortalité.

ACADEMIE ROYALE DES INSCRIPTIONS ET BELLES-LETTRES. A quelque degré de gloire que la France fût parvenue sous les règnes de Henri IV. et de Louis XIII. et particulièrement après la paix des Pyrenées et le mariage de Louis XIV. elle n'avait pas encore été assez occupée du soin de laisser à la postérité une juste idée de sa grandeur. Les actions les plus brillantes, les événements les plus mémorables étaient oubliés, ou couraient risque de l'être, parce qu'on négligeait d'en consacrer le souvenir sur le marbre et sur le bronze. Enfin on voyait peu de monuments publics, et ce petit nombre même avait été jusques-là comme abandonné à l'ignorance ou à l'indiscrétion de quelques particuliers.

Le Roi regarda donc comme un avantage pour la Nation l'établissement d'une Académie qui travaillerait aux Inscriptions, aux Devises, aux Médailles, et qui répandrait sur tous ces monuments le bon goût et la noble simplicité qui en font le véritable prix. Il forma d'abord cette Compagnie d'un petit nombre d'Hommes choisis dans l'Académie Française, qui commencèrent à s'assembler dans la Bibliothèque de M. Colbert, par qui ils recevaient les ordres de Sa Majesté.

Le jour des assemblées n'était pas déterminé : mais le plus ordinaire au moins pendant l'hiver était le Mercredi, parce que c'était le plus commode pour M. Colbert, qui s'y trouvait presque toujours. En été ce Ministre menait souvent les Académiciens à Sceaux, pour donner plus d'agrément à leurs conférences, et pour en jouir lui-même avec plus de tranquillité.

On compte entre les premiers travaux de l'Académie le sujet des desseins des tapisseries du Roi, tels qu'on les voit dans le Recueil d'estampes et de descriptions qui en a été publié.

M. Perrault fut ensuite chargé en particulier de la description du Carrousel ; et après qu'elle eut passé par l'examen de la Compagnie, elle fut pareillement imprimée avec les figures.

On commença à faire des devises pour les jetons du Trésor royal, des Parties casuelles, des Bâtiments et de la Marine ; et tous les ans on en donna de nouvelles.

Enfin on entreprit de faire par médailles une Histoire suivie des principaux événements du règne du Roi. La matière était ample et magnifique, mais il était difficîle de la bien mettre en œuvre. Les Anciens, dont il nous reste tant de médailles, n'ont laissé sur cela d'autres règles que leurs médailles mêmes, qui jusques-là n'avaient guère été recherchées que pour la beauté du travail, et étudiées que par rapport aux connaissances de l'Histoire. Les Modernes qui en avaient frappé un grand nombre depuis deux siècles, s'étaient peu embarrassés des règles ; ils n'en avaient suivi, ils n'en avaient prescrit aucune ; et dans les recueils de ce genre, à peine trouvait-on trois ou quatre pièces où le génie eut heureusement suppléé à la méthode.

La difficulté de pousser tout d'un coup à sa perfection un art si négligé, ne fut pas la seule raison qui empêcha l'Académie de beaucoup avancer sous M. Colbert l'Histoire du Roi par médailles : il appliquait à mille autres usages les lumières de la Compagnie. Il y faisait continuellement inventer ou examiner les différents desseins de Peinture et de Sculpture dont on voulait embellir Versailles. On y réglait le choix et l'ordre des statues : on y consultait ce que l'on proposait pour la décoration des appartements et pour l'embellissement des jardins.

On avait encore chargé l'Académie de faire graver le plan et les principales vues des Maisons royales, et d'y joindre des descriptions. Les gravures en étaient fort avancées, et les descriptions étaient presque faites quand M. Colbert mourut.

On devait de même faire graver le plan et les vues des Places conquises, et y joindre une histoire de chaque ville et de chaque conquête : mais ce projet n'eut pas plus de suite que le précédent.

M. Colbert mourut en 1683, et M. de Louvois lui succéda dans la Charge de Surintendant des Bâtiments. Ce Ministre ayant su que M. l'Abbé Tallemant était chargé des inscriptions qu'on devait mettre au-dessous des tableaux de la galerie de Versailles, et qu'on voulait faire paraitre au retour du Roi, le manda aussi-tôt à Fontainebleau où la Cour était alors, pour être exactement informé de l'état des choses. M. l'Abbé Tallemant lui en rendit compte, et lui montra les inscriptions qui étaient toutes prêtes. M. de Louvois le présenta ensuite au Roi, qui lui donna lui-même l'ordre d'aller incessamment faire placer ces inscriptions à Versailles. Elles ont depuis éprouvé divers changements.

M. de Louvois tint d'abord quelques assemblées de la petite Académie chez lui à Paris et à Meudon. Nous l'appelons petite Académie, parce qu'elle n'était composée que de quatre personnes, M. Charpentier, M. Quinault, M. l'Abbé Tallemant, et M. Felibien le père. Il les fixa ensuite au Louvre, dans le même lieu où se tiennent celles de l'Académie Française ; et il régla qu'on s'assemblerait deux fois la semaine, le Lundi et le Samedi, depuis cinq heures du soir jusqu'à sept.

M. de la Chapelle, devenu Contrôleur des Bâtiments après M. Perrault, fut chargé de se trouver aux assemblées pour en écrire les délibérations, et devint par-là le cinquième Académicien. Bien-tôt M. de Louvois y en ajouta deux autres, dont il jugea le secours très-nécessaire à l'Académie pour l'Histoire du Roi : c'étaient M. Racine et M. Despreaux. Il en vint enfin un huitième, M. Rainssant, homme versé dans la connaissance des médailles, et qui était Directeur du cabinet des Antiques de Sa Majesté.

Sous ce nouveau ministère on reprit avec ardeur le travail des Médailles de l'Histoire du Roi, qui avait été interrompu dans les dernières années de M. Colbert. On en frappa plusieurs de différentes grandeurs, mais presque toutes plus grandes que celles qu'on a frappées depuis : ce qui fait qu'on les appelle encore aujourd'hui au balancier Médailles de la grande Histoire. La Compagnie commença aussi à faire des devises pour les jetons de l'ordinaire et de l'extraordinaire des guerres, sur lesquelles elle n'avait pas encore été consultée.

Le Roi donna en 1691 le département des Académies à M. de Pontchartrain, alors Contrôleur Général et Secrétaire d'Etat ayant le département de la Maison du Roi, et depuis Chancelier de France. M. de Pontchartrain né avec beaucoup d'esprit, et avec un goût pour les Lettres qu'aucun emploi n'avait pu ralentir, donna une attention particulière à la petite Académie, qui devint plus connue sous le nom d'Académie Royale des Inscriptions et Médailles. Il voulut que M. le Comte de Pontchartrain, son fils, se rendit souvent aux assemblées, qu'il fixa exprès au Mardi et au Samedi. Enfin il donna l'inspection de cette Compagnie à M. l'Abbé Bignon, son neveu, dont le génie et les talents étaient déjà fort célebrés.

Les places vacantes par la mort de M. Rainssant et de M. Quinault furent remplies par M. de Tourreil et par M. l'Abbé Renaudot.

Toutes les médailles dont on avait arrêté les desseins du temps de M. de Louvois, celles mêmes qui étaient déjà faites et gravées, furent revues avec soin : on en réforma plusieurs ; on en ajouta un grand nombre ; on les réduisit toutes à une même grandeur ; et l'Histoire du Roi fut ainsi poussée jusqu'à l'avénement de Monseigneur le Duc d'Anjou, son petit-fils, à la couronne d'Espagne.

Au mois de Septembre 1699 M. de Pontchartrain fut nommé Chancelier. M. le Comte de Pontchartrain, son fils, entra en plein exercice de sa Charge de Secrétaire d'Etat, dont il avait depuis longtemps la survivance, et les Académiciens demeurèrent dans son département. Mais M. le Chancelier qui avait extrêmement à cœur l'Histoire du Roi par médailles, qui l'avait conduite et avancée par ses propres lumières, retint l'inspection de cet ouvrage ; et eut l'honneur de présenter à Sa Majesté les premières suites que l'on en frappa, et les premiers exemplaires du Livre qui en contenait les desseins et les explications.

L'établissement de l'Académie des Inscriptions ne pouvait manquer de trouver place dans ce Livre fameux, où aucune des autres Académies n'a été oubliée. La médaille qu'on y trouve sur ce sujet représente Mercure assis, et écrivant avec un style à l'antique sur une table d'airain. Il s'appuie du bras gauche sur une urne pleine de médailles ; il y en a d'autres qui sont rangées dans un carton à ses pieds. La légende Rerum gestarum fides, et l'exergue Academia Regia Inscriptionum et Numismatum, instituta M. DC. LXIII. signifient que l'Academie Royale des Inscriptions et Médailles, établie en 1663, doit rendre aux siècles à venir un témoignage fidèle des grandes actions.

Presque toute l'occupation de l'Académie semblait devoir finir avec le Livre des Médailles ; car les nouveaux événements et les devises des jetons de chaque année n'étaient pas un objet capable d'occuper huit ou neuf personnes qui s'assemblaient deux fois la semaine. M. l'Abbé Bignon prévit les inconvénients de cette inaction, et crut pouvoir en tirer avantage. Mais pour ne trouver aucun obstacle dans la Compagnie, il cacha une partie de ses vues aux Académiciens, que la moindre idée de changement aurait peut-être alarmés : il se contenta de leur représenter que l'Histoire par médailles étant achevée, déjà même sous la presse, et que le Roi ayant été fort content de ce qu'il en avait vu, on ne pouvait choisir un temps plus convenable pour demander à Sa Majesté qu'il lui plut assurer l'état de l'Académie par quelqu'acte public émané de l'autorité royale. Il leur cita l'exemple de l'Académie des Sciences, qui fondée peu de temps après celle des Inscriptions par ordre du Roi, et n'ayant de même aucun titre authentique pour son établissement, venait d'obtenir de Sa Majesté (comme nous allons le dire tout-à-l'heure) un Réglement signé de sa main, qui fixait le temps et le lieu de ses assemblées, qui déterminait ses occupations, qui assurait la continuation des pensions, etc.

La proposition de M. l'Abbé Bignon fut extrêmement goutée : on dressa aussi-tôt un Mémoire. M. le Chancelier et M. le Comte de Pontchartrain furent suppliés de l'appuyer auprès du Roi ; et ils le firent d'autant plus volontiers, que parfaitement instruits du plan de M. l'Abbé Bignon, ils n'avaient pas moins de zèle pour l'avancement des Lettres. Le Roi accorda la demande de l'Academie, et peu de jours après elle reçut un Réglement nouveau daté du 16 Juillet 1701.

En vertu de ce premier Réglement l'Académie reçoit des ordres du Roi par un des Secrétaires d'Etat, le même qui les donne à l'Académie des Sciences. L'Académie est composée de dix Honoraires, dix Pensionnaires, dix Associés, ayant tous voix délibérative, et outre cela de dix Elèves, attachés chacun à un des Académiciens pensionnaires. Elle s'assemble le Mardi et le Vendredi de chaque semaine dans une des sales du Louvre, et tient par an deux assemblées publiques, l'une après la S. Martin, l'autre après la quinzaine de Pâques. Ses vacances sont les mêmes que celles de l'Académie des Sciences. Voyez ACADEMIE DES SCIENCES. Elle a quelques Associés correspondants, soit regnicoles, soit étrangers. Elle a aussi, comme l'Académie des Sciences, un Président, un vice-Président, pris parmi les Honoraires, un Directeur et un sous-Directeur pris parmi les Pensionnaires.

La classe des Elèves a été supprimée depuis et réunie à celle des Associés. Le Secrétaire et le Thrésorier sont perpétuels, et l'Académie depuis son renouvellement en 1701 a donné au public plusieurs volumes qui sont le fruit de ses travaux. Ces volumes contiennent, outre les Mémoires qu'on a jugé à propos d'imprimer en entier, plusieurs autres dont l'extrait est donné par le Secrétaire, et les éloges des Académiciens morts. M. le Président Durey de Noinville a fondé depuis environ 15 ans un prix littéraire que l'Académie distribue chaque année. C'est une médaille d'or de la valeur de 400 livres.

La devise de cette Académie est vetat mori. Tout cet art. est tiré de l'Histoire de l'Acad. des Belles-Lettres, T. I.

ACADEMIE ROYALE DES SCIENCES. Cette Académie fut établie en 1666 par les soins de M. Colbert : Louis XIV. après la paix des Pyrenées désirant faire fleurir les Sciences, les Lettres et les Arts dans son Royaume, chargea M. Colbert de former une Société d'hommes choisis et savants en différents genres de littérature et de science, qui s'assemblant sous la protection du Roi, se communiquassent réciproquement leurs lumières et leurs progrés. M. Colbert après avoir conféré à ce sujet avec les Savants les plus illustres et les plus éclairés, résolut de former une société de personnes versées dans la Physique et dans les Mathématiques, auxquels seraient jointes d'autres personnes savantes dans l'Histoire et dans les matières d'érudition, et d'autres enfin uniquement occupées de ce qu'on appelle plus particulièrement Belles-Lettres, c'est-à-dire, de la Grammaire, de l'Eloquence, et de la Poésie. Il fut réglé que les Géomètres et les Physiciens de cette Société s'assembleraient séparément le Mercredi, et tous ensemble le Samedi, dans une salle de la Bibliothèque du Roi, où étaient les livres de Physique et de Mathématique : que les Savants dans l'Histoire s'assembleraient le Lundi et le Jeudi dans la salle des livres d'Histoire : qu'enfin la classe des Belles-Lettres s'assemblerait les Mardi et Vendredi, et que le premier Jeudi de chaque mois toutes ces différentes classes se réuniraient ensemble, et se feraient mutuellement par leurs Secrétaires un rapport de tout ce qu'elles auraient fait durant le mois précédent.

Cette Académie ne put pas subsister longtemps sur ce pied : 1°. les matières d'Histoire profane étant liées souvent à celles d'Histoire ecclésiastique, et par-là à la Théologie et à la discipline de l'Eglise, on craignit que les Académiciens ne se hasardassent à entamer des questions délicates, et dont la décision aurait pu produire du trouble : 2°. ceux qui formaient la classe des Belles-Lettres étant presque tous de l'Académie Française, dont l'objet était le même que celui de cette classe, et conservant beaucoup d'attachement pour leur ancienne Académie ; prièrent M. Colbert de vouloir bien répandre sur cette Académie les mêmes bienfaits qu'il paraissait vouloir répandre sur la nouvelle, et lui firent sentir l'inutilité de deux Académies différentes appliquées au même objet, et composées presque des mêmes personnes. M. Colbert gouta leurs raisons, et peu de temps après le Chancelier Seguier étant mort, le Roi prit sous sa protection l'Académie Française, à laquelle la classe des Belles-Lettres dont nous venons de parler fut censée réunie, ainsi que la petite Académie d'Histoire : de sorte qu'il ne resta plus que la seule classe des Physiciens et des Mathématiciens. Celle des Mathématiciens était composée de Messieurs Carcavy, Huygens, de Roberval, Frenicle, Auzout, Picard et Buot. Les Physiciens étaient Messieurs de la Chambre, Médecin ordinaire du Roi ; Perrault, très-savant dans la Physique et dans l'Histoire naturelle ; Duclos et Bourdelin, Chimistes ; Pequet et Gayen, Anatomistes ; Marchand, Botaniste, et Duhamel, Secrétaire.

Ces Savants ; et ceux qui après leur mort les remplacèrent, publièrent plusieurs excellents ouvrages pour l'avancement des Sciences ; et en 1692 et 1693, l'Académie publia, mois par mois, les pièces fugitives qui avaient été lues dans les assemblées de ces années, et qui étant trop courtes pour être publiées à part, étaient indépendantes des ouvrages auxquels chacun des membres travaillait. Plusieurs de ces premiers Académiciens recevaient du Roi des pensions considérables, et l'égalité était parfaite entr'eux comme dans l'Académie Française.

En 1699 M. l'Abbé Bignon qui avait longtemps présidé à l'Académie des Sciences, s'imagina la rendre plus utîle en lui donnant une forme nouvelle. Il en parla à M. le Chancelier de Pontchartrain, son oncle, et au commencement de cette année l'Académie reçut un nouveau règlement qui en changea totalement la forme. Voici les articles principaux de ce règlement.

1°. L'Académie des Sciences demeure immédiatement sous la protection du Roi, et reçoit ses ordres par celui des Secrétaires d'Etat à qui il plait à Sa Majesté de les donner.

2°. L'Académie est composée de dix Honoraires, l'un desquels sera Président, de vingt Pensionnaires, trois Géomètres, trois Astronomes, trois Mécaniciens, trois Anatomistes, trois Botanistes, trois Chimistes, un Trésorier et un Secrétaire, l'un et l'autre perpétuels ; vingt Associés, savoir, douze regnicoles, dont deux Géomètres, deux Astronomes, etc. et huit étrangers, et vingt Elèves, dont chacun est attaché à un des Académiciens pensionnaires.

3°. Les seuls Académiciens honoraires et pensionnaires doivent avoir voix délibérative quand il s'agira d'élections ou d'affaires concernant l'Académie : quand il s'agira de Sciences, les Associés y seront joints ; mais les Elèves ne parleront que lorsque le Président les y invitera.

4°. Les Honoraires doivent être regnicoles et recommandables par leur intelligence dans les Mathématiques et dans la Physique ; et les Réguliers ou Religieux peuvent être admis dans cette seule classe.

5°. Nul ne peut être Pensionnaire, s'il n'est connu par quelqu'ouvrage considérable, ou quelque découverte importante, ou quelque cours éclatant.

6°. Chaque Académicien pensionnaire est obligé de déclarer au commencement de l'année l'ouvrage auquel il compte travailler. Indépendamment de ce travail, les Académiciens pensionnaires et associés sont obligés d'apporter à tour de rôle quelques observations ou mémoires. Les assemblées se tiennent le Mercredi et le Samedi de chaque semaine, et en cas de fête, l'assemblée se tient le jour précédent.

7°. Il y a deux de ces assemblées qui sont publiques par an ; savoir, la première après la S. Martin, et la seconde, après la quinzaine de Pâques.

8°. L'Académie vaque pendant la quinzaine de Pâques, la semaine de la Pentecôte, et depuis Noë jusqu'aux Rais, et outre cela depuis la Nativité jusqu'à la S. Martin.

En 1716, M. le Duc d'Orléans, Régent du Royaume, jugea à propos de faire quelques changements à ce règlement, sous l'autorité du Roi. La classe des Elèves fut supprimée. Elle parut avoir des inconvéniens, en ce qu'elle mettait entre les Académiciens trop d'inégalité, et qu'elle pouvait par-là occasionner entr'eux, comme l'expérience l'avait prouvé, quelques termes d'aigreur ou de mépris. Ce nom seul rebutait les personnes d'un certain mérite, et leur fermait l'entrée de l'Académie. " Cependant le nom d'Eleve, dit M. de Fontenelle, Eloge de M. Amontons, n'emporte parmi nous aucune différence de mérite ; il signifie seulement moins d'ancienneté et une espèce de survivance ". D'ailleurs quelques Académiciens étaient morts à soixante et dix ans avec le titre d'Elèves, ce qui paraissait mal sonnant. On supprima donc la classe des Elèves, à la place de laquelle on créa douze Adjoints, et on leur accorda ainsi qu'aux Associés, voix délibérative en matière de Science. On fixa à douze le nombre des Honoraires. On créa aussi une classe d'Associés libres, au nombre de six. Ces Associés ne sont attachés à aucun genre de science, ni obligés à aucun travail ; et il fut décidé que les Réguliers ne pourraient à l'avenir entrer que dans cette classe.

L'Académie a chaque année un Président et un Vice-Président, un Directeur et un Sous-Directeur nommés par le Roi. Les deux premiers sont toujours pris parmi les Honoraires, et les deux autres parmi les Pensionnaires. Les seuls Pensionnaires ont des jetons pour leur droit de présence aux assemblées. Aucun Académicien ne peut prendre ce titre au frontispice d'un livre, si l'Ouvrage qu'il publie n'est approuvé par l'Académie.

Depuis ce renouvellement en 1699, l'Académie a été fort exacte à publier chaque année un volume contenant les travaux de ses membres ou les mémoires qu'ils ont composés et lus à l'Académie durant cette année. A la tête de ce volume est l'Histoire de l'Académie, ou l'extrait des Mémoires, et en général de tout ce qui a été lu et dit dans l'Académie ; et à la fin de l'Histoire sont les éloges des Académiciens morts durant l'année.

La place de Secrétaire a été remplie par M. de Fontenelle depuis 1699 jusqu'en 1740. M. de Mairan lui a succédé pendant les années 1741, 1742, 1743 ; et elle est à présent occupée par M. de Fouchy.

Feu M. Rouillé de Meslay, Conseiller au Parlement de Paris, a fondé deux prix, l'un de 2500 livres, l'autre de 2000 livres, que l'Académie distribue alternativement tous les ans. Les sujets du premier prix doivent regarder l'Astronomie physique. Les sujets du second prix doivent regarder la Navigation et le Commerce.

L'Académie a pour devise, Invenit et perficit.

Les assemblées qui se tenaient autrefois dans la Bibliothèque du Roi, se tiennent depuis 1699 dans une très-belle Salle du vieux Louvre.

En 1713 le Roi confirma par des Lettres Patentes l'établissement des deux Académies des Sciences et des Belles-Lettres.

Outre ces Académies de la Capitale, il y en a dans les Provinces une grande quantité d'autres ; à Toulouse, l'Académie des Jeux Floraux, composée de quarante personnes, la plus ancienne du Royaume, et outre cela une Académie des Sciences et des Belles-Lettres ; à Montpellier, la Société Royale des Sciences, qui depuis 1706 ne fait qu'un même corps avec l'Académie des Sciences de Paris ; à Bordeaux, à Saissons, à Marseille, à Lyon, à Pau, à Montauban, à Angers, à Amiens, à Villefranche, etc. Le nombre de ces Académies augmente de jour en jour ; et sans examiner ici s'il est utîle de multiplier si fort de pareils établissements, on ne peut au moins disconvenir qu'ils ne contribuent en partie à répandre et à conserver le goût des Lettres et de l'Etude. Dans les villes mêmes où il n'y a point d'Académies, il se forme des Sociétés littéraires qui ont à peu près les mêmes exercices.

Passons maintenant aux principales Académies étrangères.

Outre la Société Royale de Londres dont nous avons déjà dit que nous parlerions ailleurs, une des Académies les plus célèbres aujourd'hui est celle de Berlin appelée l'Académie Royale des Sciences et des Belles-Lettres de Prusse. Frederic I. Roi de Prusse l'établit en 1700, et en fit M. Leibnitz Président. Les plus grands noms illustrèrent sa liste dès le commencement. Elle donna en 1710 un premier volume sous le titre de Miscellanea Berolinensia ; et quoique le successeur de Frederic I. protégeât peu les Lettres, elle ne laissa pas de publier de nouveaux volumes en 1723, 1727, 1734, 1737, et 1740. Enfin Frederic II. aujourd'hui Roi de Prusse, monta sur le Thrône. Ce Prince, l'admiration de toute l'Europe par ses qualités guerrières et pacifiques, par son goût pour les Sciences, par son esprit et par ses talents, jugea à propos de redonner à cette Académie une nouvelle vigueur. Il y appela des Etrangers très-distingués, encouragea les meilleurs Sujets par des récompenses, et en 1743 parut un nouveau volume des Miscellanea Berolinensia, où l'on s'aperçoit bien des nouvelles forces que l'Académie avait déjà prises. Ce Prince ne jugea pas à propos de s'en tenir là. Il crut que l'Académie Royale des Sciences de Prusse qui avait été jusqu'alors presque toujours présidée par un Ministre ou Grand Seigneur, le serait encore mieux par un homme de Lettres ; il fit à l'Académie des Sciences de Paris l'honneur de choisir parmi ses Membres le Président qu'il voulait donner à la sienne. Ce fut M. de Maupertuis si avantageusement connu dans toute l'Europe, que les grâces du Roi de Prusse engagèrent à aller s'établir à Berlin. Le Roi donna en même temps un nouveau Règlement à l'Académie, et voulut bien prendre le titre de Protecteur. Cette Académie a publié depuis 1743 trois volumes français dans le même goût à peu près que l'Histoire de l'Académie des Sciences de Paris ; avec cette différence, que dans le second de ces volumes, les extraits des Mémoires sont supprimés, et le seront apparemment dans tous ceux qui suivront. Ces volumes seront suivis chaque année d'un autre. Elle. a deux assemblées publiques ; l'une en Janvier le jour de la naissance du Roi aujourd'hui regnant ; l'autre à la fin de Mai, le jour de l'avenement du Roi au Thrône. Dans cette dernière assemblée on distribue un prix consistant en une médaille d'or de la valeur de 50 ducats, c'est-à-dire, un peu plus de 500 livres. Le sujet de ce prix est successivement de Physique, de Mathématique, de Métaphysique, et d'Erudition. Car cette Académie a cela de particulier, qu'elle embrasse jusqu'à la Métaphysique, la Logique et la Morale, qui ne font l'objet d'aucune autre Académie. Elle a une classe particulière occupée de ces matières, et qu'on appelle la classe de Philosophie spéculative.

ACADEMIE IMPERIALE de Petersbourg. Le Czar Pierre I. dit le Grand, par qui la Russie a enfin secoué le joug de la barbarie qui y regnait depuis tant de siècles, ayant fait un voyage en France en 1717, et ayant reconnu par lui-même l'utilité des Académies, résolut d'en établir une dans sa Capitale. Il avait déjà pris toutes les mesures nécessaires pour cela, lorsque la mort l'enleva au commencement de 1725. La Czarine Catherine qui lui succéda, pleinement instruite de ses vues, travailla sur le même plan, et forma en peu de temps une des plus célèbres Académies de l'Europe, composée de tout ce qu'il y avait alors de plus illustre parmi les étrangers, dont quelques-uns même vinrent s'établir à Petersbourg. Cette Académie qui embrasse les Sciences et les Belles-Lettres, a publié déjà dix volumes de Mémoires depuis 1726. Ces Mémoires sont écrits en latin, et sont surtout très-recommandables par la partie Mathématique qui contient un grand nombre d'excellentes pièces. La plupart des Etrangers qui composaient cette Académie étant morts ou s'étant retirés, elle se trouvait au commencement du règne de la Czarine Elisabeth dans une espèce de langueur, lorsque M. le Comte Rasomowski en fut nommé Président, heureusement pour elle. Il lui a fait donner un nouveau règlement, et parait n'avoir rien négligé pour la rétablir dans son ancienne splendeur. L'Académie de Petersbourg a cette devise modeste, Paulatim.

Il y a à Bologne une Académie qu'on appelle l'Institut. Voyez INSTITUT.

L'ACADEMIE ROYALE d'Espagne est établie à Madrid pour cultiver la langue Castillane : elle est formée sur le modèle de l'Académie Française. Le plan en fut donné par le Duc d'Escalone, et approuvé en 1714 par le Roi, qui s'en déclara le protecteur. Elle consiste en 24 Académiciens, y compris un Directeur et un Secrétaire.

Elle a pour devise un creuset sur le feu, et le mot de la devise, est : Limpia, fija, y da esplendor.

L'Académie des Curieux de la Nature, en Allemagne, avait été fondée d'abord en 1652 par M. Bausch, Médecin ; et l'Empereur Léopold la prit sous sa protection en 1670, je ne sais s'il fit autre chose pour elle.

L'Italie seule a plus d'Académies que tout le reste du monde ensemble. Il n'y a pas une ville considérable où il n'y ait assez de Savants pour former une Académie, et qui n'en forment une en effet. Jarckius nous en a donné une Histoire abrégée, imprimée à Leipsic en 1725.

Jarckius n'a écrit l'Histoire que des Académies du Piémont, de Ferrare, et de Milan ; il en compte vingt-cinq dans cette dernière ville toute seule : il nous a seulement donné la liste des autres, qui montent à cinq cens cinquante. La plupart ont des noms tout à fait singuliers et bizarres.

Les Académiciens de Bologne, par exemple, se nomment Abbandonati, Ansiosi, Ociosi, Arcadi, Confusi, Difettuosi, Dubbiosi, Impatienti, Inabili, Indifferenti, Indomiti, Inquieti, Instabili, Della notte piacère, Sitienti, Sonnolenti, Torbidi, Vespertini : ceux de Genèse Accordati, Sopiti, Resuegliati : ceux de Gubio, Addormentati : ceux de Venise, Acuti, Allettati, Discordanti, Disjiunti, Disingannati, Dodonei, Filadelfici, Incruscabili, Instaucabili : ceux de Rimini, Adagiati, Eutrapeli : ceux de Pavie, Affidati, Della chiave : ceux de Fermo, Raffrontati : ceux de Molise, Agitati : ceux de Florence, Alterati, Humidi, Furfurati, Della Crusca, Del Cimento, Infocati : ceux de Cremone, Animosi : ceux de Naples, Arditi, Infernati, Intronati, Lunatici, Secreti, Sirenes, Sicuri, Volanti : ceux d'Ancone, Argonauti, Caliginosi : ceux d'Urbin, Assorditi : ceux de Perouse, Atomi, Eccentrici, Insensati, Insipidi, Unisoni : ceux de Tarente, Audaci : ceux de Macerata, Catenati, Imperfetti ; d'autres Chimoerici : ceux de Sienne, Cortesi, Gioviali, Trapassati : ceux de Rome, Delfici, Humoristi, Lincei, Fantastici, Illuminati, Incitati, Indispositi, Infecondi, Melancholici, Negletti, Notti Vaticane, Notturni, Ombrosi, Pellegrini, Sterili, Vigilanti : ceux de Padoue, Delii, Immaturi, Orditi : ceux de Drepano, Difficili : ceux de Bresse, Dispersi, Erranti : ceux de Modene, Dissonanti : ceux de Recanati, Disuguali : ceux de Syracuse, Ebrii : ceux de Milan, Eliconii, Faticosi, Fenici, Incerti, Nascosti : ceux de Candie, Extravaganti : ceux de Pezzaro, Eterocliti : ceux de Comacchio, Fluttuanti : ceux d'Arezzo, Forzati : ceux de Turin, Fulminales : ceux de Reggio, Fumosi, Muti : ceux de Cortone, Humorosi : ceux de Bari, Incogniti : ceux de Rossano, Incuriosi : ceux de Brada, Innominati, Pigri : ceux d'Acis, Intricati : ceux de Mantoue, Invaghiti : ceux d'Agrigente, Mutabili, Offuscati : de Vérone, Olympici, Unanii : de Viterbe, Ostinati : d'autres, Vagabondi.

On appelle aussi quelquefois Académie, en Angleterre, des espèces d'Ecoles ou de Collèges où la jeunesse est formée aux Sciences et aux Arts libéraux par des Maitres particuliers. La plupart des Ministres non-conformistes ont été élevés dans ces sortes d'Académies privées, ne s'accommodant pas de l'éducation qu'on donne aux jeunes gens dans les Universités. (O)

ACADEMIE DE CHIRURGIE. Voyez CHIRURGIE.

ACADEMIE DE PEINTURE, est une Ecole publique où les Peintres vont dessiner ou peindre, et les Sculpteurs modèler d'après un homme nud, qu'on appelle modèle.

L'Académie Royale de Peinture et de Sculpture de Paris doit sa naissance aux démêlés qui survinrent entre les Maitres Peintres et Sculpteurs de Paris, et les Peintres privilégiés du Roi, que la Communauté des Peintres voulut inquiéter. Le Brun, Sarrazin, Corneille, et les autres Peintres du Roi, formèrent le projet d'une Académie particulière ; et ayant présenté à ce sujet une requête au Conseil, ils obtinrent un Arrêt tel qu'ils le demandaient, daté du 20 Janvier 1648. Ils s'assemblèrent d'abord chez Charmais, Secretaire du Maréchal Schomberg, qui dressa les premiers statuts de l'Académie.

L'Académie tint ensuite ses Conférences dans la maison d'un des amis de Charmais, située proche S. Eustache. De-là elle passa dans l'Hôtel de Clisson, rue des Deux-boules, où elle continua ses exercices jusqu'en 1653, que les Académiciens se transportèrent dans la rue des Déchargeurs. En 1654 et au commencement de 1655, elle obtint du Cardinal Mazarin un Brevet et des Lettres-Patentes, qui furent enregistrées au Parlement, et en reconnaissance elle choisit ce Cardinal pour son protecteur, et le Chancelier pour Vice-protecteur.

Il est à remarquer que le Chancelier, dès la première institution de l'Académie, en avait été nommé protecteur : mais pour faire sa cour au Cardinal Mazarin, il se démit de cette dignité, et se contenta de celle de Vice-protecteur.

En 1656, Sarrazin céda à l'Académie un logement qu'il avait dans les Galeries du Louvre : mais en 1661 elle fut obligée d'en sortir ; et M. de Ratabon, Surintendant des Bâtiments, la transféra au Palais Royal, où elle demeura trente et un ans. Enfin le Roi lui donna un logement au vieux Louvre.

Enfin, en 1663 elle obtint, par le crédit de M. Colbert, 4000 livres de pension.

Cette Académie est composée d'un Protecteur, d'un Vice-protecteur, d'un Directeur, d'un Chancelier, de quatre Recteurs, d'Adjoints aux Recteurs, d'un Thrésorier, et de quatorze Professeurs, dont un pour l'Anatomie, et un autre pour la Géométrie ; de plusieurs Adjoints et Conseillers, d'un Secrétaire et Historiographe, et de deux Huissiers. Les premiers membres de cette Académie furent le Brun, Errard, Bourdon, la Hire, Sarrazin, Corneille, Beaubrun, le Sueur, d'Egmont, Vanobstat, Guillin, etc.

L'Académie de Paris tient tous les jours après midi pendant deux heures école publique, où les Peintres vont dessiner ou peindre, et les Sculpteurs modèler, d'après un homme nud ; il y a douze Professeurs qui tiennent l'école chacun pendant un mois, et douze Adjoints pour les suppléer en cas de besoin ; le Professeur en exercice met l'homme nud, qu'on nomme modèle, dans la position qu'il juge convenable, et le pose en deux attitudes différentes par chaque semaine, c'est ce qu'on appelle poser le modèle ; dans l'une des semaines il pose deux modèles ensemble, c'est ce qu'on appelle poser le grouppe : les desseins, peintures et modèles faits d'après cet homme, s'appellent Académies, ainsi que les copies faites d'après ces Académies. On ne se sert point dans les Ecoles publiques de femme pour modèle, comme plusieurs le croient. On distribue tous les trois mois aux élèves trois prix de Dessein, et tous les ans deux prix de Peinture et deux de Sculpture ; ceux qui gagnent les prix de Peinture et de Sculpture sont envoyés à Rome aux dépens du Roi pour y étudier et s'y perfectionner.

Outre l'Académie royale, il y a encore à Paris deux autres écoles ou Académies de Peinture, dont une à la manufacture royale des Gobelins.

Cette école est dirigée par les Artistes à qui le Roi donne un logement dans l'hôtel royal des Gobelins, et qui sont pour l'ordinaire membres de l'Académie royale.

L'autre est l'Académie de S. Luc, entretenue par la communauté des maîtres Peintres et Sculpteurs ; elle fut établie par le prevôt de Paris, le 12 Aout 1391. Charles VII. lui accorda en 1430 plusieurs privilèges qui furent confirmés en 1584 par Henri III. En 1613 la communauté des Sculpteurs fut unie à celle des Peintres. Cette communauté occupe, proche S. Denys de la Chartre, une maison, où elle tient son bureau, et une Académie publique administrée ainsi que l'Académie royale, et où l'on distribue tous les ans trois prix de Dessein aux élèves. (R)

ACADEMIE D'ARCHITECTURE ; c'est une compagnie de savants Architectes, établie à Paris par M. Colbert, ministre d'état, en 1671, sous la direction du surintendant des bâtiments.

* Paracelse disait qu'il n'avait étudié ni à Paris, ni à Rome, ni à Toulouse, ni dans aucune Académie : qu'il n'avait d'autre Université que la nature, dans laquelle Dieu fait éclater sa sagesse, sa puissance, et sa gloire, d'une manière sensible pour ceux qui l'étudient. C'est à la nature, ajoutait-il, que je dois ce que je sai, et ce qu'il y a de vrai dans mes écrits.

ACADEMIE, se dit aussi des écoles et séminaires des Juifs, où leurs rabbins et docteurs instruisent la jeunesse de leur nation dans la langue Hébraïque, lui expliquant le thalmud et les secrets de la cabale. Les Juifs ont toujours eu de ces Académies depuis leur retour de Babylone. Celle de cette dernière ville, et celle de Tibériade entre autres, ont été fort célèbres. (G)

ACADEMIE ROYALE DE MUSIQUE. Voyez OPERA.

ACADEMIE, se dit encore dans un sens particulier des lieux où la jeunesse apprend à monter à cheval, et quelquefois à faire des armes, à danser, à voltiger, etc. Voyez EXERCICE.

C'est ce que Vitruve appelle Ephebeum ; quelques autres auteurs anciens Gymnasium, et les modernes Académie à monter à cheval, ou Académie militaire. Voyez GYMNASE et GYMNASTIQUE.

Le duc de Newcastle, seigneur Anglais, rapporte que l'Art de monter à cheval a passé d'Italie en Angleterre ; que la première Académie de cette espèce fut établie à Naples par Frédéric Grison, lequel, ajoute-t-il, a écrit le premier sur ce sujet en vrai cavalier et en grand maître. Henri VIII. continue le même auteur, fit venir en Angleterre deux Italiens, disciples de ce Grison, qui y en formèrent en peu de temps beaucoup d'autres. Le plus grand maître, selon lui, que l'Italie ait produit en ce genre, a été Pignatelli de Naples. La Broue apprit sous lui pendant cinq ans, Pluvinel neuf, et Saint-Antoine un plus long temps ; et ces trois François rendirent les écuyers communs en France, où l'on n'en avait jamais Ve que d'Italiens.

L'emplacement dans lequel les jeunes gens montent à cheval s'appelle manège. Il y a pour l'ordinaire un pilier au milieu, autour duquel il s'en trouve plusieurs autres, rangés deux à deux sur les côtés. Voyez MANEGE, PILIER, etc. (V)

Les exercices de l'Académie dont nous parlons, ont été toujours recommandés pour conserver la santé et donner de la force. C'est dans ce dessein que l'on envoye les jeunes gens à l'Académie ; ils en deviennent plus agiles et plus forts. Les exercices que l'on fait à l'Académie sont d'un grand secours dans les maladies chroniques ; ils sont d'une grande utilité à ceux qui sont menacés d'obstructions, aux vaporeux, aux mélancholiques, etc. Voyez EXERCICE. (N)