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Catégorie parente: Physique particulière
Catégorie : Médecine pratique
(Médecine pratique) c'est une maladie, dont le principal symptôme et celui de qui elle tire son nom est un entrelacement indissoluble des cheveux ; le mot plica est latin, il signifie entrelacement ; on ajoute communément, même en français, l'épithète latine polonica, parce que cette maladie est très-familière aux Polonais, et presque endémique dans leur pays ; ils l'appellent gozdziec, gwozdziec ou kolium.

La figure que prennent les cheveux en s'entrelaçant, et le plus ou moins d'étendue de cet entrelacement, ont donné lieu à une distinction assez futîle du plica en mâle et femelle ; le plica mâle consiste dans des espèces de cordons fort serrés, fermes, en forme de spirale, par les différents contours de cheveux, et qui pendent le long du dos. Dans le plica femelle tous les cheveux dressés, repliés et entrelacés, couvrent entièrement la tête comme un chapeau ; ils présentent par-là un spectacle horrible et dégoutant. Quoique cette maladie puisse être regardée comme propre aux cheveux, on l'a quelquefois observé affecter le poil qui couvre les autres parties du corps. M. Jean Paterson Hain a inseré dans les mémoires des curieux de la nature, ann. 3. observ. 221. l'observation curieuse d'une femme qui avait les poils du pubis d'une aune et demie de long et affectés d'un plica considérable ; elle était obligée de les rouler autour de sa cuisse pour empêcher qu'ils ne trainassent par terre. Sennert prétend que cette maladie n'est pas particulière aux hommes, et qu'elle attaque aussi les animaux, et surtout les chevaux ; il raconte qu'un officier mena de Hongrie à Dresde, un cheval qui portait un plica au col qui lui pendait jusqu'aux pieds.

Cette maladie singulière s'annonce ordinairement dans les hommes par un abattement extraordinaire, par des douleurs vives dans tout le corps, dans les membres, les jointures, la tête, les os paraissent brisés, le visage est pâle, défait, un bourdonnement incommode fatigue continuellement les oreilles ; il survient quelquefois des convulsions, les membres se contournent, le dos est recourbé, le malade devient bossu ; après ce premier temps, une partie des symptômes disparait, et toute la force du mal semble se porter à la partie extérieure et chevelue de la tête, une sueur abondante découle de cette partie, de petites écailles comme du son s'en détachent, les cheveux grossissent, s'allongent rapidement ; ils deviennent gras, onctueux, sales, fétides. Souvent alors ils sont infectés d'une quantité innombrable de poux. Voyez MAL PEDICULAIRE. Ils se crêpent ensuite, se replient en divers sens ; de leurs pores suinte une humeur tenace et glutineuse ; ils se collent l'un à l'autre, se compliquent, s'entrelacent et forment par ce moyen différents paquets, cirri, presque solides et si fortement tissus, que tout l'art du monde serait vainement employé à les démêler et les défaire. Quelques auteurs ont assuré que dans cet état les cheveux se gorgeaient de sang et en laissaient échapper, lorsqu'on les coupait ou raclait, quelques gouttes, et même dans certains cas une quantité considérable. Il y a à ce sujet une observation curieuse et intéressante d'Helwigius que nous rapporterons plus bas ; d'autres ont prétendu que jamais les cheveux ne pouvaient admettre du sang, et que de quelque façon qu'on les coupât, il n'en sortait jamais une goutte ; et cette fausse prétention n'est étayée que sur un simple défaut d'observations qui leur soient propres. Ils ont conclu que ce qu'ils ne voyaient pas ne saurait exister ; il est peu nécessaire de prouver combien cette logique qui ne laisse pas d'être assez suivie est fausse dans ses principes, et pernicieuse dans ses conséquences. Pour nous, nous conclurons plus justement sur des autorités respectables et d'après des observations décisives que le fait est très-certain, mais qu'il n'est sans doute pas constant. Dans le même temps que cet entrelacement se forme, et lorsque la maladie parvient à l'extrême degré de violence et d'intensité, les ongles, et surtout ceux qui sont aux pouces des pieds croissent très-promptement, deviennent longs, raboteux, épais et noirs, semblables en tout à ceux des boucs, ils tombent sur la fin de la maladie, et reviennent ensuite naturels quand elle a une heureuse issue et que les cheveux commencent à se débrouiller ; ce fait rapporté par Schultzius, lui a été attesté par la comtesse de Donhoff qui en parlait d'après sa propre expérience.

Cette maladie est, comme nous l'avons déjà remarqué, très-commune et endémique en Pologne ; elle a commencé, suivant le rapport des historiens du pays, à infester ce royaume par la partie qui confine la Russie, d'où elle s'est répandue dans cet empire, dans la Prusse, dans l'Allemagne, la Hongrie, le Brisgaw, l'Alsace, la Suisse, la Flandre rhenale, où l'on voit quelques vestiges, mais rares de cette maladie. Ronderic à Fonseca dit en avoir Ve un exemple à Padoue.

On croit communément que le plica n'a pas toujours existé. Roderic Fonseca, Hercule Saxonia et quelqu'autres auteurs assurent, fondés sur l'autorité de Stadler, qu'il n'avait pas paru avant l'année 1564 ; quelques autres en font remonter l'origine plus haut, et en fixent l'époque à l'année 1287. Sennert prétend au contraire, que cette maladie a dû être de tout temps, et que les causes qui la produisent étant très-anciennes, elle doit l'être aussi ; que si l'on n'en voit aucune mention dans les anciens auteurs, leur silence doit être uniquement imputé à leur petit nombre, à leur inexactitude, et à la rareté du plica. Quelque spécieux que soient ces raisonnements, ce ne sont jamais que des raisonnements opposés à des faits, et par-là même entièrement détruits ; il ne s'agissait que de vérifier le silence des écrivains sur cet article ; s'il est bien constaté, on ne peut douter qu'il ne soit occasionné par un défaut absolu d'observations : car cette maladie est assez singulière pour devoir frapper la curiosité d'un observateur quelconque, médecin ou non, et pour mériter d'être remarquée, décrite et transmise à la postérité. Nous voyons dans tous nos recueils d'observations ce goût dominant pour le merveilleux, toujours soutenu au point qu'on y a souvent sacrifié l'utile. On trouve dans quelques anciens auteurs le mot latin plica ou plicatio, et le mot grec , qui lui répond ; mais ils sont employés dans un autre sens ; savoir, pour désigner une contorsion, avec ramollissement et sans fracture, des côtes et autres os, qu'on observe surtout dans les enfants.

S'il a été un temps où le plica n'existait point, les causes qui le produisent actuellement ont donc été pendant tout ce temps sans force, sans action, ou absolument nulles. Quelle a donc été leur origine, ou qu'est-ce qui a reveillé leur activité ? Roderic Fonseca attribue cet effet au changement opéré dans l'atmosphère par l'aspect sinistre des astres ; d'autres ont eu recours à des causes insuffisantes, tirées de quelque erreur dans les six choses non-naturelles, de la malpropreté, de la négligence à se peigner, à se laver la tête, etc. Quelques-uns ont accusé des causes plus ridicules, chimériques, que la crainte enfante, que l'attrait frivole et puissant du merveilleux accrédite, et que l'ignorante crédulité soutient. Un vulgaire insensé qui est de tous les pays a cru, et des auteurs encore plus sots, parce qu'étant éclairés ils devaient l'être moins, ont écrit ; ceux-ci, que le plica devait son origine à des enchantements, des opérations magiques, et qu'il ne pouvait être dissipé que par des secours surnaturels ; ceux-là, que l'entrelacement des cheveux était l'ouvrage des enfants morts, non baptisés, qui venaient travailler à cela pendant la nuit ; et pour perpétuer cette sottise, on a donné au plica le nom allemand de wichtel-zoepffe ; wichteln signifie dans l'ancien langage non baptisé, et zoepffe, nœud, entrelacement. Les uns, que c'était des incubes qui venaient sucer et nouer ainsi les cheveux ; les autres, que ces incubes paraissaient sous la forme d'une femme juive, et cette erreur populaire est encore marquée dans ce nom, juden-zoepffe, etc. &c.

L'origine de cette maladie la plus probable, dont je me garde bien cependant de garantir la vérité, est celle qui est fondée sur le rapport de la plupart des historiens polonais, Spondanus, Bzowius, Cromerus Dhigosius, Joachimus Pastorius, et sur une tradition constante et presque universelle dans le pays ; d'où il résulte, que l'époque de l'origine de cette maladie doit être fixée vers l'année 1287 sous le règne de Lescus le noir en Pologne, temps auquel les Tartares firent une irruption dans la Russie rouge : ces peuples, dit Spondanus, naturellement mécans, magiciens et empoisonneurs, corrompirent toutes les eaux du pays par le moyen des cœurs qu'ils avaient arrachés de leurs prisonniers, qu'ils jetèrent dans les rivières après les avoir remplis d'herbes venimeuses, et où ils les retenaient avec des broches. Les eaux ainsi infectées donnèrent la mort à ceux qui en burent d'abord, ou portèrent dans leur sang les semences de la funeste maladie dont il s'agit. Cette disposition vicieuse des humeurs a dû se transmettre des pères aux enfants, répandre au loin et multiplier beaucoup le plica, elle a pu être favorisée par la nature de l'air, du climat, par la qualité permanente des eaux, des aliments, par la façon de vivre, par l'irrégularité de régime, par la complication avec la vérole, ou le scorbut, maladies avec lesquelles elle a, comme on voit, beaucoup de rapport, et par lesquelles elle est extrêmement aigrie. En souscrivant ainsi au témoignage des auteurs que nous avons cités, on explique assez plausiblement l'origine, l'invasion et l'endémicité de cette maladie ; mais il reste à déterminer encore en quoi consiste cette maladie, quel est le mécanisme, la façon d'agir des causes qui la produisent ; quel changement opèrent-elles sur les humeurs et les vaisseaux ; problèmes qui ne sont point encore résolus d'une manière satisfaisante ; la saine philosophie qui se répand avec avantage dans la Médecine, refusant d'adopter toutes ces explications ridicules et imaginaires, fondées sur les acrimonies de différente espèce, la volatilisation des soufres, l'exaltation des sels, etc. &c. Guillaume Davisson a coupé le nœud sans le résoudre : il s'est épargné la peine de chercher des explications de cette maladie, en niant qu'elle existât et qu'elle eut jamais existé autre part que dans la tête félée de quelques femmelettes superstitieuses, d'où elle a été transplantée, dit-il, dans le cerveau faible de quelques médicastres ignorants ; et partant de cette idée, il traite toutes les observations qu'on a recueillies sur ce sujet, de fables, de contes de vieilles, de chimères, que la crainte, l'ignorance, l'imagination préoccupée, en fascinant les yeux, ont fait prendre pour des réalités. Mais toutes ces vaines déclamations, ces sorties indécentes ne sauraient, devant un juge impartial, infirmer le témoignage authentique d'un grand nombre de médecins et d'historiens respectables : on ne sait de quel titre qualifier la prétention ridicule de cet écrivain, d'ailleurs célèbre, qui seul et de son autorité privée, s'oppose à l'assertion constante de plusieurs peuples sur une question de fait, et qui ne tend pas à moins qu'à les faire passer, eux et les auteurs de leur pays pour des sots et des fous. Voyez Comment. scot. in petr. Severin. ideam medicin. philosoph. pag. 450. et Vopisc. Fortunat. Plempius, de astutib. capillor.

On ne peut pas non plus tirer de grandes lumières pour la connaissance intime de cette maladie, de la prétendue observation de Flovacius, médecin de Cracovie, qui dit avoir trouvé des poils très-longs dans le sang d'une personne attaquée du plica, et qui prédit en conséquence que la maladie était trop enracinée dans le sang pour pouvoir céder à l'efficacité des remèdes. Cette observation a cependant donné lieu à Scultetus de penser que toute la disposition vicieuse du sang consistait dans cette maladie à charrier des poils âcres et stimulants, comme il dit lui-même ; et il assure que dans les cadavres de ceux qui sont morts du plica, ces poils sont sensibles à la vue. Credat judaeus apella, non ego ; tant il est vrai qu'une erreur conduit toujours à une autre.

Mais sans nous arrêter à toutes ces absurdités, il parait, en examinant avec attention les symptômes qui précèdent et accompagnent le plica, et rappelant les observations que les auteurs nous ont transmises sur cette maladie ; il parait, dis-je, que c'est une espèce de fièvre maligne, ou de scorbut aigu qui a sa cause spécifique, et pour symptôme particulier cet entrelacement des cheveux, qui pourrait aussi être regardé comme un dépôt critique qui se portant à l'extérieur débarrasse les parties nobles, et juge salutairement la maladie. 1°. On peut se ressouvenir que nous avons remarqué plus haut que dès que les cheveux commencent à être affectés, une grande partie des symptômes se dissipe ; 2°. il conste par plusieurs observations que si l'on empêche l'affection des cheveux en les coupant, par exemple, la maladie devient plus sérieuse, et les yeux surtout sont sur-le-champ attaqués par des fluxions opiniâtres ; ou bien il arrive, comme Helwigius l'a observé, que le sang dissous sort goutte à goutte des cheveux coupés, sans qu'il soit possible de l'arrêter ; le malade s'affaisse, éprouve de fréquentes syncopes, et meurt en peu de jours. 3°. La crise ordinaire dans les maladies malignes, venéneuses, se fait par des abscès aux parties extérieures, comme Hippocrate l'a judicieusement remarqué. 4°. L'augmentation subite, la noirceur, l'aspérité des ongles doivent aussi être regardées comme critiques, parce qu'on les voit survenir dans le même temps que l'entrelacement des cheveux ; et en second lieu, si on les coupe dans cet état, les fluxions des yeux et les autres accidents succedent aussi promptement que si on coupe les cheveux. Quant à la manière dont cette crise s'opere, et la cause qui la détermine plutôt vers cette partie que vers les autres, nous avouons sincérement que nous ne savons rien de positif là-dessus, et que ce mécanisme est aussi obscur et aussi ignoré que l'aitiologie des autres crises ; on peut seulement présumer que la nature de la maladie, de la cause morbifique, la disposition des humeurs, semblent affecter et déterminer un couloir particulier préférablement à tout autre ; que de même qu'une fluxion de poitrine, se juge par l'expectoration ou les sueurs, une maladie de la tête par les selles, une fièvre maligne par une parotide, etc. de même le plica affecte déterminément les cheveux et les ongles. Il y a lieu de penser avec le docteur Derham, que les cheveux et les poils servent de canaux pour une insensible transpiration. Quelques expériences d'accord avec les observations faites sur les malades attaqués du plica, démontrent que les poils ont une cavité, qu'ils sont arrosés, humectés, lubréfiés, entretenus, réparés et nourris par une humeur particulière qui circule dans leur tissu (voyez POIL, CHEVEUX) ; ils tirent cette humeur par une racine bulbeuse implantée dans la peau, de façon qu'ils sont sur le corps comme des plantes parasites qui vivent avec lui et sans lui, qui ont une vie commune et particulière. Qu'on suppose que par un effort critique les humeurs soient poussées abondamment vers leurs bulbes, que ces petites glandes soient irritées, réveillées ; que leur jeu soit animé, leur action augmentée, elles suceront une plus grande quantité d'humeurs, elles en transmettront davantage dans les cheveux : ceux-ci s'allongeront, grossiront ; leur transpiration deviendra plus sensible ; ils seront humides, gras, onctueux ; l'irritation qu'excitera sur leur tissu sensible la quantité et peut-être la qualité des humeurs, les fera crisper, replier : de-là cette complication, cet entrelacement aidé, favorisé et fortifié par ce suc glutineux qui suinte de leurs pores, et qui colle les cheveux l'un à l'autre. La même cause qui détermine une plus grande quantité d'humeurs dans les bulbes des poils, y peut aussi faire parvenir le sang rouge ; car alors les vaisseaux sont dilatés, et il est probable que le sang est dissous. C'est par le même mécanisme, par l'abord plus considérable d'humeurs et même de sang, que les ongles grossissent, s'allongent, deviennent noirs et raboteux.

Quelque rapport qu'ait cette maladie avec la vérole et le scorbut, il est bien facîle de l'en distinguer, soit en faisant attention aux symptômes propres à ces maladies, ce qui est nécessaire dans le premier période du plica, avant l'affection des cheveux, soit en considérant l'entrelacement des cheveux et l'altération des ongles ; mais ce signe qui est univoque et infaillible, ne peut servir que lorsque la maladie est tout à fait décidée, et qu'elle tend à sa fin.

Tous les auteurs, à l'exception de ce Guillaume Davisson dont nous avons parlé plus haut, s'accordent à regarder cette maladie comme très-dangereuse ; mais ils conviennent que le danger est beaucoup moindre lorsque l'entrelacement des cheveux est formé : du reste il varie suivant le nombre et l'intensité des symptômes ; si la crise est parfaite, c'est-à-dire si, après que le plica est décidé, la violence des accidents diminue, le malade peut être censé hors d'affaire. Quelques auteurs ont prétendu que le plica femelle était plus grave et plus dangereux que le plica mâle ; quelquefois l'entrelacement des cheveux subsiste pendant très-longtemps, la dépuration ne se faisant que petit-à-petit et par degrés ; quelquefois les paquets formés par les cheveux entrelacés tombent en peu de temps, mais ils reviennent ensuite, et alors on a observé que pendant le temps qui s'écoulait entre la chute de ces paquets et leur renouvellement, il survenait de fâcheux accidents qui ne se dissipaient qu'après la formation d'un nouveau plica. Il y a des gens qui ont porté toute leur vie sans incommodité un pareil entrelacement de cheveux toujours désagréable et dégoutant ; d'autres, après avoir supporté patiemment pendant quelques années et ce désagrément et la malpropreté qui en est inséparable, ont été parfaitement guéris par la chute spontanée de ces paquets. Mais le danger n'est jamais si prochain que lorsqu'on veut s'en débarrasser mal-à-propos, qu'on rase les cheveux, et qu'on coupe les ongles. On a Ve des malades mourir victimes de l'inexpérience de leur médecin ou de leur propre imprudence. Les suites les plus ordinaires sont la cécité, des ophtalmies, des fluxions opiniâtres ; quelques-uns en sont devenus bossus, d'autres ont éprouvé divers accidents, suivant la nature et l'usage de la partie sur laquelle se jetait, comme on dit, l'humeur morbifique, à qui on ôtait par cette indiscrette précipitation son issue naturelle. On assure que les saignées et les purgations, les seules armes de bien des médecins, qu'a justement ridiculisés Moliere, ne sont pas moins nuisibles. Hercule Saxonia raconte avoir Ve survenir des douleurs extrêmement aiguës, avec des tumeurs oedémateuses au bras et au pied, après des saignées faites dans ces parties au commencement du plica.

Quel parti doit donc prendre le médecin pour guérir surement et sans danger cette maladie ? Quel secours doit-il employer ? aucuns. Il n'a dans ce cas, comme dans presque toutes les maladies, qu'à laisser faire la nature, qu'à la suivre, lui obéir servilement, et se bien garder de prétendre la maitriser ; elle est le vrai médecin, qui quoique peu instruite de la situation et de la structure des ressorts de la machine, sait mettre en mouvement les plus convenables dans le temps le plus propre et de la façon la plus sure ; elle a su ménager une voie pour la terminaison de la maladie dont il s'agit. Si le médecin ne veut pas être tranquille et aisif spectateur de ses opérations ; s'il veut mettre une main qui ne soit qu'inutîle à l'ouvrage, qui ne soit pas pernicieuse ; qu'il seconde la nature, qu'il pousse doucement les humeurs vers le couloir qu'elle affecte ; bien instruit de cet admirable axiome, quo natura tendit, etc. si souvent répété, mais qui ne saurait l'être assez, et qui devrait, au grand avantage des malades, être profondément inculqué dans l'esprit de tous les médecins ; alors il pourra user de quelques légers sudorifiques, cordiaux, employer l'émétique, les décoctions de salsepareille, de houblon, et de la thériaque ; quelques gouttes d'esprits aromatiques huileux. Il évitera avec la dernière circonspection les purgatifs qui détournent et diminuent puissamment la transpiration, les saignées, qui font le même effet, et qui sont surement mortelles dans les maladies malignes ; secours qu'une observation plus particulière a bannis plus sévèrement du traitement de cette maladie. Les lotions de la tête avec les décoctions de branche-ursine, de houblon, de mousse terrestre, etc. sont fort usitées dans le pays, et ne sont surement pas sans utilité, pouvant relâcher les pores de la peau, et déterminer la sueur vers cette partie. Peut-être pourrait-on trouver un antidote spécifique dans cette maladie, comme on en a pour la vérole et le scorbut ; mais en attendant on est obligé de s'en tenir à cette prudente inaction, ou à l'usage de ces faibles secours. Quelques auteurs ont prétendu que la mousse terrestre avait la propriété spécifique de guérir cette maladie ; et on l'a appelé en conséquence plicaria. Il est certain qu'il résulte de plusieurs observations bien attestées, que des personnes atteintes du plica en sont guéries pendant son usage ; mais n'auraient-elles pas guéri sans cela ? La vertu de cette plante n'aurait-elle été établie que sur le rapport de sa figure avec celle des cheveux, suivant la doctrine des signatures, suivie par Crollius, Paracelse, Rolfinkius, &c ? C'est sur la même ressemblance qu'on a cru que la vigne, le lierre, la brioine, et toutes les espèces de liserons, devaient avoir la même efficacité. Voyez les observations de Bernhardus à Berniz, Miscell. Germ. curios. ann. I. observ. 52. Le même auteur dit avoir souvent éprouvé que le mercure est aussi dans le plica un remède assuré ; mais rien n'égale les succès de la mousse terrestre employée à l'extérieur en fomentation, et prise intérieurement en décoction. Il me semble que quand le dépôt est formé, que l'entrelacement est bien décidé, le plus prudent et le plus sur serait de ne rien faire. (m)