En effet, ce qu'ils appellent un matteau de soie pese environ deux onces, et le matteau contient huit écheveaux. Il est constant que moins l'écheveau pesera, moins il aura d'épaisseur sur l'asple, et plus le tors approchera de l'égalité : mais le tors ne sera pourtant jamais parfaitement égal ; car l'écheveau aura toujours quelqu'épaisseur.

C'est ce que M. de Vaucanson a bien senti, et ce que j'avais remarqué comme lui. Je ne sai point encore comment ce savant mécanicien a remédié à cet inconvénient : quant à moi j'avais pensé plus d'un an avant qu'il lut son mémoire à l'Académie, qu'outre la précaution des Piémontais de faire des écheveaux très-légers, il fallait encore donner un mouvement de va-&-vient horizontal à la tringle à travers laquelle passent les fils au sortir de dessus les bobines, et qui les conduit sur l'asple ; par ce moyen les fils se trouvant répandus sur une plus grande lisière ou zone de l'asple, l'épaisseur des écheveaux serait encore moindre, et le tors plus égal. Quant à l'autre défaut du moulin, qui nait de l'irrégularité du mouvement des fuseaux, j'avais pensé, il y a plus de quinze mois, à y remédier avec des pignons à dents, et une chaîne ; et M. Goussier en avait dessiné la figure selon mes idées. J'ai montré cette figure depuis à quelques personnes qui ont entendu la lecture du mémoire de M. de Vaucanson, et à d'autres qui ont Ve sa machine ; et les unes et les autres m'ont assuré que nous nous étions rencontrés exactement dans le même mécanisme ; avec cette différence que mes fuseaux sont ajustés de manière qu'on peut les placer et les déplacer sur le champ sans aucun inconvénient, et avec toute la promptitude qu'on peut désirer : mais en revanche, je n'avais pas imaginé, ainsi que l'a fait M. de Vaucanson, de faire avertir par une sonnerie appliquée à chaque bobine celui qui est au moulin, que la bobine est finie, et qu'il en faut mettre une autre.

Tome I. page 762. 2. col. vers le bas, supprimez l'article ASPLE tout entier, et substituez ce qui suit :